Bidonjour !

Je me suis procuré il y a quelques mois La philosophie pour les nuls, ouvrage que j'ai trouvé dans l'ensemble assez incomplet mais qui aide à raffermir la compréhension de certains concepts/philosophies quand on est pas certains de bien les saisir. Si vous ne l'avez pas acheté et que vous comptiez le faire, essayez autre chose, cela dit!

Bref, ce n'est pas le sujet. J'ai ressorti le bouquin il y a deux jours pour lire la section dédiée à Jean-Paul Sartre, philosophe que j'ai beaucoup lu et étudié dans les dernières semaines. À un moment, je tombe sur ce passage, qui m'a quand même relativement surpris compte tenu de ce que je pensais savoir sur le huis clos:

« La phrase fameuse “L'enfer, c'est les autres”, sortie de son contexte, a été comprise de manière triviale sur le mode “La vie avec mon mari est devenue un véritable enfer!”. En fait, ce que Sartre voulait dire, c'est que la mémoire des vivants est le seul au-delà des morts (être mort, c'est être en proie aux vivants, dit-il; être mort, c'est n'être plus en situation de pouvoir donner du sens, un autre sens à ce que l'on a dit, fait, été. »

- GODIN, Christian. La philosophie pour les nuls, Éditions First, p. 547.

Pourtant, me semble-t-il, L'enfer c'est les Autres, je l'ai plutôt compris après ma lecture de Huis clos comme notre dépendance du regard des autres pour la connaissance de soi-même et tout ce que cela signifie (je simplifie beaucoup la pensée de Sartre là, mais c pas l'important ici). J'ai vérifié sur Wikipedia qui dit à peu près ce que je pense:

EDIT: Fail du lien, je ne peux pas envoyer directement vers la bonne section sans que ça n'affiche pas le lien, donc pour voir cliquez ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Huis_clos_(pi%C3%A8ce_de_th%C3%A9%C3%A2tre) et allez dans la section 6 L'enfer, c'est les Autres.

Et j'en ai également parlé à mon prof de littérature, qui a dit que c'est bien cela que Sartre voulait dire (et non pas ce qui est écrit dans le bouquin pour les nuls).

Donc ma question, pour ceux qui s'y connaissent plus que moi en philo: N'y a-t-il pas une erreur dans le bouquin dans la section concernant L'enfer, c'est les Autres de Sartre?

Merci d'avance !

J'ai le bac de philosophie pour les nuls. C'est peut-être juste question d'interprétation.

Une^^

L'enfer c'est les autres » a été toujours mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'était toujours des rapports infernaux. Or, c'est tout autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d'autrui et alors, en effet, je suis en enfer. Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu'ils dépendent trop du jugement d'autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous.

Sartre, Commentaire sur le CD Huis Clos, 1964

C'est une interprétation qui n'est pas si hétérodoxe que cela.

Le 25 février 2015 à 14:41:53 campute2015 a écrit :
J'ai le bac de philosophie pour les nuls. C'est peut-être juste question d'interprétation.

Ça dit la même chose dans ton bouquin

Je sais qu'il peut y avoir d'autres interprétations mais ca me semble bizarre ...

Alors ?

Le bac de philosophie pour les nuls est un bouquin, selon toi ?

Sinon, je pense que les deux interprétations sont également intéressantes, à défaut d'être orthodoxes. Et elles ne sont pas exclusives l'une de l'autre, ajouterais-je.

L'enfer c'est les autres ne fait que parachever la terrible lecture de Sartre à l'égard d'une intersubjectivité anthropologisée. Une preuve de plus que Sartre a poignardé Heidegger. Et la citation de jsp m'a devancé, yo

Zut ! j'avais pas vu que le thread était ancien ! Désolé de l'avoir déterré !