Écologie et aérospatial ne sont pas des termes qui vont ensemble. Et pourtant, une start-up japonaise entend changer les choses en se tournant vers un carburant pour le moins étonnant afin d’alimenter ses fusées : de la bouse de vache.
La bouse de vache : le futur carburant des fusées ?
Si cette simple phrase fait immédiatement sourire, ce n’est pourtant pas une blague. L’IST (Interstellar Technologies), une entreprise japonaise axée sur l'exploration spatiale, fait actuellement sensation suite au succès d'un test d'incendie statique sur Zero, son lanceur de satellite. Celui-ci a pour particularité d'être propulsé par du biométhane liquide (LBM). Soit un mot plutôt sophistiqué pour parler d’un produit réalisé à partir de… bouse de vache, au moins c’est bio !
Cette expérience a eu lieu à Hokkaido, une grande île située tout au nord du Japon et où l’on trouve des vaches à profusion et donc beaucoup de bouse… Une “matière” connue pour émettre une importe quantité de gaz à effet de serre, mais aussi du méthane. Après avoir été récupéré, il peut alors être transformé en carburant afin de chauffer des maisons ou même faire tourner des moteurs de voitures. Interstellar Technologies aspire, pour sa part, à employer cette matière naturelle pour alimenter Zero, une fusée de 32 mètres de haut. Celle-ci se destine à envoyer des satellites de petites tailles à travers l’espace. Son moteur “Cosmos” est loin d’avoisiner la puissance des systèmes de propulsion comme les Raptors du Starship de Space-X. Il possède pourtant un point commun : c’est un mélange de méthane et d’oxygène qui lui permet de fonctionner.
Ce nouveau type de carburant a pour avantage d’être plus écologique, mais aussi plus économique. Si les essais sont concluants à long terme, cela permettra de réduire le coût de l’accès à l’espace.
Un projet prometteur pour proposer un carburant de fusée performant et durable
Zero est un lanceur de satellites pour le moins innovant qui tire ses performances de sa chambre de combustion révolutionnaire. Elle emploie un injecteur à pivot similaire à celui des moteurs de SpaceX, mais des recherches fructueuses avec l'Université de Tokyo et JAXA ont permis des améliorations significatives, réduisant le nombre de composants à un dixième, ce qui diminue considérablement les coûts de fabrication.
De même, le moteur Cosmos utilise un cycle générateur de gaz et un système de refroidissement régénératif. Cette technique ingénieuse brûle une partie des propulseurs pour alimenter une turbopompe, et le refroidissement est assuré en utilisant efficacement le carburant lui-même.
Pour l’alimenter, l'IST a opté pour le biométhane liquide en 2020 et s'est associé à Air Water Group pour créer une chaîne d'approvisionnement circulaire régionale, transformant le biogaz du fumier de bétail de la région de Hokkaido Tokachi en LBM.
En participant activement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant du bétail, Zero résout également des problèmes locaux tels que les odeurs et la pollution de l'eau liées au fumier. Le lanceur Zero, dédié aux satellites de petite taille, se démarque ainsi par ses prix compétitifs, coûtant moins de 800 millions JPY (soit 5 137 638 €) par lancement en production de masse.
En visant à lancer des satellites jusqu'à 800 kilogrammes en orbite terrestre basse, l’IST cherche à étendre sa présence sur les marchés asiatiques, océaniens et européens. Cette expansion stratégique contribue à l'émergence d'un service de transport spatial national indépendant.
Si on n’en est pas encore là, les essais sont pour le moment concluants. Cosmos a fonctionné pendant une dizaine de secondes. L’Interstellar Technologie va reproduire cette opération à plusieurs reprises afin de s'assurer du bon fonctionnement des différentes parties du système de propulsion. Par la suite, la société s'attellera à l'élaboration du moteur à taille réelle.