Est-t-il raisonnable d'honorer une femme car elle est belle et est-ce que la beauté nous donne une réelle valeur supplémentaire? ou doit-on nous arrêter au lieux-communs tels que "il n'y a que l'intérieur qui compte"?
L'un des passages les plus célèbres du vieux Pascal permet de régler ce problème en en soulevant un bien plus grand :
"Qu'est-ce que le moi ?
Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? Non ; car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.
Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées."
Le 01 janvier 2017 à 22:20:22 [jesuispartout] a écrit :
L'un des passages les plus célèbres du vieux Pascal permet de régler ce problème en en soulevant un bien plus grand :"Qu'est-ce que le moi ?
Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? Non ; car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.
Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées."
merci pour ta réponse, mais alors, qu'est-ce que le moi si ce n'est nos traits de caractères distincts qui forment nos qualités et défauts?
Si on admet que le physique est génétique, si on admet que les riches se tapent les belles, et si on admet que les enfants des riches sont mieux éduqués, alors oui, pourquoi pas.
Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus
Ou alors, si on aime une personne "à cause" de sa beauté, on aime bel et bien cette personne.
Après la petite vérole, cette personne en est une autre. Et c'est cette nouvelle personne que nous n'aimons pas.
Et dans ce cas, puisque nous ne vivons jamais deux fois le même instant, nous ne sommes jamais deux fois la même personne et la notion même de personne se délite jusqu'à disparaître.
Le 10 janvier 2017 à 12:22:19 DeanPereira24 a écrit :
Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus
Ou alors, si on aime une personne "à cause" de sa beauté, on aime bel et bien cette personne.
Après la petite vérole, cette personne en est une autre. Et c'est cette nouvelle personne que nous n'aimons pas.
C'est vrai que cet exemple est assez fallacieux car il oublie que l'image que l'on a de soi nous défini mentalement
La beauté est souvent le reflet de ce qui est positif pour nous . C'est normal d'y accordé de l'importance. Par exemple je suis dans une rue sombre est face à moi il y a d'un côté un affreux clochard et de l'autre une fille magnifique et bien 99% des gens choisiront la fille, de plus dans la réalité la beauté est représentative de l'esthétique de vie des individus, dans le cas présent le clochard a plus de risque de m'attaquer que la jolie fille.