Cette technique est justifiée dans le cadre des conflits armés, mais y recourir systématiquement peut être contre-productif, explique dans une tribune au « Monde » le spécialiste de stratégie militaire Jean-Baptiste Jeangène Vilmer.
Tribune. L’élimination ciblée, qui consiste à tuer un individu non détenu de manière préméditée et intentionnelle, s’invite régulièrement dans le débat français sur les méthodes de lutte contre le terrorisme, au prix de quelques confusions. D’abord, il ne s’agit pas d’une alternative à la capture, qui est généralement préférable lorsqu’elle est possible, ne serait-ce que parce qu’elle procure du renseignement. Les terroristes présumés capturés à l’étranger doivent évidemment être jugés, de préférence en France. La question est de savoir quoi faire des autres.
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Parler d’« assassinat ciblé » présume l’illégalité alors que tout dépend du contexte. Dans un conflit armé, le droit international humanitaire (DIH) s’applique et l’élimination ciblée peut être légale si sa cible est un combattant ou un civil participant directement aux hostilités. En Syrie, en Irak, au Yémen, au Mali et en Libye par exemple, les critères du conflit armé non international (intensité des combats et organisation des groupes armés) sont satisfaits. Dans ce contexte, l’action ciblée est légale si elle respecte les principes du DIH (distinction, proportionnalité, précaution, interdiction des maux superflus). La nationalité de la cible est indifférente : son passeport n’est pas un bouclier.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/11/l-elimination-ciblee-des-terroristes-est-a-employer-avec-parcimonie_5421848_3232.html