A l'évidence, AMD et NVIDIA ne vont pas s'opposer en 2016 que sur un plan technologique. Du côté du support apporté aux développeurs de jeux, les deux firmes vont également marquer leurs différences, avec deux approches distinctes : d'un côté NVIDIA et ses outils GameWorks propriétaires. Et de l'autre AMD, qui semble vouloir privilégier une voie plus "Open Source". C'est en tout cas ce qu'il est ressorti des déclarations faites lors du dernier Radeon Technology Summit.
En réorganisant en septembre dernier l’ensemble de ses projets graphiques au sein du Radeon Technology Group, AMD affirmait sa volonté de se réinventer pour mieux aborder l’avenir. Un mouvement qui a commencé à se concrétiser il y a quelques jours, avec des initiatives du côté des pilotes ( avec le déploiement de ses nouveaux Radeon Software Crimson Edition), ou du côté de la connectique. La firme entend ainsi préparer une année 2016 qui s’annonce riche en nouveautés sur le marché des applications 3D, entre l’avènement prévu de DirectX 12, l’arrivée d’une nouvelle génération de GPU gravés en 14/16 nm, ou encore le grand lancement des casques de réalité virtuelle.
Exploitation libre du code
Nouvelle semaine, nouvelles annonces : AMD veut maintenant s'adresser aux développeurs avec GPUOpen. Pour résumer, GPUOpen est un portail dédié aux développeurs (d’applications 3D, et donc de jeux vidéo…), sur lequel ces derniers pourront trouver, dès le mois de janvier, toutes sortes de ressources, qu’il s’agisse d’effets graphiques, de librairies, d’outils spécifiques ou encore de kits de développement complets. Autant de programmes qui seront distribués via GitHub, et dont l’utilisation sera définie par une licence de type MIT, qui permet d’exploiter le code sans aucune restriction.
Une façon de répondre, à sa manière, aux outils de la suite GameWorks du concurrent NVIDIA, qui entendent répondre aux mêmes besoins, mais qui restent distribués dans une optique relativement fermée. L’idée de Nvidia est en effet de capitaliser sur GameWorks pour donner un avantage concurrentiel à ses cartes graphiques, qui peuvent ainsi et par exemple gérer des effets exclusifs sur les jeux compatibles.
Favoriser l’émulation collective
Si NVIDIA peut se permettre d’avoir cette approche grâce à sa part de marché largement dominante sur les GPU dédiés, AMD confirme de son côté une stratégie tournée vers le partage, et défendue depuis plusieurs années. Ses dirigeants rappellent en effet que les améliorations graphiques dont bénéficient les joueurs sont le fruit de trouvailles et développements successifs repris et améliorés sans cesse par les studios de développement, et qu’à ce titre, favoriser l’accès à ces ressources à tous, c’est créer au travers du partage une émulation collective qui ne fera qu’accélérer les choses.
C’est tout le principe de l’Open Source, et il est évidemment intéressant de voir un acteur tel que AMD défendre ces valeurs. Ne reste plus au concepteur des Radeon qu’à convaincre les développeurs de la justesse de cette initiative, ce qui se fera sur deux points : réussir à enrichir régulièrement le portail OpenGPU de nouvelles ressources, et y proposer un contenu qui soit suffisamment qualitatif.
Terminons en glissant un mot sur la partie Linux des travaux d’AMD au travers d’AMDGPU, un noyau Open Source qui a le mérite d’unifier au sein d’une seule et même structure des parties ouvertes et propriétaires afin de faciliter leur exploitation. Il est ainsi possible d’accéder à un pilote totalement Open Source capable de proposer, dans le cas d’applications spécifiques (comme les jeux) des pans de codes propriétaires améliorant les performances. Des travaux qui, de toute manière, restent assez triviaux dans le cadre du jeu vidéo tant le public que cela concerne reste à ce jour restreint.