Quand American McGee expliquait qu'EA avait volontairement trompé les joueurs dans sa façon de communiquer et de promouvoir Alice : Retour au Pays de la Folie, il n'avait visiblement pas bien pris la mesure de ses propos, pourtant franchement sévères, reprochant de plus à EA les mauvaises ventes de ses jeux et prophétisant la mort de la créativité à cause des grands éditeurs. Ayant reçu pas mal de commentaires et même quelques messages un peu agacés d'employés de chez EA, il a décidé de revenir sur son post, de s'excuser et de s'expliquer. La première partie de son message concerne la différence qu'il y a entre "piéger" le consommateur et faire du marketing, étape déplaisante pour lui. On le sent un tantinet aigri par le monde, mais lisez vous-même :
Permettez-moi de développer mon post d'origine tout en y apportant une correction. "Trompé" n'est pas le bon mot. Je le retire. Mes excuses à EA et à toute personne que j'aurais pu heurter. Electronic Arts ne trompe pas les consommateurs pour leur faire acheter des trucs. Ils appliquent soigneusement des méthodes éprouvées de marketing pour obtenir la réponse désirée de la part du consommateur. S'ils étaient mauvais dans ce genre de choses, ils se seraient faits écraser par leurs concurrents depuis longtemps et vous joueriez à Madden Football via Activision ou Atari ou je ne sais qui.
Nous vivons dans un monde rempli de marketing. Le marketing nous dit que le Land Yacht 2013 (NDR : surnom donné à de grosses voitures, camping-cars ou caravanes) est plus stylé, puissant et génial que celui de l'année dernière. Ou qu'un dentifrice nous aidera à choper. Qu'une montre forcera enfin le monde à saisir à quel point nous sommes aventureux et virils. Ou qu'un jeu contient plein de sang et de tripes -même quand son créateur ne pense pas que ce soit son principal argument de vente.
McGee poursuit en constatant que ce genre de tensions entre créateur et éditeurs est inévitable et que les éditeurs sont là pour donner au public ce qu'il attend, dans le but de vendre son produit. L'éternelle opposition entre l'artiste et le marchand d'art. Et le développeur reconnaît volontiers, que cela lui plaise ou non, que la chose est nécessaire. Et il explique même ne pas regretter ses années de partenariat avec EA :
Au final, j'ai (enfin, j'avais) une bonne relation avec EA. Ils ont contribué à mettre mon nom en lumière. Ils ont financé deux de mes créations favorites. Ils m'ont aidé à introduire deux contenus foutrement originaux dans un monde du jeu souvent dominé par les balles et les nibards. Je ne peux pas, et ne vais pas, mettre sur le dos de leur marketing les ventes qu'auraient ou n'auraient pas pu atteindre les deux jeux Alice.