Je viens de lire Qu'est-ce qu'une nation de Renan. C'est disponible ici, d'ailleurs http://classiques.uqac.ca/classiques/renan_ernest/qu_est_ce_une_nation/renan_quest_ce_une_nation.pdf

Voici ce que j'en retiens :

→ «L'oubli, et je dirai même l'erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d'une nation, et c'est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger. L'investigation historique, en effet, remet en lumière les faits de violence qui se sont passés à l'origine de toutes les formations politiques, même de celles dont les conséquences ont été le plus bienfaisantes. L'unité se fait toujours brutalement ; la réunion de la France du Nord et de la France du Midi a été le résultat d'une extermination et d'une terreur continuée pendant près d'un siècle. Le roi de France, qui est, si j'ose le dire, le type idéal d'un cristallisateur séculaire ; le roi de France, qui a fait la plus parfaite unité nationale qu'il y ait ; le roi de France, vu de trop près, a perdu son prestige ; la nation qu'il avait formée l'a maudit, et, aujourd'hui, il n'y a que les esprits cultivés qui sachent ce qu'il valait et ce qu'il a fait. »

→ «Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet. Le chant spartiate : « Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes» est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie. »
Renan

«Pour Renan, il n’y a pas pour une nation de présent commun possible, sans passé commun revendiqué ou assumé. Le socle subjectif d’une nation renvoi à un socle objectif : l’héritage.»
Jean-Yves Ménébrez

D'accord, pas d'accord ?

Oui, c'est tout à fait ça à mes yeux. La nation c'est un héritage spirituel et matériel. Cependant on a aucune raison de s'en glorifier tant qu'on y a pas contribuer. Souvent même, on dégrade cet héritage par l'inaction.

Mais à cause de la mondialisation et ses mouvements massifs de population, beaucoup dans les générations issues de l'immigration ne ressentent pas cet héritage national, parce que leurs parents avaient décidé de conserver leur culture sur un territoire d'où elle n'était pas native. Et si les parents n'ont pas eu tendance s'acculturer, c'est justement en raison du caractère massif de cette immigration qui a permis la création de communautarismes au sein d'une nation unie.

Il ne s'agit pas de s'en glorifier. A part pour les nationalistes d'extrême droite.

Sur ton deuxième paragraphe, j'y réponds déjà par mon premier paragraphe...

Renan avait encore la décence d'admettre que l'oubli et l'erreur historique sont essentiels à la création de la nation contrairement aux nationalistes actuels.
Avec lui au moins la question de la supercherie du nationalisme n'a pas lieu d'être. Renan explique juste pourquoi cette ces mensonges sont utiles.

Je crois que dans l'histoire de l'humanité. Nous pourrions abolir la notion même de pays et unifier plusieurs d'entre eux.
Cela peut paraître déroutant et bizarre mais ce qui unit les pays entre eux et par extansion les peuples sont des raisons souvent économique et politique.
Par ailleurs socialement parlant on adopte tous la même culture sociale.

Il reste que d'unifier tout les pays ne seraient pas forcémment utile de même que nous n'avons pas la même histoire.