Des chercheurs français ont changé notre compréhension de l'âne en retraçant son histoire génétique. L'animal, présent aux côtés de l’humain depuis des millénaires, n'a été domestiqué qu'une seule fois, il y a 7 000 ans en Afrique.
Un mystère qui a enfin sa réponse
L'âne est un animal familier et pourtant énigmatique. Il accompagne l’humain depuis la nuit des temps et pourtant nous ne savons pas grand-chose. Son histoire, intimement liée à celle de notre civilisation, est restée teintée de mystère jusqu'à ce que des chercheurs français décryptent son génome et éclairent son passé.
L'étude du CNRS , publiée dans la prestigieuse revue Science , s'apparente à une véritable odyssée scientifique. En analysant l'ADN de 207 ânes modernes provenant de régions variées et de 31 ânes antiques exhumés de sites archéologiques, l'équipe française a ouvert une porte sur les origines et la dispersion de cet équidé fascinant.
Jusqu'à présent, la communauté scientifique pensait que la domestication de l'âne était un événement qui fut répété à différents endroits et à différentes époques de la préhistoire. La plus grande étude génétique sur ces animaux, réalisée il y a peu, apporte des révélations qui bouleversent le consensus.
Leur découverte est unanime : l'âne n'a été domestiqué qu'une seule fois, en Afrique, environ 5 000 ans avant notre ère, soit il y a 7000 ans ! Cette domestication, loin d'être un événement fortuit, semble intimement liée à la période d'aridification du Sahara. L'âne, avec sa résistance à la chaleur et sa frugalité, s'est révélé être un allié précieux pour les populations nomades confrontées à un environnement hostile.
Une grande migration qui donne les ânes d’aujourd’hui
L'étude ne s'arrête pas là. Elle retrace ensuite l'épopée migratoire de l'âne à partir de son berceau africain. Tel un explorateur, il a conquis l'Eurasie en plusieurs vagues successives, atteignant l'Europe il y a environ 2 800 ans avant notre ère et l'Asie 200 ans plus tard. Au fil de ses périples, l'âne s'est adapté à des environnements et des climats variés, donnant naissance à une multitude de races distinctes, chacune avec ses propres caractéristiques.
L'analyse du génome des ânes anciens a également permis de lever le voile sur des pans méconnus de l'histoire humaine. Des liens commerciaux surprenants entre l'Europe et l'Afrique de l'Ouest ont été mis en évidence, ainsi que des pratiques d'élevage sophistiquées chez les Romains, qui sélectionnaient des ânes de grande taille pour la production de mules.
L'étude menée par les chercheurs français est bien plus qu'une simple découverte scientifique. C'est un récit captivant qui retrace l'histoire d'une collaboration entre l'Homme et l'animal, une histoire de migrations et d'adaptations, d'échanges et d'influences mutuelles. C'est une invitation à voyager dans le temps et à explorer les liens profonds qui unissent l’humain et l'animal.
Bref, il faut cesser de mépriser les ânes. Cet animal a joué un rôle clé dans le développement humain au cours des quatre derniers millénaires. Devenu une insulte synonyme de bêtise dans le langage courant, l'âne est injustement traité à travers le monde. À tel point que cette espèce est devenue menacée dans de nombreux pays comme l'Espagne ou le Mexique.