Une étude, largement relayée hier soir par le Journal de 20 heures de France 2 (n'hésitez pas à visionner la vidéo sur le site replay de France Télévisions à partir de la 28ème minute) ainsi que par d'autres médias d'information généralistes, prouve que les jeux vidéo violents rendent réellement plus agressif. Menée par des chercheurs de l'université de Grenoble en collaboration avec l'université de Hohenheim en Allemagne et de l'Ohio aux Etats-Unis, cette étude "étudie de manière expérimentale les effets à long terme des jeux vidéo violents".
La méthodologie a été la suivante : 70 étudiants de sexe masculin et féminin ont joué chaque jour, pendant 3 jours, à des jeux vidéo pour certains violents, et pour d'autres non violents. Les critères de distinction n'ont pas été précisés, mais l'auteur de l'étude, Laurent Bègue, déclare par ailleurs dans un entretien au site merlanfrit.net que selon lui, "un jeu vidéo violent est un jeu dont la structure autorise ou récompense l'administration d'un mal verbal, relationnel ou physique à d'autres personnages, qui ne sont pas "consentants".
A l'issue de chacune de ces sessions de jeu, on racontait à ces étudiants une scène de la vie quotidienne dans laquelle un personnage était en situation de conflit et on leur demandait d'imaginer la réaction de ce dernier. Les étudiants qui avaient joué à un jeu vidéo violent envisageaient des réactions plus agressives de la part de ce protagoniste. Puis on opposait ensuite ces étudiants dans le cadre d'une compétition où les vainqueurs pouvaient punir les vaincus au moyen d'un choc sonore. Les joueurs de jeux vidéo violents infligeaient une punition plus dure à leurs adversaires. Une tendance s'est également dessinée : la conduite agressive des étudiants soumis à un jeu vidéo violent augmentait au fil du temps : elle était supérieure le deuxième jour, et plus encore le troisième.
Cette étude, qui prouverait donc scientifiquement l'effet des jeux vidéo violents sur le comportement de ceux qui les pratiquent, est toutefois contestée par d'autres chercheurs (notamment américains) d'un point de vue méthodologique : le panel de cobayes est par exemple jugé trop faible. Elle risque pourtant d'alimenter une nouvelle fois la polémique sur les jeux vidéo violents. Dans l'absolu, ce ne peut être qu'une bonne chose, ne serait-ce que pour entamer enfin un vrai débat de fond sur ce thème, qui échapperait à tout cliché. Mais ce n'est visiblement pas le souci des médias généralistes, qui préfèrent lui réserver un traitement tapageur. France 2 n'ouvrait-il pas son sujet d'hier soir par des images du massacre de Columbine et de la tuerie d'Oslo ?...