Dépister un cancer du sein à son stade le plus précoce se révèle essentiel pour assurer de meilleures chances de survie à la personne qui en est atteinte. Une chercheuse du MIT a trouvé une solution surprenante à cet enjeu d’importance.
Le cancer du sein est susceptible de toucher une femme sur huit, aujourd’hui en France : il s’agit du cancer le plus fréquent dans l’Hexagone, et il représente même la première cause de décès par cancer pour les femmes. C’est également le cas aux États-Unis et dans l’ensemble de l’Union européenne. En résumé, il s’agit d’une réelle menace pour les femmes, qui sont incitées à réaliser une palpation mammaire au moins une fois par mois, pour déceler d’éventuelles anomalies.
Plus le cancer du sein et détecté et pris en charge tôt, et plus les chances de guérison sont grandes : pris à temps, le cancer du sein se guérit 9 fois sur 10. Mais comment ne passer à côté d’aucune anomalie suspecte ? Une chercheuse du MIT a planché sur la question.
Un soutien-gorge capable de détecter le cancer du sein
En 2015, la chercheuse Canan Dağdeviren a découvert que sa tante était atteinte d’un cancer du sein. C’est à cette époque qu’elle a imaginé un soutien-gorge bardé d’électronique, notamment doté d’un système d’échographie intégrée. Ce dernier avait alors pour objectif de réaliser des scans des seins fréquemment, dans l’optique de détecter un cancer à un stade très précoce.
Ce projet en est resté au stade de croquis pendant plus de 6 ans. Entre-temps, Canan Dağdeviren est devenue professeur au MIT, où elle travaille au sein du Media Lab. Ses recherches sont en lien avec les appareils électroniques capables de capturer des données liées au corps humain : dans ce contexte, l’idée du soutien-gorge connecté prend tout son sens.
Après avoir bataillé pour trouver des financements et résolu moult obstacles techniques, Canan Dağdeviren a concrétisé son idée. « Maintenant, la technologie n’est plus un rêve sur un morceau de papier, c’est réel, que je peux la tenir et la toucher et que je peux la mettre sur les seins des gens et voir leurs anomalies », a-t-elle expliqué au site Wired.
Pour un dépistage plus facile du cancer du sein
Aujourd’hui, la solution la plus utilisée pour dépister le cancer du sein est celle de la mammographie. Cette méthode consiste à écraser le sein entre deux plaques pour réaliser une radiographie. Non seulement cette solution est douloureuse et inconfortable, mais en plus, elle passe parfois à côté d’une tumeur, qui peut être déformée par l’appareil. La solution imaginée par Canan Dağdeviren et son équipe consiste à utiliser un patch à ultrason intégré dans une armature de soutien-gorge en forme de nid d’abeille. Grâce à une conception en 3D et une impression personnalisée, l’appareil épouse parfaitement la forme de la poitrine, et offre une mesure précise. Les données, capturées en temps réel, pourraient être envoyées sur une application mobile. « Vous pouvez faire le test pendant que vous sirotez votre café », résume la chercheuse.
Pour le moment, le soutien-gorge connecté nécessite encore d’être raccordé à une machine à ultrason pour visualiser les images. Mais les chercheurs travaillent sur la miniaturisation du système. Cela pourrait permettre aux personnes à risque, ou désireuses d’effectuer un contrôle précis de leur poitrine, de le faire tous les jours si elles le désirent. Habituellement, la mammographie est réalisée tous les deux ans à partir de 40 ans, la différence de suivi serait donc immense.
Canan Dağdeviren espère que sa technologie sera concrètement disponible dans les prochaines années, d’abord auprès des personnes à haut risque, ayant des antécédents familiaux de cancer du sein. C’est peut-être l’espoir que beaucoup attendaient pour limiter les risques d’être touché par cette maladie, hélas souvent mortelle.