C’est le studio Beenox qui se charge du développement PC et du cross-play au sens large du terme. Ce n’est pas la première que le studio s’insère dans le développement d’un CoD puisque cette filiale canadienne d’Activision était déjà en charge de la version PC de Black Ops 4. Marc-Alexandre Milot, game director au studio québecois, nous a donc expliqué durant un entretien la nature de son travail au sein du développement de Modern Warfare. Sa tâche principale est ici d'optimiser le titre pour le PC mais aussi de rendre le jeu aussi plaisant à jouer sur PC que sur console, quelque soit le périphérique utilisé : une tâche pharaonique sur le papier.

Donner les mêmes chances à tous les profils de joueurs...

Ainsi, un joueur console peut utiliser de manière native le clavier et la souris, et un joueur PC peut évidemment avoir le choix de son interface : manette ou “KBM” pour Keyboard and Mouse comme Marc-Alexandre Milot nous l’explique. Sony a récemment déclaré avoir levé les restrictions liées au cross-play, ce qui devrait faciliter les envies des développeurs. Quant à Microsoft, le support natif clavier-souris est une volonté affichée depuis de nombreux mois. C’est donc sur PS4 que la tâche fut la plus rude, la machine de Sony étant moins “préparée” à ce genre de transition, notamment au niveau de la vitesse de défilement du curseur, bien moins malléable que sur Xbox One.

Sur le titre précédent, Beenox avait la main pour modifier la version PC de Black Ops 4, et revoir certaines données de tir ou de rapidité à l’usage pour diverses armes, afin de garantir une meilleur fluidité de l’action. Sur Modern Warfare, cette facilité n’est plus d’actualité, justement, “à cause” du cross-play et de l’interdépendance des supports, désormais connectés. Tout était donc question d’ajustement dans la manière de rendre l’expérience agréable et modulable, d’un point de vue utilisateur.

En ce sens, les betas ont été cruciales pour les développeurs de chez Beenox, qui ont notamment effectué plusieurs rounds d’AB Testing pour analyser quel mapping de touche fonctionne le mieux auprès des joueurs. Cette pratique, assez commune en amont d'une sortie, divise la population cible en deux segments, A et B, auxquels on propose des réglages différents, en vue d’étudier le comportement et de voir quel choix est le plus probant pour la version finale. Beenox a pu également s’appuyer sur le “preview event” de la fin juillet 2019 pour échanger avec les journalistes et les progamers, qui ont fourni un retour sur le feeling, une fois en jeu, en fonction du périphérique.

Des déséquilibres gommés par le choix des contrôles

De manière assez logique, l’assistance à la visée induite par le jeu sur manette est ici une source de déséquilibre, et Marc-Alexandre Milot en est conscient. Il évoque avec nous une légère différence de rapidité à la visée lors d’affrontement mid-range et close-range, puisque le viseur se stabilisera plus facilement sur un ennemi lointain, et aidera aussi le joueur à straffer autour de son adversaire si ce dernier est très proche de lui. Ces assistances sont toutefois contrebalancées par la réactivité et la visée, plus libre, qu’offre une souris, notamment en position de sniper, ou sur des enchaînements d’actions complexes impliquant une verticalité plus prononcée. Notre interlocuteur évoque également le décalage entre le nombre d’input disponibles sur un clavier par rapport à l’équivalent manette, mentionnant par exemple le ramassage d’arme et le rechargement. Ces deux derniers sont, sur manette, mappés sur la même touche et se différencient par une pression courte ou longue. Pour Modern Warfare, le choix revient au joueur, qui devra décider quelle action dépend de la pression longue, ou optera pour le modèle hybride et expérimental, qui évaluera de manière situationnelle quelle action a besoin d’une pression courte pour gérer au mieux un affrontement.

Framerate et RTX à la carte

Nous avons aussi abordé brièvement les options graphiques sur PC, qui accueilleront le RTX sur Modern Warfare, en solo comme en multi, ainsi qu’un framerate non-cappé pouvant théoriquement grimper à 300 FPS, à travers différent formats d’affichage. Côté RTX, sachez que des équipes de NVIDIA ont passé du temps au studio, analysant le code du jeu afin d’optimiser le déploiement de cette technologie, et les résultats évoqués par Marc-Alexandre Milot sont assez spectaculaires : on obtient ici une perte de cadence de 10% suivant que l’option soit activée ou non. Sur une base de 144FPS, le passage en RTX fait retomber l’affichage à 130 images par secondes environ. Nous n'avons pas d'infos sur la bécane utilisée pour ces tests, ni sur le niveau d'activation du RTX. Le confort de jeu est donc très peu impacté à première vue, et nous attendrons toutefois les tests techniques pour voir si la perte est aussi peu visible ou si, comme souvent, les performances chutent de 30 à 40% suite à l’activation de la technologie.

Matchmaking et eSport

Il est également important de garder à l’esprit qu’en plus de réunir des joueurs qui jadis dépendaient de leur plateforme, le cross-play apportera avec lui un matchmaking plus dense, et théoriquement plus peuplé, ce qui faisait souvent défaut à Call of Duty après les premiers mois d’exploitation. Plus de joueurs, c’est aussi plus de compétiteurs et, là dessus, l’eSport, devenu central dans l’approche des FPS multijoueurs, pourra en profiter. Historiquement très orientée “console”, à cause des partenariats et de l’écart entre les populations console/PC sur la franchise, ce Modern Warfare pourrait bien signer le retour de Call of Duty dans la sphère compétitive PC, amenant avec lui une certaine variété dans les situations et potentiellement un spectacle qui plaira à plus de monde.

Call of Duty : Modern Warfare sortira le 25 octobre sur PC, PS4 et Xbox One.