Avec un secteur du jeu vidéo qui ne cesse de progresser – en France, le nombre de joueurs a été multiplié par 3 en 10 ans tandis que le marché de la consommation de jeu vidéo a progressé de 280% – il devenait presque urgent de dresser un état des lieux précis et chiffré. A cet effet, la secrétaire d'Etat au Numérique, Mme Axelle Lemaire, s'est aujourd'hui vue remettre le premier baromètre du jeu vidéo en France.
Cette enquête, réalisée par le Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV) et l'IDATE, sera actualisée chaque année pour offrir une vision complète sur le secteur et les tendances du marché français du jeu vidéo. Le baromètre résulte d'un questionnaire remis à différents représentants du secteur, adhérents ou non au SNJV. Notez que le syndicat estime à 250 le nombre de sociétés en France appartenant à l'industrie du jeu vidéo. Ce qui représente 23.000 emplois pour un chiffre d'affaires cumulé à 4,9 milliards d'euros en 2013.
Des entreprises jeunes pour des jeux originaux
En examinant le baromètre, il est d'abord frappant de constater que plus de la moitié des entreprises françaises reliées au jeu vidéo ont moins de cinq ans. Cette jeunesse s'explique très certainement par l'explosion du marché mobile et des plates-formes de téléchargement diverses. A ce titre, 100% des jeux produits en France visent le marché dématérialisé alors que seulement 20% d'entre eux seront aussi présents en versions physiques.
Selon les chiffres, 75% des sociétés sont impliquées dans la production en France et 48,2% des studios mettront au moins deux jeux sur le marché en 2014. Parmi les jeux produits, 75% sont des propriétés intellectuelles originales. Cela dit, 64,7% des entreprises réalisent de la prestation de services. C'est particulièrement notable au sein des entreprises ayant entre 5 et 10 ans. Les trois quarts de celles-ci effectuent de la prestation de service, une activité qui participe à hauteur de 70% de leur chiffre d'affaires.
De plus en plus d'autofinancement
La prolifération du dématérialisé a une incidence directe sur le financement des jeux et de plus en plus de studios se tournent vers l'autofinancement pour donner vie à leurs créations. En France, 72% des entreprises commercialisent seules leurs jeux, et plus d'une entreprise sur deux autofinance ses développements. Les éditeurs classiques ne sont pas totalement écartés. Ils représentent le deuxième apport financier pour un studio et interviennent auprès de 24% des entreprises interrogées. Les aides publiques sont quant à elles très minoritaires dans le budget global (10,3% le Fonds d'Aides aux Jeux Vidéo et 1,9% pour le Crédit d’Impôt Jeu Vidéo), ce qui n'empêche pas près de 50% des studios d'y faire appel.
Chiffre d'affaires en hausse
En moyenne, les budgets de production ont baissé de 28% entre 2013 et 2014, engendrant une petite croissance du chiffre d'affaires des entreprises (11%) et des studios de développement (16%). L'international occupe une part importante du chiffre d'affaires puisqu'il est estimé à 47,6% du chiffre d'affaires sur l'ensemble des sociétés françaises liées au secteur jeu vidéo. Comme quoi, le savoir-faire français est toujours d'actualité, bien des années après la date de péremption de l'expression "French Touch".
Niveau salariés, les studios comptent en moyenne 12,4 employés à temps plein. Les entreprises en comptent 30,2. Selon l'étude, 70,4%, autrement dit la grande majorité des emplois sont en CDI. Plus de la moitié des sociétés interrogées estiment que le nombre d'emplois devrait progresser en 2015 avec un emploi sur deux proposé en CDI.
La France jugée "peu attractive" pour le secteur
L'avenir est donc encourageant – une confiance d'ailleurs reflétée par l'optimisme que partagent 84,6% des entrepreneurs interrogés en dépit d'une visibilité financière limitée à 6 mois pour près de 43,6% d'entre eux. Pour tempérer cet optimisme, il convient toutefois de conclure que 62% des sondés jugent la France comme peu attractive pour accueillir des entreprises de jeux vidéo. De gros efforts sont donc à fournir pour rivaliser avec le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le trio de têtes des pays cités comme étant les plus attractifs.
Toute la méthodologie, l'analyse des données et les jolis graphiques peuvent être consultés sur le baromètre accessible à tous au format .pdf.
IDEF 2014 : Le marché du jeu vidéo aujourd'hui
- Consulter le baromète annuel du jeu vidéo en France - Edition 2014
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