Une fille pourrait être extrêmement belle si elle n'avait pas le visage bouffi à cause de son obésité.
Pourtant aucun garçon, même ceux qui ne jurent que par un beau visage, ne voudrait à l'instant t sortir avec elle.
Pourquoi ?
On me répondra : "et qui te garantit qu'elle sera belle en maigrissant, et qu'elle maigrira ?"
Et je rétorquerai : "eh bien, elle a grossi à cause d'une blessure subie il y a 3 mois qui l'a empêchée de faire du sport. Et avant ces 3 mois, elle était sublime."
À présent, est-ce que plus de garçons voudraient d'elle l'instant t ? Je ne pense pas.
Pourquoi ?

C'est qu'on cherche à ce qu'un individu prenne lui-même conscience de ses atouts ou en développe lui-même les germes.

Nous avons une attitude fétichiste et non-héraclitienne vis-à-vis de notre jugement des individus, comme Blaise Pascal l'avait fait remarquer quant au caractère extrinsèque des qualités. Pour avoir de la désaribilité sociale, il faut ni n'avoir été ni ne futurement être, il faut être au présent, et même faire croire à l'inhérence de nos attraits.
Fétichiste également dans la mesure où on croit, ou l'on veut croire, à une émergence spontanée des aptitudes et autres aménités.
C'est aussi pour cela que l'on rejette le transhumanisme quand bien même il change plus la manière que la matière.
Se faire greffer des qualités, quelle dystopie ce serait ! Bien sûr, le propos est simplifié à dessein.

Et nous, losers, ne nous sentons pas acceptés comme nous sommes, ou nous montrons découragés par la double iniquité, l'incertitude ou l'ampleur de la tâche. Juger de ce qu'on obtiendra quand cela nous est ou nous semble si lointain est délicat. Nous aimerions bien plus une sorte de créance. Je te donne ce que tu veux maintenant, tu le payeras plus tard.

Je pense qu'on considère stupidement que chacun a une quantité minimale d'efforts à fournir de son côté. Et de 2, comme une photo capture à l'instant t et que si elle est belle on va la mettre en photo de profil, on veut une belle représentation d'autrui de laquelle découle notre jugement figé dans le temps.
Comme pour le bateau de Thésée, on va arbitrairement retenir un aspect de quelqu'un et en éconduire un autre.

À présent, est-ce que plus de garçons voudraient d'elle l'instant t ? Je ne pense pas.

Pourquoi ?

Parce que le physique joue un rôle important dans la séduction, et que tout se passe dans le corps, pas dans la raison

rien à voir avec la philo, les positionnements non-héraclitiens ou blaise-pascalesque, tu aimes pas quelqu'un comme tu mises sur un cheval, tu aimes pas quelqu'un comme tu fais un investissement immobilier sur l'avenir

c'est gros, tu aimes pas. Aussi simple que ça. T'as faim, tu manges. Tu te fiches pas mal des équations à 18 inconnues à résoudre sur 48 pages pour en arriver à la conclusion qu'il fallait coucher avec la grosse ou manger le morceau de tofu

Qu'est-ce qui te paraît le plus sain, sachant qu'il n'est question que d'attirance physique :

1) Sortir avec une personne parce qu'elle nous attire physiquement.
2) Sortir avec une personne qui ne nous attire pas physiquement, mais qui le pourrait après amaigrissement.

Quand il s'agit d'attirance physique il n'est pas question de raison mais de désir, pas d'esprit mais d'argile, c'est instinctif. C'est la nature qui nous pousse l'un vers l'autre. Dès lors, je ne pense pas qu'il y ait un cheminement de pensée particulier derrière une attirance physique, et tout ton raisonnement me semble être superflu, quand tout ce qu'il y a à expliquer est que nos organismes vivent dans le présent.

Plop !
J'ai connu des filles qui ont été maigres et grosses ensuite, et je les trouvais toujours sympas après qu'elles aient grossi (bon, en fait l'exemple que j'ai en tête, c'est aussi une fille qui a re-maigri depuis, mais quoiqu'il en soit, je l'aimais tout pareil quand elle était grosse : Le fait que je l'ai connue fine avant qu'elle grossisse me permettait de savoir qu'elle ne se définissait pas par sa corpulence, et de continuer à l'apprécier).

Du coup, je pense que c'est surtout la première impression qui est déterminante.

Cela dit, une personne (homme ou femme) qui grossit, ça trahit aussi une attitude alimentaire pas très saine, donc d'un certain point de vue, même si on est sensible au physique sans réfléchir, en se référant aux canons contemporains de la beauté, c'est pas forcément une mauvaise chose, ça peut du coup inciter la susdite personne à améliorer son alimentation.

Aujourd'hui plus qu'avant, on bouffe du "mangez-bien, bougez-bien" tous les jours à tous les niveaux. Société qui rêve étrangement d'immortalité et qui abhorre tout ce qui accélère l'arrivée de l'Ankou.

La grosseur, c'est pas sain, et si c'est pas sain, ça nous tue, et si c'est sain ça nous tue aussi, mais moins vite...

Chacun s'occupant gentiment des fesses de son voisin, on en arrive à avoir réduit globalement l'idéal de beauté à l'idéal de sanité, être propre sur soi mais aussi propre en soi.

Quand on s'en foutait, que tout ce qu'on voulait c'était croquer, alors on en demandait des belles poignées d'amour à se mettre sous la dent.

Mais tout ça, ça va, ça vient...

Le 20 avril 2017 à 22:57:
Jooord a écrit :

La grosseur, c'est pas sain, et si c'est pas sain, ça nous tue, et si c'est sain ça nous tue aussi, mais moins vite...

Chacun s'occupant gentiment des fesses de son voisin, on en arrive à avoir réduit globalement l'idéal de beauté à l'idéal de sanité, être propre sur soi mais aussi propre en soi.

C'est pas aussi tranché, quand même, - enfin, c'est pas ce que j'ai voulu dire en tout cas. Autrefois si on aimait les gros, c'est parce qu'obésité était synonyme de puissance, pas parce que c'était malsain. Et aujourd'hui, si on aime les maigres, c'est parce que ce sont les personnes qui savent se modérer pour offrir aux autres une image sympathiques d'eux-mêmes, donc c'est pas lié directement à la santé (et c'est aussi synonyme de puissance, puisque ce sont ceux qui ont les moyens d'acheter de l'alimentaire de bonne qualité, alors que les moins puissants, eux, n'ont pas été éduqués pour sélectionner cette qualité).

Que ce soit bon pour la santé, c'est plutôt un bonus, en fait, selon moi.

Enfin, certes, on a du *mangez bougez santé* mais le discours est survenu bien après que la mode soit à la maigreur.
(Puis être trop maigre, c'pas bon non plus )