Imaginez être en possession d'un coffre-fort rempli d'or, mais de ne pas savoir comment l’ouvrir. C'est en quelque sorte la mésaventure étonnante du fondateur de la banque estonienne LHV Bank qui doit s’asseoir sur un magot de 440 millions d’euros en attendant de trouver une solution.
Un trésor de crypto à portée de main, mais hors de portée
Dans le secteur des cryptomonnaies, certains investisseurs de la première heure sont passés à côté d’un pactole. Généralement, ce schéma répétitif est le même : les personnes en question se procurent une somme conséquente de cryptomonnaies, profitant du faible coût au lancement de celles-ci. Seulement, quelques années plus tard, compte tenu de la somme dérisoire placée, les propriétaires oublient leur mot de passe et se rendent compte qu’avec la montée en puissance du secteur, leur investissement ridicule vaut maintenant plusieurs millions. Bon nombre d’anecdotes de ce type ont fait le tour de la sphère crypto, et une nouvelle vient de s'ajouter à la liste.
Comme le rapporte le média Cointelegraph, l’histoire a commencé en février dernier, lorsque Conor Grogan, le directeur de la plateforme Coinbase, a mis en lumière un portefeuille contenant 250 000 ethers inactif depuis 2015. La somme avait été acquise pour 75 000 dollars (environ 70 000 €) lors de l’offre initiale au lancement de la cryptomonnaie Ethereum.
One of the most mysterious addresses in all of crypto:
— Conor (@jconorgrogan) February 26, 2023
-Bought $75k worth of ETH at the ICO in '14
-Completely untouched wallet; has never made a single transaction
-Wallet now worth $400M+, a 5333x
-Received $6.5M in airdrops just by hodling (a 87x on initial investment alone) pic.twitter.com/wBpw9pQcAB
Seulement, aujourd’hui la somme en jeu ici n'est pas des moindres puisqu’au cours actuel, ces 250 000 ETH représentent près de 440 millions d‘euros.
On parle d'une petite fortune qui place son détenteur parmi les plus grands investisseurs individuels d'Ethereum... s'il pouvait seulement y accéder. Puisque oui, dans la journée d’hier, on en a appris un peu plus sur ce mystérieux portefeuille.
Un mot de passe pour débloquer 440 millions d’euros
En effet, comme l’a annoncé Conor Grogan sur Twitter, ce fameux pactole appartient à Rain Lõhmus, le fondateur de la banque estonienne LHV. Seul hic, celui-ci ne peut pas y accéder pour une bonne raison : il a perdu sa clé privée – cette suite de caractères alphanumériques absolument nécessaire pour manipuler ses ethers.
Pionnier de la finance en Estonie, il n'est pourtant pas un novice en matière de cryptomonnaie. Et pour cause, LHV Bank est connue pour être l'une des premières banques à adopter la blockchain et les cryptomonnaies. Mais même les plus expérimentés peuvent trébucher sur les bases, comme oublier un simple mot de passe...
« Un mystère résolu : cette adresse (qui détient désormais 450 millions de dollars de crypto) appartient à Rain Lõhmus, fondateur de la banque LHV. Malheureusement, il a perdu ses clés et ne peut pas accéder à ces centaines de millions. Si vous pouvez l'aider à les récupérer d'une manière ou d'une autre, il est prêt à les partager avec vous », a expliqué Grogan dans un tweet.
One mystery solved: This address (which now holds $450M of crypto) belongs to Rain Lohmus, founder of LHV Bank
— Conor (@jconorgrogan) November 6, 2023
Unfortunately he lost his keys and can't access these 100s of millions. If you can help him recover them somehow, he's willing to split them with you https://t.co/wYLAU9gKzb pic.twitter.com/0A1nIjFSyn
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le principal concerné ne semble pas être à un demi-milliard près… En effet, celui-ci a déclaré ne pas avoir fourni « beaucoup d’efforts » pour les récupérer. Il a également ajouté qu’il lui arrivait régulièrement d’oublier ses mots de passe – mais c’est évidemment plus problématique lorsque cela concerne des centaines de millions d’euros. Toutefois, il a profité de cette récente médiatisation pour tenter de sauver la situation.
« Je ne peux pas résoudre ce problème seul ; si quelqu'un pense qu'il peut, j'accepterai toutes les offres. Mon meilleur plan est de développer un Rain Lõhmus comme intelligence artificielle et voir s’il peut retrouver ses souvenirs », a ironisé Lõhmus.
Au-delà de l'anecdote croustillante, cette situation soulève une des problématiques du secteur crypto, notamment en matière de perte des actifs numériques. Pour certains, y compris un certain Rain Lõhmus, le fait qu’un oubli de mot de passe conduise à une perte définitive de ses fonds semble encore trop archaïque et peut considérablement freiner la démocratisation des cryptomonnaies. D’aucuns diront que cela fait partie intégrante du jeu de la décentralisation qui implique l’absence d’un tiers de confiance, comme un service client, pour régler ce type de problématique.