jeuxvideo.com > Entre The Outfit et Company of Heroes, on peut dire que Relic se spécialise dans les jeux sur la Seconde Guerre mondiale, non ?

Tarrnie Williams : C'est un pur hasard. Chez Relic, nous sommes très éclectiques et les deux titres que vous citez rejoignent un catalogue dont la pièce maîtresse est sans nul doute un jeu de science-fiction : Homeworld. Nous voulons vraiment nous diversifier.

jeuxvideo.com > Company of Heroes a été nommé "Meilleur RTS de l'E3 2005". On serait tenté de se demander quelle peut être la légitimité d'une telle récompense pour un jeu qui est encore en cours de développement.

Tarrnie Williams : En tant que RTS, nous avons fait pour ce jeu des choses qui n'avaient encore été jamais faites. Il y a le décor qui est entièrement destructible, la volonté d'épargner au joueur le sentiment de s'amuser aux petits soldats, des unités qui se déplacent comme des personnes réelles, la nécessité de tirer avantage du terrain pour se couvrir, des tanks qui réagissent comme des tanks... Donc d'après moi, ce prix nous a été décerné car, visuellement, Company of Heroes est un jeu comme on n'en avait pas vu auparavant. Et encore, comme vous le sous-entendez, personne mis à part les développeurs n'a eu l'occasion d'y jouer.

jeuxvideo.com > Mais justement, en tant que développeur, éprouvez-vous de la satisfaction qu'on vous décerne un prix pour un jeu que personne n'a vraiment pu juger sur pièce ?

Tarrnie Williams : Oh, vous savez, c'est pareil pour tout le monde et ce n'est pas nous qui faisons les règles. Tous les prix remportés à l'E3 ne sont basés que sur des présentations. Alors, en fait, nous prenons ce prix plus pour des encouragements, une manière qu'ont ceux qui nous le décernent de nous dire : "Après ce que vous nous avez présenté, on a hâte de voir ce que donnera le produit fini.". Qui plus est, nous avons du répondant en la matière, à commencer par "Dawn of War". Pour ce RTS-là, nous avions vraiment peaufiné l'équilibre entre les différents camps pour éviter que certaines unités soient tout simplement trop puissantes ou qu'on puisse remporter une bataille en lançant un rush comme un minable. Pour moi, il est clair que ce genre d'expérience représente un passif rassurant pour ceux qui octroient ce genre de prix. Ils nous font donc confiance. Enfin, je sais que toute l'équipe est très fière d'avoir remporté ce prix.

jeuxvideo.com > Revenons-en à Company of Heroes en lui-même. Le principe du jeu n'est pas sans rappeler "Z" des Bitmap Brothers. Etes-vous d'accord avec ça ?

Tarrnie Williams : Je ne vois absolument pas de quel jeu vous parlez. Je n'y ai jamais joué.

jeuxvideo.com > Durant la présentation, vous évoquiez des libertés prises par rapport à la réalité. Pourriez-vous êtes plus explicite ?

Tarrnie Williams : Même si nous travaillons sur une bonne base d'authenticité qui se traduit par le réalisme des unités à pied, des véhicules et des bâtiments, nous voulions vraiment que le jeu soit amusant. Il est parfois intéressant de chercher à toucher le public sur un plan émotionnel. Quand on parle de RTS, cela se traduit par la volonté de l'immerger dans la bataille afin qu'il se sente directement concerné. Mais bon... Quand on se retrouve au-dessus d'une carte à ordonner à un tank d'aller d'un point A à un point B, ça n'a bien évidemment rien à voir avec la réalité. Sur un vrai champ de bataille, le trajet vous paraîtrait incroyablement long car vous sauriez que vous pouvez mourir à tout instant. Dans un jeu, tout est clairement moins tendu et tant mieux car ce ne serait plus un jeu s'il fallait avoir recours à des décisions aussi drastiques que de pouvoir perdre la partie en quelques minutes parce qu'on ne s'est pas montré assez prudent. Alors on reprend un peu le même langage que le cinéma en utilisant des raccourcis, des facilités qui confèrent un aspect distrayant à l'ensemble.

jeuxvideo.com > Quels conseils stratégiques donneriez-vous à ceux qui joueront à Company of Heroes en multijoueur ?

Tarrnie Williams : Pour bien jouer à Company of Heroes, il faut se comporter comme un vrai soldat. Cela signifie qu'il faut utiliser des tactiques qui sont effectivement employées par les militaires. Il faut renforcer votre ligne de front avec des mitrailleuses, des fils barbelés... Tout cela est disponible dans le jeu, bien sûr. Quand on progresse, il est impératif d'utiliser la combinaison de différentes armes. Les tanks ne sont pas la réponse à toutes les situations. Ils deviennent très vulnérables dès que l'infanterie ennemie s'en approche. Mais, bien entendu, l'infanterie subit lourdement le tir des tanks s'ils sont à distance. Il faut donc parvenir à combiner les unités disponibles tout en tirant parti du terrain et sans doute en cherchant à épuiser l'adversaire plutôt que de tenter de le faire tomber en une seule et grande offensive. Et dans Company of Heroes, vous pouvez vraiment envisager n'importe quelle tactique, notamment grâce au moteur physique qui permet de tout détruire.

jeuxvideo.com > Pour être très spécifique, quand on lance une roquette contre un mur, cela fait-il s'écrouler le mur ou cela crée-t-il un trou par lequel on pourra faire passer ses unités ?

Tarrnie Williams : Cela dépend de la distance à laquelle vous vous trouvez quand vous tirez et de la taille du bâtiment. Toujours est-il que vous pourrez envoyer vos troupes investir les bâtiments à loisir. Elles pourront prendre place sur le toit ce qui leur offrira un bon point stratégique. Par contre, si le bâtiment s'effondre alors que vos hommes sont à l'intérieur, vous les perdrez tous. Et bien sûr, le résultat ne sera pas le même si l'ennemi utilise un lance-flammes. Là, le bâtiment ne subira pratiquement pas de dégâts mais vos hommes mourront.

jeuxvideo.com > Ce n'est d'ailleurs pas le seul détail sur lequel vous avez fait preuve d'un réalisme plutôt brutal puisque vous nous avez appris durant la présentation qu'un tank pouvait rouler sur tous les fantassins qui l'entouraient, qu'ils soient ennemis ou amis. N'est-ce pas un peu extrême comme parti pris ?

Tarrnie Williams : Pourtant, c'est aussi comme ça que cela se passe dans la réalité. Mais ce n'est pas encore une décision définitive. On verra à l'essai ce que cela donne et s'il faut laisser les choses en l'état ou modifier ce point. D'un autre côté, si vous utilisez vos troupes convenablement, vous ne devriez rouler que sur les ennemis... Et par exemple, si vous ordonnez un tir d'artillerie sur un point trop proche de vos troupes, il paraîtrait normal qu'elles en "profitent" un peu, non ? Quelle est la différence entre les deux cas de figure au fond ? En tout cas, nous n'avons pas poussé le principe du "tir ami" jusqu'à permettre à un fantassin de tirer sur un de ses compagnons.

jeuxvideo.com > Vous avez d'ores et déjà annoncé 16 cartes pour le multijoueur. Y aura-t-il un éditeur livré avec le jeu ?

Tarrnie Williams : C'est quelque chose que nous aimerions proposer mais c'est difficile car les éléments qui figurent sur les cartes peuvent être détruits de manière dynamique, comprenez que chacun d'entre eux est réduit à néant avec des tas de variables dans l'animation selon l'arme utilisée, son volume, etc. Donc, pour l'instant, on y travaille.

jeuxvideo.com > Pensez-vous que Company of Heroes est un jeu pouvant être décliné selon différents modes ? Peut-on imaginer qu'il y aura un jour un Company of Heroes avec des armes modernes ou des rayons laser et des tanks du futur ?

Tarrnie Williams : Je ne sais pas quoi vous répondre car nous ne nous sommes pas encore décidés quant à savoir si nous allions mettre le kit de développement à disposition. Il est encore un peu prématuré d'en parler. On fera peut-être une annonce ultérieurement. En tant que développeur, on a envie de voir une communauté s'emparer de notre jeu pour extrapoler sur son contenu. Mais en même temps, si on rend tout accessible, simple et pratique à développer, on court le risque de se priver d'une suite ce qui, soyons honnêtes, n'est pas le but recherché. C'est encore un point sur lequel une décision n'est pas prise. On en parle au sein de l'équipe.

jeuxvideo.com > Pourquoi n'y a-t-il pas de héros à la Warcraft III dans Company of Heroes ?

Tarrnie Williams : En fait, il n'y en a plus. A un certain stade du développement, nous avions mis au point un commandant qui possédait des capacités supérieures à celles des soldats de base puis nous avons mis cette idée de côté. Le remettre dans le jeu ne demandera pratiquement aucun effort mais pour l'instant, nous préférons nous concentrer sur le jeu sans cet élément. Nous cherchons vraiment le réalisme et un héros aurait un côté trop "super-héros" qui déséquilibrerait les forces en présence.

jeuxvideo.com > Et au chapitre des choses qui ont peut-être été envisagées, une adaptation sur console a-t-elle été abordée au sein de l'équipe ?

Tarrnie Williams : Rien à dire sur le sujet pour le moment. Reposez-moi cette question plus tard.

jeuxvideo.com > Merci Mr. Williams.

• Site officiel de Company Of Heroes