Le Morpheus, pardon, PlayStation VR, sera livré par Sony avec un boîtier dédié qui s'intercalera entre le casque et la PlayStation 4. Quel sera son rôle ? Comment fonctionnera-t-il ? Pourra-t-il positionner l’expérience de la VR sur console au niveau de ce qu’offriront les PC ? Voilà de très bonnes questions, auxquelles il est encore difficile de répondre...
Cette semaine, nous en avons appris un peu plus concernant l’expérience que devrait offrir le PlayStation VR, le fameux casque de réalité virtuelle que Sony compte lancer pour sa PlayStation 4 dans le courant de l’année 2016. En effet, un article publié par la rédaction de Polygon - qui a pu jouer avec un prototype quasi définitif du périphérique - confirme la présence, en plus du casque, d’un boîtier additionnel qui sera à brancher à sa console. Un boîtier qui aura plusieurs rôles, comme par exemple, celui de proposer un affichage de ce qu’il se passe dans le casque sur le téléviseur pour d’éventuels “spectateurs”. Toutefois, l’objectif premier sera surtout d’apporter une puissance de calcul supplémentaire à la console. L’occasion pour nous de faire un petit point sur les différentes problématiques techniques que pose ce boîtier.
Haute définition, 120 fps, graphismes léchés : l'equation impossible de la VR sur PS4
Pour commencer, il faut rappeler que Sony a indiqué à maintes reprises avoir fixé à 120 Hz le taux de rafraîchissement de l’écran de son casque PlayStation VR. Un seuil sous lequel les jeux proposés ne devraient a priori pas pouvoir passer, Sony entendant par ce biais garantir une expérience qui soit la plus fluide possible pour limiter - entre autres - les méfaits du VR-sickness (le mal de la VR, si vous préférez). Une latence maximale de 18 ms est également annoncée.
On ne se plaindra pas évidemment pas de ce niveau d'exigence, sauf qu’il est à mettre en perspective avec la puissance de calcul limitée de la console, qui peine déjà à assurer un framerate de 60 fps en 1080p dans les jeux les plus riches d'un point de vue graphique. A titre de comparaison, dans l'univers PC, le Rift fonctionne en 2160 x 1200 pixels et préconise un framerate de 90 fps… ce qui pousse Oculus à conseiller l’utilisation d’un GPU dédié du niveau d’une GeForce GTX 970, au minimum. Autant dire que la PlayStation 4 est très (très) loin d’être capable de tenir ce type d’objectifs avec un niveau de détails suffisant. Là encore, pour fixer les choses, sachez que le GPU de la PlayStation 4 peut délivrer une puissance de calcul de l’ordre de 1,84 TFlops, alors qu’une GTX 970 délivre 3,5 TFlops dans sa configuration initiale.
De fait, l'une des solutions que pourraient trouver Sony et ses partenaires développeurs pour assurer une définition correcte (l'écran OLED de 5,7" proposerait 960 x 1080 pixels à chaque oeil) et conserver une certaine fluidité pourrait être de limiter drastiquement le nombre de polygones calculés, de réduire énormément les traitements graphiques appliqués au niveau du rendu, et d’utiliser des textures beaucoup moins riches… Bref, de dégrader de manière significative l’expérience visuelle. Une piste qui semble être retenue, puisque ceux qui ont pu essayer le casque PlayStation VR semblent unanimes : la technologie fonctionne bien, le casque est très confortable et superbement fini, mais les démos sont pour l’heure graphiquement très pauvres.
Un boîtier externe bien mystérieux
L'autre solution, c'est donc ce boitier externe, et si l'idée n'est pas nouvelle (on pense par exemple au système Graphic Amplifier que Alienware a développé pour doper certains de ses PC portables), elle n'est pas sans poser quelques problèmes dans le contexte de la PS4, comme celui du choix du hardware embarqué. Certains pensent qu’il pourrait s’agir d’un nouvel APU (un processeur embarquant CPU et GPU sur la même puce), mais étant donné que c’est de puissance purement graphique dont on a ici besoin, il se pourrait que ce boîtier cache uniquement un GPU supplémentaire. Une seconde solution qui aurait l’avantage d’offrir à Sony une palette de puces très large pour définir exactement la puissance supplémentaire voulue, à un coût lui aussi bien défini.
Autre limite : sa consommation électrique. En effet, si cela n’a pas été confirmé, certains commentaires laissent entendre que Sony n’a pas souhaité que ce boîtier dispose d’une alimentation externe. La taille du bloc d’alimentation se doit donc d’être réduite pour qu’il se fasse une place dans un boîtier dont la taille globale est approximativement celui d’une Wii U. On parle alors d’une puissance électrique de l’ordre de 75W, qui définirait la marge de manoeuvre dont dispose Sony pour le choix du matériel. Là encore, cela reste à confirmer.
Enfin, la dernière question que pose la présence de ce boîtier additionnel pour le PlayStation VR est celui de la connectique, qui se devra d’être extrêmement rapide pour assurer un lien efficace entre le hardware intégré à la PlayStation 4 et ce boîtier fournissant une puissance de calcul additionnelle. Or, il suffit de retourner une PS4 pour se rendre compte qu’excepté le port AUX implémenté initialement pour la PlayStation Camera, aucune connectique ressemblant à celles des solutions PC exploitant des GPU dédiés en externe n’est présente. Ce connecteur propriétaire fournirait-il une bande passante supérieure à ce que nous pensions au départ ?
On a donc plus que hâte que Sony se décide à dévoiler l’ensemble des caractéristiques techniques de son “pack” PlayStation VR, pour que toutes les questions que l’on se pose actuellement trouvent réponse (même s’il faudra sans doute attendre que les premiers téméraires désossent le système pour éluder les derniers points d’interrogation). Aussi, tout cela pose une dernière question tout aussi importante : celle du prix du pack PlayStation VR, qui de par l'utilisation de ce boîtier supplémentaire pourrait atteindre des sommets.