Si en 2015 Blizzard tentait quelque peu d'empiéter sur les plates-bandes de Riot Games avec Heroes of the Storm, la vapeur vient d'être très clairement renversée cette nuit pendant le Legend10, l'événement lors duquel l'éditeur-développeur de League of Legends a dévoilé ses plans pour l'avenir, car le moins qu'on puisse dire, c'est que cette façon de renvoyer au même univers à travers plusieurs jeux nous a rappelé quelqu'un.
Cultiver un monde plutôt que des franchises
Ceux qui s'attendaient seulement à l'annonce d'un nouveau champion pour LoL et peut-être à un TCG ont été plus que servi cette nuit lors du Legend10, Riot Games s'est lancé à la conquête du monde.
Un versus Fighting, un Shooter tactique, un jeu de cartes et une série animée viennent rejoindre League of Legends et Teamfight Tactics dans ce qui peut désormais être appelé "l'univers Riot". Plus intéressant encore, les champions rendus célèbres par 10 ans de combats sur la faille de l'invocateur (la carte de LoL) joueront les rôles principaux dans la grande majorité de ces titres.
Or cette façon de faire, elle rappelle fortement un autre éditeur, qui, depuis Irvine, s'efforce depuis des années de vendre non pas des franchises séparées, mais un univers en package. Une position qui se retrouve dans chaque récompense "Cross-game" et de façon plus évidente encore : dans la chaotique réunion de famille que constitue Heroes of the Storm.
Notons que contrairement à Blizzard, qui a créé des franchises bien distinctes puis qui les a rassemblées dans Hots, Riot opère le mouvement inverse et exporte les personnages d'un seul jeu (league of legends) dans presque tous ses titres.
Oeil pour oeil et jeu pour jeu
Sorti alors que LoL avait déjà atteint le rang de référence, Hots n'a jamais su capter une part sérieuse des joueurs de Moba, mais TFT, au contraire, s'est emparé sans mal de bien des joueurs d'HearthStone, lassés d'un jeu qui va maintenant sur ses six ans et qui, trop souvent au goût de sa communauté, a basé les pouvoirs de ses cartes sur le hasard.
Cette frange de joueurs appréciant les jeux plus calmes où la réflexion bat la prouesse mécanique, étaient des proies parfaites pour l'auto-battler de Riot, et maintenant qu'ils sont dans le giron de l'éditeur au poing rouge, les voilà devenus des cibles plus parfaites encore pour Legends of Runeterra.
Mais s'emparer des joueurs de cartes ne suffit pas ! Avant de faire des TCG et des auto-battler Riot s'est adressé pendant 10 ans aux hardcore gamers et c'est en toute confiance que l'éditeur se place avec Project A (son shooter tactique) pour affronter le titre étendard de Blizzard : Overwatch.
Le vénérable éditeur n'est cependant pas attaqué sur tous les fronts : pas de Hack'n slash pour affronter Diablo ni de jeu de stratégie face à Starcraft. Des dépenses que Riot aura probablement estimées inutiles au vu des âges vénérables de ces jeux et de la petitesse des playerbases qui y subsistent.
Par contre, Riot se place sur le créneau du jeu de combat, probablement rassuré par les récents succès de Dragon Ball FighterZ et de Super Smash Bros. Ultimate. La line-up Riot n'est pas un bête copié-collé de l'offre Blizzard, elle s'adapte à son époque et prend des joueurs là où elle le peut, sans s'attarder pour autant sur les genres les moins populaires.
Évidemment, aucun MMO en vue, d'autres ont essayé d'aller chercher World of Warcraft, et il est des combats qu'il vaut mieux ne pas mener.
Il y avait des signes
Ca fait quelques années maintenant que Riot travaille d'arrache-pied sur son lore. Les personnages de League of legends sont revisités les artworks sont redessinés, les histoire réécrites et une avalanche de produits dérivés voit le jour sous forme de romans ou de bande dessinés. On s'interrogeait sur les forums, pourquoi mettre autant de ressources pour chambouler le lore d'un jeu qui, premièrement : n'est vraiment plus tout jeune et deuxièmement : a déjà un lore bien établi.
Une partie des joueurs grinçait même des dents. "Ça fait 8 ans que mon champion préféré a une histoire et soudainement vous réécrivez tout son passé, pourquoi Riot ?" Pouvait-on lire sur les forums. "Ce remaniement constant du lore n'aide ni les joueurs ni Riot, seulement les gens qui sont payés pour le faire", voyait-on encore. Mais après ce soir, il apparaît que ce lore, tant chamboulé ces derniers temps, est la graine qui donnera naissance à un univers plus large que ce que League of Legends n'aurait jamais pu être. Alors peut-être, en effet, qu'un certain remaniement était nécessaire.
Don't you guys have phones ?
Enfin, on constate dans les annonces de la soirée une volonté nette d'exister sur le marché du mobile. Teamfight Tactics, League of Legends : Wild Rift et LoL Esports Manager sont autant de preuves que le futur se trouve en partie sur iOS et Android.
Ici le parallèle avec Blizzard n'est pas particulièrement nécessaire tant tous les éditeurs du monde semblent séduits par les promesses du marché mobile. Riot a cependant eu la prudence de ne porter sur mobile que des titres existant déjà sur d'autres supports, évitant ainsi la controverse subie par Blizzard lors de la dernière Blizzcon lorsque les joueurs PC, public privilégié jusque-là, ont appris que le prochain épisode de Diablo ne serait pas disponible sur leurs machines.