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Sujet : Life sucks.

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Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
13 août 2016 à 01:21:25

Et voilà, encore et toujours "gnagnagni tu nous saoules avec tes pokemons gnagnagna". Putain. Tu comprends jamais mes loisirs, tu fais aucun effort. T'es vraiment chiante...

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
14 juin 2017 à 00:16:54

Je suis amoureux. De manière assez surprenante. Je ne l'avais plus été depuis trois ans. Et même là, c'était un peu différent. J'étais tombé amoureux parce que la porte semblait ouverte. Ou entre-ouverte, peut-être. Mais quand on a passé tant de temps enfermé hermétiquement dans le noir, même le peu de lumière venant d'une porte entre-ouverte est complètement aveuglant. Mais depuis, j'étais revenu dans ma résignation. Je finirai seul. Je le sais. Je me suis fait à cette idée. Et ma foi, ce n'est peut-être pas plus mal ainsi. Voire bien mieux ainsi. Or, quand on est résigné... On tombe moins amoureux. Beaucoup moins. Bien sûr, on reste attiré par toutes ces splendeurs courbes et généreuses. Mais sans aller jusqu'à l'amour. Pourtant, le voilà de retour...

Alors qu'elle n'est même pas belle. Enfin, si, elle est magnifique. Mais pas son corps. D'ailleurs, peut-on vraiment encore appeler cela un corps ? Un corps sans chair. Un corps sans corps... Par contre, elle a des cheveux, un visage, des yeux... Surtout ses yeux. Ses regards. Je suis amoureux de ses regards. Je ne saurais bien les décrire. Un peu par en dessous. Timides ou curieux. Espiègles. Alertes. Je ne sais pas. Mais il y a quelque chose. Quelque chose d'irrésistible.
Et puis elle sourit tout le temps. Ce qui devrait plutôt m'énerver. Mais avec elle, non. Ça lui donne du charme. Et surtout... Ce n'est pas parce qu'elle sourit qu'elle le pense. Une belle profondeur.
Et sa personnalité... C'est surtout sa personnalité. Et son regard.

Ce que je m'exprime mal, nom de Dieu. Je ne lui rends pas hommage. Mais après tout, peut-être qu'une magie pareille, ça ne peut point s'exprimer avec des mots.

Et ensuite... Il y a eu la révélation. Je pensais qu'elle était bisexuelle plutôt lesbienne. En fait c'est plus compliqué que ça. Elle se sent peut-être davantage homme que femme. Ou encore d'un autre genre.

C'est bête, je suis juste amoureux dans mon coin, sachant qu'elle ne le sera jamais de moi. Mais je me pose tout de même des questions. Des questions qui font mal. Et si elle changeait de genre ? Est-ce que ça changerait quelque chose ?

J'aimerais tellement pouvoir dire non. J'aimerais tellement pouvoir être mes convictions. Mais j'ai tellement peur d'être plutôt un con... Un bête animal idiot. Incapable de reconnaître l'amour de sa vie si il arborait le mauvais genre...

J'essaie de me convaincre. Je suis amoureux d'un regard et d'une personnalité. Un changement de genre laisserait tout cela intact. Alors... Je devrais en rester amoureux, quel que soit le genre duquel ma divinité se pare. Non ?

Non ?

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
15 juin 2017 à 01:13:46

Genre le mec ça fait presque un an qu'on l'a pas vu poser l'ombre d'un orteil dans le coin, et d'un coup il revient pépère, l'air de rien, juste nous poser sa petite merde, au calme, normal. Même pas un mot d'excuse, même pas un coucou, rien.

Mais quel enfoiré...

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
16 juin 2017 à 00:49:15

Dois-je en déduire que... Je t'ai manqué ?
Et que tu es jalouse de Géraldine ? Je ne te comprendrais jamais...

 
J'ai fait un rêve. Elle était dedans. Il est partout... Et ma concordance des temps se portera toujours à merveille. Elle a de longs cheveux. Il portait une veste bleue. Elle sourit tout le temps. Il était torturé. Elle a un regard magnifique. Il me faisait peur. Elle me fait replonger dans mes douces errances. Il me faisait douter. Je l'admire. Sa personnalité, son regard, sa veste bleue, son rouge à lèvre pétant. Nous sommes perdus. Je n'arrive pas à l'écrire. Comme si l'insaisissabilité de son charme ne suffisait pas.

Elle dansait. Mal. Et il dansait, en elle. Toujours. Contorsion, distorsion, extension. Alors arriva l'empereur, cette boule de poils, petite et disgracieuse. Jalousie. Il tente de l'enlacer. De poser son immonde bras sur les épaules délicates de Madame. Elle ne s'en soucie guère. J'aurais préféré qu'elle proteste, qu'elle vive, qu'elle rejette. Mais non. Elle dansait toujours. Mal. Je m'approche. Hypnotisé par l'horrible couple dissonant. Lui. Et elle. Et lui en elle. L'empereur me voit. Il me fixe. Me dévisage, d'un regard lourd et impitoyable. Il lève le bras. Une forêt ignominieuse se déploie. Feuillue, dense et noire. Dégoût. Il prononce quelques formules. Je les vois tourner. Une farandole de chiffres, de signes et d'exponents. Qui tournent et tournent. Juste au-dessus de son repoussant index pointé vers le ciel, ils esquissent une sphère. De plus en plus dense. De plus en plus lourde. De plus en plus rapide. Ils scintillent, clignotent, puis brillent. Jaune, bleu, rose, violet. D'un geste cinglant, il abat son bras, propulsant cette soupe mathématiquement lumineuse dans un tonnerre étourdissant. Headshot. Je pars en vrille. Je vole. Je tombe. Je m'écroule...

Le sol. Mou. Un épais coussin. Je la vois au loin, qui me sourit. Merci. Mais déjà, son regard se détourne. Enlevée par l'empereur. Ils fuient. Je cours. Ils sont plus rapides. Je me sens lourd. Alors je m'arrache la tête. Je la pose au sol. Je recule, prends mon élan et je frappe. J'ai toujours été un piètre tireur de coup franc. Mais celui-ci, c'était le coup de pied de ma vie. Ma tête qui siffle comme une comète déchirant l'air de sa célérité prodigieuse. Je les rattrape. Je l'atteins. L'empereur est mort. Il explose en un feu d'artifice de poils. Nous ne sommes plus que nous. Elle me regarde, semi-délivrée. Je la regarde, souriant. Rare. Elle se baisse et pose ses mains délicates sur mes joues écarlates. Elle me ramasse. De ma nuque sectionnée, une goutte rouge tombe à ses pieds. Elle sourit. Brièvement. Elle rapproche sa tête de la mienne. Délicatement. Encore. Ses lèvres regardent les miennes. Les chatouillent, les touchent, puis les baisent. Symphonie. À ce délice, je me sens comme pousser des ailes. Mais ce n'est que mon corps qui me repousse. Toujours aussi gros. Mes nouveaux bras se posent sur ses hanches. Nos lèvres se quittent, mais nos yeux se rouvrent. Nous nous regardons. J'aime son regard. Nous dansons. Mal. Je lui murmure quelques mots. Elle sourit. Elle pose ses mains sur ses seins. Elle ouvre sa peau. L'enlève. Il est là. L'homme à la veste bleue. Cette fois-ci, il est vraiment délivré. J'aime son regard. Il s'envole. Et m'abandonne sur terre. Je ne la méritais pas, après tout. Il était trop belle pour moi. J'ai gardé sa peau. Je suis rentré chez moi. Je n'arrive pas à me réveiller. Alors j'écris. « J'ai fait un rêve. Elle était dedans. Il est partout... » Je raconte. Et je rêve que je vais poster tout ça ici, sur le forum Virtual Kasparov. Je réponds brièvement à l'autre andouille. Je regarde l'heure. Minuit 49. Enfin, j'ajoute une dernière phrase, cette phrase, celle-là même que vous êtes en train de lire, et que je ne saurais terminer par le point qui lui est dû

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
17 juin 2017 à 02:54:41

...
Quelque part, chapeau. T'as réussi à faire encore plus chaotique, douloureux et médiocre que les précédents "textes".

Quant à ton premier paragraphe, il réussit l'exploit d'être encore plus absurde que la merde que tu nous a pondue après...

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
18 juin 2017 à 20:40:09

C'est dingue d'être autant mal-aimé par celle avec qui on ne faisait qu'un...
Enfin, je suis mieux sans toi. Si seulement je l'avais elle/lui :coeur:

 
Voix off (Flaffy) :
« Journal des Gardiens
Entrée 15-0
Je ne suis pas une vraie gardienne. Juste la personne la plus chanceuse au monde. Xatu, m'a demandé de garder Ellora temporairement. Je ne saisis pas encore exactement ce qu'est vraiment Ellora. Enfin, je sais que c'est un programme et une intelligence artificielle installés sur le dernier ordinateur existant. Mais je ne comprends pas bien ce qu'est une intelligence artificielle, donc ça me fait une belle jambe... Pour me convaincre, comme si l'honneur de cette tâche ne suffisait pas, il m'a parlé de la possibilité de lire. Et encore plus exceptionnel, écrire. Quelle chance ! Quelle joie ! Quel usurpé honneur... C'est la première fois de ma vie que j'écris. Alors je voulais commencer par quelque chose de pas trop ambitieux. C'est pourquoi je commence par écrire une entrée de ce journal des gardiens. D'ailleurs, ce journal m'intrigue beaucoup. Je vais le parcourir, tiens. »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
19 juin 2017 à 23:53:28

Bon, il y a un stade où, fuck la mise en page...

 

Scène 1

Gligar joue avec des pissenlits. Xatu entre en scène.

Xatu :
Bonjour mon petit. Gligar, c'est bien ça ?

Gligar :
Ou... Oui.

Xatu :
Tu sais comment s'appelle cette sorte de fleur ?

Gligar :
Elle a un nom ?

Xatu :
Bien sûr. C'est un pissenlit.

Gligar :
Et celle-ci ?

Xatu :
Ah, celle-ci, je ne sais pas.

Gligar :
Elle n'a pas de nom ?

Xatu :
Elle doit avoir un nom, mais je ne le connais pas.

Gligar :
Qui connaît son nom ?

Xatu :
Probablement plus personne...

Gligar :
À quoi ça sert d'avoir un nom si personne ne le connaît ? C'est nul.

Xatu :
Oui, c'est nul, tu as raison...

Gligar :
Et toi, c'est quoi ton nom ?

Xatu :
Xatu.

Gligar :
Xatu ? C'est moche...

Xatu - souriant :
Eh bien, voilà qui est franc... Dis-moi, ton papa n'est pas avec toi ?

Gligar :
Si.

Xatu :
Et il ne t'a pas dit de rester près de lui ?

Gligar :
Si.

Xatu :
Ah. Eh bien, je vois que tu lui as bien obéi...

Gligar :
Ben oui. Il est là.

Gligar pointe du doigt un cerisier.

Quagsire :
Je sais que je ne suis probablement pas le père parfait, mais tout de même...

Xatu :
Ah, chef Quagsire ! Mes plates excuses, je ne vous avais pas vu.

Quagsire - descendant de l'arbre  :
Aucun souci.
Faisant une révérence à Xatu : Gardien d'Ellora.

Xatu :
Oh, tu peux m'appeler Xatu. Même si c'est moche.

Quagsire :
Désolé pour ça. Gligar, excuse-toi auprès de Xatu. C'est quelqu'un de très important, le gardien d'Ellora. C'est même la personne la plus importante sur terre.

Gligar :
Importante, peut-être. Mais c'est quand même moche.

Quagsire :
Mais quelle crapule... Que viens-tu faire dans les parages ?

Xatu :
Ellora doit tester Muk.

Quagsire :
Muk ? Il a déjà atteint ses 19 ans ? Mon Dieu ! Que le temps passe vite...

Xatu :
Comment vont les affaires au village ? Les habitants se portent bien ?

Quagsire :
Oui, oui, tout le monde va bien... Un peu trop bien, même. C'est l'effervescence. Des petits jeunes qui veulent réinventer le monde. Je suis sûr que ça vient du petit Salazzle, ça. Ce n'est pas lui qui prend la parole, mais c'est forcément lui qui leur a mis ça dans la tête. Enfin... J'ai toujours voulu être à l'écoute et ouvert à la discussion. J'imagine que je l'ai mérité...

Xatu :
Quels changements veulent-ils ?

Quagsire :
Oh rassure-toi, rien qui soit susceptible de contrarier Ellora. Baisser l'âge du mariage à 17 ans et interdire les relations avec les stériles.

Xatu :
Ah. Je vois.

Quagsire :
Déjà que jusqu'ici, j'étais un peu débordé, alors avec tout le foin qui s'annonce... Ah, si seulement...

Xatu :
Si seulement ?

Quagsire :
Est-ce que j'ose te demander ? Non, non, ce serait complètement déplacé...

Xatu :
Sans doute. Mais demande quand même.

Quagsire :
Je me disais, ce serait bien pratique si ma mère était là pour s'occuper de Gligar pour quelques temps. Je sais que ça lui ferait immensément plaisir de voir son petit-fils... Mais c'est contraire à Ellora, non ?

Xatu :
Ellora s'en fiche. Le problème, c'est nous. Chaque village fonctionne différemment. Et c'est déjà compliqué pour les hommes qui doivent épouser une femme d'un autre village d'en accepter les règles. C'est pour ça que seuls les gardiens d'Ellora sont censés faire plus d'un voyage... Ta mère ne peut pas venir ici, ce serait très mal vu. Et entre son caractère et l'état du village...

Quagsire :
Je savais que c'était déplacé.

Xatu :
Oui. C'était très déplacé. Et pourtant, tu me l'as demandé. C'est donc que tu en as vraiment besoin. Ce que je peux éventuellement faire, si toutefois vous y consentez, c'est d'emmener Gligar chez sa grand-mère pour quelques temps.

Quagsire :
Oh... Xatu... Ce serait formidable.

Voix off :
« Entrée 8-0
Je suis Sunkern, 8è gardienne d'Ellora. Enfin, là nous sommes deux. Je commence à peine à savoir lire et écrire. La 7è gardienne m'a donc à l’œil. Je vais donc éviter de vous dire dès maintenant tout le mal que je pense d'elle. Elle rit. Au moins elle a le sens de l'humour... Par contre elle me corrige cinq fautes d'orthographe par phrase... Qui a inventé l'orthographe, d'ailleurs ? Parce que ça, c'est une invention dont je me serais bien passée... Sinon, je commence à apprivoiser l'ordinateur. C'est fou tout ce que c'est capable de faire. On dirait tout simplement de la magie. Je n'arrive pas à croire que ça a été fabriqué par des humains comme nous. Je me demande si on sera un jour capable de reconstruire de telles machines... »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
21 juin 2017 à 00:26:22

Ouais, fuck de chez fuck, en fait.

 

Scène 2

Xatu :
Avant que nous arrivions, Muk, il faut que je t'informe des pratiques de ce village. De manière générale, le village est très... Strict. Il a gardé un modèle familial très conservateur. Davantage que le tien. Toute relation hors-mariage y serait très sévèrement punie. Mortellement, même.

Muk :
Aucun souci pour moi. Je suis un romantique. J'ai envie de construire quelque chose avec elle. Quelque chose de fort, de sincère, de vrai. De pouvoir tout lui dire. Et qu'elle puisse tout me dire. D'entendre ses petits tracas. De connaître ses petites réactions. Et d'avoir des enfants... Ah... Non, aller voir une stérile, ce n'est pas pour moi.

Gligar :
C'est quoi une stérile ?

Xatu :
Un stérile, c'est un monsieur ou une madame qui ne peut pas avoir d'enfants.

Gligar :
Ah... Pourquoi ?

Xatu :
Pour des raisons que je ne maîtrise pas bien moi-même. Mais parce que la nature a connu quelque problèmes en route...

Gligar :
Ah... C'est triste de ne pas pouvoir avoir d'enfant...

Xatu :
Oui... C'est triste. Mais quelque part, ils ont aussi quelques légers avantages.

Gligar :
Comment ça ?

Xatu :
Eh bien... Ellora ne leur impose rien... Tu sais il y a quelques années, une grosse catastrophe est survenue sur Terre. Et il y a très peu d'humain qui y ont survécu. Tellement peu, qu'on doit faire attention à avoir des enfants avec la bonne personne, pour que l'on puisse se perpétuer. C'est pourquoi Ellora détermine qui doit épouser qui. Tu vois ?

Gligar :
C'est Ellora qui décide tout ?

Xatu :
Oui.

Gligar :
Et si elle se trompe, qu'est-ce qui se passe ?

Xatu :
Ellora ne se trompe jamais.

Gligar :
Comment elle fait pour ne pas se tromper ?

Xatu :
Eh bien, pour chaque personne elle récolte un cheveu, de la salive et d'autres choses. Ensuite elle les analyse, notamment l'ADN, et enfin elle détermine qui doit aller avec qui.

Gligar :
L'ADN ça dit de qui on est amoureux ?

Xatu :
Ah... C'est ça que tu veux dire... Non, l'ADN ne dit pas de qui tu es amoureux. Si tu veux voir les choses sous cet angle-là, alors en effet, Ellora peut se tromper. Elle met parfois ensemble des gens qui ne sont pas amoureux. Et dans ces cas là, les gens sont très tristes. Mais ils n'ont pas le droit d'avoir de relation avec quelqu'un d'un autre mariage, parce que ce serait prendre le risque d'avoir des enfants qu'Ellora n'approuve pas. Et quand ça arrive, Ellora se fâche très fort. Par contre les stériles, eux, n'auront de toute façon pas d'enfants. Donc ils peuvent avoir des relations avec qui ils veulent. Tu comprends ?

Gligar :
Non.

Xatu :
Ce n'est peut-être pas plus mal, en fait...

Gligar :
Et toi, Ellora elle s'est trompée ou pas ?

Muk :
Eh bien... Je n'y avais même pas pensé... Et si Ellora s'était trompée me concernant ? Je veux dire, si vraiment elle ne me plaisait pas ? Oh mon Dieu ! Elle est jolie ? Je n'ai pas besoin qu'elle soit très jolie... Mais juste, un peu jolie. Rien qu'un peu. Un tout petit peu. Qu'on puisse la regarder sans que ce soit désagréable, tu comprends ? Comment est-elle ? Xatu ! Dis-moi !

Xatu :
Meloetta ?

Muk :
Ah... Meloetta... J'adore ce nom... Il est si joli, si doux. Meloetta, elle ne peut être que belle, n'est-ce pas ?

Xatu :
Euh...

Muk :
Non ! Non ! Bien sûr que non... Ce nom est trop joli. Beaucoup trop joli. C'est parce que l'enfant était moche qu'on lui a donné un nom aussi joli, n'est-ce pas ? Comme pour compenser... Mon Dieu... Meloetta...

Xatu :
À ce propos, cela fait quelques temps déjà qu'elle a été testée, donc ne soit pas étonné si Meloetta te paraît un petit peu plus âgée que toi, d'autant que...

Muk :
Une vieille peau ! Je le savais. C'était trop beau !

Xatu :
Mais non voyons ! Elle a...

Muk :
Ne m'en dis pas davantage Xatu... Non, ne m'en dis pas davantage. C'est trop dur. Ah... Meloetta... Tout était si parfait. Un magnifique mari avec une magnifique jeune femme. Avec un magnifique nom. Et de belles boucles rousses qui tombent sur ses épaules dans une tendre symphonie lumineuse. Un petit sourire timide. De grands yeux verts qui vous font fondre. Des tâches de rousseurs qui recouvrent ses douces joues... Ah Meloetta... Mais non ! Il a fallu que tu sois une vieille peau ! Rah... Xatu ! Pourquoi moi ? Pourquoi ? Et pourquoi tu ne dis plus rien ?

Xatu :
Tu m'as ordonné de ne pas en dire davantage, alors...

Muk :
Ah tais-toi ! Vieil ingrat. Et toi Gligar ? Toi non plus, tu ne dis rien ? Aucune compassion pour un pauvre homme fauché dans ses rêves... Gligar... Tu verras, quand tu seras à ma place, tu verras... Ô Dieu ! Pourquoi tant de haine ? Pourquoi...

Gligar – bas, à Xatu :
Pauvre Meloetta...

Xatu adresse un sourire à Gligar. Le décor arrête de défiler derrière eux. Progressivement, la lumière se fait sur les éléments de l'autre moité de la scène, représentant le village.

Xatu :
Nous voilà arrivés ! Derrière cette allée de saules pleureurs se cachent les premières hutte. Tu pourras très vite embrasser ta chère et tendre, Muk.

Muk :
Moque-toi de la tragédie d'un pauvre homme. Tu n'as vraiment honte de rien. Indigne gardien !

Xatu :
Alors, si je me souviens bien, c'est cette hutte-là.

Pinsir déboule de derrière un élément décor. Il manque de percuter Xatu.

Pinsir :
Oh, pardon... Ça alors, gardien d'Ellora !

Xatu :
Pinsir ! Bonjour. Mais dis-moi, tu m'as l'air fort troublé. Que t'arrive-t-il ?

Pinsir :
Oui, en effet... Je... On peut dire que tu tombes à pic. J'aurais besoin de... Mais pardon je suis très malpoli... Bonjour.

Xatu :
Et je manque à tous mes devoirs : Muk, Gligar, je vous présente Pinsir.

Pinsir :
Comment se fait-il que tu voyages avec un enfant, gardien ?

Xatu :
Oh, les voies d'Ellora sont impénétrables... Écoute, je vais aller présenter Muk à son épouse, et si ils consentent à garder Gligar quelques temps, je passe chez toi dans la foulée. Nous serons plus à l'aise pour discuter, j'imagine ?

Pinsir :
Merci gardien, merci. Je vais prévenir cheffe Shedinja de ton arrivée. À... À très vite...

Xatu frappe à la porte. Blissey l'ouvre.

Muk :
Oh ! Mon Dieu !

Il lui fait la bise.

Gligar :
Oulà, elle est moche.

Muk :
Que tu es belle ! Un peu vieille, certes, mais tellement belle ! Dieu merci ! Que je suis heureux !
Il l'embrasse sur la bouche.
J'avais tellement peur ! Et voilà, en un regard, je suis déjà amoureux ! Et Xatu qui me faisait peur cet idiot ! Ah... Magnifique !
Il l'embrasse encore. Elle le repousse.
Ne crains rien, c'est Ellora qui m'envoie ! Merci Ellora, merci !

Blissey :
Quoi ?!

Muk :
Mais oui, n'est-ce pas merveilleux, mon amour.

Il l'embrasse à nouveau.

Blissey :
Mais cesse ! Tu es fou, ma parole !

Xatu :
Alors, il y a un léger malentendu... Je vous présente Muk, qui doit épouser Meloetta. Et donc Muk, voici Blissey, la mère de Meloetta... Meloetta qui est juste là, derrière.

Muk :
Mais... Tu m'avais dit qu'elle serait âgée, alors...

Xatu :
J'ai dit un peu plus âgée. Un peu. Ici l'âge du mariage est à 21 ans. Et elle a été testé il y a deux ans. Elle en a 23. Pas 46.

Muk :
Je suis...

Xatu :
Pendant que Muk vous présente ses plates excuses, est-ce que vous pourriez garder le petit Gligar quelques temps ? Je dois m'enquérir d'une autre affaire dans ce village...

Silence.

Xatu :
Merci infiniment. Je n'en ai pas pour long.

Long silence.

Meloetta :
L'abruti...

Voix off :
« Entrée 8-3
Demain, nous irons conduire un test marital. C'est amusant, quand on y pense. La plupart d'entre nous n'assistons à un de ces tests qu'une fois dans notre vie : lorsqu'on passe le nôtre. Mais moi, je vais assister très prochainement à un autre test, le second d'une longue liste. Le mien se sera avéré particulièrement bouleversant. Mais au fond, chaque test est un peu le tournant d'une vie. Encore davantage pour les hommes. Il peut se traduire par un changement de village, et donc un changement de règles, de traditions, voire de mode de vie. Tout ça déterminé par cette petit boîte magique et mystérieuse... »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
22 juin 2017 à 01:03:40

C'est ça, continue de faire la morte de ton côté. Insolente. Je vais mal moi. Mais ça tu t'en fous hein ? Tu me laisses errer dans mes journées, me contentant de ruminer un amour déjà perdu...

 

Scène 3

Flaffy sanglote. Shedinja et Pinsir attendent, l'air grave. Xatu tape à la hutte. Pinsir lui ouvre.

Xatu – avec une révérence :
Cheffe Shedinja.

Shedinja – avec une révérence :
Gardien d'Ellora.

Xatu :
Bonjour Flaffy.

Shedinja :
Ne la salue pas. Elle n'en vaut pas la peine. Cette misérable. Cette chienne. Cette irresponsable écervelée !

Flaffy :
Papa...

Pinsir :
Je te l'ai déjà dit, ma fille, j'étais obligé de prévenir cheffe Shedinja. Quand on a fauté, on en assume les conséquences.

Shedinja :
Désolée de vous gaspiller votre précieux temps, ô gardien. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais déjà punis cette petite écervelée de la sentence qu'elle mérite ! Mais cet incapable de Pinsir n'a pas manqué de me faire rappeler qu'il y avait quelqu'un au dessus de moi, et que si je voulais exécuter son idiote de fille sans ton approbation, il me faudrait d'abord lui passer sur le corps...

Xatu, l'air grave, prend quelques temps pour réfléchir.

Xatu :
J'en déduis que la petite est enceinte... On sait qui est le père ?

Shedinja :
Non ! Cette garce ne veut même pas le dénoncer ! Mais qu'à cela ne tienne... Elle servira d'exemple à tout le village ! Pas de relation hors mariage ! Jamais ! Tsss... Et à même pas 19 ans... Tu me dégoûtes, petite, tu me dégoûtes !

Xatu :
S'il vous plaît, cheffe Shedinja, restons calme. Je comprends votre colère, mais évitons d'alerter tout le village.

Shedinja :
De toute façon, demain dès l'aube, tout le village saura.

Xatu :
Tout le village saura ? Tout le village saura qu'il s'y cache un homme qui féconde une adolescente, hors mariage ? Et que son crime est impuni ? Allons Shedinja. Reprenons-nous. Je comprends ton horreur. Les lois se doivent d'être respectées, je te suis totalement là dessus. Mais nous ne devons pas perdre de vue le pourquoi de ces lois. Pourquoi ne doit-on pas avoir de relation hors-mariage ? Pour maintenir à flot un patrimoine génétique suffisamment varié pour nous perpétuer. Et par ailleurs, vous n'êtes pas sans savoir que certains individus ont un génome particulièrement précieux, et qu'Ellora veut à tout prix qu'ils vivent. Et si Flaffy était l'un de ces individus importants ? Ce serait une grosse erreur pour l'humanité que de l'exécuter...

Shedinja :
Si elle était importante, on le saurait au test natal, non ?

Xatu :
Non, le test natal est superficiel et analyse de quelle façon les allèles du père et de la mère se sont répartis. Le test marital lui est plus poussé, et recherche les éventuelles mutations. Il est effectivement peu probable qu'elle soit importante, mais on ne sait jamais. Commençons par faire le test, et nous aviserons ensuite. Voilà qui me paraît plus sage.

Shedinja :
Elle n'a pas encore 21 ans, on ne va pas attendre 2 ans pour l'exécuter.

Xatu :
19 ans est un âge suffisamment avancé pour faire le test marital. Ellora impose que les testés aient au moins 16 ans. C'est nous qui décidons d'attendre un âge plus sage. Mais dans certains villages décadents, les tests sont faits dès l'âge de 17 ans, tu sais... Alors, cela te convient-il ?

Shedinja :
Mouais...

Xatu :
Vous connaissez la procédure ?

Shedinja et Pinsir sortent.

Xatu :
Allons, Flaffy. Sèche tes larmes. Ce test est ton dernier espoir, tâchons de le faire correctement... Alors... Commençons par les questions. Si tu devais être un animal, lequel serais-tu ?

Noir.

Voix off :
« Entrée 8-4
Je ne me souvenais pas qu'Ellora posait autant de questions pour cette partie psychologique du test. C'est peut-être parce que cette fois, j'ai dû lire chacune d'elles au lieu de me contenter de les écouter. Bizarre qu'elle arrive à tirer des conclusions d'un amas aussi difformes de réponses... Enfin... »

Silence dans la hutte. Shedinja et Pinsir sont revenus. Une sonnerie indique que le calcul du résultat est terminé.

Xatu :
Ah ! Voilà qui est intéressant !

Pinsir :
Elle est importante ?

Xatu :
Non.

Flaffy s'effondre en sanglot.

Shedinja :
Évidemment qu'elle n'est pas importante ! Comment une telle traînée pourrait-elle être importante ?

Xatu :
Attends, Shedinja. Je me suis mal exprimé. Elle n'est pas directement importante, mais elle l'est tout de même.

Shedinja :
Qu'est-ce tu me racontes ?

Xatu :
Elle n'est pas importante, mais elle est destinée à épouser Rowlet, du village de Cholux. Qui lui, par contre, est important.

Shedinja :
Quoi ?

Xatu :
Parfaitement. Rowlet, jeune homme droit et irréprochable. Dont l'épouse la plus adaptée est Flaffy. Si elle meurt, ce n'est pas seulement elle que l'on punit, mais aussi ce pauvre Rowlet.

Shedinja :
C'est inadmissible. Je me fiche de ce Rowlet ! Un telle insolence doit être punie !

Xatu :
Je comprends parfaitement ton point de vue Shedinja. Et je ne te suis que trop reconnaissant de l'ardeur que tu déploies pour faire respecter ces lois pleines de sens. Mais voyons les choses sous un autre angle, plus pragmatique. Pourquoi devrions-nous la punir ? Pour servir d'exemple. Mais, si nous la punissons pour son crime, ce serait avouer que ce crime a eu lieu. Cela montrerait que des gens enfreignent une loi aussi importante, et que de surcroît, l'un des deux reste impuni. Cela ne renforcerait pas ton autorité, cela l'affaiblirait. Par contre, nous pourrions la punir sévèrement pour une faute minime. Ainsi, le village ignore tout de son crime, mais voit avec quelle intransigeance tu punis. Toutefois, il ne faut pas trop l'abîmer, elle doit rester en mesure d'être présentable à Rowlet. Je propose d'une part, de la ligoter à l'arbre du centre du village pendant une demie journée. Et chaque fois qu'un habitant passe, il devra lui cracher dessus. Et ensuite, de la bannir du village. Cela évitera que cette petite délinquante y répande son insolence. Et rester dans son lieu de naissance serait une maigre consolation pour ce brave Rowlet, qui subit la triste injustice d'épouser une femme si indigne de lui en vertu. Tout ceci me semble une punition appropriée pour quelqu'un qui a oublié de saluer le gardien d'Ellora quand il est entré dans sa hutte. Qu'en dis-tu ?

Shedinja après un temps de réflexion :
Ligotée pendant deux semaines.

Xatu :
Sa grossesse risquerait de devenir apparente. Et toi-même, tu ne supporterais pas sa vue très longtemps...

Shedinja :
Hmm... C'est pas faux...

Xatu :
J'aurais d'ailleurs aimé ne faire qu'un voyage, et ne pas avoir à revenir ici afin de l'emmener dans le village de Cholux. Mais je dois repartir demain au plus tard.

Shedinja :
Va pour une demie-journée. Mais chacun devra lui cracher trois fois au visage.

Xatu :
Tu fais une cheffe fort sage, Shedinja.

Shedinja :
Je reviens te chercher dans une demie-heure, insolente. Je veux que tu sois punie le plus vite possible. Plus tôt tu seras hors de ma vue, mieux ce sera.

Shedinja sort.

Pinsir :
Gardien... Je ne sais pas comment te remercier...

Xatu :
Je n'ai fait que mon devoir, Pinsir. Ni plus ni moins. C'est moi qui te remercie d'avoir poussé Shedinja à m'attendre. Vraiment.

Voix off :
« Entrée 8-6
Ça y est. Me voilà autonome. Première entrée de ce journal que je rédige vraiment toute seule. Première véritable entrée de ce journal, donc. Et la vérité c'est que... Je suis en panique totale. Je me sens tellement incapable de cette tâche... Ellora ne se trompe jamais ? Mon œil... Surtout quand je vois la précédente gardienne. Si elle faisait une bonne gardienne, c'est que j'en ferai une mauvaise... Elle m'a toujours fait un peu peur. Tellement froide... Pendant qu'elle me formait, il est vrai que je lui ai découvert une facette plus chaleureuse. À un moment, j'en étais même à penser qu'on était pas si différente, elle et moi. Et puis il y a eu... L'ordre de suppression... Qu'elle a exécuté si facilement. En moins d'une heure, elle était redevenu la figure froide et traumatisante qui ne cessera jamais de hanter mes cauchemars. »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
24 juin 2017 à 02:43:34

C'est ça. Ignorez-moi toutes.... Odieuses bonnes femmes...

 

Scène 4

Blissey :
Je vous ai préparé la chambre nuptiale... Voilà... Donc, le lit est là. Oui... Et puis il y a la chandelle. Là... Et vous pouvez un peu tamiser avec le cache-chandelle. Voilà... Ou alors vous pouvez allumer une deuxième chandelle si vous préférez vous… Enfin... Je… Je vais peut-être vous laisser... Je crois... Oui... Je vous laisse... Bonne... Bonne nuit.

Elle sort. Un silence.

Muk :
C'était un beau mariage.

Meloetta :
Oui... C'était un beau mariage... Dans ton village aussi… ?

Muk :
Oui. Oui, pareil…

Meloetta :
Alors, euh….

Muk :
Je m'excuse encore pour…

Meloetta :
Je préfère ne pas en parler.

Muk :
Mais toi aussi tu es…
Elle lui lance un regard noir.
Pardon.

Meloetta :
Alors…

Muk :
Ouais...

Meloetta :
Ouais.

Muk :
Tu as déjà… ?

Meloetta :
Déjà ?

Muk :
Déjà…

Meloetta :
Bah non !

Muk :
Non mais, bien sûr. Mais je voulais dire… Toute seule ?

Meloetta :
Ah… Alors, oui.

Muk :
Ah…

Meloetta :
Je crois.

Muk :
Tu…. Tu crois ?

Meloetta :
C'était... Pas terrible...

Muk :
Ah.

Meloetta :
Et toi tu as déjà… ?

Muk :
Ouh que oui… Euh… Je veux dire... oui.

Meloetta :
Ah.

Muk :
Oui.

Meloetta :
Et… C'était bien ?

Muk :
Je… Oui. Mais des fois… Moins. Je…

Meloetta :
Ah ok… Voilà... Voilà, voilà.

Muk :
Alors il ne nous reste plus qu'à…

Meloetta :
Oui.

Muk :
Alors je…

Blissey frappe à la porte. Meloetta lâche un soupir de soulagement.

Meloetta :
Je vais ouvrir.

Blissey :
Ah, vous n'avez pas encore…

Muk :
Non, non… On n'a pas encore…

Blissey :
Je vous ai ramené une… Couverture pour… Comme il fait un peu frais pour la saison, je me suis dit…

Meloetta :
Merci maman. C'est… C'est gentil.

Blissey :
Ça va aller ?

Muk :
Oui, oui.

Meloetta :
Oui, oui. Oui, oui. Oui...

Blissey :
Ok... Alors je… Je vous laisse.

Blissey sort.

Meloetta :
Donc ?

Muk :
Donc ?

Blissey rentre.

Blissey :
Mais si jamais vous avez des questions… Vous… Vous savez je… Je peux vous répondre.

Muk :
Non, je… Je crois que ça va.

Meloetta :
Oui, oui. Non, les questions… Ça, ça va…

Blissey :
Ok... Alors je… Je vous laisse.

Blissey sort.

Muk :
Donc…

Meloetta :
Donc ?

Blissey rentre.

Blissey :
Mais parce que vous savez, il n'y a pas de honte à poser des questions. On est tous passé par...

Muk :
Oui. Oui, oui.

Meloetta :
Non mais, oui. C'est… C'est bon… Vraiment. De ce côté là…

Blissey :
Sûre ?

Meloetta :
Oui. Sûre.

Blissey :
Bon alors… J'y vais…

Meloetta :
Donc…

Muk :
Donc ?

Ils se retournent vers la porte. Puis se retournent à nouveau l'un vers l'autre.

Meloetta :
Donc…

Blissey rentre.

Blissey :
Mais même si c'est pas des questions… Si je peux faire quelque chose… Vous… Vous me dites.

Meloetta :
Ça va maman. Ça va…

Muk :
Oui, oui. Merci pour tout, mais… ça va…

Blissey :
Ok, ok. Alors je… Je vous laisse.

Blissey sort.

Muk :
Enfin... ça va…

Meloetta :
Oui… Non mais ça va aller.

Muk :
Oui, oui ça va aller.

Meloetta :
Oui… Oui, oui...

Ils se fuient du regard. Silence.

Meloetta :
Donc…?

Muk :
Ah, oui… Donc…

Meloetta :
Je… Je me… Ou alors tu te… Ou alors… Je te… ? Ou tu me… ?

Muk :
Tu te… Tu te…

Meloetta :
Ok. Alors je me…

Muk :
Ah moins que…. Si tu préfères que d'abord….

Meloetta :
Non, non je… Ou alors si, si…

Muk :
Ok… Alors je…

Il se met torse nu, lui tournant le dos.

Muk :
Et là je... Je continue ?

Meloetta :
Oui, je… Ou alors, je… ?

Muk :
Oui… Oui peut-être… C'est mieux si tu….

Meloetta :
D'accord, je me...

Elle se met torse nu. Ils se tournent mutuellement le dos.

Muk :
Ou peut-être…

Meloetta :
Peut-être ?

Muk :
Peut-être qu'on devrait…

Meloetta :
On devrait… ?

Muk :
Ne le prend pas mal, mais…

Meloetta :
Mais ?

Muk :
Peut-être qu'on devrait…

Meloetta :
On devrait… ?

Muk :
Reporter ?

Meloetta :
Oh ! Dieu merci ! Oui… Oui… Reportons.

Muk :
Alors… Reportons.

Meloetta :
Enfin je… Je voulais pas te…

Muk :
Me ?

Meloetta :
Te… Te vexer… Tu…

Muk :
Ah non mais… Pas de souci. Re… Reportons.

Meloetta :
Reportons.

Ils se rhabillent.

Muk :
On n'est pas pressé.

Meloetta :
On n'est pas pressé.

Muk :
Un jour il faudra que…

Meloetta :
Oui. Oui ça c'est sûr, un jour il faudra que…

Muk :
Oui

Meloetta :
Oui.

Muk :
Mais on n'est pas pressé.

Meloetta :
Non.

Muk :
On va y aller petit à petit...

Meloetta :
On va y aller petit à petit.

Muk :
Ce soir… On a enlevé le haut…

Meloetta :
Oui…

Muk :
Demain on enlève… Le bas…

Meloetta :
Oui…

Muk :
Et le jour après… On…

Meloetta :
On se regarde ?

Muk :
On se regarde.

Meloetta :
Et après…

Muk :
Après…

Meloetta :
Après…

Silence.

Muk :
Non mais ça va aller…

Meloetta :
Oui… Oui… Après ça va aller.

Muk :
Oui… Oui… Oui.

Meloetta :
Alors… Bonne nuit ?

Muk :
Oui. Bonne nuit.

Ils éteignent la chandelle.

Muk :
Ah, mais… Demain…

Meloetta :
Demain ?

Muk :
Demain…

Meloetta :
Demain on enlève le bas.

Muk :
Non mais… Oui… Mais je veux dire, demain...

Meloetta :
Demain ?

Muk :
Ta mère.

Meloetta :
Ma mère ?

Muk :
Oui ta mère…

Meloetta :
Qu'est-ce que tu lui veux encore à ma mère !

Muk :
Hein ? Non mais non, je parlais pas de ça… Je suis désolé d'ailleurs, encore une fois je….

Meloetta :
Je préfère ne pas en parler.

Muk :
Oui, pardon… Mais là c'est toi qui…

Meloetta :
Arrête d'en parler !

Muk :
D'accord, d'accord… Mais demain…

Meloetta :
Demain ?

Muk :
Elle va nous demander… Comment c'était…

Meloetta :
Ah… Oui. Oui… Oui c'est sûr qu'elle va demander, oui… … Fait chier…

Muk :
Et on lui dira... ?

Meloetta :
On lui dit…

Muk :
Que c'était bien ?

Meloetta :
Que c'était bien.

Muk :
Super.

Meloetta :
Génial.

Muk :
À refaire.

Meloetta :
Meilleure nuit de noce de tous les temps.

Muk :
La meilleure.

Meloetta :
Trois fois.

Muk :
Trois fois. Trois fois ?

Meloetta :
Deux fois ?

Muk :
Deux fois…

Meloetta :
Deux fois. C'est bien deux fois.

Muk :
Oui… Oui, deux c'est bien…

Meloetta :
C'est bien...

Muk :
Deux fois...

Voix off :
« Entrée 8-8
Je suis étonnée d'être autant écoutée. Juste parce qu'Ellora m'a désignée. Me voilà auréolée d'un halo de sagesse dans les yeux de chacun. Alors que je n'ai pas vraiment changé... Avant, on ne me respectait pas autant. Mais là, pouf, celle qui était universellement reconnue comme banale voire un peu inférieure se retrouve soudainement propulsée tout en haut dans l'estime de tous. Et le pire c'est que... Avant, je me sentais bien plus capable d'accomplir les tâches qui m'incombaient que maintenant... Le pouvoir d'Ellora semble sans limite. C'est d'ailleurs bien la seule chose qui semble invariable d'un village à l'autre : le culte que l'on voue à Ellora. »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
01 juillet 2017 à 13:42:52

Non mais sérieusement ? Je poste rien pendant une semaine et tu t'en contre-balance ? T'en as à ce point là rien à foutre que je crève, ou ta fierté débile t'interdis de t'abaisser à montrer tes inquiétudes ?
À défaut de s'aimer comme au premier jour, je croyais que nous avions tout de même un peu plus de respect mutuel que cela...

 

Scène 5

Ils toquent à la hutte. Pas de réponse.

Xatu :
On dirait que Swanna est sortie. Attendons-la à l'intérieur, on va lui faire une surprise.

Gligar :
Mais... On a le droit de faire ça ?

Xatu :
Normalement, non, on ne doit pas entrer chez les gens sans leur consentement. Mais c'est une très bonne amie. Elle m'a toujours dit de faire comme chez moi.

Ils se posent. Silence. Flaffy a l'air ailleurs.

Gligar :
Pourquoi elle est triste la dame ?

Xatu :
Flaffy ? Elle est triste parce qu'elle ne peut pas vivre avec l'homme qu'elle aime.

Gligar :
C'est Ellora qui s'est trompée ?

Xatu :
En un sens, oui...

Silence.

Gligar :
Mais c'est qui Ellora en fait ?

Xatu :
Ellora ? Elle est là dedans.

Gligar :
Quoi ? Mais elle est vraiment toute petite !

Xatu :
Ellora n'est pas une femme. C'est une intelligence artificielle. La seule qu'il nous reste.

Gligar :
Une quoi ?

Xatu :
Une intelligence artificielle. C'est... C'est pas important. Sache juste que c'est quelqu'un de très ancien. Elle est beaucoup plus intelligente que nous, elle sait des choses que nous ne saurions pas sans elle, et on doit l'écouter. C'est ça qu'il faut retenir.

Gligar :
Oui, ça je sais. Mais je ne sais même pas à quoi elle ressemble.

Xatu - il ouvre la mallette et en sort un ordinateur portable :
C'est ça que tu veux voir ?

Gligar :
C'est elle Ellora ?

Xatu :
Oui.

Gligar :
Elle est moche...

Swanna entre en scène.

Swanna :
Xatu !

Xatu :
Swanna ! ... Comme tu le vois, je me suis permis d'entrer...

Swanna :
Tu as bien fait ! Ah... Tu m'as tellement manqué... Tu es ici pour longtemps ?

Xatu :
Malheureusement, non. Je dois emmener le petit Gligar dans un autre village. Mais avant, je suis venu déposer Flaffy, comme c'était sur ma route... Gligar, Flaffy, je vous présente Swanna, une des chefs du village.

Gligar :
Bonjour...

Flaffy :
Cheffe Swanna...

Swanna :
Bonjour ! Venez, je vais vous servir une petite collation.

Flaffy :
Alors tu es la cheffe de ce village ?

Swanna :
Je ne suis pas la seule. Dans ce village, nous sommes trois chefs. Nous prenons les décisions ensemble, et nous nous occupons chacun en particulier d'un domaine. Mes deux collègues s'occupent surtout de la gestion des ressources, des tâches et du calendrier. Moi je m'occupe notamment de la formation et l'instruction des enfants. Je suis aussi responsable de la bibliothèque.

Flaffy :
La bibliothèque ?

Swanna :
Oui, la bibliothèque... Bien sûr, c'est un bien grand mot comparé à avant la catastrophe. Mais nous avons tout de même deux cents livres. Répartis entre deux villages. Xatu fait d'ailleurs la navette, comme ça j'ai l'opportunité d'en lire de nouveau.

Xatu :
Ah ! Le livre suivant.

Swanna :
Merci ! Encore un Agatha Christie ? Elle en a vraiment écrit un paquet...

Xatu :
Oui. Un des 29 devait être fan.

Swanna :
Je me suis toujours demandée... Tu crois que tous les auteurs étaient aussi prolifiques qu'elle, à l'époque ?

Xatu :
Va savoir...

Swanna :
Et voilà, Le joueur d'échecs, de Stéphane Zweig... Je ne l'ai lu qu'une fois. Cela fait partie de ces livres marquants, mais qu'on n'a pas vraiment envie de relire.

Flaffy :
Tu sais jouer aux échecs ?

Swanna :
Vous y jouez dans ton village ? Ça alors, c'est fou... J'ai mis longtemps à comprendre de quoi il s'agissait vaguement, dans le livre...

Xatu :
Swanna... J'ai aussi un service à te demander.

Swanna :
Et que puis-je faire pour vous, ô gardien d'Ellora ?

Xatu :
Eh bien... Flaffy a été désignée par Ellora pour épouser Rowlet. Mais je voudrais attendre avant de les présenter. Car Flaffy est... atteinte d'une maladie un peu spéciale. Une maladie qui dure neuf mois. Il est vrai que si elle l'a attrapé, c'est qu'elle a désobéi aux précautions d'usages, évidemment. Elle en a déjà été punie dans son village. C'est d'ailleurs pour ça que c'est elle qui change de village plutôt que l'époux. Mais j'ai jugé qu'il était sans doute mieux pour elle de ne pas être punie une seconde fois pour la même faute. Peut-être qu'il serait mieux que personne d'autre ne la voie avant qu'elle soit... guérie. Je me demandais donc si tu pouvais t'occuper d'elle, le temps que le mal passe. Comme ta hutte est assez à l'écart du village, je pense que les cris de douleurs ne devraient pas parvenir à leurs oreilles.

Swanna :
Je comprends. Je te reconnais bien là, ô gardien. Je suis d'accord, je préférerais qu'elle ne soit pas punie deux fois... Mais... J'ai peur que l'éloignement de ma hutte ne soit pas suffisant, d'autant qu'il m'arrive de recevoir de la visite.

Xatu :
Ah... Tu as raison... En ce cas... On pourrait y aller franc jeu : Flaffy souffre bel et bien d'une sorte de maladie. Qui ne risque pas de te contaminer, et ça, le gardien d'Ellora s'en porte garant. Par contre, les autres villageois n'ont pas été testés. Ils auront peur d'être contaminés et devraient vous laisser tranquilles. Je reviendrai en temps voulu, vérifier qu'elle est bien guérie, et pourrait alors la présenter à Rowlet... Cependant, n'hésite pas à refuser si cela te paraît trop... En fait... Refuse, c'est plus sage.

Swanna :
Non. Je refuse de refuser. À quoi bon être une des cheffes si on ne peut pas prendre quelques risques ?

Flaffy :
Je... Je ne sais pas quoi dire. Je ne comprends pas. Quand je t'entendais parler à Shedinja, la façon dont tu m'évoquais... J'avais l'impression que tu me détestais, toi aussi...

Xatu :
Je ne te déteste pas, Flaffy. J'essaie simplement d'être le plus juste possible. Tu as commis une faute, certes grave, mais tellement humaine...

Flaffy :
Par curiosité... Ici, comment sont punies les personnes qui... Enfreignent ce genre de loi ?

Swanna :
Ce village est très débonnaire. La peine de mort n'y a pas court. Les fauteurs sont de corvée pour toutes les tâches ingrates, pendant trois mois. Et ils perdent également leur droit au calendrier.

Flaffy :
Le droit au calendrier ?

Xatu :
Oui. Chaque village a sa vision de la famille, ou presque. Et ici...

Il lance un regard à Swanna.

Swanna :
Gligar, tu veux jouer à un jeu ? Je te cache les oreilles, et tu dois deviner quel mot j'ai dit juste en regardant mes lèvres bouger, d'accord ?

Xatu :
Ici, on n'a évidemment pas le droit de s'adonner à des actes de procréation avec d'autres personnes que son époux. Mais il y a d'autres...

Gligar :
Poulet ?

Xatu :
… plaisirs auxquels elles peuvent s'adonner. Et ici la norme est aux activités... à trois.

Gligar :
Jouet ?

Xatu :
Les fondateurs étaient même convaincus que ces pratiques amplifient la libido, et aident donc les couples à... féconder. Donc ici, par alternance, chacun des époux peut demander qu'une personne les rejoignent, pour la nuit.

Gligar :
Papet ?

Xatu :
Sauf que, certaines personnes étant dans un autre couple... Les choses deviennent compliquées. Et c'est donc une des tâches d'un des chefs du village de résoudre le calendrier, désignant qui passe la nuit avec qui pour chaque soir.

Gligar :
Toupet ?

Xatu :
Et il paraît que c'est un tel casse-tête que c'est devenu de loin sa tâche principale...

Flaffy :
C'est... glauque ?

Xatu :
Mets-toi à la place de gens d'ici. J'imagine que...

Gligar :
Ivresse ?

Xatu :
Tu as déjà été amoureuse. Très amoureuse, même. Vu que tu as tu son nom, à tout prix. Une fois qu'Ellora t'a marié à quelqu'un, tu as envie de passer ta vie entière à t'accoupler avec cette personne dont tu n'es pas amoureuse  ?

Gligar :
Belle fesse ?

Xatu :
Certains ont estimé qu'ils préféreraient pouvoir s'adonner à toutes formes de plaisir, en étant en présence de leur époux mais également de leur amoureux. Bien sûr, comme ton amoureux est resté dans ton village...

Gligar :
Noblesse ?

Xatu :
Mais je pense que tu seras tout de même plus heureuse ici que si tu étais resté là-bas, à le croiser tous les jours, mais sans pouvoir jamais être avec lui... Me trompe-je ?

Gligar :
Souplesse ?

Swanna :
Oui bravo !

Flaffy :
Non... Non, tu as raison... Mais... Ce droit au calendrier me paraît tellement glauque...

Xatu prend le relais de Swanna, couvrant les oreilles de Gligar.

Swanna :
Il y a alternance. Donc si tu ne veux pas utiliser ton droit au calendrier, ton époux ne pourra l'invoquer qu'une seule fois. Sauf si tu as perdu ton droit au calendrier en commettant une faute, là il peut s'en servir comme bon lui semble.

Gligar :
Barbare ?

Swanna :
Mais tu sais, en général, sur les deux, il y a toujours une personne qui trouve ça glauque. Et puis, avec la première fois, elle se rend compte que ce n'est pas si terrible, et elle se met à utiliser son droit au calendrier elle aussi...

Gligar :
Fêtard ?

Swanna :
Pour finir, les seules personnes mariées à ne pas l'avoir utilisé sont celles dont l'époux ne l'a pas utilisé non plus.

Flaffy :
Toi, tu l'as déjà fait ?

Gligar :
Foulard ?

Swanna :
Non. Et j'espère que... Je n'aurai jamais à le faire...

Gligar :
Hilare ?

Xatu :
Oui ! Bravo !

Flaffy :
Et toi Xatu, tu en penses quoi ?

Xatu :
Moi ?

Flaffy :
Toi qui connais tous les villages, lequel est le meilleur, pour y vivre ?

Xatu :
Je suis gardien d'Ellora. Je ne suis pas là pour juger. Je dois me mettre à la place de chacun, comprendre leur choix, les accepter et me mettre au service de tous. De toute façon, je ne pense pas qu'un village soit meilleur que l'autre. Chacun a ses avantages et ses crève-cœur...

Flaffy :
D'accord, mais.. Si tu étais amoureux d'une femme, et marié à une autre. Dans quel village préférerais-tu vivre ?

Xatu :
Je... Je ne sais pas...

Flaffy :
Au fait, qu'est-ce qu'il arrivera pour... Ma fin de maladie.

Xatu :
Comme d'habitude. Ellora la testera en temps voulu. Mais, malheureusement, il y a peu de chances qu'elle l'approuve... Auquel cas, je n'aurai pas le choix, désolé...

Elle baisse les yeux.

Xatu :
Bon, il se fait tard. Je dois encore aller saluer les autres chefs et leur demander l'hospitalité. Du coup, bonne soirée Mesdames. Je reviendrai vous dire au revoir demain. Allons-y Gligar.

Flaffy :
Xatu... Une dernière question... C'est vrai que... Rowlet est particulièrement important pour Ellora ?

Xatu :
S'il n'était pas important, cela ferait de moi un très mauvais gardien, tu ne crois pas ?

Voix off :
« Entrée 8-31
Mon Dieu. Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu... C'est arrivé. Le moment que je redoutais tant... Le premier ordre de suppression. Et je ne suis pas prête. Je ne le serais jamais. Devoir tuer un bébé... Comment pourrais-je ? Comment Ellora peut-elle penser qu'on est capable d'exécuter un tel ordre, elle qui est supposée être si intelligente ? Et surtout... Comment les précédents gardiens ont-ils pu ? Comment... En fait, je sais comment. En étant froid. Mon Dieu... Je vais devoir le faire. Il faut que je le fasse. Si Ellora m'a choisie, c'est que j'en suis capable. Non ? Pour l'humanité, je dois... Pour l'humanité... »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
09 juillet 2017 à 00:03:22

Bon, ben puisqu'il en est ainsi...

 

Scène 6

Muk :
Ok...

Meloetta :
Ok.

Muk :
Ça va aller...

Meloetta :
Oui...

Muk :
On commence...

Meloetta :
On commence.

Ils se tournent, se mettant donc dos à dos.

Muk :
Comme le premier soir, j'enlève...

Meloetta :
Oui... Et moi je....

Muk :
Oui.

Ils enlèvent leurs hauts.

Meloetta :
Et puis je...

Muk :
Oui.

Meloetta :
Et puis....

Muk :
Et puis je...

Ils enlèvent leurs bas. Ils sont en collant couleur chair, symbolisant leur nudité. Éventuellement, des carrés de nuances plus sombres sont dessinés au niveau de leurs entrejambes, à la manière d'une image « floutée ».

Meloetta :
Et maintenant... On se regarde.

Muk :
On se regarde...

Ils se font enfin face.

Meloetta :
Et maintenant on...

Muk :
On...

Meloetta :
On y va ?

Muk :
On va y aller...

Meloetta :
Allons-y

Muk :
Je te... Comme ça ?

Il pose sa main sur la hanche de Meloetta.

Meloetta :
Comme ça...

Muk :
Ou peut-être plus comme ça ?

Il déplace sa main, la mettant sur l'épaule de Meloetta.

Meloetta :
Et je... ?

Elle pose une main sur la hanche de Muk.

Muk :
Ou…

Il repose sa main sur sa hanche. Silence.

Muk :
Ben voilà, on est bien là…

Meloetta :
Oui, on est… Non... Non on n'est pas bien là… On n'est pas bien du tout.

Muk :
Oui... Non

Meloetta :
Je... Je suis désolée... C'est de ma faute.

Muk :
Ah bon ?

Meloetta :
Oui… Je te jure j'essaie, mais… Je suis vraiment désolée. Oh.... Je suis une si mauvaise épouse… Mais… Tu ne m'attires pas du tout…

Muk :
Toi non plus ?!

Meloetta :
Quoi ?

Muk :
Parce que moi non plus, je ne suis mais alors pas du tout attiré par toi !

Meloetta :
Ah oui ?

Muk :
Ouh oui !

Meloetta :
On ne s'attire pas !

Muk :
On ne s'attire vraiment pas !

Meloetta :
Mutuellement !

Muk :
Comme quoi... On a quand même quelques points communs !

Meloetta :
Bah oui ! On ne s'attire pas !

Muk :
On ne s'attire pas !

Meloetta :
Pas du tout !

Muk :
Vraiment pas.

Meloetta :
Tu ne m'attire pas du tout.

Muk :
Et toi non plus ! Autant, ta mère… Mais alors toi…

Meloetta :
Exactem...
(Puis, réalisant) Mais c'est pas vrai !

Muk :
Pardon. Encore désolé…

Meloetta :
Mais arrête de parler de ça !

Muk :
Pardon, j'ai juste cru que… Il s'était passé un truc, qu'on pouvait se dire tout ce que…

Meloetta :
Arrête de t'enfoncer, arrête. On était bien là. On se disait qu'on ne s'attirait pas, c'était merveilleux.

Muk :
Oui… Et j'ai encore tout gâché.

Meloetta :
Oui.

Muk :
Oui…

Meloetta :
Mais…

Muk :
On s'attire pas.

Meloetta :
Et c'est quand même un problème…

Muk :
Oui.

Meloetta :
Il faudrait qu'on aille voir une spécialiste ?

Muk :
Une spécialiste ?

Meloetta :
Oui… Je... Je crois qu'on en a besoin.

Muk :
Mais… C'est possible ?

Meloetta :
Évidemment.

Muk :
Mais je croyais que… Vous étiez très…

Meloetta :
Oui. Mais là, ça s'impose…

Muk :
Ok… Et toi tu… Tu es d'accord ?

Meloetta :
Si c'est moi qui te le propose…

Muk :
Wahouw… En fait vous êtes vachement plus ouvert que nous…

Meloetta :
Bah, ça me paraît normal. On a besoin d'aide, on a besoin d'aide.

Muk :
Oh… Merci. Meloetta, merci infiniment. Tu ne m'attires pas, mais tu es vraiment une femme merveilleuse. Le fait que tu nous proposes comme ça d'aller voir une stérile ! C'est beau. Je suis très touché.

Meloetta :
Aller voir une stérile ?

Muk :
Je t'aime.

Meloetta :
Mais tu as cru que… Mais quel gros dégoûtant mais c'est pas vrai mais quel ahuri mais non mais c'est pas possible ! Aller voir une stérile ? C'est ça que vous faites dans votre village ? Aller voir des stériles pour satisfaire vos pulsions débiles tout ça parce que tu fantasmes davantage sur ma mère espèce de gros dégueulasse d'enfoiré ! Tu me dégoûtes…

Muk :
Là c'est pas moi qui ai parlé de ta mère…

Meloetta :
Mais tais-toi ! Mais tais-toi ! Mais c'est pas vrai ! Tais-toi ! Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! … Tais-toi !

Un silence. Leur regard se croise à nouveau.

Meloetta :
Tais-toi ! … Ah... Dégoûtant…

Un silence.

Muk :
Mais alors, quand tu parlais d'une spécialiste… ?

Meloetta :
Je parlais de Palkia. La psychologue.

Muk :
Aaaaaaah… Psychologue… Oui, on peut faire ça.

Meloetta :
Oui on va faire ça ! Ouh… Imbécile… Dégoûtant…

Muk :
Du coup… Bonne nuit ?

Meloetta :
Tais-toi !

Voix off :
« Entrée 8-33
Je suis sans doute la moins digne de tout les gardiens. Qu'est-ce que cette intelligence artificielle est bête de m'avoir choisie... Moi qui suis si faible. Si terriblement faible. Et plutôt que d'admettre ma faiblesse, j'ai tout fait pour la dissimuler. J'ai entraîné des gens dans ma chute... Je me rassurais, en me disant que... Si ils étaient d'accord... C'est que ce n'était pas une si horrible idée... Mais, comment auraient-ils pu ne pas être d'accord ? Je suis la gardienne d'Ellora. Tout le monde me fait confiance. Tout le monde m'écoute. Tout le monde acquiesce. Alors si je leur offre un enfant, à ces stériles qui en rêvaient... Forcément... Et la prochaine fois, je recommence, c'est ça ? Si ça continue, ça va devenir un village. Le village des supprimés et de deux stériles. Le village des bannis... Je suis une calamité. »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
10 juillet 2017 à 03:12:32

Toujours pas de réaction ? Même pas pour me rabaisser ? Charogne...

 

Scène 7

Xatu est à présent joué par une femme.

Gligar :
Xatu ? Pourquoi il y a de telles différences entre les villages ?

Xatu :
Parce que chaque individu est différent. Chacun a ses préférences. Et ce sont les individus qui font le village. Si à un endroit une majorité de personnes préfère une option, cette option deviendra la norme dans le village...

Gligar :
Et le village dans lequel on va, il est comment ?

Xatu :
C'est un village très sympa.

Gligar :
C'est ton village préféré ?

Xatu :
Hum... Peut-être bien, oui...

Gligar :
Pourquoi ?

Xatu :
Parce qu'ici, quand Ellora se trompe... Ce n'est pas si grave. En fait, ici, chacun peut avoir deux époux : le conjoint qu'Ellora lui impose, et le conjoint qu'il s'est choisi. Chacun passe sa journée avec le conjoint qu'il s'est choisi. Ce n'est qu'au moment d'aller dormir que le mari change de hutte, et se rend chez la femme qu'Ellora lui a imposé. Mais tout le reste du temps, ils le passent tous en famille, avec les gens qu'ils aiment, qu'ils ont choisi eux-mêmes.

Gligar :
Mais pourquoi les villages ne font pas tous pareil, alors ?

Xatu :
Parce qu'il y a aussi des désavantages. C'est mon village préféré, pour moi. Mais d'autres personnes pourraient préférer d'autres mode de vie. Ceux qui n'ont pas d'amoureux ou amoureuse, par exemple...

Gligar :
Si c'est ton village préféré, pourquoi tu as répondu à Flaffy que tu ne savais pas, hier ?

Xatu :
Parce que... Parfois chez les grandes personnes, c'est compliqué. Swanna et ne peut pas changer de village. Je ne voulais pas qu'elle en ait des regrets. Car je suis sûr que Swanna aurait aimé vivre dans celui-ci, si elle avait su qu'il existait...

Gligar :
Ah... Mais c'est pas très honnête.

Xatu :
Tu as raison. Ce n'est pas très honnête. Parfois, c'est difficile de faire le bon choix. Je pense même que parfois, il n'y a pas de bon choix. Savoir quand être honnête, savoir quand enjoliver la vérité, savoir quand mentir... Je déteste mentir. Mais dans certains cas... On se demande si ce ne serait pas la meilleure solution, tout de même...

Gligar :
Tu ne pourrais pas demander à Ellora ? Elle est censée tout savoir, non ?

Xatu :
Ellora sait toutes sortes de choses. Mais ce n'est pas un hasard si nous avons des gardiens d'Ellora. Il y a certaines choses qu'Ellora ne saura jamais. C'est pour ça qu'on est là.

Gligar :
Moi plus tard, je pourrai être gardien d'Ellora ?

Xatu :
Je ne sais pas, c'est Ellora qui choisit. Qui sait... Mais il y a aussi des désavantages...

Gligar :
Ah bon ?

Xatu :
Les gardiens doivent souvent faire des choix assez lourds. Et passer son temps à se demander si ce qu'on fait est juste n'est pas toujours évident. Aussi... Les gardiens d'Ellora n'ont pas d'époux, pas de famille, pas de hutte... Ils passent de village en village, témoin de la vie de tous, à défaut de vivre la leur. Ils connaissent chaque village, enviant chacun de leurs avantages. S'imaginent sans cesse ce qu'aurait pu être leur vie si... Si les choses avaient été différentes...

Gligar :
Tu aurais préféré ne pas savoir que le village de ma grand-mère existe ? Comme pour Swanna ?

Xatu :
J'aurais sans doute été moins malheureux en ne sachant pas... Mais je ne pense pas que j'aurais préféré ne pas savoir. Je préfère toujours savoir. C'est plus important que d'être heureux, pour moi.

Gligar :
Mais alors, si tu préfères savoir... Peut-être que Swanna aussi. Tu devrais peut-être arrêter de lui mentir, non ?

Xatu :
Je ne lui ai pas vraiment menti.

Gligar :
Bah si, tu lui as dit que tu ne savais pas...

Xatu :
Oui... Mais... Je ne sais pas vraiment... Il y a un autre village, aussi, dans lequel je me serais peut-être encore plu davantage. Donc dire que je ne sais pas, ce n'est pas mentir...

Gligar :
C'est quand même pas très honnête...

Xatu :
C'est vrai. Mais c'est quand même différent.

Gligar :
Bon... Mais tu devrais quand même lui dire la vérité vraie...

Xatu :
Tu as peut-être raison...

Gligar :
Et... C'est quoi, cet autre village ?

Xatu :
Quel autre village ?

Gligar :
Ton autre village préféré ?

Xatu :
Ah... Ce... Ce n'est pas vraiment un village. Ce serait... Ne pas vivre dans un village, justement. Fonder un nouveau village. Où les choses seraient différentes...

Gligar :
Tu triches.

Xatu :
Oui... Tu as raison. Ce serait tricher.

Gligar :
Et tu vas encore me dire que parfois dans la vie il faut savoir tricher, c'est ça ?

Xatu :
Non, je ne te le dirais pas...

Gligar :
Ah, quand même...

Xatu :
Vu que tu l'as déjà compris...

Gligar :
Pff... Je ne comprends pas pourquoi les grandes personnes te respectent autant...

Xatu :
Moi non plus...

Gligar :
Tu triches tout le temps. Et tout le monde t'aime quand même. C'est pas juste.

Xatu :
Tout le monde m'aime quand même ?

Gligar :
Oui.

Xatu :
Alors ça veut dire que... toi aussi tu m'aimes...

Gligar :
Pfff...

Xatu :
Puisque tu m'aimes, tu peux me faire une promesse ?

Gligar :
Quoi ?

Xatu :
Tout ce qu'on s'est raconté, tout ce que tu as entendu depuis qu'on est parti de chez ton papa... Tu le garderas pour toi, d'accord ? Ce sera notre petit secret ?

Gligar :
Pourquoi ?

Xatu :
Parce que je n'étais pas censée te raconter tout ça.

Gligar :
Tu as encore triché.

Xatu :
Oui. Mais si je n'avais pas triché... Je n'aurais pas pu répondre à tes questions. Et tu ne m'aurais pas tellement aimée.

Gligar :
Ah... Je comprends pourquoi on t'aime bien. Tu triches tout le temps, mais tu ne triches pas pour toi... Tu triches pour les autres...

Xatu :
On se remet en route ? Le chemin n'est plus très long. Dans une petite heure on sera chez ta grand-mère.

Gligar :
Et elle est comment ma grand-mère ?

Xatu :
Elle est moche.

Gligar :
Oh non... C'est vrai ?

Xatu :
Je plaisante. Elle est âgée maintenant. Mais quand elle était jeune... C'était la plus belle du village...

Voix off :
« Entrée 8-73
Je ne sais pas comment j'avais pu ne pas y songer avant. Mais quand j'ai vu... Ce résultat du test. Ces mots... Prochain gardien... Immédiatement, j'ai senti ce nœud dans l'estomac. La honte, la peur et l'impuissance. Que dois-je faire ? Ne rien lui dire ? Et laisser mourir ce secret avec moi ? Mais alors... Comment apprendre à mon successeur à faire ce que moi-même j'ai toujours été incapable de faire ? Il me faudrait l'apprendre en même temps que lui. Je me revois, près de 20 ans en arrière, le jour où j'aurais dû... Et toujours cette même répugnance. Peut-être même encore plus forte aujourd'hui... Je ne peux pas... Je ne peux physiquement pas... Il faut donc que je le lui avoue. Mais comment vais-je faire pour lui avouer... Je ne suis déjà pas capable d'en parler à Mareanie... Peut-être que je devrais commencer par lui en parler, tiens. Oui, je vais commencer par en parler à Mareanie. Et affronter son jugement. Il est temps. »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
11 juillet 2017 à 08:46:36

Tu me tues...

 

Scène 8

Meloetta :
Bonjour Palkia

Palkia :
Meloetta.

Muk :
Bonjour.

Palkia :
Bonjour ! Muk, c'est bien ça ?

Muk :
Oui, c'est bien ça.

Palkia :
Alors, je vous en prie, prenez place. Qu'est-ce qui vous amène ?

Muk :
Eh bien… En fait… Alors… Oui… Ce qui nous amène… Disons que… C'est un peu… Alors, oui… Je dirais que…

Meloetta :
On ne s'attire pas du tout.

Muk :
Voilà.

Meloetta :
Pas du tout, du tout.

Muk :
Vraiment pas.

Palkia :
Ah. Vous savez, c'est courant. J'imagine que vous avez essayé, et c'est déjà un excellent début. Je ne peux évidemment pas donner de détails, mais énormément de couples ont mis des mois avant d'en arriver là. Le fait que vous ayez atteint ce stade est déjà le signe d'un bon équilibre psychologique dans votre couple et il ne s'agit donc plus que de libido à stimuler.

Muk :
Euh… Alors en fait… Je dirais que… Par rapport à ce que tu viens de dire… Pour être parfaitement exact…

Meloetta :
On est tout sauf équilibré psychologiquement, surtout lui.

Muk :
Et surtout, ma libido va très bien.

Meloetta :
Ouh punaise ! Si tu la ramènes encore une seule fois avec ça, je te jure que je…

Palkia :
Je ne comprends pas bien… Si il ramène quoi ?

Meloetta :
Ah tu ne vas pas t'y mettre, toi aussi !

Palkia :
Mais enfin Meloetta, il est important que les choses sortent.

Muk :
Ah tu vois…

Meloetta :
Oui mais non… Celle-là, elle est déjà trop sortie ! Moi je n'en peux plus. Si j'entends encore une fois…

Muk :
Je fantasme sur sa mère.

Meloetta le frappe. Longuement.

Palkia :
Ah… Allons Meloetta, allons, calmons-nous. Meloetta. Meloetta ? S'il te plaît... Meloetta ! Voilà, calme-toi. Inspire profondément, voilà… Et expire… Calme… C'est bien… Il fallait que ce soit dit, maintenant, c'est bon, je vois, je… Attends… Blissey ? Vraiment ? C'est marrant je n'aurais pas… Pardon, je m'égare… Donc… Oui, je vois. Donc… La libido de Muk n'est pas en cause, effectivement… Mais comment en êtes-vous arrivés à vous le dire ? Pas que ce soit mal de parler des choses, au contraire, mais disons que, pour une fois, c'est le genre de détail qui…

Muk :
Je l'ai embrassée par erreur.

Palkia :
Ah… Ah oui… Ah je vois…

Muk :
C'était le jour où le gardien d'Ellora devait me présenter Meloetta. Je ne l'avais jamais vue. Blissey a ouvert la porte, et j'ai alors pensé que c'était elle, Meloetta. Et du coup… Il sourit en y repensant.

Meloetta :
Mais… Arrête ! Arrête ! Je t'interdis d'y penser ! Plus jamais !

Palkia :
Ah... Je... Mais, Blissey ?… Euh… Je veux dire… Enfin bref. Donc. Oui, on part sur de mauvaises bases, effectivement. Ouille-ouille-ouille-ouille. Donc… Et après cet… incident… ?

Muk :
Comment ça ?

Palkia :
Je veux dire, entre vous.

Muk :
Eh bien… Nous sommes restés longtemps silencieux.

Meloetta :
Très longtemps.

Muk :
Dix minutes.

Meloetta :
Debout.

Muk :
Plutôt quinze, en fait.

Meloetta :
Silencieux.

Muk :
Voire vingt, vingt minutes.

Meloetta :
Interdits.

Muk :
Disons dix-huit. Je pense que dix-huit c'est bien.

Meloetta :
Vides.

Muk :
Et ta mère a…

Meloetta :
Mais arrête avec ma mère !

Muk :
A proposé de grignoter quelques fruits.

Meloetta :
Ah… Oui… On a grignoté quelques fruits.

Muk :
Et on a discuté du mariage.

Meloetta :
Enfin, surtout ma mère.

Muk :
Et on s'est marié le lendemain.

Meloetta :
Et il y a eu la nuit de noces.

Muk :
Et il ne s'est rien passé.

Meloetta :
Rien.

Palkia :
Ah… Oui. Ouille. Aïe. Ouille-ouille-ouille-ouille.

Meloetta :
Ce… Ce n'est pas bien ?

Palkia :
J'ai l'impression que vous avez vécu cet épisode comme un traumatisme. Mais au lieu de chercher à vous en remettre en crevant l'abcès et analysant la situation, en prenant votre temps ; vous avez brûlé les étapes. Et ce n'est pas bon. Pas bon du tout. Alors… Mais comment avez-vous pu faire abstraction de ce trauma et parvenir à vous marier, et à essayer…

Meloetta :
Eh bien… Il le fallait bien.

Muk :
De toute façon, on allait bien devoir le faire un jour.

Meloetta :
Et il était hors de question qu'on revienne sur les événements passés.

Muk :
C'est vrai. D'ailleurs j'ai maintes fois essayé de m'excuser et…

Meloetta :
Tais-toi.

Muk :
Voilà.

Palkia :
Ah… Oui… Ouille… Aïe-aïe-aïe-aïe-aïe… Ah… ah… Ouille… Ouille-ouille-ouille… Hum… Blissey, vraiment ? Je... Aïe… Aïe-aïe-aïe-aïe-aïe… Alors… Oui… Ouille… Non… Aïe… Oui… Je vois… Donc… Attendez… Voilà !

Meloetta :
Alors, Palkia… ?

Palkia :
Donc. Le point positif, c'est que vous avez chacun un grand sens du devoir. C'est ce qui vous a permis de vous forcer, malgré vous, à entreprendre tout ce que vous avez entrepris jusqu'ici. C'est ce qui vous a permis de faire front ensemble, alors que tout semble vous opposer et que le terrain sur lequel ont été posées les bases de votre couple est une véritable catastrophe, poreux, instable, et prêt à imploser. Vous faites preuve, malgré vos griefs ou vos envies, de bonne volonté. Néanmoins, ce qui est plus inquiétant, c'est que ce fort sentiment de devoir dissimule le cœur du problème : vos envies et vos sentiments. Ceux-ci ne se commandent pas, et bien que vous semblez les avoir perdu de vue, il est important de ne pas les ignorer, car c'est en les écoutant que vous parviendrez à trouver le désir, et à ce moment là seulement vous pourrez… Copuler.

Muk :
Euh… Oui…

Meloetta :
Tout ça, je crois qu'on le savait déjà.

Palkia :
Ah… Oui… Je vois… Mais alors… Pourquoi avez-vous besoin de mon aide ?

Meloetta :
Pour nous aider à trouver le désir, justement.

Palkia :
Ah oui… Bien sûr, bien sûr, bien sûr… Je vous propose la chose suivante. Repartons de zéro pour avoir de meilleures bases. Faites comme si vous ne vous connaissiez pas. Et apprenez à vous connaître. Découvrez-vous. Redécouvrez-vous. Apprenez à apprécier des choses chez l'autre. Et surtout, prenez votre temps. Ne vous mettez pas la pression, allez-y petit à petit. Et vous reviendrez me voir dans quatre jours, d'accord ?

Voix off :
« Entrée 8-74
J'en ai parlé à Mareanie. Sa réaction a été incroyable. Je vais simplement retranscrire ses paroles, je crois.
Cela fait quoi ? 7 générations ? 7 générations à vivre scrupuleusement sous les ordres d'Ellora ? À appliquer à la lettre ses conseils. Sans se poser de questions. Car il en va de la survie de notre espèce. Et tu as eu l'audace de ne pas exécuter un de ses ordres ? Tu réfléchis deux secondes ? Il y a des dizaines d'entre nous qui seraient capables d'appliquer ses ordres à la lettre, sans se poser de questions. Et pourtant, elle t'a choisie, toi. Et elle a eu raison. Tu es là, à te torturer l'esprit et à te reprocher d'avoir failli. Et c'est ça qui fait de toi la meilleure personne pour ce rôle. Tu as été capable de ne pas l'écouter. Pas parce que tu es bête, inconsciente, ou faible. Mais parce que tu as analysé qu'elle avait tort. Car elle avait tort. Tu as trouvé une solution alternative. Est-ce qu'en refusant de tuer ces bébés, tu as menacé les ressources de leurs frères et sœurs ? Non. Est-ce que leur génome se mêlera au notre ? Non. Car ils vivent à l'écart de nous. Mais au moins, ils vivent. Grâce à toi. Tu n'as pas la capacité de calcul d'Ellora. Par contre, tu as une qualité qu'elle n'a pas. Mais qu'elle a été capable de voir en toi. C'est ce qui fait de toi une bonne gardienne d'Ellora. Sans doute le meilleur qu'on ait jamais eu…
Merci. »

Palkia :
Alors vous avez essayé...

Meloetta :
Oui.

Muk :
Oui, on a essayé...

Palkia :
Et... ?

Meloetta :
Une catastrophe.

Muk :
Échec total.

Meloetta :
Presque pire qu'avant

Muk :
Nul.

Meloetta :
Franchement, conseil de merde.

Muk :
Pourri.

Meloetta :
Pourtant on est rarement d'accord.

Muk :
Merdique.

Meloetta :
Mais là, on était bien d'accord sur le fait que c'était nulle comme idée.

Muk :
Vraiment...

Palkia :
Oui bon, ça va. Je crois qu'on va s'arrêter là.

Meloetta :
Ah... On a recommencé, hein ?

Palkia :
Oui... Oui vous avez recommencé.

Meloetta :
Du coup... Qu'est-ce qu'on fait ?

Palkia :
Moi, j'arrête.

Muk :
Comment ça tu arrêtes ?

Meloetta :
Tu ne peux pas arrêter... Comment on va faire, nous ?

Palkia :
Ça fait plus de deux ans que je vous vois toutes les semaines sans le moindre progrès.

Meloetta :
Déjà ?

Muk :
Deux ans qu'on est marié ?

Meloetta :
J'ai l'impression que c'était... Il y a... À peine quelques minutes !

Muk :
Deux ans qu'on arrive pas à se toucher ?

Meloetta :
Comme si il y avait eu une monstre ellipse, en fait.

Muk :
Déjà deux ans que j'ai...

Meloetta :
Tais-toi !

Palkia :
Oui... Deux ans que je vous supporte. Car franchement, vous êtes le pire couple que j'aie jamais connu. Et pourtant, qu'est-ce que j'en ai vu des couples horribles... Si il n'y avait pas le secret professionnel, je vous en raconterais des choses, mais...

Muk :
On est vraiment si horrible que ça ?

Meloetta :
Oui... Oui, quand même.

Palkia :
Oui, oui. Haut la main.

Meloetta :
Surtout toi.

Palkia :
Les deux. Non, franchement, c'est du beau travail d'équipe, de ce côté là...

Muk :
Mais... C'est un peu méchant de nous dire ça, non ?

Un silence.

Meloetta :
Et du coup... On fait quoi ?

Palkia :
Je ne vois plus qu'une chose à faire. S'en référer à plus haut.

Muk :
Plus haut ?

Palkia :
Ellora.

Meloetta :
Ah.

Muk :
Ah...

Meloetta :
À ce point là...

Voix off :
« Entrée 14-0
Je suis Xatu. 14è gardien d'Ellora. Je la tiens dans les mains pour la première fois. Et peut-être la dernière… Quand j'ai appris la nouvelle… Quelle horreur. Beaucoup de choses ont défilé dans ma tête. Tout d'abord une colère, il est vrai égoïste. Devoir rester célibataire toute sa vie… Et puis, rapidement… J'ai réalisé. Réalisé ce que ça signifiait vraiment. Le célibat devenait le cadet des soucis. Être responsable d'Ellora. Responsable de l'humanité. La toute puissante boussole qui devra la guider de sa justice infaillible… Et surtout… Être droit, ferme et froid. Oui, froid. Et de sang froid. Exécuter ses ordres. Même les pires, les plus radicaux d'entre eux. Comment le pourrais-je ? Comment le pourrais-je… »

Message édité le 11 juillet 2017 à 08:50:37 par Lauren_Faust
Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
12 juillet 2017 à 13:29:31

Je meurs.

 

Scène 9

Xatu :
Le test arrive au bout. Et... Oh mon Dieu.

Xatu se fige, les yeux rivés sur l'écran.

Marowak :
Quoi ? Gardienne ? Gardienne... Gardienne... Gardienne !

Xatu tourne enfin la tête vers Marowak.

Marowak :
Tout va bien ?

Xatu :
Oui... Oui... Tout va bien.

Marowak :
Je... J'ai une maladie, ou quelque chose comme ça ? Je vais mourir ? Ou... Je dois mourir ?

Xatu :
Non, non, rassure-toi. Tout va bien pour toi.

Marowak :
Alors qui va mourir ?

Xatu :
Je...
Reprenant ses esprits : Personne ne va mourir... Pardon. Excuse ma réaction. Ce n'est pas très
digne... Je sais... Désolée. C'est juste que... Je ne m'y attendais pas.

Marowak :
Tu ne t'attendais pas à quoi ?

Xatu :
À ce résultat. Je suis surprise. Doublement surprise...

Marowak :
Que dit le résultat ?

Xatu :
Que tu dois épouser Swanna.

Marowak :
Ah... Et c'est si surprenant que ça ? Tu penses que... Nous aurons des soucis pour vivre ensemble ?

Xatu :
Je... Cela pourrait être un peu compliqué, oui. En fait, Swanna est relativement âgée pour quelqu'un
qui est célibataire. Au fond, je me demandais si Ellora ne l'avait pas un peu oubliée.

Marowak :
Je ne comprends pas... Il arrive à Ellora d'oublier des gens ?

Xatu :
Non. La preuve que non... Mais je me suis longtemps demandé si...

Marowak :
Si ?

Xatu :
Si Ellora n'avait pas eu d'autres plans pour Swanna.

Marowak :
Comment ça ?

Xatu :
Swanna est l'aînée. Elle a deux frères et une sœur. Mais dès qu'ils en ont eu l'âge, Ellora les a
presque immédiatement mariés. Le plus jeune est en couple depuis maintenant trois ans. Et surtout,
Swanna est devenue cheffe.

Marowak :
Je... Je vais être l'époux de la cheffe du village ?

Xatu :
D'une des chefs. Ils sont plusieurs.

Marowak :
C'est un bel honneur...

Xatu :
Mais surtout, c'est une personne assez exceptionnelle. C'est la plus jeune cheffe, tous villages
confondus. Et pourtant... Elle me semble souvent être la plus sage de tous. Je me demandais si
Ellora, se rendant compte de ce potentiel, n'avait pas jugé sa sagesse plus précieuse que son
génome, déjà bien représenté par ses frères et sa sœur. Et que, pour la préserver des risques de
l'accouchement, elle n'avait pas prévu de la laisser célibataire.

Marowak :
Ah...

Xatu :
Mais je ne devrais pas te raconter tout ça. Puisque je me trompais totalement.

Marowak :
J'ai l'impression que tu la connais bien.

Xatu :
Je suis née dans son village. Et nous avons presque le même âge.

Marowak :
Comment est-elle ?

Xatu :
De corps, je dirais, bof. Son visage par contre est adora...

Marowak – le coupant :
Je parlais plutôt de sa personnalité, ou de sa manière d'être.

Xatu :
Ah... Pardon. J'ai tellement l'habitude que les futurs maris me posent cette question concernant le
physique...

Marowak :
Ah ? Pourtant, c'est pas un peu déplacé de demander ça à... Une femme ?

Xatu :
À une femme, sans doute. Mais il semblerait que je suis un gardien d'Ellora avant tout. Comme si
mon genre n'avait pas d'importance. Enfin... Alors, Swanna... J'aurais de la peine à la résumer
simplement. Elle sourit énormément. Avec un petit regard malicieux. Comme si elle était tout le
temps amusée. Ou plutôt, non, comme un petit animal curieux. Je ne saurais bien la décrire avec des
mots. En la voyant comme ça, on pourrait s'attendre à une fille toujours enjouée et enthousiaste. Ce
qui serait somme toute assez ennuyant, je trouve. Mais derrière cette apparence se cache en fait un
personnalité bien plus profonde. Aimable, généreuse et volontaire. Mais néanmoins... Lucide.
Capable de cynisme. Ou en tout cas, de l'apprécier chez les autres... J'ai l'impression de n'être jamais
autant moi-même que quand je suis avec elle... Et puis... Elle est tellement fine.

Marowak :
Physiquement ?

Xatu :
Non. Enfin, si, aussi. Mais je parlais de son esprit. Et puis... Elle me connaît tellement bien... Je me
souviendrai toujours de cette fois-là. Je venais d'avoir été testé par Ellora. Le verdict était tombé.
Prochain gardien... Tout le monde me félicitait. Alors que moi, intérieurement... J'étais en larmes.
Mais je n'avais pas le droit de le montrer, parce qu'être gardien est un honneur. Le village avait
improvisé une fête express pour l'occasion. Tout le monde autour de moi semblait passer un bon
moment. Je me sentais d'autant plus coupable de me sentir aussi mal. Alors dès que j'en eus
l'occasion, je me fis oublier afin de me poser un peu à l'écart, pour observer de loin ces tristes
réjouissances. Mais je n'avais pas totalement réussi à me faire oublier. Il y avait une personne à
laquelle ça n'avait pas échappé... Elle est venue s'asseoir à côté de moi. Je ne l'avais pas vue de toute
la journée. Ce qui ne m'avait d'ailleurs pas aider à encaisser la nouvelle...

Xatu – souvenir est joué par un homme (le même comédien qui joue Xatu dans les premières
scènes).

Swanna :
Je suis désolée.

Xatu - souvenir :
Quoi ?

Swanna :
Je suis désolée pour toi...

Xatu :
Je levais alors les yeux, surprise. Mais elle me tournait la tête. Me privant la vue de son visage si
délicieux.

Swanna :
Je ne sais pas exactement ce que tu ressens, et ne pourrais jamais le savoir, mais... Je vois bien que
tu n'es pas bien. Et je ne peux que comprendre. À ta place... Je pense que j'aurais fondu en larmes.
Pleurer alors que tout le monde vient te féliciter avec un grand sourire... J'aurais eu l'air ridicule. Ou
pire, insultante. Je ne sais pas comment tu tiens le coup. Je ne comprends pas... Et je ne comprends
pas que personne ne comprenne. Ou alors, est-ce qu'ils font semblant de ne pas savoir ? Pour te
rassurer, te donner du courage ? Je ne sais pas... Bande de cons...

Xatu :
Jusqu'ici, je ne m'étais pas forcément rendu compte que nous étions proches à ce point. Qu'elle me
connaissait si bien. Mais derrière la détermination de son discours, je sentais une fragilité dans sa
voix.

Xatu - souvenir :
J'imagine qu'ils savent. Mais il ne faut pas les traiter de cons pour autant. Ils pensent bien faire.

Xatu :
Enfin, elle tourna la tête pour me regarder. Je lisais dans ses yeux l'étonnement, la curiosité et les
larmes. Elle avait pleuré. Peut-être toute la journée. Cela expliquait sa douloureuse absence dans ces
moments où j'aurais tant eu besoin d'une amie à mes côtés. Puis elle sourit. Pas de son sourire
habituel, non. Ce jour là, rien n'était habituel. Un petit sourire de dépit. Admettant sa défaite.

Swanna :
Je peux tout te dire ?

Xatu - souvenir :
Toujours.

Swanna :
J'ai été en colère toute la journée. Parce que je sais que maintenant, nous ne nous verrons plus très
souvent. Je sais, c'est bête. Pas souvent, c'est mieux que jamais. Si tu avais dû épouser quelqu'un
d'un autre village... Mais au fond de moi... Je ne sais pas. J'avais comme une intuition. Comme la
foi que nous pourrions toujours compter l'un sur l'autre. Que tu resterais avec nous, ici. Oui, c'était
très bête. Et c'était très égoïste de ma part. Tu recevais l'honneur de devenir gardien d'Ellora. Et au
lieu d'être fière de toi... J'étais triste pour moi. Parce que tu ne seras plus là. Et je crois, un peu
jalouse. C'est bête mais... Si Ellora t'a choisi... Je ne me peux pas m'empêcher de penser... Pourquoi
pas moi ? C'est fou, n'est-ce pas... ? Cet orgueil que j'ai... J'ai passé la journée à ruminer, entre
jalousie et désespoir, entre tristesse et colère... Qu'est-ce que je peux être conne moi aussi... Une
petite conne orgueilleuse...

Xatu - souvenir :
Arrête, ne dis pas ça... Oui, tu es orgueilleuse. Mais... Tant mieux. C'est ça qui te pousse à être
meilleure. L'orgueil de l'être. Et tu n'es pas conne du tout.

Swanna :
J'étais triste de te voir partir. Et comment j'ai réagi à ça ? En t'évitant, par jalousie et colère. Au lieu
de profiter de ta présence tant que tu étais encore là. Si ça, c'est pas con...

Xatu - souvenir :
Non, c'est juste... naturel... Et tu as eu le courage de te rendre compte que ce n'était pas rationnel. En
moins d'une journée. Ce n'est pas si mal, je trouve...

Swanna :
Xatu... Tu sais que tu n'arranges rien...

Xatu - souvenir :
J'en suis désolé...

Swanna :
Oh non. Arrête. Ce n'est pas à toi d'être désolé. C'est à nous. Je m'en suis rendu compte quand je t'ai
vu. Je ne t'avais jamais vu aussi souriant. J'ai immédiatement su que tu te forçais. Et c'est seulement
là que j'ai compris... Je pensais uniquement à ce que ton départ me causait, à moi. Je n'avais même
pas réalisé ce qu'il pouvait causer, chez toi. Que toi aussi tu allais nous voir moins souvent. Mais
moi, je perds mon ami. Alors que toi, tu perds ton village entier.

Xatu - souvenir :
Pour être honnête... Le reste du village me paraît bien anecdotique. Enfin, je veux dire. Je vous
verrai quand même de temps en temps. Revoir les autres de temps en temps, ça me suffit. Mais au
quotidien, c'est toi qui vas me manquer. Ma meilleure amie...

Swanna :
Tu ne dis pas ça juste pour me faire plaisir ?

Xatu :
Je disais ça juste pour lui faire plaisir.

Xatu - souvenir :
Un peu.

Xatu :
C'est ça l'avantage quand on est cynique. On peut répondre honnêtement à une question et faire
passer cette froideur pour de l'humour.

Swanna :
Tu m'avais manqué.

Xatu :
Et le pire c'est que ça marche tout seul.

Marowak :
Mais... Tu disais vraiment ça juste pour lui faire plaisir ?

Xatu :
C'est en tout cas ce que je pensais sur le moment. En fait, les mots étaient sortis de ma bouche le
plus naturellement du monde, sans que j'y pense vraiment. Mais en m'entendant, en découvrant mes
paroles, je pensais que j'exagérais. Que mes autres amis allaient me manquer aussi. Mais dans les
semaines qui suivirent, je me suis rendu compte que... Parfois, quand les mots sortent tout seuls...
C'est qu'ils sont vrais.

Swanna :
Je comprends maintenant.

Xatu - souvenir :
Tu comprends quoi ?

Swanna :
Pourquoi Ellora t'a choisi.

Xatu - souvenir :
Ah bon ? Et pourquoi ?

Swanna :
Tout simplement parce qu'Ellora ne se trompe jamais... Tu feras un merveilleux gardien. Bien
meilleur que moi. Même si ça me fait un peu chier de l'admettre.

Xatu - souvenir :
Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Swanna :
Le fait que tu es gentil, posé, réfléchi. Que tu prends même la défense des cons. Parce que tu
m'excuseras, mais même si ils pensent bien faire... Ils sont cons de penser que faire semblant, c'est
bien faire... Et surtout parce que... Tu as hésité à t'échapper, à fuir ta gloire et ton devoir. Mais que
tu ne l'as pas fait.

Xatu :
Des fois... Je me demande si elle n'est pas un peu sorcière...

Swanna :
Tes yeux. Ça se voyait dans tes yeux. Peut-être pas pour les autres. Parce que ce sont tous des cons.
Mais pour moi c'était flagrant. Et pour lui aussi.

Xatu :
J'avais pensé avoir réussi dans ma quête de me faire oublier de tous. Mais il y avait effectivement
deux personnes qui n'avaient rien raté de ma discrète mise en retrait. Swanna, évidemment. Et le
précédent gardien d'Ellora. Lui aussi avait réussi à se faire oublier. Adossé à un érable, il nous
observait de loin.

Xatu - souvenir :
Et en quoi est-ce une bonne chose ? Cela ferait plutôt de moi quelqu'un de lâche...

Swanna :
Si tu t'étais vraiment enfui, peut-être. Mais, tu es resté.

Xatu - souvenir :
Mais j'ai peur.

Xatu :
À la vérité, j'envisageais encore de partir. Mais ce qui m'avait fait reporter ma décision, c'était la
nuit. J'avais une trouille certaine de me balader dans la pénombre nocturne. Si je partais, ce serait à
l'aube. J'avais encore toute la nuit pour y songer.

Swanna :
Le véritable courage, ce n'est pas d'avoir peur de rien, mais de savoir surmonter sa peur.

Xatu - souvenir :
Avec un telle définition, tu es la personne la moins courageuse que je connaisse, alors...

Xatu :
Elle rit. Pour la première fois de la soirée. Enfin, pas un gros rire. Un tout petit. Mais c'était déjà
immense. À chaque fois que je la faisais rire, c'était une victoire, comme un petit rayon de lune dans
la noirceur de mes journées.

Swanna :
J'ai quand même peur de quelques trucs...

Xatu - souvenir :
Ah oui ?

Swanna :
De te perdre...

Xatu - souvenir :
Allons...

Xatu :
Le reflet de la lune perlait dans la larme qui glissait sur sa joue. Je tendais la main pour la sécher,
avant de réaliser que ce serait déplacé. Pourquoi vouloir la sécher de toute façon ? Y a-t-il quelque
chose de plus beau qu'une larme ? Alors à la place, je remis en place une de ses mèches de cheveux.

Swanna :
Euh... ?

Xatu :
Avant de me rendre compte que c'était à peu près autant déplacé que de sécher sa larme.

Xatu - souvenir :
C'est parce que... Ta tête n'était vraiment pas symétrique... Alors...

Swanna :
Ah. Tu as peur des asymétries maintenant ?

Xatu - souvenir :
Euh... bah... Oui.

Swanna :
Évidemment...

Xatu :
Évidemment... Ensuite nous étions restés un moment comme ça, à ne rien dire, profitant simplement
des étoiles et des jeux d'ombres de la nature.

Swanna :
Xatu... ?

Xatu - souvenir :
Oui ?

Swanna :
Tu peux me faire une promesse ?

Xatu - souvenir :
Quel genre de promesse ?

Swanna :
Si un jour, l'envie te reprend de t'enfuir... Avant, viens me voir, d'accord ?

Xatu :
Je ne sais pas si c'était un hasard, ou si elle avait senti qu'au fond, j'hésitais encore. Sorcière.

Swanna :
Je t'en prie. Je te promets que si tu viens et... Et que je n'arrive pas à te convaincre... Je ne te
retiendrai pas. Mais promets-moi de venir me voir avant. Je t'en supplie.

Xatu - souvenir :
Mais... Pourquoi... ?

Swanna :
Ne me demande pas pourquoi. Je ne sais même pas pourquoi.

Xatu :
Moi, je savais très bien pourquoi.

Swanna :
Je te demande juste de... me faire cette promesse. C'est peut-être la dernière chose que je te
demande...

Xatu :
Par la suite, elle m'aura demandé une chiée d'autres trucs, quand même.

Xatu - souvenir :
Je te le promets.

Xatu :
Je me demande ce qui ce serait passé cette nuit si elle n'avait pas été là. Est-ce que j'aurais essayé de
prendre la fuite ? Est-ce que le précédent gardien m'aurait vue venir à des kilomètres et m'aurait
interceptée ? Est-ce que...

Marowak :
Je... Je ne savais pas que... Je veux dire... Ça t'arrive encore, d'avoir envie de t'enfuir ?

Xatu :
Maintenant, non. Mais au début... Je ne sais pas. Je ne me posais plus vraiment la question. Une
promesse est une promesse. Surtout une promesse faite à Swanna. La seule personne que je
souhaiterais ne jamais décevoir... Et aller lui annoncer que je m'enfuis, ce serait la décevoir. Alors la
question en était devenu hors-sujet... Même si... Je l'avais peut-être déjà un peu déçue, ce soir-là...
Ma fée...

Marowak :
Je me réjouis de la rencontrer ! Avec tout le bien que tu m'en as dit... Je crois que je l'aime déjà !

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
13 juillet 2017 à 13:00:50

D'outre-tombe...

 

Voix off :
« Entrée 14-1
Quel soulagement. Mon prédécesseur avait l'air tellement anxieux. Sur le moment, je pensais que...
Qu'il se rendait compte que je n'étais pas digne. Et puis... Il m'a fait lire le journal de Sunkern, 8è
gardienne d'Ellora. Maintenant je comprends que s'il était anxieux, ce n'était pas de mes capacités,
mais de ma réaction. Le village des bannis. Le village où sont envoyés ceux qu'Ellora a ordonné de
supprimer. Lui aussi était soulagé. Peut-être même autant que moi. Mais comment aurais-je pu
accueillir cette nouvelle autrement ? Je ne sais pas si je ferai un bon gardien d'Ellora. Après tout,
perpétuer cette pratique, c'est tout simplement lui désobéir. Nous sommes peut-être tous de très
mauvais gardien d'Ellora. Mais au moins, maintenant... Je me sens moins seul. Moins ridicule. Et
puis, la réaction de Mareanie est tellement inspirante. Un peu comme... Il faudra que j'en parle à
Swanna. Rien qu'à elle. Je n'ai pas le droit de lui cacher ça, elle qui me connaît si bien, et se fait
tant de souci pour moi. Elle aussi, elle a le droit d'être soulagée... »

Scène 10

Swanna :
Encore en train de lire ?

Flaffy :
Oui, toujours !

Elle sortent un jeu d'échecs hautement artisanal, puis se mettent à jouer.

Swanna :
Tu devrais ralentir un peu le rythme. Nous n'avons en tout et pour tout qu'une centaine de livres à
disposition. Une fois que tu les auras tous lus, ça te fera un sacré manque...

Flaffy :
Mon Dieu... Je n'avais pas pensé à ça... Tu ne voudrais pas en écrire ? Comme ça, quand je
terminerai de lire un livre, tu auras fini d'écrire le suivant, et je n'en manquerai jamais !

Swanna :
Quand bien même je me mettrais à écrire, je n'arriverais certainement pas à soutenir ton infernale
cadence de lecture.

Flaffy :
Ahah... Tu as raison... Des fois je me dis que... J'aimerais bien écrire, en fait. N'aurions-nous pas un
moyen d'écrire ?

Swanna :
Il y a bien quelques feuilles de papier et quelques stylos qui restent au bunker d'origine, mais...

Flaffy :
Le bunker d'origine ?

Swanna :
Oui. Tu ne sais pas ce que c'est ?

Flaffy :
Non.

Swanna :
Mais tu as déjà entendu parler des 29 ?

Flaffy :
Les premiers survivants ? Vaguement. En fait, à part le fait que nous sommes tous leur descendants,
je ne sais pas grand chose à leur sujet...

Swanna :
En 2047, une vieille femme un peu folle voulut tenter une expérience farfelue. Se couper du reste
du monde pendant deux ans et demi, juste pour la curiosité de l'expérience, et voir si se passer
d'internet était si insupportable que ça.

Flaffy :
J'ai toujours de la peine à comprendre ce que c'était exactement internet.

Swanna :
Moi aussi, pour être honnête. Mais ici, ce n'est pas très important... Cette femme ne voulait pas
passer tout ce temps toute seule. En fait, je crois qu'elle voulait vivre de l'intérieur l'organisation
d'une petite communauté autarcique. Alors elle invita 28 personnes à la rejoindre. Ils passèrent près
de 22 mois dans un bunker, un refuge sous terre, coupé de tout et très épais. Mais assez bien
aménagé. Notamment avec une petite bibliothèque, d'où proviennent tous les livres qui nous restent
à ce jour. Mais, alors qu'ils étaient censés y rester encore 8 mois de plus, le système d'alimentation
en eau s'interrompit. Ils durent donc sortir prématurément. Et constatèrent avec stupeur qu'ils étaient
probablement seuls au monde.

Flaffy :
La catastrophe...

Swanna :
Oui, la catastrophe. Le seul signe d'humanité qu'ils reçurent venait d'un poste de radio spatial qui
tournait en boucle. Dictant un code binaire. Le code d'Ellora. Par hasard, un des 29 avait pris avec
lui un ordinateur énergie-autarcique. C'est ainsi qu'Ellora fut installée.

Flaffy :
Ah... Et donc, dans ce bunker, il reste du papier et des stylos ? Allons les chercher !

Swanna :
Ce sont les seuls qu'il nous reste. Les gardiens les préservent avec soin. Par exemple pour
cartographier.

Flaffy :
Je vois... Donc je n'écrirai jamais... Ce n'est peut-être pas plus mal, ça aurait sans doute été très
mauvais...

Swanna :
Ne dit pas ça... L'absence de papier ne devrait pas t'arrêter... Qu'est-ce que tu voudrais écrire si tu le
pouvais ?

Flaffy :
Je ne sais pas...

Swanna :
Tu voudrais écrire mais tu ne sais pas quoi ?

Flaffy :
Bah oui... J'ai envie d'essayer, mais je n'ai pas forcément de sujet... Qu'est-ce tu aurais envie de
lire ?

Swanna :
Moi ? Pourquoi moi ?

Flaffy :
Ben... Si je pouvais écrire, j'aimerais te dédier le premier livre. Quand j'ai compris que j'allais
devoir passer toute ma grossesse cachée dans ta hutte, je pensais que j'allais m'ennuyer à mourir. Et
puis... Ces six mois sont passés à toute vitesse... Parce que tu m'a appris à lire, ce qui est peut-être la
meilleure chose qui me soit jamais arrivée.

Swanna :
Tu m'a appris à jouer aux échecs.

Flaffy :
C'est vrai... Mais... C'est un bien maigre remerciement pour tout ce que tu as fait pour moi...

Swanna :
Allons... J'étais contente de le faire... Et puis... Tu es une belle personne, Flaffy.
Flaffy l'embrasse. Swanna lui rend son baiser. Puis se retire précipitamment.

Flaffy :
Pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris... Enfin... Si... Mais... Ah mais qu'est ce que je peux être
sotte...

Swanna :
Non, non... C'est juste que... Je ne sais plus où j'en suis.

Flaffy :
Swanna... Tu reçois des demandes de calendrier toutes les semaines. Des plus beaux hommes du
village. Et des moins beaux aussi, en fait. Tu n'aurais qu'à choisir. Mais tu les déclines toutes. Tu...
Tu ne pensais pas être homosexuelle ?

Swanna :
Rien à voir avec ça... C'est juste que... Je ne veux pas...

Flaffy :
Tu ne veux pas ?

Swanna :
Je suis toujours célibataire. Quelque part, j'ai encore l'espoir que... Un jour... Même si... C'est bête.

Flaffy :
L'espoir, c'est toujours un peu bête. Mais c'est ça qui le rend beau...

Swanna :
Quelque part... Je trouve que... La monogamie a quelque chose de beau, de fort et de poétique.
Alors je me dis que... Je ne veux pas gâcher cette possibilité. D'être un jour ensemble, et de nous
avoir été complètement fidèle depuis toujours. Même si la probabilité que ça se réalise est ridicule.

Flaffy :
Quel genre d'homme ce serait ?

Swanna regarde Flaffy avec surprise.

Flaffy :
Si je veux pouvoir t'écrire un livre, un jour ; il faut bien que je connaisse certains trucs sur toi.

Swanna :
Il est... Mes souvenirs sont très imprécis et... Romancés... Mais... Je me rappelle de ce jour... Je
devais avoir quelque chose comme 8 ans. C'était pendant la période de récolte de pommes. C'était
un peu comme si nous avions le village pour nous tous seuls, tout les adultes étant réquisitionnés au
lointain verger. Un groupe d'enfant avait trouvé un jeune lapin. Il l'avait encerclé, et s'amusait à le
guider à leur guise de leurs coups de bâton. La pauvre bête était mal en point et complètement
terrorisée. J'avais mal pour elle. Alors, excédée, je me suis interposée, en les insultants de tout les
noms possibles. Le grand Rufflet s'est alors dirigé vers moi. 5 ans de plus que moi, le double de ma
taille. Tous les autres nous encerclaient. Hurlant des « Défonce-là ! ». Comme un bête décor sans
personnalité, tous plus idiots et méchants les uns que les autres. Je me souviens de son bras qui se
lève, passe derrière son dos. Son poing qui se ferme. Le coup qui part et... Une main qui
l'interrompt.

Xatu, enfant, est joué par un garçon dans ce souvenir.

Xatu :
À ta place, je ne ferais pas ça.

Rufflet :
De quoi je me mêle, la petite loque ?

Swanna :
Il avait effectivement l'air d'une petite loque. Il avait mon âge, mais de tous les enfants présents, la
petite loque était de loin le moins musclé.

Xatu :
À ta place, je ne ferais pas ça, c'est tout. Réfléchis un peu. Tu la frappes. Ensuite quoi ? Tu as vu
tous ces enfants ? Ils seront tous si fiers de toi, qu'ils vont tous raconter cette histoire autour d'eux.
Tout le monde saura que tu as frappé la petite Swanna. Si tu es capable de la frapper, c'est que tu as
de la force. Si tu as de la force, c'est que tu peux travailler. Tu as envie de passer tes prochaines
journées à récolter des pommes ? Laisse-la tranquille, elle n'en vaut pas la peine. Occupe-toi plutôt
de trouver la personne qui a perdu le lapin.

Rufflet :
La personne qui a perdu le lapin ?

Xatu :
Bah oui... Tu vois où est passé le lapin ?

Swanna :
Effectivement, le lapin n'était plus là. Rapidement, une grosse dispute éclata pour déterminer qui
était responsable de la perte du lapin.

Rufflet :
Je te l'avais donné à toi !

Swanna :
Sur le moment, j'étais un peu énervée. Je voulais vraiment me battre avec ce grand abruti.

Rufflet :
C'est toi qui l'a perdu alors ?

Swanna :
Il m'aurait probablement détruite. Mais à cette époque, je m'en foutais. Du coup, j'en voulais un peu
à la petite loque. Elle m'avait toujours semblé froide, dans son monde et bizarre. Je me dirigeais
vers lui pour l'engueuler. Peut-être même la frapper. Mais c'est lui qui me saisit par le poignet.

Xatu :
Viens vite, il faut qu'on mette le lapin à l'abri pendant qu'ils se disputent encore.

Swanna :
Tout s'était passé tellement vite. Je me demande encore comment elle avait fait pour récupérer et
cacher le lapin.

Xatu :
Tiens, tu peux le prendre s'il te plaît ? Il me fait un peu peur.

Swanna - souvenir :
Mais... Tu as peur d'un lapin ?

Swanna :
Quelle petite loque...

Xatu :
Bah oui... Il a des griffes et tout... Et puis j'ai peur de lui faire mal, aussi.

Swanna - souvenir :
Mais... Pourtant, tu n'as pas eu peur de t'interposer devant Rufflet.

Xatu :
Si, bien sûr que j'avais peur... Mais... Quand je t'ai vue... Je me suis dit que je pouvais pas te laisser
toute seule.

Swanna - souvenir :
Ah... Alors quand tu as dit que je n'en valais pas la peine...

Swanna :
Il a rougi.

Xatu :
Je disais juste ça comme ça tu sais... Moi je m'en fiche... Je voulais juste sauver le lapin.

Swanna :
Petit con...

Xatu :
Dis... Si on s'éloigne trop... On arrivera à retrouver le chemin du village ?

Swanna - souvenir :
Bien sûr. J'ai un très bon sens de l'orientation, ne t'inquiète pas.

Swanna :
Le lendemain, le village avait dû organiser une battue pour nous retrouver.

Xatu :
D'accord... Alors on peut s'éloigner. Plus on va loin, plus on est sûr qu'ils ne pourront pas retrouver
le lapin.

Swanna :
La petite loque avait peur de la forêt. Elle avait peur de tout, en fait... De la forêt, du noir, des filles,
des lapins... En une nuit, il allait devoir affronter tout ça à la fois. Mais juste parce que je lui avais
dit que je saurais retrouver notre chemin, elle y fonçait tête baissée... Il devait me faire sacrément
confiance. Ou être sacrément bête. Ou un peu des deux... Je me rends compte que... Surmonter
toutes ces peurs... juste pour... un lapin... Sans l'admettre, déjà à ce moment là, j'admirais son
courage. Vraiment.

Swanna - souvenir :
T'es vraiment une sale poule en mouillée en fait.

Flaffy :
Ah. Plutôt intérieure, l'admiration, j'ai l'impression...

Xatu :
Je sais.

Swanna :
J'admirais sa lucidité, aussi.

Swanna - souvenir :
Mais je t'aime bien quand même.

Xatu :
Merci.

Swanna :
Ah... C'est elle qui m'avait évité un œil au beurre noir, et c'était à cause de moi qu'on était en train
de se perdre. Mais c'est lui qui me remerciait. Petite loque... J'ai fini par me rendre compte que
j'étais incapable de retrouver notre chemin. Mais je ne voulais pas l'admettre. Je ne voulais pas...
Perdre la face devant elle. Et puis, comme il avait peur de tout... Je redoutais qu'il cède à la panique
ou aux sanglots si je lui avouais que je n'avais aucune idée de comment retourner au village. Alors
j'étais prête à marcher sans fin. Mais elle a senti toute seule que nous étions perdu. Et au lieu de
céder à la panique, elle a pris les choses en mains.

Xatu :
Si nous continuons à marcher dans la mauvaise direction, nous empirons les choses. Les adultes
vont nous chercher. Ils nous gronderont quand ils nous retrouveront, mais ils nous retrouveront.
Alors restons ici et marquons notre présence.

Swanna :
Il y avait un grand arbre qui surplombait les alentours. Avec les moyens du bord, il confectionna un
drapeau. Il ne me restait plus qu'à escalader l'arbre pour l'accrocher à sa cime. Ensuite... Nous
avions dit que nous nous relaieront pour monter la garde, adossés à ce grand rocher blanc. Mais je
me souviens qu'au petit matin, quand les villageois nous retrouvèrent, nous dormions, les deux. Elle
se dénonça spontanément, voulant prendre toute la faute sur lui. Pour moi, c'était surtout la faute de
Rufflet si nous nous étions perdu. Alors j'expliquais en détail l'histoire, prenant de fait sur moi toute
la responsabilité. Je crois que nos parents et les chefs étaient tellement fiers de notre solidarité, que
notre punition fut assez anecdotique. Ah... Le rocher blanc du lapin... Six ans plus tard, je recevais
mes cours d'éducation sexuelle. On nous y expliqua le principe du calendrier. Je trouvais ça
horrible. J'avais lu trop de livres. Tout ces livres romantiques qui font l'éloge de l'âme sœur, de la
monogamie, du couple idyllique... Il n'y avait qu'une personne avec laquelle je voulais être, et je
voulais l'avoir pour moi toute seule. Alors le calendrier, ça me dégoûtait absolument. Mais j'étais la
seule de la classe à être dégoûtée. Sans doute parce que j'étais la seule de la classe à savoir lire.
Quelques fois, être la fille du bibliothéquier a ses inconvénients aussi. Alors je m'étais enfuie. Juste
pour pleurer. Je ne sais pas ce que je comptais faire ensuite. Au fond... Je pense que j'espérais juste
qu'elle vienne me chercher. La petite loque. Et... Bien sûr, il m'a retrouvée. Elle avait bien changé,
et elle avait de moins en moins des allures de petite loque, d'ailleurs.

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
14 juillet 2017 à 02:29:53

Non mais t'es sérieux là ? Je me disais qu'à force de t'ignorer t'allais bien finir par arrêter de nous infliger ta merde. Mais non. Un infatigable enfoiré de compétition. Bordel... Et pour couronner le tout, t'en arrives à foirer la putain de mise en page de manière encore plus affligeante. Pauvre type. T'as bien mérité la claque que Géraldine vient de te mettre. Déprime bien comme un loser, va.

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
15 juillet 2017 à 00:12:47

Ouais, bonne grosse baffe, là. Je pensais pas que ça me tuerait autant cette histoire. Comme quoi, malgré moi, malgré ma rationalité, il y avait vraiment une partie de moi débile qui y croyait à fond. Faut dire, cette fille est tellement parfaite, bordel. Vie de merde.

Enfin, concentrons-nous sur le positif. Je savais que tu lisais. Si tu lis, c'est que soit ça te plaît, soit que tu m'aimes encore, malgré toi. Dans les deux cas, c'est une petite victoire. Du coup, tiens, la suite de la scène 10 :

 

Xatu, adolescente, est joué par une comédienne.

Xatu :
Toi aussi, ça te dégoûte ?

Swanna :
Je ne sais pas trop ce que j'espérais qu'il me dise. Je crois que je n'espérais rien du tout. J'avais juste envie qu'elle soit là. Mais il a réussi à me dire ce que je n'osais même pas espérer.

Xatu :
Ce calendrier... Bien sûr, si la personne que j'aime avait envie de quelqu'un d'autre... Je comprendrais qu'elle veuille... Mais je me sentirais tellement mieux, si elle n'avait envie de personne d'autre que moi. Que nous nous ayons, l'un et l'autre. Et que cela nous suffise. C'est quand même vachement plus beau, non ? N'avoir eu qu'un conjoint. Mais bon... D'un autre côté... Si... Si il n'y a qu'une seule personne avec qui on a vraiment envie d'être... Et qu'Ellora nous en a donné une autre... Alors, foutu pour foutu... Est-ce que je peux vraiment en vouloir à ces gens, de souhaiter profiter de l'élue de leur cœur ? Je ne sais pas...

Swanna :
C'est là que j'ai réalisé. Ce n'était pas le calendrier que je trouvais si dégoûtant. C'était Ellora. Mais Ellora, c'était tout. On n'a pas le droit de la trouver dégoûtante. Même quand...

Flaffy :
Même quand elle supprime notre enfant ?

Swanna :
Désolée... Je sais que c'était horrible pour toi. Je n'ose même pas imaginer à quel point... Et rapidement après, tu as dû être présentée à Rowlet... Je ne sais pas comment tu as fait... Comment tu fais... Toi aussi je t'admire beaucoup, tu sais...

Flaffy :
Même quand je te vole un baiser ?

Swanna :
Surtout quand tu me voles un baiser … Tu penses souvent à lui ?

Flaffy :
Tous les jours. Chaque nuit, surtout... Mais je commence à parvenir à occuper mes pensées autrement... Grâce à la lecture. Grâce à toi... Mais... Je crois que je n'arrive pas encore à pardonner vraiment à Ellora.

Swanna :
Je comprends...

Flaffy :
Et ensuite ?

Swanna - souvenir :
Est-ce que tu...

Swanna :
Je voulais lui demander si il m'aimait. Si il ne voulait pas fuir Ellora avec moi. Pour vivre ensemble, à jamais, rien que tous les deux, ailleurs...

Swanna - souvenir :
Est-ce que tu...

Swanna :
Mais évidemment, c'était plus facile à penser qu'à dire...

Swanna - souvenir :
Est-ce que tu m'en veux ?

Swanna :
Trouillonne...

Xatu :
T'en vouloir de quoi ?

Swanna :
Je n'avais aucune idée de quoi...

Swanna - souvenir :
De...

Swanna :
Vraiment aucune idée.

Swanna - souvenir :
De...

Swanna :
Et puis le lieu... Le rocher blanc du lapin...

Swanna - souvenir :
De t'avoir entraînée ici, il y a quatre ans...

Xatu :
Ahah !

Swanna :
Ouais ouais fous-toi de ma gueule petit con... J'aimerais t'y voir...

Xatu :
Si tu savais... C'est un de mes meilleurs souvenirs...

Swanna :
On est resté un moment, là. Sans rien dire. Je ne sais pas à quoi elle pensait. Moi, pour la première fois, je prenais conscience d'Ellora. De tout ce que ça impliquait. Et aussi... du poids du pourquoi. De pourquoi je devais la respecter. J'avais honte d'avoir agi comme ça. Et honte d'avoir... hésité à lui de demander de fuir avec moi... J'étais contente que la trouille ait retenu mes mots, pour une fois.

Xatu :
Swanna... ?

Swanna :
Quoique... Souvent j'ai l'impression qu'elle peut lire dans mes pensées. En fait, j'étais persuadée qu'il en était capable. Qu'il lisait tout. J'avais peur de sa réaction à l'insolence de mes pulsions.

Xatu :
On rentre, ou tu veux encore rester un peu ?

Swanna :
J'étais aussi convaincue que parfois, elle faisait exprès d'ignorer ce qu'il avait lu, juste pour éviter que je me sente mal. Je crois que je l'idéalisais un peu trop.

Swanna - souvenir :
On peut rentrer, petite loque...

Swanna :
Toujours très intérieurement, l'idéalisation.

Xatu :
Tu le penses toujours ? Que je ne suis qu'une petite loque ?

Swanna :
Je ne l'avais jamais pensé.

Swanna - souvenir :
Évidemment.

Xatu :
Ahah. Tu m'avais manqué.

Xatu et Swanna-souvenir s'apprêtent à sortir de scène.

Swanna – au Xatu de son souvenir :
Hey !

Xatu :
Oui ?

Swanna :
Merci...

Xatu et Swanna-souvenir sortent de scène.

Flaffy :
Mais... Il est encore dans le village ?

Swanna :
Non... Non, il est parti.

Flaffy :
Il a été marié à une femme d'un autre village...

Swanna :
Il a été marié à une autre, oui.

Flaffy :
Dur... Et échec...

Swanna :
Quelle rudesse !

Flaffy :
Désolée... Tu penses encore à lui ?

Swanna :
Toutes les nuits.

Flaffy :
À ce point là... Navrée... Je n'imaginais pas que...

Swanna :
Bah... Tu n'y es pour rien. Et puis, ça fait longtemps maintenant...

Flaffy :
Échec. Ça a cicatrisé ?

Swanna :
Je ne sais pas... C'est plutôt que j'ai appris à vivre en boitant...

Flaffy :
Mat.

Swanna :
Ahlala... Dure journée !

Flaffy :
Désolée...

Swanna :
Mais non, mais non ! Bien joué. Bon ! Je... Je vais aller préparer le dîner, moi... À bientôt !

Flaffy :
Bonne soirée…

Flaffy observe les fesses de Swanna et la regarde s'éloigner. Elle reste pensive un moment. Puis, avec un léger soupir, reprend sa lecture.

Voix off :
« Entrée 14-11
J'ai découvert par hasard un dossier très intéressant sur cet ordinateur. Du porno. C'est fou, il y en avait pour tous les goûts. Je me demande pourquoi mon prédécesseur ne me l'avait pas montré. Quel idiot. Ou peut-être qu'il ne savait pas ? Mais si il ne savait pas, c'est qu'un précédent gardien n'en avait pas parlé à son successeur. Par honte, sans doute. Quel idiot. Pour un gardien d'Ellora, condamné de fait au célibat... De la pornographie, c'est une vraie bénédiction... J'ai passé un bon moment hier. Je m'attendais à me sentir davantage coupable après coup. J'imagine que c'est parce que mon amour n'est pas physique. Ce qui n'est peut-être pas plus mal, finalement. Enfin, je sais comment je vais passer mes prochaines soirées. »

La hutte de Swanna – Swanna et Xatu, puis Marowak

Swanna :
Hiiiiiiii Xatu !

Xatu :
Swanna...

Swanna :
Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas l'air si content de me voir.

Xatu :
C'est que... Mon Dieu, tu pleurais déjà ?

Swanna :
Comment ça, « déjà » ?

Xatu :
Je suis désolé. J'ai une bien triste nouvelle à t'annoncer. Mais... Hey ? C'est le baiser de Flaffy de hier qui t'a mis dans des états pareils ? Encore aujourd'hui ?

Swanna :
Quoi !? Comment… ?

Xatu :
Je l'ai croisée sur le chemin. Elle m'a raconté...

Swanna :
Ah... Ouf... Tu sais que pendant longtemps, j'ai cru que tu avais le pouvoir de lire dans mes pensées, ou un truc du genre...

Xatu :
Ahah... Moi aussi, j'ai souvent l'impression que tu peux lire dans les miennes, encore maintenant... Mais... Tu ne la trouves pas séduisante ?

Swanna :
Flaffy ? Je... Si, mais... J'avais l'impression de trahir quelqu'un. Ou peut-être, de me trahir, plutôt.

Xatu :
Elle hésitait à t'envoyer une demande de calendrier.

Swanna :
Quoi ?

Xatu :
Moi ça ne me surprend pas. Toi aussi tu es très séduisante, alors forcément...

Swanna :
Mais... Non...

Xatu :
Tu devrais accepter.

Swanna :
Quoi ?

Xatu :
Tu en as envie, non ?

Swanna :
Mais non... Comment tu peux ? ... Enfin... Je ne sais pas... D'un côté, oui... Elle m'attire beaucoup, c'est sûr... Mais de l'autre... Je ne peux vraiment pas... Je me dois... D'attendre... Je me le suis... promis.

Xatu :
Attendre quoi ?

Swanna :
Attendre que... Mon époux rêvé... Me revienne... Enfin...

Xatu :
Et si tu devais te marier à un autre ?

Swanna :
Que... Pourquoi tu me poses cette horrible question ?

Xatu :
Parce qu'elle devient brûlante d'actualité.

Swanna :
Quoi ?

Xatu :
Ellora t'a trouvé un époux. D'un autre village.

Swanna :
Que... Non... Non ! Pourquoi... Non... Xatu...

Xatu :
Je sais.

Swanna :
Comment as-tu pu... Comment peux-tu... Enfoirée ! Enfoirée...

Après avoir tambouriné les épaules de Xatu, elle s'accroche à son cou pour sangloter dans son dos.

Xatu :
Il devrait bientôt nous rejoindre. On lui a fait faire le tour du village...
Un silence.
Je suis désolée...

Swanna :
Ellora est un monstre.

Xatu :
Écoute... Je...

Swanna – toujours agrippée au cou de Xatu :
Vas-t-en... Vas-t-en... Vas-t-en... Vas-t-en...

Xatu :
Je sais que ce n'est pas ce que tu espérais. Je le sais. Mais... C'est quelqu'un de bien. Vraiment. Dans une autre vie, je suis persuadée que ça aurait pu être lui que tu espérais.

Swanna :
Mais on n'est pas dans une autre vie.

Xatu :
Non, je sais... Écoute... Je sais que ce n'est pas ce que tu as envie d'entendre, mais...

Swanna :
Alors je n'entendrai pas.

Xatu :
Qu'importe, tu le liras dans mes pensées plus tard... Alors autant te le dire. Tu peux passer le restant de ta vie à t'interdire d'en aimer un autre. De t'interdire de ressentir le moindre plaisir lorsque tu accompliras ton devoir. Et par là même, probablement, lui interdire d'en avoir à lui aussi... Ou alors... Tu peux te dire... Foutu pour foutu... Autant se laisser aller à... à en aimer un autre... Ou une autre, si tu es simplement lesbienne... Je suis convaincu que... La personne que tu espérais... Pour peu qu'elle soit ne serait-ce qu'au quart digne de toi... Elle préférerait te voir heureuse, plutôt que ruminant un amour impossible.

Swanna :
Je me fiche d'être heureuse. Je préfère encore m'interdire de l'être plutôt que de la trahir.

Xatu :
Et empêcher Flaffy comme Marowak d'être heureux, eux aussi ?

Swanna :
Il s'appelle Marowak ? Quel nom de merde...

Xatu :
J'avoue... Mais pour quelqu'un qui n'entend pas, je te trouve bien attentive...

Swanna :
T'es vraiment conne quand tu veux.

Xatu :
Je sais.

Swanna :
Je ne pourrai jamais...

Xatu :
Je... Je comprends. Mais... Je voulais juste te dire que... Tu as le choix... Ou en tout cas... Tu peux t'autoriser à prendre du plaisir. Te laisser aller à certains de tes désirs, à défaut de pouvoir te laisser aller à tes amours... Tant qu'elle reste le premier dans ton cœur, est-ce vraiment la trahir ? Elle qui préférerait que tu prennes au moins un peu de plaisir de temps à autres, à défaut de pouvoir être heureuse...

Swanna :
Petite loque.

Xatu :
Cela faisait longtemps.

On frappe.

Xatu :
Cela doit être lui.

Marowak entre.

Marowak :
Wouah... Et en plus elle est magnifique... Swanna, je crois que je t'aime déjà...

Swanna éclate en sanglots.

Xatu – à Marowak :
Euh... Rhume des foins...

Voix off :
« Entrée 14-54
Muk et Meloetta sont venus me trouver. Plus de deux ans qu'ils sont mariés, et toujours incapables de passer à l'acte. J'ai donc sondé Ellora, utilisant la commande AlternativeMariage pour la première fois. Le calcul était long. Mais à sa sortie, une énorme surprise. « J'ai fait une erreur ». Je n'en revenais pas. Ellora ? Une erreur ?
« J'ai ordonné il y a 19 ans de supprimer le nouvel individu Nincada(5) : Superflu car gênes trop proches de ceux d'individus existants. Une mutation inattendue (15aF392B40A339241) dans le génome de l'individu Muk(7) a été identifiée. Cette mutation s'avérerait extrêmement complémentaire avec le génome de Nincada(5). Il était impossible de prévoir le potentiel des faibles singularités du génome de Nincada(5). »
J'ai hésité. Longuement. Et puis je me suis dit que... C'était l'occasion rêvée pour enfin dire la vérité à Ellora. Nincada était toujours en vie. Comme tant d'autres. Je lui ai expliqué nos raisons, et que les bannis, isolés dans leur village, n'interféraient en rien avec le déploiement du génome des pertinents. Elle s'est alors lancée dans un profond calcul. Au bout de cinquante interminables secondes, une joie immense : « Initiative acceptée. Bien joué, humains. »

Lauren_Faust Lauren_Faust
MP
Niveau 8
23 juillet 2017 à 17:55:13

Hum... Ce n'est que maintenant que j'y pense...

Et si tu faisais une recherche ? Si tu googlais des bribes des textes ? Tu pourrais atterrir ici. Et la lire la suite. Tout lire...

Le fait que je suis amoureux de toi, ça, ça va encore. C'est chiant que tu le saches, surtout comme ça, mais ça va encore. Et puis... Quelque part, tu devais déjà t'en douter un peu.

Par contre... Il y a ce "Alors qu'elle n'est même pas belle. Enfin, si, elle est magnifique. Mais pas son corps. D'ailleurs, peut-on vraiment encore appeler cela un corps ? Un corps sans chair. Un corps sans corps..."
Je ne sais pas comme tu le prendrais. J'ai peur qu'il te blesse... Si c'est le cas... Je suis vraiment désolé. Comme la date l'indique, c'était il y a quelques temps. Je ne savais pas que ton corps te complexais dans ce sens là. C'était assez inconcevable. Mes plus plates excuses...

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