Une équipe de chercheurs français s’est intéressée à la peau de l’océan. Il s’agit d’une très fine pellicule qui recèle des propriétés étonnantes et qui pourrait même ralentir le réchauffement climatique.
La peau de l'océan : que sait-on sur cette très fine couche d’eau ?
Vous savez probablement que les océans recouvrent à 70% notre planète, mais saviez-vous qu’ils possèdent une “peau” ? Ce qu’on appelle la peau océanique est une fine couche qui sépare l’air ambiant de l’eau. On parle ici d’une surface de moins d’un millimètre qui se révèle plus froide (-0,2 °C), mais aussi plus salée (0,1g/ kg). Celle-ci se trouve à la surface de l'océan, généralement sur les premiers mètres, et est en contact direct avec l'atmosphère. Elle joue un rôle essentiel dans les échanges d'énergie, de chaleur et de gaz entre l'océan et l'atmosphère, ce qui a un impact important sur le climat de la planète.
L’écart de température qu’affiche la peau de l’océan s’explique de par l’évaporation de l’eau et l’émission de rayonnement infrarouge présent en surface. Cet écart a une incidence sur la quantité de CO2 absorbée par l’eau. Pour rappel, avec les forêts, ce sont les océans qui constituent les puits de carbone les plus importants. Ils absorbent ainsi directement du gaz à effet de serre. C’est principalement à ce dernier qu’on doit le dérèglement climatique.
Nommée et décrite pour la première fois dans les années 60, la peau océanique est depuis sujette à des débats afin de définir dans quelle mesure elle participe au stockage de carbone. L’étudier permet de mieux comprendre les processus de transfert de chaleur, d'humidité et de gaz entre l'océan et l'atmosphère, un phénomène qui a un impact direct sur le climat. De même, celle-ci influence les phénomènes tels que les tempêtes, les précipitations et les courants océaniques.
Des scientifiques français ont étudié la capacité de la peau de l’océan à absorber du CO2
Afin de mieux appréhender la capacité de la peau de l’océan à absorber du CO2, des chercheurs français, dont certains sont affiliés au CNRS-INSU (Centre National de la Recherche Scientifique - Institut National des Sciences de l'Univers), ont utilisé un modèle global du système terre (ESM) développé à l’institut Pierre Simon Laplace (IPSL), qui est basé en région parisienne.
Cette étude se base sur une simulation effectuée sur 15 ans (2000 à 2014) qui intègre les micro couches présentes à la surface de l'océan. Les résultats ont démontré qu’en prenant en compte la peau océanique, cela augmente la quantité de dioxyde de carbone que l'océan peut absorber chaque année. On passe alors d'environ 0,26 à 0,37 milliard de tonnes de carbone par an selon différentes hypothèses sur les réactions chimiques. En d'autres termes, cela représente une augmentation d'environ 15 % de la capacité totale de l'océan à absorber le carbone.
Cependant, en tenant compte des variations de concentration de carbone océanique et en les intégrant dans le modèle ayant servi à la simulation, le capacité de la peau océanique à stocker du carbone diminue d’environ 5%.
Malgré tout, l’impact de la peau océanique sur l'absorption de CO2 reste significatif à l'échelle mondiale et régionale. Cela signifie que la peau océanique joue un rôle important dans la capture du CO2 atmosphérique par l'océan. Par conséquent, les chercheurs recommandent que cet effet soit pris en compte dans les futurs modèles informatiques utilisés pour étudier le climat et dans les évaluations globales des émissions de carbone. Cela permettra d’obtenir une image plus précise de la manière dont l'océan contribue à réduire la concentration de CO2 dans l'atmosphère.