C'est entre deux sessions de jeu que nous avons reçu Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du numérique, sur notre stand de la Paris Games Week. L'occasion de parler du soutien apporté par l'Etat au jeu vidéo, mais aussi de l'image du secteur auprès du grand public. En plus de la retranscription qui suit, vous pouvez aussi retrouver la vidéo de cette interview en bas de page.
Rivaol : Salut à tous, aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir Axelle Lemaire, secrétaire d’État Chargée du Numérique sur le plateau de jeuxvideo.com, bonjour Madame la secrétaire d'Etat.
Axelle Lemaire : Bonjour
Rivaol : Merci d’être avec nous. Le 15 octobre dernier, vous avez déclaré « j’aime les jeux vidéo », cela tombe bien puisque nous aussi, pouvez-vous nous donner votre impression sur le salon et nous dire deux petits mots sur la Paris Games Week 2014 ?
Axelle Lemaire : Beaucoup de monde, beaucoup de jeunes ! Quand on est responsable politique, on ne voit pas assez les jeunes. Il se passe donc quelque chose avec cet engouement, très largement partagé par la jeunesse. Ma responsabilité est de comprendre pourquoi, et quand on vient ici, on comprend pourquoi !
Rivaol : En août dernier, quelques parlementaires vous ont interpellée par rapport au fait que le jeu vidéo manquait de soutien en France depuis quelques années. Vous, en tant que Secrétaire d’État, sur quels sujets planchez-vous, notamment pour aider les créations de jeux vidéo ? Vous avez habité à Montpellier où réside un studio d’Ubisoft, qui est une fierté nationale. Comment faire pour aider ces studios et les créateurs de jeux vidéo français à rayonner ?
Axelle Lemaire : Je suis d’origine québécoise et j’ai vu l’ascension du jeu vidéo au Canada. J’ai longtemps habité en Angleterre et j’ai vu beaucoup de jeunes français venir y travailler, dans l’industrie du jeu vidéo. Je n’avais pas réalisé à quel point, en France, nous revenons de loin.
Je pense qu’il y a encore des tabous et une parole publique pas assez présente sur ce sujet. C’est donc important d’expliquer que le jeu vidéo est ludique et doit être un moment agréable, parfois passé en famille. Il peut être sérieux également, puisqu’il y a de plus en plus de Serious Games avec un très fort potentiel. C’est une filière économique créatrice de croissance et d’emploi. C’est la raison pour laquelle, au Ministère de l’Économie, je travaille à mettre en place un crédit d’impôts qui ait une assiette plus large et un plafonnement moins important pour donner une dynamique économique à cette industrie.
Il est très important que la France soit un pays attractif dans une compétition internationale, qui est très rude. Le rang de la France a été un peu déclassé ces dernières années, et je voudrais que nous passions à l’offensive pour se positionner en Europe, mais aussi sur le plan international, comme la Corée-du-Sud, l’Angleterre, le Canada, l’Australie ou les États-Unis, comme un pays leader dans ce domaine.
Rivaol : Vous avez effleuré le sujet, en France, le jeu vidéo a souvent une image négative, notamment auprès du grand public, pas toujours très averti, comment fait-on pour inverser la tendance et faire en sorte que le grand public voit un intérêt au jeu vidéo et ses côtés positifs ?
Nous avons ce côté geek, développeur et technicien, mais nous avons aussi cette imagination débridée et sans limite, et tout ça fait un alliage parfait pour produire des jeux vidéo. Je crois qu’il faut en parler avec des organisations qui arrivent à être des médiateurs entre celles et ceux qui ont des craintes et qui les expriment, notamment des parents ou des instituions, et ceux qui aiment ces jeux et s’y impliquent. Ce travail de médiation doit être porté à un niveau plus élevé dans l’appareil de l’État.
Rivaol : Pour terminer, jouez-vous aux jeux vidéo ? Seule, en famille ? À quels jeux ?
Axelle Lemaire : Je suis un peu vintage donc lorsque je suis en voiture entre deux rendez-vous ministériels, pour me relaxer, il n’est pas rare que je sorte mon téléphone et joue à Pacman ! C’est peut-être par nostalgie de l’enfance. Mes enfants jouent aussi. J’ai vraiment évolué dans mon approche du jeu vidéo.
J’avais l’image d’un risque ou d’un danger, d’une perte du contrôle parental qui peuvent effrayer. J’ai essayé de traverser ces appréhensions et d’accompagner mes enfants. Il y a notamment de petites applications sur smartphones qui sont très mignonnes et artistiques, et qui mélange la musique, les couleurs et la création. Mon fils aime beaucoup les jeux et il apprend à coder et donc à créer des jeux vidéo et c’est très drôle !
Rivaol : Merci beaucoup Madame la Ministre, je vous souhaite une bonne visite de la Paris Games Week.
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