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News personnalité Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif
Profil de Batalian,  Jeuxvideo.com
Batalian - Rédaction jeuxvideo.com

Voilà un peu plus d'un an que Yannick Agnel, multiple médaillé d'or de natation, a pris ses fonctions de directeur sportif à MCES (pour MonClub eSport). L'occasion de brasser un premier bilan pour le champion olympique en reconversion. Rendez-vous est pris dans le bar lounge d'un hôtel parisien, où Yannick Agnel déboule en compagnie d'une amie – « Ça ne dérange pas si elle reste avec nous ? » – qui ne manquera pas de le taquiner de-ci de-là au fil de notre conversation. Place aux confidences d'un passionné qui n'a pas fini de platiner sa coulée dans le grand bassin du jeu vidéo compétitif.

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

De Yannick Agnel, on connaît d'abord et surtout le talent d'exception, et un firmament de carrière matérialisé par deux titres olympiques (200 m nage libre et relais 4x100 m nage libre) aux JO de Londres en 2012, et deux médailles d'or (sur les mêmes épreuves) aux Championnats du monde de natation à Barcelone en 2013. La suite de l'épopée est hélas bien connue elle aussi. Une élimination précoce lors des séries du 200 m nage libre aux Jeux olympiques de Rio en 2016, à l'issue desquelles Yannick Agnel, alors âgé de 24 ans, annonce son retrait des grands bassins. Une manière de dire au revoir à jamais au sport de haut niveau ? Ce serait mal connaître la détermination sans faille – et quelque chose d'un destin écrit depuis sa plus tendre enfance – de notre compétiteur.

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

Né à Nîmes (préfecture du Gard) en 1992, Yannick Agnel n'a pas été baptisé ainsi par pur hasard, mais en hommage à Yannick Noah, dernier tennisman français à avoir remporté un titre du Grand Chelem à Roland-Garros en 1983. De là à lui prédire une trajectoire de champion toute tracée, il n'y a qu'un pas qu'on pourrait franchir alerte. Ce serait toutefois oublier que Yannick Agnel a été de prime abord un gamin comme les autres, voltant entre « les randonnées à vélo pour construire des cabanes dans la garrigue » et « les après-midis jeux vidéo ». « À l'époque, mes parents refusaient – à juste titre – que je joue aux jeux vidéo déconseillés aux moins de douze ans. Mais je profitais d'aller chez mes potes qui avaient la Nintendo 64 pour braver l'interdit », savoure à rebours Agnel. « De retour chez moi, ma mère me demandait :

C'était bien Mario Kart ?

Je lui répondais :

Oui, oui.

Alors que nous, on avait joué toute la journée à GoldenEye ! »

« J'ai passé quoi... 1 500, 2 000 heures dessus ? »

Un premier choc survient dans la vie du jeune Yannick avec la séparation de ses parents. « D'un seul coup, tu te retrouves à vivre dans deux maisons un petit peu vides. », restitue-t-il avec retenue. Épisode douloureux qui coïncide avec l'émergence progressive du jeu vidéo en ligne, que Yannick Agnel expérimente via l'entremise de son beau-père, féru du mode multijoueur de Red Faction (Volition, Inc., 2001), dans lequel 32 affreux pouvaient s'atomiser en toute décontraction à la surface de la planète Mars. Mais c'est bel et bien avec la découverte de Freelancer (Digital Anvil, 2003), simulation d'escarmouches et de contrebande spatiales, puis du MMO médiéval fantastique Guild Wars (ArenaNet, 2005), que Yannick Agnel bascule pour de bon du côté chronophage du jeu vidéo. « J'ai passé quoi... 1 500, 2 000 heures dessus ? » confesse-t-il sans détour. Tant que ça ? « Ouais, ouais, bien comme il faut. Il y avait une sacrée communauté sur les serveurs, je me suis régalé dessus. »

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

Il faut comprendre qu'arrivé à cette section de notre frise chronologique, le quotidien du jeune espoir se veut séquencé par ses séances d'entraînement à l'Olympic Nice Natation (Alpes-Maritimes). Une rythmique tout à la fois palpitante, exigeante, dévorante. « À 14 ans, j’arrivais dans une ville où je ne connaissais personne, pour m'entraîner entre 7 et 8 heures par jour dans un club où les gens avaient tous 4, 5 ou 6 ans de plus que moi. », retrace-t-il avec un grain de vague à l'âme dans la voix. « Avec le cycle de l'école et des entraînements, il fallait que je me couche tôt, me lève tôt. Alors quand je rentrais chez moi, la seule chose que j'avais envie de faire, c'était de m'affaler comme une loque sur mon canapé, saisir ma manette ou mon clavier, et me reconnecter à ma bande de copains. » Reconnecter. Un terme chargé de sens, presque anachronique, à une ère où le jeu vidéo était encore loin d'être admis comme liant social. « Je me régalais dans mon quotidien de nageur, mais le jeu vidéo constituait un moyen d'évasion », insiste-t-il. « C'était source de stabilité, de retrouvailles avec des potes, dont certains avec qui je suis encore en contact aujourd'hui. »

« Ce serait parti dans des proportions... olympiques »

Au mitan de l'an 2008, nous retrouvons un Yannick Agnel installant avec fébrilité le space opéra Mass Effect. Mais à peine a-t-il lancé le jeu de BioWare que l'ordinateur se met à grésiller de façon inquiétante. « Mass Effect demandait tellement au processeur que mon PC s'est embrasé sur mes genoux ! » rembobine-t-il avec effroi. Pas question toutefois de rester sur une telle déconvenue : « J'ai racheté un nouvel ordi pour finir mon jeu. » Cette anecdote cuisante en dit long sur tout l'attrait que le jeune homme ressent alors pour les jeux vidéo. Au point peut-être de se risquer à la compétition ? N'extrapolons pas trop : il y a une carrière de nageur professionnel en cours, et l'intéressé demeure conscient de ses forces et de ses faiblesses manette en main : « Je n'avais pas les qualités et le talent suffisants pour espérer devenir le meilleur. », concède-t-il posément. Et dans l'hypothèse hautement improbable où il aurait franchi le pas ? « Ce serait parti dans des proportions... olympiques. Et croyez-moi, ça n'aurait pas été joli à voir ! »

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportifPortrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

2009 est le millésime de l'éclosion pour Yannick Agnel. Le jeune homme s'illustre d'entrée, en se présentant en simple maillot de bain aux Championnats de France de natation à une époque où les combinaisons en polyuréthane – interdites dans la foulée par la Fédération internationale de natation – étaient légion. Un parti-pris aussi atypique ne pouvait qu'être annonciateur d'une destinée hors-norme. L'histoire, brièvement résumée en préambule, ne peut être réécrite : peu après la consécration aux JO et aux Mondiaux, Yannick Agnel s'envole pour les États-Unis, où les jeux vidéo – dont un certain League of Legends... – l'accompagnent encore. Hors de question toutefois de multiplier les immersions dans les arènes générées par Riot Games. Sous l'égide de Bob Bowman, ancien coach du crack Michael Phelps, l'objectif affiché est de se sublimer pour conquérir de nouveaux sommets aux prochains Jeux olympiques de Rio de 2016. Lesquels se solderont, on le sait, par un malheureux échec. Ce n'est que deux ans plus tard, alors qu'il est invité sur le plateau de la chaîne France 24, que le (très) jeune retraité lâche les mots tant redoutés :

J'ai fait un burnout.

Sans apitoiement. Juste cette certitude chevillée aux tréfonds que le temps était venu de prendre soin de soi et de faire le point après ces sinusoïdes si éprouvantes.

« Il y a un truc à faire de fou furieux »

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

« Après Rio, je me suis mis à chercher ce que je voulais faire », prolonge-t-il laconique. Et le néo retraité d'étrenner un cursus d'économie à l'université Paris-Dauphine... avant de tout plaquer au terme d'un semestre, comme toute personne en phase active de remise en question. « Et puis, par le truchement de copains à moi qui savaient que j'adorais le jeu vidéo, j'ai fini par rencontrer deux personnes très sérieuses qui souhaitaient lancer un petit projet. », sourit Yannick Agnel. Romain Sombret et Sandra Niellini, puisque ce sont eux, lui expriment leur intention d'exhausser une structure dédiée au développement d'eSportifs dans la région de Marseille, et d'y associer le médaillé d'or d'une manière ou d'une autre. Les contours sont alors un peu flous, mais l'idée d'intégrer cet accélérateur de particules ne le lâche plus. L'appel du destin ? Ou, à tout le moins, un écho à la devise soufflée par Agnel sur ce même plateau de France 24 : « Quand on ne sait pas exactement où on doit aller, tous les chemins y mènent. »

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif
Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

Automne 2018. Le MCES Gaming Center est inauguré dans le quartier de Saint-Marcel, à l'Est de la radiante cité phocéenne. L'académie, que ses fondateurs souhaitaient ancrer à l'échelon local – ce qui, on va le voir, ne s'avérera pas si aisé –, est placée sous l'autorité d'un Yannick Agnel entamant sa toute première expérience en tant que directeur sportif. Suivez le guide : « Quand tu entres dans le bâtiment, tu as ce looong couloir qui distribue chaque pièce, avec une composition spécifique sur chaque porte pour signifier que tu ne t'es pas planté. Par exemple, sur la porte FIFA, tu as des maillots dédicacés par de vrais joueurs de foot. Et dans le bâtiment annexe, tu as cette salle de sport géante avec 4 ou 5 terrains de futsal, 1 ou 2 de basket, et une trentaine de PC à l'étage. Bref, quand tu es là-dedans, tu comprends de suite l'ADN que Romain a voulu insuffler. Tu n'es jamais loin du sport, jamais loin des PC non plus. On est dans cet entre-deux qui donne un équilibre aux gamins. Alors la première fois que je suis arrivé, je me suis dit direct : “C'est génial... Il y a un truc à faire de fou furieux.” »

« On a dû forcer un peu, gueuler une fois ou deux »

Quoi ? Une responsabilité de directeur sportif ? Pour un jeune homme inexpérimenté qui, il n'y a pas si longtemps encore, époussetait les bancs de l’université ? Ce serait négliger que le personnage même de Yannick Agnel, avec son vécu de compétiteur étalonné à la dure, trouve son entière légitimité dans cette académie qui ambitionne de confronter ses jeunes pousses aux exigences du très haut niveau. « Il n'est jamais facile, même pour un sportif chevronné, de se dire chaque matin : “Allez, je me lève, je me bouge” », témoigne Yannick Agnel. « C'est pourquoi je les ai avertis dès mon arrivée qu'ils allaient devoir faire du sport, observer un strict suivi nutritionnel. Autrement dit, que ça allait être du sérieux. » Et trois séances d'activité physique intensives par semaine, ça vous casse un eSportif en deux ! « On a dû forcer un peu, gueuler une fois ou deux. Mais j'étais pareil. Le quotidien d'un sportif est tellement normé, si difficile sur le plan physique et mental, que cela reste malgré tout un jeu avec les coachs et le staff d'être dans cette négociation permanente », tempère le directeur sportif. « Mais je n'incrimine personne, parce que quand tu as vécu toute une vie d'eSportif avec des habitudes bien particulières, il peut devenir difficile d'en changer complètement du jour au lendemain. »

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

Résultat ? « On s'attendait à ce qu'ils soient réfractaires, mais étonnamment, on a réalisé que nos joueurs étaient demandeurs de n'importe quel moyen à même d'améliorer leurs performances. », abonde Agnel. « Ça a forcément été plus compliqué pour certains. Mais c'est tellement important, d'avoir ce suivi longitudinal physiologique qui puisse permettre d'améliorer les marqueurs de leurs performances, que la plupart s'y adonne avec plaisir. » Le « suivi longitudinal », les « marqueurs de la performance » ? Arrêtons-nous, si vous le voulez bien, sur ces concepts au cœur de la méthode Agnel qui consistent – en gros – à mesurer les progrès de ses joueurs. Pour ce faire, ces derniers sont amenés à passer à intervalles réguliers une batterie de tests au HumanFab d'Aix-en-Provence, afin de calculer l'avancée réalisée.

Reste toutefois à déterminer s'il existe une corrélation directe entre l'étalonnage physique et l'amélioration des résultats ? « Ce n'est pas en se couchant à 4h du matin, en buvant du Red Bull, en mangeant des chips que les gamins pourraient y arriver. », cadre-t-il. « Enfin, si, ils pourraient... Mais pendant 6 mois, un an, un an et demi... Et au bout d'un moment, ils exploseraient. L'idée, avec MCES, c'est que les joueurs puissent maintenir les performances sur le long terme. Nous sommes convaincus fois mille que c'est la marche à suivre. Nous avons des joueurs qui se sont transformés, en positif. Ils n'en sont que mieux dans leur peau, dans leur jeu. Ce qui est déjà une superbe récompense. »

« Il y a encore tout à structurer, et c'est ça qui est fascinant »

Aussi, lorsque la Team MCES s'apprête à disputer au printemps 2019 son premier match de la première saison de la Ligue Française de League of Legends (LFL), on ne sera pas surpris de trouver un Yannick Agnel soumettant ses ouailles à un drôle d'exercice avant la rencontre fatidique face à Against All Authority. « Je leur ai fait faire en amont des activités de réveil musculaire, nerveux et sensoriel. À l'instar de celui-ci (Agnel brandit son pouce et le tapote le plus vite possible sur les autres doigts de sa main en allers-retours, ndlr) qui active les terminaisons des doigts, même si je voyais bien que les yeux de mes gars trahissaient un gros doute comme :

Qu'est-ce qu'il est en train de nous faire faire, là ? Ça va vraiment marcher, son machin ?

Et comme on a remporté nos deux rencontres inaugurales, j'en ai profité pour les chambrer :

Alors ? Vous vous moquez moins, là, hein ? »

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

Et si les récentes prouesses de MCES (vice-champion du monde de Clash of Clans après une finale disputée face aux Hongkongais de Nova Esports, première place pour le jeune Andilex aux Fortnite Champion Series) abonderaient plutôt dans son sens, Yannick Agnel reste bien conscient que sa tâche n'en est encore qu'à ses balbutiements. « Aujourd'hui, on est juste capables d'avoir une intuition, de dire que tel ou tel sport va être précieux pour tel ou tel mécanisme de jeu. Par contre, il n'y a pas d'étude qui démontre précisément que cibler les biceps va te rendre meilleur à la fin de la partie. Il faut qu'on arrive à débrouiller tout ça, pour qu'on puisse proposer aux joueurs un entraînement physique qui soit adapté. Est-ce que le côté postural de l'escrime, les réflexes que la discipline exige, peuvent être vecteurs d'améliorations ? On est dans un milieu où il y a encore tout à structurer, et c'est ça qui est fascinant. »

« Si vous êtes sérieux, on ira tous ensemble chercher ça »

En attendant ? La vie nouvelle d'Agnel se voit rythmée par ces autres allers-retours entre Paris – où il a élu domicile – et Marseille, où se décline l'essentiel de l'activité de son club. À l’approche des gros événements, la famille élargie de MCES se retrouve alors au cœur de la cité phocéenne pour des mises au vert permettant aux joueurs de fédérer un peu plus leur esprit d'équipe. Ce qui n'est pas pour déplaire à leur directeur sportif qui regrette de ne « pas autant voir (s)es joueurs (qu'il) le souhaiterai(t) », « à l'image de nos gars de Clash of Clans qui ne peuvent assurer leur présence au camp de base. On ne va pas les obliger à quitter la sphère familiale, mettre en danger les études. On veut au contraire les aider pour qu'ils fassent ensuite leur choix en leur âme et conscience. » Une dispersion géographique toutefois pas si problématique, quand elle se révèle compensée par la possibilité de réunions virtuelles : « Ils savent qu'ils peuvent m'appeler quand ils veulent », rassure Yannick Agnel. « Je pars du principe que si je ne les ai pas aussi souvent que cela, c'est que les choses se déroulent bien. »

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif

Histoire de magnifier encore un peu plus sa vingtaine de joueurs issus de divers horizons, Yannick Agnel a une idée : éditer « une sorte de code moral, de Dix Commandements de MCES ». « Attention, il ne s'agirait pas de proclamer “Tu feras tes 50 pompes par jour”, ça n'aurait aucun intérêt. », avertit Yannick Agnel. « Il s'agirait plutôt d'insuffler un respect de l'institution, de ses cadres, des joueurs entre eux, de leurs adversaires. De cultiver ce fair-play tout en allant aller chercher la gagne. La finale des Mondiaux de LOL à Bercy, c'était un moyen de donner de belles idées aux joueurs. Genre “si vous bossez suffisamment, si vous êtes sérieux, on ira tous ensemble chercher ça : se tenir au centre de l'arène pour brandir la coupe”. Voilà ce qui nous intéresse. Parce qu'on est là pour gagner, et par pour laisser des quartiers. »

« C'est La Guerre du feu, et il faut que ce soit toi qui gagne »

Nous y voilà. Le démon de la gagne a été invoqué, enfin. Et tandis que l'armoire à trophées de MCES commence à se garnir, le moment est venu de demander à Yannick Agnel quel peut bien être cet axiome de la win qu'il insuffle à ses protégés. « Les sportifs qui gagnent sont ceux qui le veulent plus que les autres. », pose-t-il à l'issue de quelques instants de réflexion. « Je vais me faire des ennemis des adorateurs de Sartre, mais je crois pas mal au déterminisme dans la vie, et le sport m'a malheureusement beaucoup donné raison sur ce sujet. Au cours de ma carrière, j'ai vu des gens qui ont fait quatrième toute leur vie. Pas troisième. Quatrième. Parfois à un centième. Florent Manaudou, c'est le genre de type, quand tu vois son regard, tu sens que c'est lui qui va terminer premier. Il y a une attitude, une façon de faire, une façon d'être au quotidien et pendant la compétition où tu vois qui sont les champions. Qui sont plus que les autres. Et ça, ça se construit, mais il y a aussi une part d'inné. À un moment donné, il faut que ce soit un truc atavique. C'est La Guerre du feu, et il faut que ce soit toi qui gagne. Une grande partie dans la performance réside dans le fait d'y croire. »

Son regard dérive ensuite vers le passé : « Aux JO, j'ai été témoin de trucs incroyables : Usain Bolt en train de bouffer des nuggets une heure avant sa finale au 100m. Parce qu'il est arrivé à un moment donné où il peut faire n'importe quoi, c'est lui qui va gagner, parce qu'il sait que c'est lui le meilleur. C'est très important de croire en toi. Et ça, il y a des gens qui l'ont, et d'autres un peu moins. »

De retour dans le présent, Yannick Agnel reprend le fil :

À MCES, on a cette chance de bosser au quotidien avec des gamins qui sont des génies, de super personnes qui ont ce truc-là. Et il faut composer avec ces personnalités qui sont souvent très fortes, parfois un peu immatures. Pas au sens péjoratif du terme, mais parce que ce sont des jeunes gens.

Notre job, c'est de les aider à garder les pieds sur Terre, parce les résultats à mi-parcours ne veulent pas dire grand-chose. L'enjeu est de savoir comment est-ce que tu arrives à rester constant dans une certaine performance, tout en te construisant émotionnellement en tant qu'être humain.

Ce que Yannick Agnel avait peut-être omis de faire lors de cette époque pas si reculée où il perdit beaucoup : non seulement Rio 2016, mais surtout son amie de l'Olympic Nice Natation Camille Muffat, médaillée d'or aux JO de 2012, disparue tragiquement dans un accident d'hélicoptère en mars 2015.

« Je ne changerais rien à ma vie entière. », statue-t-il. « Mais c'est justement parce que j'en ai bavé, que j'ai connu le sommet de la montagne, l'éboulement, l'avalanche, et attendu les sherpas pendant trois ans que je peux discuter à cœur ouvert et distiller certaines choses aux gamins. » Avant de conclure, simplement : « C'est bien les médailles. Mais après une carrière sportive, le seul truc que tu retires, c'est les amitiés que tu as forgées. »

Portrait Yannick Agnel (MCES) : De nageur médaillé d'or à directeur eSportif
Commentaires
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VindoM VindoM
MP
Niveau 1
le 03 mars 2020 à 10:37

Cet article est tout simplement un point clé pour faire comprendre le monde de l'e-sport au grand public, à partager en masse.
Très belle interview et très belle écriture

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