Ce n’est pas forcément une surprise, mais c’est aujourd’hui confirmé par une étude sérieuse : les selfies postés sur les réseaux sociaux ont tendance à donner envie aux personnes d’user de la chirurgie esthétique plus souvent. Et c’est alarmant !
Les capteurs photo de nos smartphones ont beau être de plus en plus perfectionnés, les modes portraits et autres algorithmes ont tout de même tendance à déformer nos visages lorsqu’on réalise des selfies. Ces photos sont souvent postées sur les réseaux sociaux, et comme elles peuvent être sujettes à des critiques de la part d’autres personnes, elles entraînent souvent un malaise du côté de leurs propriétaires.
Là où certains se contenteraient de minimiser les avis des autres, d’autres individus prennent ces critiques très à cœur… à tel point d’avoir recours à la chirurgie esthétique pour corriger les défauts qui apparaissent sur ces photos, quand bien même elles ne reflètent pas la réalité.
Une « culture du selfie » qui a des dérives
Dans une étude publiée sur le site de l’Université de Boston, des chercheurs estiment que les interventions de chirurgie esthétique ont explosé cette dernière décennie, en raison de ce qu’ils appellent une « dysmorphie Snapchat ». Ce terme, déjà utilisé dès 2019 pour désigner la situation en Chine, résume assez bien la situation : « certains patients désirent réaliser des procédures cosmétiques pour réaliser sur eux-mêmes les versions filtrées et éditées de leurs photos. »
Peau nette sans défaut, visage affiné, yeux plus grands… La liste des « défauts » que les personnes concernées désirent corriger est longue. Et selon l’étude, plus les personnes passent de temps sur les réseaux sociaux et utilisent des applications permettant de retoucher les photos, et plus ils ont envie de passer sur le billard pour s’arranger le portrait. Les chercheurs ont également constaté que la tendance est plus forte encore chez les personnes qui suivent des comptes de célébrités, mais aussi des comptes associés directement à des cliniques qui pratiquent la chirurgie plastique.
Un phénomène accentué par la pandémie
« L’effet masque » de la pandémie de COVID-19 a largement contribué à créer des complexes chez certaines personnes, qui se trouvaient plus attirantes sous leur masque et se montraient réticentes à l’enlever. Cependant, comme l’explique le docteur Neelam Vashi, directrice du Centre cosmétique et laser de l’Université de Boston au Boston Medical Center, « Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de données mettant en évidence un lien clair ou des facteurs qui ont rendu les patients plus ou moins susceptibles de participer à des traitements esthétiques ».
Une longue étude menée dans une clinique de dermatologie américaine entre octobre 2019 et juin 2021 a pu mettre en lumière que plus les patients étaient accros aux plateformes sociales, et plus ils étaient enclins à réaliser des procédures cosmétiques sur leur visage. Les applications comme FaceTune, Lightroom ou SnapSeed comptent également parmi celles qui sont les plus utilisées pour montrer aux chirurgiens l’envie de changement des patients. L’étude conclut en estimant qu’il est important que les médecins s’intéressent aux raisons réelles qui motivent leurs patients à chercher de tels changements.« Les soins de qualité commencent par des conversations de qualité, et nous espérons que cette étude encouragera les prestataires à s’interroger sur tous les aspects de la vie d’un patient afin de mieux comprendre ses motivations et ses objectifs de soins », estime le docteur Neelam Vashi.