Rêvasser au travail : un moment déterminant pour le cerveau

En général, être surpris à rêvasser au travail ne fait pas réellement bonne impression. Il faut dire qu’avoir le regard perdu dans le vide et écouter à moitié renvoie une assez mauvaise image… Chose qui, il faut l’avouer arrive souvent, notamment lors de réunions qui n’en finissent pas ou juste après manger, où l’on a généralement le plus grand mal du monde à se concentrer. Et pourtant, des travaux réalisés par des scientifiques américains et publiés dans la revue Nature tendent à prouver que cette pratique se révèle en réalité plutôt salvatrice et loin d’être inutile.

En effet, cette étude démontre que s'abandonner à la “rêverie” stimule la création de nouveaux réseaux neuronaux. Lorsqu'un neurone envoie un signal électrique, il déclenche la libération de neurotransmetteurs à travers la synapse, transmettant ainsi l'information au neurone suivant. Les réseaux neuronaux jouent un rôle crucial dans la pensée, la mémoire, et le fonctionnement global du système nerveux. En rêvassant, on améliorerait en réalité notre capacité à comprendre et traiter des informations. Eh oui, le cerveau a lui aussi besoin de se reposer !

Les souris prouvent l’importance de rêvasser

Pour prouver l’utilité de la rêverie, des scientifiques ont effectué plusieurs expériences avec des souris. À ces fins, ils les ont exposées à deux images différentes et ce l’une après l’autre sur un écran. Ensuite, les souris faisaient face à un écran gris pendant une minute. Et alors que l’écran gris ne diffusait que du “vide”, les neurones des souris restaient aussi actifs que pour les images diffusées juste avant.

Même lorsque les souris étaient focalisées sur l'écran gris, leur activité neuronale persistait et reproduisait celle enregistrée pendant la visualisation réelle d'images. Cela suggère que les rongeurs pourraient être en train de "rêver" des images qu'ils avaient vues auparavant, y compris en l'absence de stimuli visuels actuels.

Cela démontre que même lorsqu’en apparence on ne fait rien, le cerveau reste actif. Les périodes d’inactivité participeraient d’ailleurs à la plasticité du cerveau, soit sa capacité à s’adapter. En outre, cela vaut aussi pour la mémoire. Rêvasser aiderait votre cerveau à mieux se préparer à être actif par la suite et donc à retenir des informations. Avec quelques moments “d'absence”, on est au final pas moins efficace que quelqu’un d’actif en permanence.

Une autre étude menée à l'Université British Columbia de Vancouver par Kalina Christoff tend à confirmer que les moment où l’on ne fait rien sont bénéfiques pour notre cerveau. Pour accomplir des tâches quotidiennes ou résoudre des problèmes complexes, notre cerveau fait appel à divers réseaux cognitifs. En permanence actif, le réseau par défaut (qui gère des tâches simples comme marcher, ouvrir une porte, etc.) est soutenu par le réseau exécutif localisé dans le cortex préfrontal moyen, qui prend en charge, pour sa part, des actions plus complexes telles que parler, réfléchir, etc.

Contrairement à ce qu’on peut croire, ces deux réseaux peuvent être simultanément activés lorsqu’on revâsse et favoriser la réflexion. Ainsi, lorsqu’on laisse son esprit vagabonder, on devient plus productif pour résoudre un problème complexe qu’en s’acharnant dessus.

Bon après, comme pour beaucoup de choses, il est important de trouver un bon équilibre entre une journée entière à rêvasser et travailler non stop. Malheureusement, en fixant le vide, le travail ne va pas se réaliser tout seul…