Peut-être que ce n'est pas parce qu'on a conscience de soi qu'on arrive à se saisir pour autant. Lorsqu'on dit "Je", on se mord la queue, donc on blesse une partie de soi qui est peut-être la part essentielle de notre être façonnée par le non-soi, l'Autre, au risque de se réduire au "Je", ou plutôt de se renfermer, de se replier sur soi-même, de se couper du monde et d'exclure les autres. Il n'y a plus que le "Je" qui compte, qui existe même, d'où l'égoïsme, l'égocentrisme, le nombrilisme, le narcissisme, l'individualisme, le libéralisme, le capitalisme et tous les dommages évidents que cela entraîne sur la vie en société, sur les rapports sociaux, sur la nature. Il n'y a plus qu'un sujet (Je), et tout le reste, tout ce qui n'est pas moi, est considéré comme un simple objet, y compris ma propre mère, dont le seul but est de me servir