Cyberpunk 2077, Final Fantasy VII Remake et Marvel's Avengers... à moins d'hiberner au fin fond d'une grotte, il était impossible d'échapper à une actualité de janvier 2020 marquée par les reports successifs de plusieurs titres attendus avec impatience par les joueurs. Conséquences directes de ces annonces, les réactions empreintes de déception et de frustration n'ont pas tardé à envahir la toile (+800 commentaires sur jeuxvideo.com et des dizaines de milliers de posts sur Twitter). À titre personnel, et je ne suis pas le seul, je me situe de l'autre côté de l'échiquier videoludique concernant ce sujet. Les reports de jeux ne me dérangent pas le moins du monde et j'irais jusqu'à dire que je les soutiens. Explications.
Cet article entrant dans la rubrique "Débat et opinion", il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de Jeuxvideo.com.
“Tout vient à point à qui sait attendre.” à savoir que le temps fait se réaliser tout chose à condition de savoir être patient. Ce proverbe né de la plume de Clément Marot (poète moderne français du XVIe siècle) résume parfaitement ma façon de penser.
Reporter un ou plusieurs jeux - et chambouler de fait son calendrier de sorties - n’est pas une chose anodine et impacte fortement le studio et/ou l’éditeur responsable de cette décision. Les raisons sont nombreuses, variées et surtout justifiables. On comprend la frustration et la déception engendrée par un report. La réaction est totalement naturelle et témoigne d’un véritable intérêt pour le jeu, même si certains joueurs ont tendance à s'emporter un peu trop. Mais je ne peux m’empêcher de penser que les mois ou semaines offertes aux équipes en charge du développement sont salutaires pour elles-mêmes et pour le projet en question.
Combien de jeux prometteurs ont connu des débuts difficiles signant leur arrêt de mort par un manque de temps se traduisant en général pour une pluie de bugs parfois bloquants ruinant l’expérience de jeu ? Le report permet de pallier à ces complications inhérentes aux productions modernes et de peaufiner les détails, voire même de rajouter une feature initialement prévue, mais supprimée du projet faute de temps. Le report est souvent synonyme de jeu de bien meilleure qualité (BioShock, Half-Life 2, The Legend of Zelda : Breath of the Wild...) ce qui est pour nous joueurs une excellente chose, quand bien même nous devons prendre notre mal en patience. “La patience est une vertu…” (Emile de Girardin - journaliste et homme politique français du XIXe siècle).
Ayant par le passé travaillé pour plusieurs studios et éditeurs de jeu vidéo (Gameloft, Ubisoft, Eugen Systems…), je soutiens d’autant plus une telle décision si cette dernière évite aux équipes qui officient sur le projet cette traditionnelle période de “crunch”. Si un report ne se traduit pas forcément par une amélioration des conditions de production, cela laisse l’opportunité d’aménager les plannings. De plus, le report d’un titre répond dans certains cas à une décision purement stratégique prise par un éditeur visant une fenêtre de sortie plus clémente ou cherchant à assurer l’année fiscale à venir, la précédente étant d’ores et déjà un succès financièrement parlant. C’est probablement le cas de Square Enix avec Final Fantasy VII Remake. Dans tous les cas, ces reports sont avant tout pragmatiques et répondent aux exigences d’un marché du jeu vidéo ultra concurrentiel.
Cela permet également aux joueurs passionnés que nous sommes de souffler un peu et surtout de terminer ou simplement commencer la montagne de jeux sortis durant la dernière décennie (2010-2019) trônant fièrement aux pieds de nos consoles et/ou PC. Bien entendu, ma réflexion ne prend pas en compte les annonces faites bien trop tôt et qui souvent desservent les jeux en question car elles cristallisent les attentes des passionnés durant de trop longues années. Je ne parle pas non plus de ces arlésiennes (Beyond Good & Evil 2, Duke Nukem Forever, The Last Guardian…) prenant tout leur temps pour émerger au point de perdre l’attention des fans pourtant acquis à la cause du jeu.
Je vais conclure cette prise de position en citant l’une des personnalités les plus marquantes et importantes du jeu vidéo, la légende Shigeru Miyamoto (responsable créatif chez Nintendo) qui a déclaré en avril 2012 lors d’une interview accordée à nos confrères de The Guardian : “Un jeu retardé peut finalement être bon, mais un jeu précipité est toujours mauvais.”. Je me retrouve à 100% dans cette vision du jeu vidéo.