Le groupe Milla développe depuis 2017 des solutions de véhicules autonomes. Certains tournent déjà en France pour de courts trajets. L’objectif est ainsi de faire passer les transports en commun dans le futur. Cela passe par une automatisation et une montée en puissance de la technologie de véhicules sans conducteurs.

Une sensation unique de se faire conduire par un robot

J’ai ainsi eu l’occasion de pouvoir monter dans l’un des premier bus autonome qui se destine à nos routes françaises. Le tout en conditions réelles simulées. C'est-à-dire que le bus a parcouru un circuit avec des personnes qui traversent, des priorités à droite ou encore des bouchons. Il y a beaucoup à dire sur ce que sera le monde des transports en commun automatisé.

Le bus de Milla est ainsi venu à nous en un simple clic sur l’application smartphone. Les portes se sont ouvertes, nous invitant à nous asseoir. C’est pour le moment d'ailleurs une obligation. Il n’est pas possible de rester debout et le bus vous préviendra que vous devez rester assis, avant de s'arrêter si vous ne respectez pas.

En rentrant, difficile de ne pas être perturbé par le fait de ne voir personne à la place du conducteur. Une fois assis, les portes se ferment et le bus démarre son itinéraire. C’est là que l’on découvre que les sensations de conduite sont très différentes d’un humain. On se retrouve tiraillé entre l'appréhension de n’avoir personne au volant et d’avoir notre vie entre les mains d’un robot, mais aussi l’euphorie de rouler sans humain.

En revanche, pour ce qui est du confort, c’est très robotique. L'accélération est certes progressive, mais le freinage saccadé : une sorte de On/Off sur la pédale. Un problème qui sera sûrement corrigé à l’avenir, car un trajet d’une heure dans les conditions actuelles serait très fatigant.

Le bus s’est ainsi retrouvé confronté à des personnes qui traversaient ou même une priorité à droite avec un véhicule. Tout s’est passé lentement, ce qui reflète assez peu la réalité. Un conducteur sur une priorité à droite ne serait probablement pas à l'arrêt en train d’attendre une voiture. Cela fait partie des détails. Car sur l’écran de contrôle du technicien en charge du véhicule à distance, on peut directement voir ce que le bus repère. Il repère ainsi longtemps à l’avance les obstacles.

Une innovation au dépit de l’emploi ?

Beaucoup de questions se bousculent après avoir roulé dans un tel véhicule. La place de l'emploi a ainsi une grande importance. Un opérateur qui gère le bus à distance depuis ses écrans de suivi peut s'occuper de 3 véhicules en même temps. Les 5 bus en simultané seront bientôt atteints et l’objectif c’est de pouvoir en gérer de plus en plus. Le métier de chauffeur pourrait ainsi petit à petit disparaître, pour laisser place à un ingénieur derrière des écrans.

Une vision pas si lointaine, car les mêmes véhicules, en mode marchandises, roulent déjà actuellement. C’est le cas des transports Milla, avec des casiers Carrefour. Vous commandez vos courses en ligne, puis le véhicule vous les apporte et il suffit d’ouvrir le casier qui vous a été attribué.

Actuellement, l'ensemble de cette gamme permet donc de délivrer un service en mode autonome jusqu'à 50 km/h dans les zones dites d'agglomération de 50 à 60 km/h dans les zones rurales et même au-delà de 90 km/h. L'objectif est d’atteindre début 2025 les autoroutes avec Vinci autoroutes, pour démontrer qu’un service partagé qui utilise l'infrastructure routière à du sens.

Sauf qu’il faut aussi penser à la réglementation pour pouvoir faire rouler de tels véhicules sur nos routes. Pour cela, la France fait partie des pionnières dans le monde et compte bien continuer à développer ses infrastructures. Mais c'est aussi une discussion qu’il faut avoir avec les instances européennes. Car l’objectif est ambitieux pour l'entreprise française : être capable de produire 2000 véhicules par an en Île-de-France d’ici à 2030.

Le futur semble ainsi se tourner vers la pleine l’automatisation de notre quotidien, remodelant ainsi l’avenir avec un marché de l’emploi devenant de plus en plus technique, nécessitant des ingénieurs.