Alors qu'Electronic Arts a fait savoir que les Sims 4, sorti il y a déjà plus de 5 ans recensent aujourd'hui plus de 20 millions de joueurs, l'éditeur a également profité de l'anniversaire du premier opus pour lancer une série de promotion sur l'ensemble de la saga et une large partie de ses indissociables DLC. Cette belle longévité n'était pas forcément inscrite dans le marbre lors de la création de ces étranges avatars dont le but était de singer sous l'impulsion du joueur la vie de tous les jours, avec ce qu'elle comprend de boulot, de drames et joies sentimentaux et d'interactions sociales en général.

C'est à Will Wright que l'on doit la création des Sims. Le game designer avait déjà prouvé sa valeur en développant SimCity , paru un 1989, et avait collaboré au développement de ses suites et des déclinaisons du préfixe « Sim » avec notamment ou SimAnt . La réputation du créateur était alors celle d'un homme qui proposait des jeux vidéo dans lesquels il n'était pas vraiment possible de gagner ou de perdre et dont la durée de vie était théoriquement infinie, chose plutôt inédite dans l'industrie à la fin des années 80 et même dans le courant des années 90. Electronic Arts s'est alors intéressé à Maxis, dont Wright était le cofondateur et en a fait l'acquisition en 1997. À cette époque, Wright envisageait déjà la création de ce qu'il appelait « une maison de poupée interactive », un jeu de gestion concentré sur la construction d'une maison plutôt que l'ensemble d'une ville. Cette idée lui a été murmurée par la perte de sa propre résidence d'Oakland, dans un incendie qui a ravagé une partie de la ville en 1991 et qui l'a contraint à recommencer sa vie matérielle de zéro.

Un succès immédiat et retentissant

L'idée d'un jeu d'architecture a rapidement été abandonnée au profit du simulateur de vie que l'on connaît et, si le concept a été difficile à vendre à Electronic Arts, l'éditeur a choisi de commercialiser Les Sims le 4 février 2000, décision facilitée par la solide réputation que la franchise « Sim » avait acquise grâce à Sim City. Et l'entreprise a sans aucun doute dû se féliciter d'avoir fait confiance à ce projet pour le moins atypique puisqu'il a été à ce jour le plus grand succès de Will Wright et est rapidement devenu un phénomène culturel, qui dépassait en matière d'attrait le simple cadre du joueur assidu et renseigné pour tourner le média vers un public plus étendu, ce qui a sans doute contribué à le faire figurer notamment au Video Games Wall of Fame de The Strong, dans lequel il siège au côté des prestigieux The Legend of Zelda , Space Invaders ou Grand Theft Auto III . La saga est par ailleurs plus que lucrative, puisqu'elle a, par exemple d'ailleurs généré plus dun milliard de dollars de revenus grâce au seul quatrième épisode.

S'étant de multiples fois déclinés et peaufinés au fil des très nombreux DLC et nouveaux épisodes à part entière, les Sims se jouent en fonction du profil du joueur, et la promesse d'y faire un peu ce que vous en voulez est assez unique et alléchante, à plus forte raison que la saga est dans l'ensemble très second degré, cartoonesque et dispose d'une certaine aura de bienveillance. Ainsi certains joueurs n'approchent les Sims que dans le but de leur faire subir les pires outrages, en retirant une certaine échelle d'une certaine piscine par exemple, d'autres vont tenter de miser tout sur leur carrière ou d'enchaîner les conquêtes. Le temps a passé et les packs d'objets se sont également multipliés, transformant alors Les Sims en général et les Sims 4 en particulier en un véritable jeu de déco et d'architecture d'intérieur, conformément à l'idée de base de Will Wright il y a presque 30 ans. Les joueurs et joueuses s'amusant à recréer leur propre environnement dans le titre d'Electronic Arts sont légion et sont également un bon baromètre pour jauger de la flexibilité de la franchise et des possibilités qu'elle offre.

En abordant avec un naturel rafraîchissant les relations humaines d'une manière très inclusive et d'ailleurs plutôt en avance sur son temps, en traitant des rapports amoureux avec bienveillance et une certaine candeur tout en proposant à chacun et chacune de recréer sa propre vie ou de s'en inventer une nouvelle, Les Sims ont su s'aménager un véritable succès et restent toujours adossé à un concept assez à part dans l'industrie du jeu vidéo. Si quelques quolibets viennent sans doute toujours entacher la réputation des Sims de « faux jeu » ou de « jeu de casu » auprès d'une partie du public, il n'est pas pour autant rare de croiser des joueurs invétérés qui avouent sans peine leur affection pour la franchise de Maxis.

20 ans après sa sortie, le premier opus des Sims s'est écoulé à plus de 200 millions d'exemplaires à travers le monde, faisant de lui l'un des titres les plus vendus de l'histoire et fait également partie des 14 jeux à avoir rejoint le Musée d'Art Moderne de New York. La saga dans son ensemble reste d'ailleurs centrale dans l'économie d'Electronic Arts et est un énorme moteur pour gonfler la trésorerie de l'entreprise, aux côtés de FIFA Ultimate Team et Madden NFL. Ainsi, EA assure logiquement – et le prouve avec la multiplication des DLC dédiés à la licence- qu'il n'en a assurément pas fini avec ces êtres virtuels qui sont parvenus à conquérir des millions de joueurs, et ce depuis près de 20 ans.

Quant à l'avenir, il demeure encore assez peu précis, même si les contours de ce à quoi peuvent s'attendre les joueurs commencent à partiellement se dessiner. Si nous savons que dans le courant des 6 prochains mois, des extensions et des packs d'objets approvisionneront l'épisode 4 en nouveau contenu, c'est aussi vers les Sims 5 que les regards sont tournés. Même si un tel projet n'a pas, pour l'heure, été officialisé en bonne et due forme, quelques indices abondant dans le sens d'un nouvel épisode ont été disséminés dans le cadre de la conférence investisseur tenue par Electronic Arts à l'issue du troisième trimestre de son exercice fiscal 2020 (via CCN.com). Et la logique voudrait, en tant que titre mettant en scène des rapports humains, qu'une dimension online soit de la partie comme cela a été le cas entre 2002 et 2008 avec The Sims Online.

L'aspect mulitjoueur et donc les « notions d'interactions sociales et de compétition », pourrait donc, selon les dires de Andrew Wilson, CEO d'Electronic Arts, intégrer « l'expérience des Sims dans les années à venir ». Les Sims nouvelle génération seront donc sans aucun doute une réalité dans un futur que nous imaginons au moins lié à celui de la nouvelle génération de machine.