En plus des intérêts évidents du synonyme pour la littérature, la poésie, la mémoire, l'identité de l'orateur, j'en ai trouvé un autre !
En effet, si, d'après Hegel, "c'est dans les mots que nous pensons", un mot jugé plus attrayant qu'un autre pour nul ne sait quelle raison sera davantage employé, et, de la sorte, l'idée s'imposera dans l'esprit en même temps que le mot dans l'idiome. Mais, si nous disposons de synonymes, pour une idée s'emploie divers mots d'attrait différent, ce qui équilibre la chose, et retire du biais à la pensée (Shakespeare : "ah ! Que la fausseté a de beaux dehors !") !
"équilibre la chose", "retire du biais à la pensée" : gné ?
En quoi une soupe de synonymes profiterait-elle à la pensée ?
Je pense toute le contraire. Il n'y a pas de synonymes, ou bien il ne devrait pas y en avoir. Si l'on mesure la richesse d'un langage à sa faculté de classer le réel le plus subtilement possible, alors un langage qui le classe grossièrement via un gloubi-boulga de termes qu'on confond joyeusement est un langage pauvre. Et qui dit langage pauvre dit pensée pauvre (cf le mot de Hegel que tu cites).
C'est la première chose qu'on enseigne aux étudiants de lettre et de philo : oubliez le concept de synonymes. Chaque mot décrit une réalité différente, ou du moins est unique par son registre -- sans parler des sonorités différentes, etc
A mes yeux, le seul domaine où l'emploi d'un dictionnaire de synonymes serait justifié est la poésie -- mais uniquement parce que le signifiant y compte autant que le signifié, le son et l'image autant que le sens. Et même là il faut se rendre compte de ce que l'on perd au niveau du sens en employant tel mot plutôt qu'un autre.
Il faudrait donc, d'après toi, et non sans rappeler un tant soit peu Boileau, une correspondance un-à-un entre une idée et un mot, pour rendre la pensée plus claire et, déduction prégnante, le discours plus fluide.
Mais à l'instar d'un clavier BEPO où, si les lettres en sortie ne correspondent plus aux lettres figurant sur les touches, l'utilisateur va acquérir l'automatisme de ne plus utiliser ses yeux, ce flou sémantique ne peut-il pas être compensé voire surcompensé par une meilleure discrimination des mots selon leurs différentes nuances ?
Ainsi qu'un peu en creux du mot "interligare" (faire le lien entre, qui a donné le mot intelligence) : il s'agit de purger l'agrégat que tu désignes.
Qu'en penses-tu, très cher ?
Plop à vous
Ca me plaît bien, cette petite pensée linguistique.
Plop ! Cool ! As-tu un avis sur la question impliquant shayde et moi ?
Je trouve qu'il y a une contradiction dans les propos de shayde :
Si l'on mesure la richesse d'un langage à sa faculté de classer le réel le plus subtilement possible
(...)
C'est la première chose qu'on enseigne aux étudiants de lettre et de philo : oubliez le concept de synonymes. Chaque mot décrit une réalité différente, ou du moins est unique par son registre -- sans parler des sonorités différentes, etc
car les synonymes existent justement pour introduire des nuances, par exemple blaguer et brocarder veulent-ils dire la même chose ? Ricaner et rigoler ? Une chaise et un siège ?
Ce sont les nuances entre ces termes pourtant synonymes, qui font la richesse de la langue.
Qu'en penses-tu, très cher ?
J'en pense que j'aime bien l'étymologie "inter-ligare"
J'en pense aussi que ni toi ni edophenix ne croyez en l'existence de synonymes à partir du moment où vous admettez l'existence de nuances entre les termes. Ou alors il faudrait redéfinir "synonymes" pour désigner "deux mots de sens voisin". Mais dans la pratique les gens les considèrent comme des mots parfaitement substituables les uns aux autres.