Le transhumanisme un mouvement de pensée prônant la transcendance de l’humanité via la science et la technologie.
Mais, si nous voulons transcender notre humanité, il nous faut comprendre dans un premier temps définir celle-ci. Je vais récupérer la première phrase de définition de la page Wikipédia sur l’humanité (https://fr.wikipedia.org/wiki/Humanité), qui définit celle-ci de façon brève, mais que je trouve relativement complète : « Le mot humanité désigne à la fois l'ensemble des individus appartenant à l'espèce humaine (Homo sapiens) mais aussi les caractéristiques particulières qui définissent l'appartenance à cet ensemble. »
Ainsi, notre humanité se caractériserait par notre appartenance à l’espèce Homo Sapiens, et des particularités physiologiques, psychiques, sociales et techniques qui découlent de l’appartenance et de l’évolution de la dite espèce.

Une des principales différences nous différenciant de l’animal est notre capacité de raisonnement et de création de modèles complexes, nous permettant le développement d’une technique avancée par laquelle nous avons su nous appuyer à travers le temps pour évoluer et progresser en tant qu’être intelligent et intelligible, se dotant d’outils permettant la résolution de problèmes divers.
Ces outils, bien qu’extérieur à l’être humain en soi, sont une création visant à servir de solution à un problème ou un groupe de problèmes et découlent directement de la force de création raisonnée que nous avons.
Il est alors, de mon point de vue, tout à fait raisonnable de considérer ces créations comme une extension de notre pensée et, de ce fait, de notre humanité. Je ne dis pas que les objets ont une humanité, mais que ceux-ci participent à la nôtre, en étant la forme matérialisée de concepts et réponse à des problèmes que nous imaginons et rencontrons, que ce soit par curiosité ou besoin de survie.

En faisant le postulat que l’outil participe à la définition de l’humanité, et est une extension de celle-ci pour les raisons citées plus haut, nous pouvons alors nous pencher sur la question du progrès de l’humain, non plus par la connaissance en soi et le développement de la pensée, mais par l’augmentation physique. L’outil deviendrait alors une part intégrante de notre physiologie et, en intériorisant ce qui était autrefois extérieur à nous, nous pourrions probablement devenir plus humains.
Dans les faits, nous utilisons déjà la technique aujourd’hui, mais celle-ci ne sert pas à nous augmenter, mais simplement à corriger. Nous pouvons évoquer les médicaments, les prothèses, ou encore les diverses opérations chirurgicales visant à la restructuration de notre organisme.
Le stade de la correction passée, nous pourrions rentrer dans le domaine de l’amélioration physique et mentale. Nous pourrions être plus fort, agile, habile, avoir plus de mémoire ou penser plus vite.

La question que je pose est : en quoi l’amélioration de nos propres capacités nous déshumaniserait ? Devrions nous alors revoir la définition de l’humanité ?

Dans le scénario dont tu parles, on améliore nos capacités (vraiment si particulières à l'homme ?) en nous transformant physiquement. Alors certes on développe des caractéristiques déjà présentes mais on en perd d'autres. Et on n'est pas uniquement définis par nos capacités (améliorées) mais aussi par la matière qui nous constitue. Nous autres êtres humains, nous sommes faits "de chair et de sang".

Et alors quand une chose se transforme suffisamment, soit on lui trouve un autre nom, soit on fait évoluer sa définition. Et à travers ce choix il y aura un jugement à propos de ce changement.

Il faut aussi considérer que le terme "humanité" recouvre plusieurs définitions et que, même si tu as pris soin de préciser la définition que tu veux utiliser, on entendra toujours une ambiguïté à travers l'expression "perdre son humanité". Parce que le terme humanité peut ne pas recouvrir uniquement ce qui est physiquement descriptible chez l'homme, mais aussi des comportements et même des valeurs morales (que chacun voit différemment). On entend pas aisément dissocier les différents éléments qui nous définissent. Et est-ce qu'il est possible de les dissocier ? Est-ce que je peux dissocier la pensée et le comportement d'un être de sa chair ? Les deux ne sont-ils pas dépendants l'un de l'autre ?

Le 24 mai 2016 à 19:15:12 bluepoint_ a écrit :

Une des principales différences nous différenciant de l’animal

Des autres animaux

se dotant d’outils permettant la résolution de problèmes divers.

on est pas les seuls à faire ça en fait

Des autres animaux oui, désolé.
Et on est pas les seuls, certes, mais nous sommes les seuls à le faire de façon aussi extrême et laissant l'outil avoir une place aussi importante dans nos vies, sans ça on ne serait pas grand chose.

Le 24 mai 2016 à 20:03:46 bluepoint_ a écrit :

"perdre son humanité"

on en fait tout un plat mais c'est pas si terrible que ça en a l'air

Je suis d'accord avec toi, même si je pense que de toute façon, d'une façon général, ça nous fait devenir plus humain.

Le 24 mai 2016 à 19:54:00 raposo a écrit :
Dans le scénario dont tu parles, on améliore nos capacités (vraiment si particulières à l'homme ?) en nous transformant physiquement. Alors certes on développe des caractéristiques déjà présentes mais on en perd d'autres. Et on n'est pas uniquement définis par nos capacités (améliorées) mais aussi par la matière qui nous constitue. Nous autres êtres humains, nous sommes faits "de chair et de sang".

Et alors quand une chose se transforme suffisamment, soit on lui trouve un autre nom, soit on fait évoluer sa définition. Et à travers ce choix il y aura un jugement à propos de ce changement.

Il faut aussi considérer que le terme "humanité" recouvre plusieurs définitions et que, même si tu as pris soin de préciser la définition que tu veux utiliser, on entendra toujours une ambiguïté à travers l'expression "perdre son humanité". Parce que le terme humanité peut ne pas recouvrir uniquement ce qui est physiquement descriptible chez l'homme, mais aussi des comportements et même des valeurs morales (que chacun voit différemment). On entend pas aisément dissocier les différents éléments qui nous définissent. Et est-ce qu'il est possible de les dissocier ? Est-ce que je peux dissocier la pensée et le comportement d'un être de sa chair ? Les deux ne sont-ils pas dépendants l'un de l'autre ?

Comme tu le dis, nous pouvons changer ou faire évoluer la définition. Mon idée étant de ne pas forcément avoir à faire l'un ou l'autre, étant donné que de toute façon, cette technicité participe dans son essence à l'humanité. La question est donc de savoir si cela est trop tiré par les cheveux dû à la nature de la technologie qui semble être distante de nous, quand bien même celle-ci découle de notre pensée.

J'ai volontairement choisi une définition simple et encadrant un nombre de généralités permettant la mise en place de mon idée bien évidemment, je l'entend ici principalement du point de vue biologique, avec des caractéristiques morales etc découlant de sa biologie.
Tu soulèves une bonne question, sommes-nous intrinsèquement, jusque dans la morale, les valeurs, liés à notre condition d'être de chair ? Bien évidemment, comme je l'ai déjà dit, je ne pense pas, et je considérerais un cyborg tout aussi humain qu'un être fait entièrement de chair, peut être plus, je ne sais pas encore trop là.

Bien évidemment, comme je l'ai déjà dit, je ne pense pas, et je considérerais un cyborg tout aussi humain qu'un être fait entièrement de chair, peut être plus, je ne sais pas encore trop là.

Tout dépend de ta définition d'un humain et d'un cyborg...
Un humain sans son cerveau est il encore considéré comme un humain ?
Un humain sans son "deuxième cerveau" (neurone situés dans les intestins) est il considéré encore comme un humain ?

En gros c'est quoi un humain exactement ?

Plop à toi et à tous !

Etant un passionné du sujet, (mais crevé ce soir) j'indique juste deux-trois trucs, je reviendrais ultérieurement donner un avis développé :

• Déjà, Roger Pol-Droit, un vulgarisateur philosophe parmi mes préférés, a écrit un gros bouquin sur la question : Humain : une enquête philosophique sur ces révolutions qui (etc..), dont je me suis abondamment servi pour faire ma dissert'-pour-rire

(dont le lien se trouve ici :
https://www.jeuxvideo.com/forums/42-68-46410161-1-0-1-0-imaginez-que-votre-dissertation-est.htm#post_798620185 )

• ensuite, pour réfléchir à ce sujet, les jeux vidéos cyberpunk Deus Ex de Warren Spector (le tout premier) et Deus Ex : Human Revolution font bien réfléchir à ce sujet.

Voilà, j'en dirais davantage ultérieurement....

re-Plop !

Je suis passé aujourd'hui au Furet du Nord (la librairie des Ch'tis ) et ai constaté en tête de gondole que notre Luc Ferry national, fidèle à lui-même, a une fois de plus sacrifié aux débats médiatiques et rejoint la mode du transhumanisme et nous propose pour quelques sous (c'cher quand même !) son avis sur cette question de société.

J'avoue lui avoir préféré un autre auteur, un philosophe argentin du nom de Miguel Benasayag, dont l'ouvrage cerveau augmenté, homme diminué, a été traduit chez les éditions de La Découverte...
Je ne l'ai pas encore lu, mais ne manquez pas de me rappeler de vous dire ce que j'en pense.

A priori (et vu le titre), il est plutôt réfractaire...

Je suppose être bien moins catégorique que lui (mais j'attends de l'avoir lu pour confirmer) et avoue me préoccuper plutôt de l'éthique sociale : le transhumanisme sera t-il égalitaire, source de mélioration de la vie humaine, ou sera t-il instrumentalisé, comme je le crains, par une élite financière et politique afin d'étendre et de resserrer son pouvoir sur les masses populaires ?

En attendant, je vous invite à lire un vieil article (de trois ans, déjà... Comme quoi le sujet n'a plus grand'chose de nouveau !) sur mon blog, qui traitait du lien entre transhumanisme et cyberpunk, et proposait une liste d'ouvrages et de films du genre :

http://documentasterisque.blogspot.fr/search/label/transhumanisme