Le retour de la Gardienne de Lige-feu

Le calice royal était une relique très ancienne. Je ne tardai pas à découvrir l’un de ses pouvoirs. A peine installé près du feu, il se mit à trembler. Une étrange aura se dégageait de l’objet. Quand je m’en saisis pour mieux l’observer, j’entrevis certains foyers que j’avais allumés à Lordran. Et sans vraiment comprendre comment, je me retrouvai en un instant à celui de Lige-feu. Je jetai le calice un peu plus loin. La magie n’avait jamais rien donné de bon chez moi et je m’en méfiais. Je finis par ramasser le calice à contrecœur car j’en avais besoin. D’ailleurs il me suffisait de faire quelques mètres pour éclaircir ce mystère avec Frampt.

Auparavant je descendis les quelques marches qui me séparaient du cadavre de la Gardienne du feu. Je lui rendis son âme et la vie. J’avais longuement hésité à faire ce geste. De l’Estus de meilleure qualité m’aurait grandement aidé pour la suite. Là-haut le feu crépitait de nouveau. Anastacia balbutia quelques mots de remerciements. Je compris rapidement qu’elle désirait rester seule. Je me dirigeai tout droit vers Frampt.

Le calice et l'autel

Le serpent géant me félicita et confirma que j’étais bien l’élu. Il ne restait plus qu’à amener le calice royal là où il serait utile. Frampt desserra les dents et il me goba. Pendant un instant je crus à une trahison. Il était évident qu’une telle créature cachait quelque chose. Il disparut sous terre, avec moi. L’odeur à l’intérieur de sa bouche était abominable. Je luttai pour éviter de vomir. Puis, je me sentis choir. J’étais de retour sur le plancher des vaches. Au-dessus de moi, Frampt me regardait avec ses énormes yeux orange.

- Posez le calice sur l’autel, fit-il.

Derrière moi se tenait une souche d’arbre, faisant office d’autel. Je m’y rendis lentement. Malgré que j’étais couvert de bave, l’instant était solennel. Il s’agissait d’une sorte de rituel pour succéder à Gwen. Je posai le calice dans la souche et j’attendis. Je crus d’abord que rien n’allait se passer. Une goutte de sueur perla sur mon front. Et si tout était faux ? Si je n’étais pas digne d’accomplir ce qu’on attendait de moi ? Soudain, une lueur émana du calice, comme un concentré de lumière. Puis un rayon se déploya jusqu’à la surface. Trois éclairs se formèrent dans mon esprit. Chacun me montrait une porte scellée par Gwen, à présent ouverte. J’en reconnus deux, celle près du domaine de Quelaag dans « l’enfer ». Et l’autre sur les hauteurs d’Anor Londo. Il me fallait encore découvrir la troisième, comme emprisonnée dans une grotte. Derrière la souche se trouvait une porte. J’essayai de l’ouvrir. Elle ne bougea pas.

Je retournai chez Frampt. Pour ouvrir la porte, je devais déverser les âmes de puissants seigneurs dans le calice. Il nomma rapidement quelques individus susceptibles d’avoir une âme suffisamment puissante pour satisfaire ce besoin : Nito le gardien des tombes, la sorcière d’Izalith, les Quatre Rois de la nouvelle Londo et Seath l’écorché. Je ne répondis rien. Nito et Izalith m’étaient connus, car ils avaient œuvré avec Gwen pour détruire les dragons. Frampt étant une sorte de serpent, et donc relativement proche des dragons, je me demandai pendant un moment s’il ne cherchait pas simplement à se venger. Pour l’heure je n’avais pas d’autre choix que de lui obéir mais je devais impérativement rester sur mes gardes. Après tout, il s’était prétendu l’ami de Gwen et il était en train de le trahir…

Les âmes des Seigneurs de Lordran

J’avais le choix entre retourner à Anor Londo pour passer la porte déverrouillée afin d’y trouver logiquement les Quatre Rois ou retourner en enfer, probablement pour récupérer l’âme de la sorcière d’Izalith. Deux de ses filles se trouvaient dans le domaine de Quelaag donc il était logique qu’elle se trouve dans les parages. La nouvelle Londo était probablement la ville souterraine envahie de fantômes dans laquelle je m’étais déjà rendu. J’écartai cette option pour l’instant. Les fantômes m’avaient repoussé et m’avaient laissé un piètre souvenir des lieux. Pour l’instant je préférais me rendre ailleurs. J’optai pour la sorcière d’Izalith en premier, ou du moins « l’enfer ».

Je changeai d’avis à l’instant ou je découvris un passage que je n’avais encore jamais vu. De l’autel de Frampt partait un chemin. Il menait derrière la ruine de Lige-feu. L’endroit était couvert de tombes. Nito… Un squelette était décomposé sur le sol. A mon approche, tous ses os se réassemblèrent pour reformer un corps. Ses yeux s’illuminèrent d’une lueur bleue. Un coup d’épée suffit à le disloquer de nouveau. Je parcourus le cimetière très rapidement. D’autres squelettes se dressèrent devant moi mais ils ne tinrent pas le coup très longtemps.

Dans les catacombes...

Un passage dérobé menait dans une grotte sombre en contrebas. Là, les choses se corsèrent. Dans l’ombre d’une haute salle, des visages de morts nimbés d’une étrange aura volaient. Ils fusèrent sur moi et explosèrent à l’impact. Je n’eus que le temps de faire une roulade pour éviter de griller sur place. Les squelettes que je démantelais revenaient sans cesse à la vie. J’en eus bientôt cinq à mes trousses. Je cessai tout combat quand je remarquai qu’ils étaient invincibles. Je courus à perdre haleine dans le couloir. Plus bas je tombai sur un singulier personnage. Il ressemblait à un croque-mort et il agitait quelque chose. Un nécromancien. Je le coupai en deux et les squelettes qui mouraient ne se relevaient plus.

J’actionnai un levier. Le pan de mur qui se trouvait juste derrière s’engouffra dans le sol. Comme rien d’autre ne se passa, je remontai. Une nouvelle entrée avait fait son apparition à gauche. Je l’empruntai. Il s’agissait d’un couloir orné de statues de pierre. A l’autre bout, il y avait une grande salle d’où provenait un son de chute d’eau. Là encore les squelettes que j’abattais se relevaient inlassablement. Un autre nécromancien déambulait avec une lanterne. Quand je l’approchais, il fuyait, réveillant de plus en plus de squelettes. Je devais le rattraper et l’éliminer au plus vite, sans quoi j’allais me faire submerger.

Arrivé à sa hauteur, je lui passai mon épée entre les omoplates. Il s’écroula dans une gerbe de sang. Les squelettes m’assaillaient de tous les côtés à la fois. Ils étaient heureusement fragiles et leurs attaques manquaient d’énergie. Je m’en tirai sans mal. Un bref regard autour de moi m’apprit que je me trouvais dans des catacombes. Des corps étaient soigneusement rangés sur des étagères de pierre. Des urnes traînaient ça et là, contenant sans doute des objets de grande valeur ayant appartenu aux défunts.

J’ignorais si les nécromanciens contrôlaient directement les squelettes. Mais ce qui était sûr c’est que c’était eux qui leur garantissaient leur invincibilité. Dès que je tuais un nécromancien, les ennemis proches mouraient pour de bon. Après avoir utilisé un autre levier, un pont dont la surface était hérissée de piques bascula et devint praticable. Je le traversai.

Il faisait extrêmement sombre alors que je m’enfonçais davantage sous terre par un escalier en colimaçon. Certaines statues étaient pourvues de piques meurtrières qui perforaient tout individu qui s’en approchait. Les squelettes tendaient des embuscades régulièrement. J’étais relativement bien protégé mais je n’allais pas pouvoir continuer ainsi indéfiniment. Plus vite je trouvais Nito, mieux ça vaudrait pour moi. Je dénichai une faux dans l’un des recoins des catacombes. Je n’avais pas beaucoup de place pour manier une telle arme mais elle se révèlerait peut-être destructrice ?

Ce n’était pas le cas. Ma claymore tuait n’importe quel squelette en une seule attaque. La faux ébréchait à peine leurs os. Je trouvai un second pont qui, comme le premier, opposait d’abord une série de piques. Je trouvai un levier dans les environs, qui permit de le faire basculer pour le rendre franchissable. De l’autre côté, je détruisis un mur qui me mena à un anneau magique. Une babiole pour les mages, qui ne m’offrait aucun intérêt.

De nombreux squelettes me barraient la route. Cette fois, je ne vis pas où se trouvait le nécromancien. J’évitai le combat, les ennemis étant trop nombreux. Je m’enfuis par la seule voie possible.

Je débouchai à l’air libre pour aussitôt retourner dans les catacombes. Les ennemis me talonnaient. Je ne cherchais plus à les combattre car cela ne servait à rien, tant que le nécromancien était en vie. Je tombai nez-à-nez avec un démon à jambe coupée. Il bloquait le couloir. Je ne pouvais même pas le contourner. Il abattit son arme sur le sol, manquant de m’arracher un bras. Derrière se pressait une foule de squelettes invincibles…

La première rencontre

Je repérai un cercueil ouvert et je m’y glissai sans l’ombre d’une hésitation. J’espérais ainsi que les squelettes s’en iraient, ce qui me laisserait l’occasion d’affronter le démon à mon aise. Soudain, le cercueil se mit à bouger. Peut-être un ennemi qui m’avait vu m’y glisser et qui voulait m’en faire sortir. Le sol tremblait, un bruit horrible me vrillait les tympans. Il ne s’agissait pas d’un ennemi. Le cercueil se déplaçait ! Tout à coup il s’arrêta. Je soulevai le couvercle et du coin de l’œil je vis que je ne me trouvais plus au même endroit. Je sortis.

La présence de stalactites et de stalagmites me confirma que j’étais toujours dans la grotte, non loin des catacombes. J’en fis rapidement le tour. Il n’y avait rien sauf deux autres cercueils, mais qui auraient pu contenir chacun un géant. L’un d’eux était occupé par un corps. Il n’était pas mort. Je le reconnus. Nito. Il me fallait son âme et la seule manière de l’obtenir était de le tuer. Toutefois, je ne pouvais me contenter de lui planter mon épée dans le cœur. Le temps que j’escalade le tombeau pour l’occire c’était lui qui m’aurait tué. Pour l’instant il ne bougeait pas. Il attendait sans doute que je commette une erreur pour m’éliminer.

Je rebroussai chemin. Il me fallait trouver un moyen pour le faire sortir de là. Je retournai au cercueil qui me ramena d’où j’étais parti.

Le forgeron d'Outre-tombe

Le démon n’attendit pas une seconde pour m’attaquer. Je fis un bond de côté et d’un mouvement rapide de la main je décrochai mon bouclier. Tous ses coups se perdirent dessus. Je m’acharnai sur la bestiole. Après quelques instants je lui arrachai son autre jambe. Je sautai et avec mon épée je lui tranchai la gorge. J’arpentai ensuite le couloir dans l’autre sens. J’avais repéré plus tôt une sorte de bassin. C’est par là que je m’en allai.

Un trou se déroba sous mes pieds. Après l’avoir analysé, je m’y laissai tomber. Un chevalier noir se tenait là. Il devait m’attendre car à peine redressé, ma tête explosa sous l’impact de sa hache. Il me fallait un autre chemin. J’avais remarqué un détail plus tôt, avant même que je ne fasse basculer le second pont. L’escalier en colimaçon qui conduisait toujours plus bas s’arrêtait au milieu de nulle part de manière abrupte. Après avoir analysé les lieux je me rendis compte qu’il était positionné non loin du chevalier. Il y avait peut-être un passage par là.

Je m’y rendis et je me penchai au-dessus du vide. Dans l’ombre je devinais des plateformes. J’hésitai un instant avant de m’aventurer là-dedans. Avec mon pied je poussai un caillou dans le vide. Il mit à peine une seconde pour atterrir. C’est ce qui me décida. Je me laissai choir sur les plateformes l’une après l’autre. Tout en bas j’aboutis dans un couloir. Et je fis une rencontre des plus étrange. Un squelette s’avança non loin de moi et défonça un mur à l’aide d’une pioche. Puis il retourna d’où il était venu en m’intimant l’ordre de partir. C’était un forgeron… Je m’en allai par le passage qu’il venait d’ouvrir pour moi.

J’arrivai dans un col dont le sol était jonché d’os. Un coup d’œil en l’air m’indiqua que je m’étais légèrement trompé. Je ne me trouvais pas à l’endroit que je croyais atteindre. Pas encore. Soudain, une roue hérissée de piques fonça sur moi. J’eus tout juste le temps de me jeter à terre pour l’éviter. Elle fut rejointe par deux autres. Chacune avait un squelette coincé dans ses branches. Je me demandai comment ils avaient pu faire cela. Je distribuais des coups d’épée mais il m’était très difficile de toucher le moindre ennemi. J’y arrivai finalement, au prix de maints efforts.

Trois font de la compagnie

J’arpentai un boyau et j’arrivai, comme je l’avais prédit, dans la salle du chevalier noir. Cette fois c’est moi qui le pris par surprise. Mes attaques ne l’ébranlaient pas mais j’en vins tout de même à bout. Je retraversai le col dans l’autre sens. Là aussi je suivis un couloir, qui se terminait sur un trou à même le sol. Je m’y glissai. Un étrange spectacle se trouvait là. Des cadavres pendaient au plafond et des livres étaient entassés par centaines. Des bougies étaient allumées un peu partout. Une silhouette s’agitait au-dessus d’un cadavre. Elle portait une lanterne avec chacun de ses six bras. Elle se retourna. Trois masques portés par autant de visages se regardèrent. Ils symbolisaient chacun un passage de la vie : l’enfance, l’âge adulte et la vieillesse.

La chose se multipliait. Du moins c’est l’impression que j’en eus dans un premier temps quand une seconde créature du même genre apparut juste à côté de moi. La première m’envoya une boule d’énergie qui suscita à peine de la douleur lorsqu’elle m’atteignit. En guise de représailles, j’assénai un coup à la seconde créature qui disparut aussitôt. Elle la remplaça par quatre nouvelles illusions mais je savais quel ennemi était le bon. Je me jetai dessus et mon épée le traversa de part en part. La chose rendit l’âme. Le combat était ridiculement facile, à tel point que je m’attendais à voir surgir une créature bien plus puissante. Il n’en fut rien…

Nuit d'encre

Je grimpai deux échelles et j’entrai dans le noir total. Nulle part ailleurs l’obscurité n’avait été aussi importante. Je mesurai chaque pas, ne sachant où je mettais les pieds. Il pouvait y avoir un précipice n’importe où. Des halos lumineux sur le sol indiquaient un semblant de chemin. Je m’y engageai en étant mort de peur. Des bruits dans l’ombre m’indiquaient que des ennemis s’y tapissaient. Et effectivement, sorti de nulle part un grand squelette m’attaqua soudainement. Je le détruisis avant qu’il ne puisse occasionner de réels dégâts.

Des flèches se mirent à voler. J’adoptai la même attitude qu’à Anor Londo : je restai calme et je me déplaçai lentement pour éviter de choir dans un précipice que je n’avais pas vu. Je finis par tomber sur un homme. Je ne savais pas du tout ce qu’il fichait là. Il me parla d’un trésor en contrebas. Je commis l’erreur de me pencher pour scruter le puits. L’homme m’y précipita sans vergogne. Le trésor, c’est ce qu’il récupèrerait sur mon cadavre. En toute amitié bien sûr…

La chute ne se fit pas sans douleur. Mais je n’avais rien de cassé. Je me trouvais sur un plateau relativement large. Sur un corps je trouvai une lanterne. Je pouvais enfin y voir quelque chose. Il se trouvait là des ossements de géants, à en croire leur taille. Je découvris aussi une femme, que je jurerais avoir déjà vue quelque part. D’après elle, ses deux gardes étaient maintenant des carcasses qui erraient dans les environs. Leur souvenir me revint. Je les avais aperçus brièvement à Lige-feu, juste après avoir fait sonner la première cloche. Il devait s’agir d’une prêtresse puisque la seule fois où je l’avais vue, elle priait.

- Venez avec moi, fis-je. Vous n’êtes pas en sécurité ici. - Merci, mais je vais rester. Je peux me débrouiller par moi-même. Si vous voyez mes gardes… - Je ferai ce qu’il faut, je vous le promets.

Elle hocha la tête puis elle garda le silence. L’idée que deux carcasses aguerries se trouvaient dans les environs ne me réjouissait guère.

Et justement, depuis l’ombre j’aperçus un éclat lumineux. Une hache. Les deux gardes se montrèrent. L’un était un clerc puisqu’il parvenait à soigner les deux, l’autre un soldat. Je ne pouvais abandonner ma lanterne au profit d’un bouclier. Je dus combattre sans protection. J’essuyai plusieurs coups de hache avant de pouvoir isoler le clerc. Je le décapitai puis je fis face à l’autre. Il fit voler son arme, qui se ficha dans le sol. Je lui passai la mienne dans les boyaux. De retour auprès de la dame, elle me remercia pour mon aide.

Après avoir ramassé une titanite sur un corps, des colonnes d’os et de crânes sortirent du sol. J’ignoras ce qui animait de telles choses. Mais dès que je m’en approchais, les bras se mettaient à vriller l’air comme des lames de rasoir. Je me frayai un chemin jusqu’à un couloir. Au bout je grimpai une échelle qui m’amena devant un mur illusoire. Je retournai là où l’homme m’avait poussé. Il n’avait pas bougé d’un pouce. Quand il m’aperçut, il se décomposa. Il ne s’était pas attendu à ce que je survive. Je m’apprêtais à le dépecer mais il m’arrêta dans mon élan. Je n’avais jamais été prompt à la vengeance quand j’étais vivant. Il s’excusa platement, mettant sa tentative de meurtre sur le compte de son état de mort-vivant, une crise passagère. Je fermai les yeux et je soupirai. Je décidai de lui accorder une seconde chance. Mais au moindre faux pas, je le tuais sur le champ.

J’explorai les lieux. Tout se ressemblait mais au moins j’avais maintenant un peu de lumière. Je tombai sur un squelette qui se tenait à quatre pattes. Il haletait comme un chien. Il me sauta dessus et me cloua au sol. Il m’expédia une série de coups à une vitesse impressionnante. Je rendis l’âme aussitôt.

J’y retournai. Je ne pouvais pas lâcher ma lanterne mais je devais me protéger contre un tel ennemi. Lorsque je fus suffisamment prêt, je pris mon bouclier et je parai les coups de l’ennemi. Ma claymore maniée à une main n’offrait pas sa meilleure puissance. Mes attaques étaient lentes et imprécises. Je vins à bout du monstre mais le combat fut difficile. La grotte se prolongeait encore plus profondément. D’autres chiens s’y trouvaient, de même qu’un archer et un chevalier noir. Celui-ci ne ressentait absolument aucune douleur quand je le piquais, tout comme les chiens. Quand je lui assénais un coup, il m’en rendait souvent un immédiatement.

J’avançais avec peine. Les ennemis étaient beaucoup trop puissants et l’obscurité omniprésente ne jouait pas à mon avantage. Après de nombreuses tentatives pour forcer le passage, je décidai de prendre des risques. Je n’avais rien à perdre après tout. Ma claymore devait être maniée à deux mains, sans quoi elle était presque inutile. Il s’agissait de ma meilleure arme, pour laquelle j’avais utilisé de nombreuses titanites pour la renforcer. J’étais obligé de réussir avec elle, ou alors je devais renoncer à continuer.

A partir de maintenant j’utilisais la lanterne pour éclairer le chemin et je la rangeais dès que je tombais sur un ennemi. Je me battais dans le noir complet et je devais compter sur mes oreilles pour déceler les mouvements ennemis. Je ne devais pas perdre de temps non plus car ils étaient tous rapides. Si je ne les tuais pas immédiatement, c’est moi qui étais mort. Cela fonctionna relativement bien. Je mettais toute ma force dans chacune de mes attaques et je progressai plus vite et plus loin que lorsque j’employais mon bouclier.

La lumière au bout du tunnel...

Les soubassements des catacombes étaient curieusement plus éclairés que le reste. Une certaine clarté illuminait les lieux. Des immenses arbres y prenaient racine et une brume stagnait au niveau du sol. J’espérais y rester pendant un moment mais la corniche que j’arpentais repassait de nouveau dans la grotte sombre, plus loin. Il me tardait de quitter cet endroit de malheur. Il était de plus en plus évident que le Feu devait être ravivé, que même ce genre d’endroit devait retrouver une lumière éblouissante.

La grotte où je me trouvais maintenant n’était pas aussi sombre que le reste. La pénombre semblait être un souvenir. Je pus ranger ma lanterne. Mais je ne me départis pas de mon bouclier. Les choses s’étaient sérieusement corsées depuis mon arrivée dans les catacombes. J’aboutis finalement dans ce qui semblait être une grande salle. L’obscurité n’avait pas totalement disparu, aussi ne pus-je apercevoir l’autre côté. Il se trouvait là des individus hirsutes, à trois masque comme celui que j’avais massacré plus tôt. Ils me bombardaient de boules de feu. Des squelettes, très petits cette fois, m’assaillaient dès que je mettais un pied dans l’eau stagnante. Mais ceux-ci étaient ridiculement faibles comparés à ceux que j’avais affrontés dans le noir. Toutefois ils étaient rapidement nombreux et à chaque fois que j’en tuais un, deux se relevaient de l’eau. Je me dépêchai de tuer tous les porteurs de masques.

L'âme noire de Nito

Je défonçai une porte faite d’os. Un coup d’œil me fit comprendre que j’étais revenu dans la salle où m’avait emmené le cercueil plus tôt. Mais quelque chose de malsain s’y préparait maintenant. Je ressentais une infinie tristesse et j’avais soudainement l’impression d’avoir échoué tout ce que j’avais entrepris. Un cri horrible déchira l’air. Du sol jaillit une griffe qui me poignarda la jambe. J’hurlai de douleur. Des squelettes sortirent de l’ombre. Je les réduisis en morceaux. Mais ils se reformèrent. Et alors je l’aperçus.

Une masse ombreuse se tortillait dans l’obscurité. Nito s’était réveillé. Et ses sbires aussi. Une lame jaillit de sous son manteau. J’ignorais si le Premier Mort était bigleux ou tout simplement un piètre combattant. Son épée passa bien au-dessus de moi mais elle n’épargna pas ses acolytes derrière. Je restai près de lui et je fis jouer mon épée. Je perforais le mort tant et plus, me demandant s’il pouvait trépasser. Le fait qu’il ait encore une âme m’apporta la réponse.

Je crus un instant en être venu à bout quand il se recroquevilla. Je compris trop tard. Une vague d’énergie me submergea. Je crus que la vie m’avait encore quitté. Mais il n’en fut rien. Je lâchai mon arme, désemparé. Tout désir de combattre et d’accomplir ma quête venait de me fuir. L’ombre m’envahissait de toute part, je ne faisais même plus attention aux squelettes qui couraient vers moi. C’était fini. J’avais fait tout cela en vain. J’attendis que la mort me prenne une dernière fois.

Je baissai la tête. Mon regard se perdit sur le sol puis sur mes doigts ravagés par la mort. Je ressassais tous mes échecs quand un détail attira mon attention. Depuis le début de cette aventure, je portais un anneau. Celui de petit être que j’avais lorsque j’étais encore vivant. Il m’avait toujours apporté du réconfort. Et au milieu de cette pénombre maudite, je sentis un brin de chaleur qui arpentait ma main. Elle ne tarda pas à gagner tout le reste de mon corps. Je fermai les yeux et je poussai un soupir.

Quand je les rouvris, je vis Nito penché au-dessus de moi. Je crus déceler un sourire sur son crâne décharné. Il leva son épée et la projeta violemment. Mais elle ne rencontra que le sol. Je roulai sur le sol pour éviter l’épée. Je ramassai ma claymore aussi vite que je le pus et j’escaladai le monstre. Sa malédiction était puissante et elle avait failli me tuer. Sans cet anneau qui m’avait rendu espoir, je me serais laissé tuer. Juché sur son dos, je plantai l’épée à de nombreuses reprises dans son ventre et dans sa tête. Je sentis qu’il défaillait sous moi. En l’espace d’une seconde, tous les squelettes de la salle éclatèrent. Le seigneur Nito s’affala sur le sol froid. Il devint poussière. Son âme était à moi.

J’allumai un feu sur le champ. Cette épreuve sous les catacombes était effroyable. Il m’était indispensable de revoir la lumière du jour. Les séquelles de la malédiction restaient en moi, je le sentais. Seule la lumière pouvait l’atténuer, voire la détruire. Le simple fait de garder l’âme de Nito était un supplice. Je préférais effacer ce combat de ma mémoire. En tout cas, une chose était sûre. Si je réussissais à prendre la place de Gwen, jamais je ne retournerais dans les catacombes. Je me rendis immédiatement à Lige-feu pour déverser l’âme de Nito dans le calice royal. Frampt s'était rendormi... Je devais donc conserver l'âme sombre de Nito sur moi jusqu'à la fin. Le serpent me donna envie de dormir à mon tour. Je m’offris un instant de répit avant de repartir pour affronter la sorcière d’Izalith.