Au commencement, il y avait la guitare...

Avant de parler des concerts, attardons nous rapidement sur la guitare, puisqu'elle aussi a été revue et modifiée à l'occasion de cette refonte du concept de Guitar Hero. Après plusieurs prototypages, le modèle à 6 frettes (3 blanches au dessus de 3 noires en dessous) fut adopté. Ce prototype permettait notamment aux joueurs de ne pas avoir à utiliser le petit doigt et de ne pas devoir déplacer trop sa main sur le manche, deux raisons qui d'après les retours du public, rendaient les modes de difficulté avancés relativement inaccessibles au commun des mortels. La taille de l'engin fut aussi réduite afin de garantir une meilleure prise en main à un public agé de 7 à 77 ans. Un premier prototype, plus imposant et plus fourni que le modèle qui sera commercialisé nous a d'ailleurs été montré et malheureusement celui-ci fut abandonné vu le cout de l'objet (environ 200 dollars, contre les 99€ que coutera la guitare finale vendue en package avec le jeu).

Concevoir un univers cohérent

Après avoir terminé la R&D sur l'outil de jeu, l'équipe a dû se concentrer sur un environnement de jeu plus réaliste en ce qui concerne les groupes, les fans, les scènes et les festivals. Des castings ont donc démarré en juillet 2013 afin de choisir les membres de chacun des groupes du jeu (qui ont des dominantes Indie, Folk, Rock, Metal ou Alternatif). De même de nombreux repérages en festival ont été effectués afin de capter l'ambiance et les différentes animations présentes sur les divers types de concerts. Avec ces données en main, l'équipe de graphistes a pu travailler à parfaire les univers de chaque groupe et de chaque ambiance afin de préparer les tournages, et c'est à ce moment là que les choses se sont compliquées, comme nous expliquaient il y a quelques jours les développeurs.

Le dilemme de la vue à première personne

Vous le savez sans doute, les concerts de Guitar Hero Live, qui reproduisent une ambiance live pour chaque morceau de la playlist du jeu, ont été réellement tournés à la caméra afin d'avoir un rendu Live Action dans lequel le joueur est au coeur de la performance. Vous incarnez donc un guitariste qui rentre sur scène avec son groupe, joue, et récolte le bonheur du public ou ses insultes suivant la qualité de votre performance. Le résultat à l'écran doit cependant offrir des transitions afin de faire basculer l'ambiance du visuel, de "bonne performance" à "mauvaise performance" ce qui posa très vite un problème à l'équipe, puisque le cameraman devait se placer sur deux tournages aux mêmes points clés afin de rendre le raccord possible au bon moment. Une problématique qu'il fallait limiter au maximum puisque chaque tournage implique le groupe, et des figurants.

Afin de limiter ce problème, Freestyle Games a dû prototyper des dispositifs de caméra à l'épaule, stables et maniables. Après deux prototypes qui se sont avérés trop lourds, ou qui chauffaient sur des tournages de plus de 15 minutes, l'équipe s'est mis en tête d'utiliser un robot. Le Talos Rig, une véritable grue de cinéma, fut utilisée dans un premier temps mais malheureusement, l'engin était trop lent pour reproduire les prises de vue que devrait avoir un véritable joueur de guitare, sur scène. Dès lors, les développeurs partirent sur un Bolt, un robot issu de la construction automobile pour manoeuvrer la caméra sur un rail et ainsi donner un véritable rendu crédible. Il est donc assez drole de voir en vidéo ces faux concerts tournés sur fond vert dans lequel un robot extremement véloce se meut sur scène alors que les membres du groupe lui jettent des regards satisfaits ou déçus de la performance du faux joueur.

En plus de ce robot, le cadreur Leon Henry a dû tourner les différentes intros en backstage avec le raccord rapide qui fait basculer sur les plans du robot, mais a également dû remplacer ce dernier sur des scènes un peu plus intimistes. Ce technicien de l'extrème, très apprécié de l'équipe (qui l'a sans doute vu soufrir pendant des semaines), s'est également occupé de manier un "Virtual Rig", un dispositif-caméra spécial suivi par capteurs sur la scène et chargé d'imprimer les mouvements que devra reproduire le robot chargé du tournage. Il a également a sa charge la localisation des acteurs (tous des musiciens de métier) en motion capture afin d'optimiser le tournage de la future scène. Avec un tel process, ne serait-ce que pour obtenir 2 rush vidéo pour une des chansons, nous pouvons nous rendre compte de la complexité des tournages qui caractérisent cette transition, de la 3D au live action.

Place à la magie des effets spéciaux

Bien évidemment, les rushs sur fond verts, tournés dans plusieurs scènes recréées pour l'occasion afin de caler avec les différentes ambiances, repérées auparavant, sont par la suite retouchées. Les 100 à 200 figurants sont multipliés afin de créer une foule crédible. Le fond vert est remplacé par une foule peuplant un décor visuel particulier ("Barn" pour une ambiance "comme à la ferme" dans le cadre d'un concert folk, ou encore Castle Stage avec un chateau au loin, au pied des montagnes). Côté son, sachez que le Virtual Rig de Leon Henry servait également à spatialiser le positionnement du joueur afin que l'équipe d'ingénieurs du studio puisse travailler sur un rendu réaliste en 5.1.

Ainsi, si le guitariste/joueur fait volte-face et tourne le dos à la foule, le rendu sonore des différents instruments et de la foule diffère légèrement. Nous avons d'ailleurs pu visiter le studio audio, dans lequel chaque musique est désossée et retravaillée afin que la guitare soit un brin plus forte que les autres instruments et que l'ambiance colle avec la scène choisie, avec les habitudes des fans (reprendre un refrain en coeur). Le résultat final, qui tient sur 5 heures de vidéos, est bluffant. Dommage que le joueur passe le plus clair de son temps les yeux rivés sur le highway et sur les notes qui défilent...

Lire notre aperçu sur Guitar Hero Live