Dans son domaine, Shinji Mikami est un maître, une sommité. Le créateur de Resident Evil fut l'un des acteurs majeurs du survival-horror dans les années 90, et il doit être bien désappointé de voir où a atterri le genre aujourd'hui, et notamment la série à laquelle il a donné naissance.
Les amateurs de survival-horror ont tendance à s'en plaindre, beaucoup de productions actuelles se contentent d'être bêtement violentes et gore, mais oublient l'élément crucial, pour le genre en tout cas : le sentiment de peur. Mais comment fait-on peur à un joueur ? Mikami a une réponse, et l'a donnée au Guardian pendant une interview.
Je m'intéresse aux personnages vulnérables. Aux êtres humains normaux. L'expérience est plus effrayante quand le joueur ne sait vraiment pas si les personnages vont mourir ou non. La potentialité de la mort, l'idée de survie doit toujours être présente à son esprit. Serez-vous capable d'éviter des ennemis, et le cas échéant, parviendrez-vous à les battre ? Mais si vous sentez qu'il y a une chance d'y parvenir... c'est là que l'horreur repose. Il faut créer cette situation, c'est vital. De mon point de vue, il ne faut pas juste se tenir là et tirer sur des dizaines d'ennemis.
La dernière petite phrase vise-t-elle des jeux comme Resident Evil 5 (auquel il n'avait pas participé), qui avait été critiqué parce qu'il était finalement plus un jeu d'action qu'un survival-horror ? C'est très possible. Mikami aime ce genre et y est très attaché. Il aime se faire peur... et surtout faire peur. Et c'est un art qui demande une science certaine.
A l'époque, lorsque je travaillais sur Resident Evil, j'ai passé trois mois à étudier la psychologie de l'horreur. J'ai appris que l'horreur est instinctive : les choses qui me font peur ont la priorité sur toute forme de théorie. Avec Resident Evil, nous nous sommes dirigés vers l'humain, et des ennemis humains, parce que les gens sont généralement plus intéressés et effrayés par d'autres personnes, plutôt que par des créatures inconnues qu'ils ne reconnaissent pas. C'est la même chose pour The Evil Within.
Mikami s'est découvert très jeune un intérêt pour l'horreur, que ce soit sous forme écrite ou filmée. Alors qu'il n'était qu'à l'école primaire, un de ses enseignants avait raconté à la classe une légende assez connue au Japon, nommée Yotsuya Kaidan. C'est une histoire de fantôme vengeur, un type de récit très apprécié au Pays du Soleil Levant, et ce depuis des siècles. Ces récits ont donné naissance à un genre cinématographique à part entière, les "yurei eiga", genre dans lequel s'inscrivent des films comme Ring, The Grudge ou Dark Water. Ces films mettent en scène des fantômes gardant une apparence très humaine... comme l'essentiel des monstres de Mikami. Qui que soit cet instituteur (ou institutrice), il a plutôt bien joué son coup puisque sans lui, nous n'aurions probablement jamais connu Resident Evil.
Quant à The Evil Within, on verra rapidement ce qu'il a dans le ventre puisqu'il arrivera chez nous le 14 octobre prochain.
Bande-annonce de The Evil Within (déconseillé aux âmes sensibles)
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