jeuxvideo.com > Vous nous avez confié que l'idée de Geopolitical Simulator vous trottait dans la tête depuis longtemps déjà. Votre vision a-t-elle beaucoup évolué au niveau du contenu ou, par rapport à ce que vous envisagiez il y a plus de dix ans, les améliorations sont-elle essentiellement graphiques ?
André Roques : On a eu la première idée de ce projet effectivement en 1994. Il est sûr qu'aujourd'hui avec Internet, le "Massivement Multijoueur" et autres, des idées nouvelles viennent se greffer pour développer de mondes virtuels avec des univers persistants. Le jeu n'a clairement plus la même saveur.
jeuxvideo.com > Etes-vous d'accord pour dire qu'il y a un côté éducatif à ce jeu ?
André Roch : Oui, c'est clair. D'ailleurs, je pense à des adaptations pour des jeux sérieux dans différents domaines. Par exemple, via la Défense Nationale. Il est à noter que la Direction Générale de l'Armement a investi dans le projet. Et il y a des créneaux possibles pour l'éducation. Pour l'instant, on attend d'avoir un projet terminé pour pouvoir le présenter à des organismes étatiques.
jeuxvideo.com > Le choix d'un gros contenu très politique n'est-il pas extrêmement risqué ?
André Roques : Disons que c'est "grand public"...
jeuxvideo.com > Vous trouvez ?
André Roques : Oui. Ca ne s'adresse pas forcément aux gamers. Ca fait plus de vingt ans qu'on est dans le monde du jeu vidéo, on a fait du casse-briques avec un lapin jusqu'au jeu de rôle avec des chevaliers. On devient adulte ainsi et les gens qui ont connu ces jeux-là au départ également. On voulait donc trouver un thème qui rassemble et qui n'est pas destiné uniquement au type qui va passer ses nuits sur son ordinateur. On a l'impression que son voisin qui a un PC chez lui et qui n'a jamais touché un jeu pourra utiliser celui-ci. Ce n'est pas uniquement du wargame et des traités économiques ou des alliances militaires.
jeuxvideo.com > Pouvez-vous nous décrire plus en détails le projet d'univers persistant que vous envisagez à partir de GPS ?
André Roch : La sortie du monde persistant est prévue après le lancement du mode solo et du mode en réseau local. L'idée est de permettre aux gens de se connecter avec un abonnement peu cher et que chaque joueur puisse incarner le président d'un pays. On a donc un potentiel de parties réunissant 180 présidents qui essaient de faire des alliances, de s'équilibrer, d'augmenter leur popularité et de rester au pouvoir en augmentant leur influence. On a prévu un nombre équilibré de crédits pour chacun des joueurs afin que tout le monde ne prenne pas les USA alors que celui qui choisira le Lichtenstein aura quelques soucis. Il y aura une sorte de roulement et si on prend les USA, il faudra attendre un peu avant de pouvoir à nouveau diriger ce pays. Chacun devra réserver son pays, sa place dans la partie et elle commencera à une heure bien définie. Elle pourra durer six mois, par exemple, en ne jouant qu'un quart d'heure par jour, en donnant les ordres principaux. L'idée c'est de coupler également avec des téléphones portables afin que le joueur puisse donner quelques ordres basiques dès qu'il le voudra.
jeuxvideo.com > Envisagez-vous dans ce modèle de rentrer l'équivalent des "instances" qui sont très fréquentes dans les MMO et qui permettent à une bande de joueurs de se réunir dans un univers persistant pour jouer une partie pratiquement privée ?
André Roques : Tout est imaginable. On peut notamment adapter des scenarii par rapport à la réalité. Si un évènement important se passe sur la planète, on peut l'incorporer et donner une mission avec un objectif commun à plusieurs pays.
jeuxvideo.com > Qu'avez-vous incorporé comme évènements réels ?
André Roques : Toutes les données sont tirées des forces en présence dans la réalité. Et à chaque fois qu'on s'intéresse à un sujet, on se dit qu'il faut y aller à fond dessus et qu'il faut mettre les valeurs réelles qui ont trait à ce sujet. Exemple : le terrorisme. On s'est posé la question de savoir quels sont les groupes terroristes influents dans tous les pays du monde. On prend n'importe quel pays : Taïwan, Singapour... Vous trouverez, sous des noms fictifs qui font quand même écho, les groupes terroristes qui correspondent.
jeuxvideo.com > Et y'a-t-il un moment où vous vous arrêtez dans cette espèce de mise en abîme ? Car on peut considérer qu'un tsunami aura de l'influence sur le monde et les relations entre le pays, comme pourrait en avoir l'obtention d'un césar par un film américain même si ce n'est pas la même échelle, bien sûr. Y'a-t-il des événements trop petits pour vous et que vous préférez ne pas incorporer ?
André Roques : La difficulté, c'est de se dire quelle législation on prend ou on ne prend pas. Par exemple, la peine de mort est gérée. Mais l'euthanasie n'est pas gérée car c'est trop compliqué de rentrer toutes les législations en matière d'euthanasie. Et ça supposerait un scénario qui n'est pas forcément motivant pour le joueur. Donc, les catastrophes sont assez simples à faire, les césars et les oscars aussi mais, dans le domaine de l'évènementiel, tous les festivals de cinéma ne sont pas gérés non plus.
jeuxvideo.com > Puisque vous citiez la peine de mort et l'euthanasie, avez-vous résolu d'emblée des questions qui font encore débat ?
André Roques : Non. On laisse la simulation faire ses calculs et les personnages ont leurs propres variables. S'ils sont sympa ou pas, c'est le moteur qui nous le décide. Quant aux débats idéologiques, le jeu prend en compte le sentiment du peuple. Par rapport à ça, on se dit que si on limite les libertés, le peuple n'est pas content mais sur des sujets sensibles, on ne peut pas se positionner. Il y en a quelques-uns, c'est clair.
jeuxvideo.com > Il y a énormément de personnages dans ce jeu. Vous avez eu du mal à trouver leurs noms ?
André Roques : Les noms des personnages sont en fait des compositions de syllabes. On a reproduit une très grande partie des langues qui existent. On a même calculé si, dans le pays concerné, les noms propres avaient plutôt deux, trois ou quatre syllabes. En Chine, il y a plutôt des noms propres à une syllabe. C'est un peu le même système aléatoire qui définit les visages à partir d'éléments disparates tirés d'un catalogue : le front, le nez, les yeux, la bouche... Pour ce qui est des groupes, que ce soient de sectes ou de syndicats, on a vraiment inventé des noms. Mais certains d'entre eux font référence à des choses que l'on peut comprendre.
jeuxvideo.com > La parité homme-femme existe-t-elle dans ce jeu ?
André Roques : Il y a un pourcentage de parité qui est assez fidèle à la réalité avec ses hauts et ses bas.
jeuxvideo.com > Concrètement, où en êtes-vous du développement ?
André Roques : L'interface est quasiment finie. Le moteur de simulation est en cours, tout n'est pas géré. L'économie tourne. Le moteur de réaction est terminé aux deux tiers.
jeuxvideo.com > Merci, M. Roques.
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