Avec 80 millions de tonnes produites en moyenne chaque année, la banane fait partie des fruits les plus consommés ! Et pourtant, la banane, telle que nous la connaissons, pourrait bien disparaître…
La banane Cavendish est menacée de disparaître
Avec les pommes et les poires, la banane fait partie des fruits que les français mangent le plus. En moyenne, ce sont près de 500 000 tonnes de bananes qui sont consommées chaque année en France ! Pourtant, la survie de la banane telle que nous la connaissons est actuellement menacée. En effet, depuis de nombreuses années ce risque inquiète fortement les producteurs, les commerçants et les chercheurs du monde entier.
Ce n’est néanmoins pas la première fois que la production de bananes est menacée. Jusqu'au milieu du XXe siècle, la variété de banane la plus largement consommée au monde était la "Gros Michel". Un marché international florissant se développait autour de cette variété. Toutefois, cette ascension fulgurante fut brutalement stoppée à cause d’un champignon.
Vers les années 1950, la maladie de Panama a ravagé les plantations de Gros Michel en moins d'une décennie, laissant derrière elle une variété désormais quasiment introuvable. La catastrophe fut évitée de justesse grâce à l'émergence de la "Cavendish", une variété de bananes qui, en plus de ses qualités gustatives, se révèle plus résistante à la maladie.
De nos jours, plus de 95 % des bananes commercialisées à travers le monde sont des Cavendish. Hélas, l'histoire se répète : ces dernières années, de nouveaux fléaux se sont abattus sur les plantations de Cavendish. L'un d'eux, la "cercosporiose noire", provoque le noircissement des feuilles, ce qui entrave la photosynthèse et réduit considérablement les rendements agricoles.
En plus de ça, la maladie de Panama, plus précisément une variété du champignon néfaste connue sous le nom de "Tropical Race 4" (TR4) affecte désormais directement la Cavendish. Le TR4 a déjà fait des ravages dans les plantations d'Asie du Sud-Est, et ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne traverse l'Atlantique. Cette menace est désormais une réalité que personne ne peut ignorer.
Comment sauver la banane ?
Face à cette situation critique, la solution la plus viable consiste à faire comme dans les années 1960, soit explorer de nouvelles variétés de bananes. Il existe plusieurs centaines d'espèces dans le monde, mais la majorité ne possède pas les caractéristiques nécessaires pour pouvoir remplacer les Cavendish. On peut, en revanche, s’en servir de base génétique pour augmenter la diversité des bananes commercialisées.
C'est précisément ce à quoi s’appliquent deux chercheurs belges en ce moment même à l'autre bout du globe. Ils cherchent dans la forêt tropicale au nord de l’Australie une petite banane porteuse de graines ; il s’agit de la banane banksii, l'ancêtre de la banane comestible.
Pour comprendre la difficulté de leur tâche, nous pouvons nous référer aux propos de Bart Panis, un scientifique affilié à l'Alliance internationale pour la biodiversité et au Centre international d'agriculture tropicale. Il explique que le développement de nouvelles espèces végétales est généralement plus aisé, car la plupart des plantes sont fertiles et produisent des graines qui peuvent être croisées pour créer de nouvelles variétés. Cependant, la banane comestible présente un défi unique en son genre : elle est stérile, ce qui complique considérablement le processus de création de nouvelles variétés. Par conséquent, pour résoudre ce problème pressant, les chercheurs doivent se tourner vers les bananes originelles, en espérant que cela conduira à une solution efficace et permettra de créer des bananes comestibles plus résistantes sans que ce soit des OGM pour autant.
Les chercheurs Janssens et Panis sont actuellement engagés dans une entreprise titanesque consistant à cartographier l'immense diversité génétique des bananiers. Leur objectif est de tracer une feuille de route pour garantir une éventuelle résistance aux maladies et une meilleure tolérance à la sécheresse, qui constitue un autre défi majeur pour la Cavendish. La réussite de cette entreprise demeure incertaine, mais si nous aspirons à un avenir pour les bananes, il est impératif d'espérer que cette recherche porte ses fruits.