Dès la fin des années 1970, le navire pétrolier Seawise Giant a entamé une odyssée maritime qui s'est étendue sur près de 35 ans. Son parcours tumultueux demeure inégalé à ce jour, faisant de lui le plus imposant supertanker de tous les temps.
Un navire d’une longueur impressionnante
Construit au chantier naval d’Oppama au Japon en 1975, le pétrolier Porthos devait initialement être livré à un armateur grec. Cependant, ce dernier a rejeté le navire en raison d'un défaut de conception dans son système de réduction, provoquant des vibrations excessives. À l'origine, le supertanker était de taille moins imposante. Toutefois, son nouveau propriétaire, un puissant magnat du transport maritime chinois, a ordonné son allongement de plusieurs dizaines de mètres en 1980. C'est à cette occasion qu'il a été rebaptisé Seawise Giant, évoquant sobrement son statut de « géant des mers ».
À ce moment-là, le navire avait une capacité de charge de 564 763 tonnes et un poids total de 646 642 tonnes à pleine charge. Il maintenait une vitesse de croisière de 16 nœuds, soit environ 30 km/h. En 1981, sa mission était claire : assurer le transport d'une précieuse cargaison entre le Moyen-Orient et les États-Unis à travers ses 46 réservoirs. Cette tâche s'est déroulée sans accroc pendant 7 ans, jusqu'à ce qu'un événement tragique survienne.
Touché... mais pas coulé
En 1988, lors du conflit entre l'Iran et l'Irak, le Seawise Giant a été pris pour cible alors qu'il transportait du pétrole brut iranien. Les avions de l'armée de l'air irakienne l'ont bombardé, le laissant partiellement coulé au large de l'île de Larak, en Iran.
Après un tel incident majeur, la plupart des navires auraient mis fin à leur existence. Cependant, le Seawise Giant était exceptionnel : sa taille impressionnante a attiré l'attention d'un consortium norvégien convaincu qu'il serait rentable de le renflouer et de le restaurer. Après deux années de travaux, le Seawise Giant est revenu à la vie sous le nom de Happy Giant. Après quelques années de service sous ce nouveau nom, il a été acquis par un autre magnat norvégien, qui l'a rebaptisé Jahre Viking, et a continué à être exploité pendant 13 années supplémentaires.
La fin d’une odyssée maritime
Malgré ses capacités colossales, le supertanker demeurait un défi à manœuvrer. Se déplaçant à une vitesse de 16 nœuds, le capitaine devait anticiper ses mouvements sur une distance de 9 kilomètres pour l'arrêter. Lorsqu'il a été cédé à un nouveau propriétaire en 2004, First Olsen Tankers, celui-ci a choisi de le convertir en unité de stockage flottante. Le Seawise Giant a ainsi été transformé en une immense citerne au large de la côte du Qatar, ce qui a marqué le début de son déclin.
En 2009, le pétrolier a atteint la fin de sa vie opérationnelle et a été envoyé à l'usine de démolition d'Alang-Sosiya, en Asie. Il y est demeuré sous forme d'épave pendant plusieurs mois, pendant que 18 000 travailleurs se sont affairés à son démantèlement. De ses différents noms, Seawise Giant, alias Oppama, Happy Giant, Jahre Viking, et quelques autres, ne subsistent que des images, des vidéos, ainsi qu'une ancre marine de 36 tonnes, exposée au musée maritime de Hong Kong. Jusqu'à ce jour, les records détenus par ce navire, notamment en termes de taille, demeurent inégalés.