Beeple : qui est l'énigmatique créateur derrière l'œuvre numérique la plus chère du monde ?

Mike Winkelmann, plus connu sous le pseudonyme de Beeple en ligne, était loin d'être un nom reconnu dans les cercles d'art traditionnels. Cependant, avec l'émergence et la popularité croissante des NFT (jetons non fongibles) en 2020, il a réussi à vendre une œuvre numérique pour un montant qui rivalise avec les prix de toiles de maîtres.

Pour rappel, les NFT (non-fungible token) sont des certificats de propriété sous forme de jeton virtuel, généralement associés à un objet de collection (image, vidéo, GIF,...). Inscrits de manière indélébile sur la blockchain (technologie derrière les cryptomonnaies), ceux-ci ont notamment bouleversé le domaine de l’art numérique en apportant un concept de propriété en ligne. Étant donné que ces jetons ont pour caractéristique d’être uniques, ils ont été utilisés massivement dans l’art digital pour offrir des droits aux détenteurs d'œuvres numériques. Concrètement, les NFT permettent notamment d’être transférés, échangés ou bien d'être revendus en ligne, à la manière d’une œuvre physique.

Dans cet écosystème, certains se sont fait un nom rapidement, à l'image de Beeple. Avant d'enregistrer une vente record, Beeple était déjà bien connu dans le monde des NFT. Ses œuvres créer à partir d’Adobe Illustrator ou du logiciel CINEMA 4D se vendaient régulièrement pour des dizaines de milliers de dollars.

Mais c’est le 21 février 2021, alors que le monde des cryptomonnaies et des NFT était en pleine effervescence, que l’artiste a réussi à vendre une œuvre à un prix stratosphérique. Baptisée "Everydays: The First 5,000 Days", son chef-d’œuvre initialement mis à prix inférieur à 0.1 ETH a été vendu pour une somme vertigineuse de 42 329 Ethers par la prestigieuse maison d’enchère Christie's - soit 69,3 millions de dollars (environ 65 millions d’euros) au cours de l’époque.

Avec cette vente record, Vignesh Sundaresan, l’acquéreur, a fait de Beeple le troisième artiste à vendre une œuvre aussi chère de son vivant - derrière David Hockney avec son tableau « Portrait of an Artist » et Jeff Koons avec sa sculpture « Rabbit ».

Le NFT « Everydays: The First 5,000 Days », c’est quoi concrètement ?

À ce prix-là, l’acheteur ne s’est pas seulement procuré une simple image. Le NFT en question est la somme de 13 années de dévouement artistique, durant lesquelles Beeple a imaginé une œuvre d'art numérique chaque jour, sans faute. Loin de se douter de la tournure de l’histoire, Mike Winkelmann avait commencé à créer à partir du 1er mai 2007. Ce collage monumental est donc le résultat de ces 5 000 créations faisant toutes référence à des événements marquants de la dernière décennie.

La vente a non seulement propulsé Beeple dans les rangs des artistes vivants les plus chers, mais aussi apporté une certaine légitimité au secteur des NFT artistiques - qui ont connu un véritable boom durant cette période. Garantissant théoriquement l'unicité et la propriété d'une œuvre d'art numérique, ils ont été reconnus comme étant une solution innovante pour répondre à la problématique de la contrefaçon dans le monde de l'art.

Cette vente a naturellement provoqué de vifs débats dans le monde de l'art. Certains puristes pensent que l'art numérique, même s'il est vendu comme un NFT, ne saurait rivaliser avec les œuvres traditionnelles physiques. D'autres considèrent cela comme le début d'une nouvelle ère artistique, résolument numérique.

Malgré cette vente impressionnante, cela n’a pas suffi pour rendre le marché de l’art en NFT pérenne. Inondé par de multiples projets à l’aspect spéculatif, ce secteur a suivi les cryptomonnaies dans leur chute et aujourd'hui même les œuvres les plus populaires ont vu leur prix se diviser, à l’image des NFT du Bored Ape Yacht Club (BAYC) ou encore des Cryptopunks. Si pour le moment la technologie derrière « Everydays: The First 5,000 Days » est au point mort, force est de constater qu'elle a marqué le domaine de l'art à tout jamais.