Hollywood : Un système surexploité ?

Les années 2015-2016 seront charnières pour Hollywood et les enjeux sont grands. Des sommes considérables sont investies dans des films afin d’en rapporter toujours plus, le propre de tout on système capitaliste.

Un système justement que critiquaient Steven Spielberg et George Lucas dans une conférence donnée en 2013. Le premier déclarait ainsi :

Nous en sommes arrivés au point où les studios préfèrent investir 250 millions d'un coup pour décrocher la timbale. Plutôt que de s'engager dans la production d'une poignée de films plus ambitieux, plus personnels et pourquoi pas historiques… C'est dangereux. Et ça explosera le jour où trois ou quatre de ces films se ramasseront. Les données du business seront obligées de changer.

Les inventeurs du blockbuster moderne critiquent ainsi leur propre système et prédisent son implosion. Et d’après moi, si ça doit arriver, ça arrivera bientôt. Jamais la production de films à gros budgets n’a été aussi importante, motivée par une affluence en salles qui ne faiblit pas, et les bénéfices considérables qu’ils peuvent engendrer (le milliard de recettes est régulièrement approché).

A partir d’une liste de blockbusters de 2015 et 2016 que j’ai moi-même établie, j’ai construit un graphique compilant mes recherches. La liste de 2016 est bien sûr prévisionnelle et incomplète par rapport à sa forme définitive mais les principaux longs-métrages sont là.

Si certains s’étonnent d'y voir des films d’animation, je rappellerai le budget de production de Toy Story 3 : 200 millions de dollars. J’y ai également inclus Pixels dans les adaptations de jeu vidéo même si ca reste avant toute chose l’adaptation du génial court métrage homonyme de Patrick Jean. Toutefois, je considère ce court métrage comme une adaptation des jeux 8 bits, cultes pour la plupart, et donc le film par extension.

Notons par ailleurs que 2017 sera encore plus impressionnant avec les blockbusters suivants à venir : Avatar 2, Pirates des Caraïbes 5, Dragons 3, Star Wars VIII, Les Gardiens de la galaxie 2, La planète des singes 3, Les 4 fantastiques 2, Pacific Rim 2, Le Loup Garou, Prometheus 2… Du lourd en perspective !

Pour ce qui est de l'estimation de la somme totale des budgets de production de tous ces films, on peut tabler sur 9 à 10 milliards de dollars (en prenant comme budget de référence des budgets de films similaires). Avec de telles sommes en jeu, tout le monde cherche la sécurité maximum. Et jusqu’à présent, le bon plan d’Hollywood reste les franchises les plus connues du public. Elles représentent presque la moitié des blockbusters (43%) sans compter les stand-alone (films tirés d’un univers introduit par une autre saga comme Ant-Man, Les Minions…). Les années 2000 ont vu la naissance de beaucoup de ces franchises grâce à l’amélioration des effets spéciaux numériques notamment, et elles continuent à occuper nos cinémas des années après ! Elles sont pratiques car leur succès est quasi assuré (quelle que soit la qualité du film… Transformers en est l’exemple le plus flagrant) ! C’est ainsi que depuis 10 ans, les suites se multiplient et quand elles finissent par lasser le spectateur, on en fait un préquel ou un reboot, ce qui assure une base solide d'entrées salles. Ces tendances se vérifient actuellement avec la vague massive de résurrections de grandes séries des années 80-90 : Jurassic Park, Terminator, Star Wars, Mad Max… Presque une suite sur quatre pour 2015 / 2016.

Mais des accidents industriels, des ratages il y en a. L’exemple le plus parlant est le relativement récent John Carter, véritable flop au niveau mondial et dont les pertes sont estimées à 200 millions de dollars (pour un budget de plus de 250 millions… ouch, oui). Cet échec a même entraîné le licenciement de Rich Ross, patron des studios Disney qui avaient produit le film. Un autre échec récent (encore pour Disney) fut Lone Ranger. Casting 3 étoiles, des effets spéciaux impressionnants… mais un foirage total au box-office (plus de 100 millions de dollars de pertes). Dans ces 2 cas, Disney a cherché à créer une nouvelle saga basée sur une œuvre culturelle connue (un livre et une série télé) mais ça n’a pas pris. Au-delà des problèmes de qualité des films que je ne jugerai pas, les références de ces longs-métrages étaient trop éloignées (trop vieilles sûrement) de la culture actuelle pour qu’elles soient suffisamment bien accueillies. Ce n’est bien sûr pas la seule raison d’un tel échec.

Ce qu’il faut comprendre c’est que lorsqu'un producteur achète des droits d’une licence connue, il cherche à acheter un public. En adaptant une œuvre culturelle connue, on s’assure presque la présence du public qui connaît ladite œuvre. Ce qui explique donc que 40% des films originaux pour 2015/2016 prennent leur source dans des références connues (comics, livres, films). Mais les romans à succès pour ados commencent à manquer et les studios se tournent donc de plus en plus vers la communauté grandissante des joueurs.

Les adaptations de jeu vidéo débarquent en force

Des projets d’adaptation de jeu vidéo sont dans des cartons depuis un sacré bout de temps, certains projets ont même trouvé un réalisateur (God of War, Metal Gear Solid) mais le projet semble au point mort ou carrément annulé (Bioshock). Des adaptations ont bien vu le jour comme Hitman ou Prince of Persia mais leurs résultats au box-office n’ont pas suffi à produire des suites hormis pour Resident Evil. La nouvelle vague d’adaptations s’inscrit donc dans un contexte où le jeu vidéo prend une place grandissante dans notre société, entre l’explosion du marché mobile et le succès des consoles next-gen.

De plus, les adaptations concernées, contrairement à des projets comme Bioshock et God of War, sont taillées pour le format blockbuster, qui plus est Tout public. Notons à ce sujet, que Bioshock aurait dû écoper d'un "Interdit aux moins de 17 ans", d’où le manque d’investisseurs pour le film. La violence Rated M for Mature/PEGI 18 de Hitman ou Assassin’s Creed se voit donc muée en un PG-13/Déconseillé aux -12 permettant à l’ensemble du public de ces jeux d’aller voir le film.

Mais que que peut-on attendre de ces films ? Les erreurs du passé (voir la rubrique Crossed pour plus d'informations) serviront-elles de leçon ? Vont-ils rencontrer le succès escompté ? Seul l’avenir nous le dira. Tous nos regards sont ainsi tourné vers Warcraft de Duncan Jones, grosse production étant d'ores et déjà très attendue et dont la date de sortie est actuellement fixée au 9 mars 2016.

Et le petit écran dans tout ça ?

Bah c’est vrai ça ! Le monde des séries explose, les budgets sont similaires aux grands films d’Hollywood et elles génèrent un engouement quasi mondial pour certaines. Ne serait-ce finalement pas le bon format pour adapter un jeu dont l’aventure solo dure de très nombreuses heures ? On serait tenté de répondre par l'affirmative même si actuellement, hormis Assassin’s Creed Lineage (oui je sais ça date), les Lapins Crétins et Halo : Nightfall, rien de notable et pas grand-chose en prévision sur nos petits écrans ! Wait & see donc.

Pour conclure

2015 et 2016 s’annoncent donc comme des années exceptionnelles pour l’industrie cinématographique et de nombreux records risquent de tomber. Le système hollywoodien va-t-il s’effondrer à cause de cette surabondance de films comme l’a prévu Spielberg ? Le jeu vidéo va-t-il gagner sa place dans le coeur des spectateurs à l'image des franchises Marvel dont l'insolente réussite fait de nombreux envieux ? Nul ne peut le prédire mais j’ai hâte d'être à demain pour voir ça.

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