Bien que Dragon Ball Z Kakarot soit simplement intéressant sur le plan purement ludique, l'une de ses forces reste indubitablement sa fidélité à l'anime dont il reprend les passages les plus iconiques ici transposés sous forme de cut-scenes. Toutefois, si on s'attarde sur sa narration, celle-ci reste également perfectible. En effet, au delà de plusieurs cinématiques, le plus souvent somptueuses, le jeu oublie très souvent que la plupart des séquences de l'anime fonctionnaient grâce à une dramatisation induite par plusieurs épisodes, des effets de style ou tout simplement l'utilisation de la musique, très importante pour faire naître l'émotion chez le spectateur.
Nous revenons ainsi sur quatre séquences du jeu assez représentatives de cet état de faits même si, comme vous le verrez, l'une d'entre-elles demeure supérieure à son modèle.
Arc des Saiyens - Le Sacrifice de Piccolo
Ce premier cas montre clairement les limitations du jeu en terme de narration. Alors que dans la série animée, plusieurs épisodes (étirant parfois certains éléments par rapport au manga) s'attardent sur la relation d'amitié se tissant progressivement entre Piccolo et Son Gohan, Kakarot (s)aborde rapidement toute cette partie à travers une ou deux quêtes. On comprend alors mieux pourquoi l'intensité de la séquence est moindre dans le jeu puisqu'au delà de l'absence de musique (offrant au sacrifice un aspect encore plus théâtral), la mise en scène du jeu délaisse les flash-back, nous montrant Piccolo commençant à voir en Gohan un ami plus qu'un élève, puisqu'ils renvoient à des moments qui n'existent pas, pour ainsi dire, dans Kakarot. D'ailleurs, la conclusion de la séquence, lorsque Piccolo précise à Gohan qu'il est son seul ami, a logiquement moins de sens dans le jeu où tout va généralement trop vite.
Arc de Freezer - L'affrontement de Goku et Recoome
Dans ce cas, la mise en scène du jeu est clairement supérieure à celle de la série animée qui rallonge inutilement la séquence où Recoome prépare son attaque. De plus, l'animation n'étant pas à son meilleur niveau, le passage devient bien plus magistral dans Kakarot grâce à une réalisation dynamique, une déformation de l'image ou bien encore un aspect crayonné accentuant la puissance du membre du commando Ginyu, rapidement contrebalancée par l'attaque rapide, nette et précise de Goku. Une façon astucieuse de nous montrer le résultat de l’entraînement du Saiyen tout en faisant monter la tension en vue des prochains affrontements sur Namek.
Arc de Cell : L'affrontement de Trunks et Freezer
Plusieurs problèmes se posent dans le jeu. Premièrement, la censure qui, sans mauvais jeu de mots, oblige CyberConnect 2 à trancher dans le vif et à délaisser la partie où Trunks coupe en deux Freezer avant de le «hacher» en plusieurs morceaux. La séquence, tenant sur deux épisodes, est particulièrement marquante dans l'anime car outre la première apparition de Trunks (alors qu'on ne sait pas encore qui il est) disposant d’une puissance supérieure à Goku, la réalisation s'avère extrêmement marquante en optant pour le fameux passage du point de vue de Freezer lorsque l'image se scinde en deux, le tout étant ici aussi accentué par une composition originale inhérente à ce moment précis et renforçant un peu plus l'importance de l'instant. Le deuxième épisode quant à lui s'attarde sur la mort à proprement parlé de Freezer et du Roi Cold. Ce long moment de 7 minutes, entrecoupé de passages nous montrant la réaction de la "Team Z", met à nouveau en avant les capacités de Trunks, son sang froid et sa détermination.
Dans le jeu, tout ceci se déroule en l'espace d'un peu plus d'une minute à travers une mise en scène subissant les affres de la censure et vierge de toute musique, ceci minimisant à nouveau l'émotion et l'importance véhiculées initialement dans la série animée.
Arc de Cell : La Mort de C-16
Cette dernière séquence est également très intéressante puisque la mise en scène du jeu est quasiment identique à celle de l'anime. A un détail près néanmoins, la chanson Unmeino Hi - Tamashii Vs Tamashii ici absente. Une fois de plus, ce comparatif démontre à quel point, le choix d'un morceau peut être crucial pour la dramatisation d'une séquence sortie de la mise en scène de la série plus inspirée car prenant davantage son temps et intégrant avec bien plus de subtilité (l'oiseau s'envolant évoquant le rapport de C-16 à la nature) le déclencheur faisant évoluer Son Gohan au niveau de Super Saiyen 2.
Notons à ce sujet que Dragon Ball FighterZ intégrera la fameuse chanson (dans l’Anime Music Pack 2) et l’utilisera dans la retranscription de ce passage à l’aide d'une séquence bien plus courte que dans Kakarot mais néanmoins plus réussie émotionnellement parlant. On trouvera donc encore plus frustrant de ne pas avoir droit à cette chanson dans le jeu de CyberConnect2, que ce soit pour une question de droits ou toute autre chose.