Faire pleuvoir alors qu'il ne pleut pas, c'est quelque chose de possible, et cela s'est déjà déroulé aux Émirats Arabes Unis. Dans les pays arides, cela peut être bénéfique, mais un tel dérèglement a forcément des conséquences.
La "pluie artificielle", une technologie controversée
Alors que de nombreux pays, comme le Maroc, abandonnent les programmes d'ensemencement des nuages, les Émirats Arabes Unis (EAU) font figure d'exception. En février dernier, ils ont réussi à faire tomber de la pluie en utilisant cette technique controversée. Mais qu'est-ce que l'ensemencement des nuages, et comment fonctionne-t-il ?
En gros, c'est une sorte de coup de pouce pour les nuages. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, l'ensemencement des nuages ne consiste pas à créer des nuages artificiellement. Il s'agit plutôt d'une technique qui vise à améliorer la capacité d'une nuée à produire de la pluie ou de la neige. Pour ce faire, on utilise des catalyseurs, comme des cristaux de sel, projetés par des canons au sol ou des avions, qui permettent aux gouttes d'eau contenues dans les nuages de fusionner. Ces gouttes deviennent alors plus grosses et plus lourdes, ce qui les incite à tomber au sol sous forme de pluie, au lieu de rester en faible densité et flottant donc dans l'air.
Il s'agit d'une technique prometteuse, mais particulièrement coûteuse. L'ensemencement des nuages n'est pas une technique miracle, et elle ne fonctionne que si les conditions météorologiques sont favorables, c'est-à-dire s'il y a suffisamment d'humidité dans les nuages. De plus, elle est relativement complexe à mettre en œuvre. En effet, il faut surveiller en permanence les conditions météorologiques et envoyer des avions pour disperser les catalyseurs dans les nuages.
Finalement, les résultats en eux-mêmes sont assez mitigés. L'efficacité de l'ensemencement des nuages est encore sujette à débat. Certains experts affirment que cette technique peut augmenter les précipitations de 10 à 30 %, tandis que d'autres sont bien plus sceptiques.
Les ÉAU, fans de la "pluie artificielle" : quels risques pour la planète ?
Malgré les défis et les incertitudes, les ÉAU ont décidé d'investir massivement dans l'ensemencement des nuages. Ils espèrent ainsi lutter contre la sécheresse qui affecte la région. En février dernier, les autorités ont annoncé avoir réussi à faire tomber de la pluie grâce à cette technique, en affirmant que les précipitations avaient augmenté de 35 % dans les zones où l'ensemencement des nuages avait été réalisé.
Néanmoins, ce supposé succès reste encore à être confirmé. Les résultats obtenus par les ÉAU sont encourageants, mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. D'autres études sont nécessaires pour déterminer l'efficacité réelle de l'ensemencement des nuages dans la lutte contre la sécheresse.
== Les risques environnementaux et climatiques =
Pour réaliser l'ensemencement des nuages, on utilise souvent de l'iodure d'argent, un composé pouvant affecter négativement les espèces aquatiques qui y sont soumises. D'autres éléments pourraient néanmoins servir de remplacement comme le chlorure de calcium. Outre la pollution, cette pratique comporte encore de nombreuses interrogations. Cela peut-il provoquer des inondations ? Assécher une zone voisine ?
Andrea Flossmann, professeure à l'université Clermont Auvergne et coresponsable du groupement d'experts sur la modification du temps pour l'Organisation météorologique mondiale (OMM), précise chez Les Echos que :
Pour l'instant, même s'il n'y a pas encore de preuves dures que l'ensemencement de nuages fonctionne, il y a des craintes de la part de pays voisins dès qu'un programme d'ensemencement des nuages est annoncé.
Des querelles de «vol de pluie» pourraient apparaître, dans des zones où les tensions sont déjà suffisamment fortes. Des études supplémentaires sur le sujet semblent être de mise.