"Plus nous connaissons et plus nous nous sentons fondés à nous estimer en droit de fixer des lois; lesquelles nous trompent en nous soufflant l'idée que la connaissance est possible. C'est une illusion, car en réalité nous ne pouvons pas approcher l'absolu, le mystère... Et toute forme d'approche est en fait un éloignement. L'homme à l'impression de connaître."

Dans le livre Luca Governati, "Andrei Tarkovski, l'art et la pensée" il est question au début du livre que la question de l'art est avant tout une question d'images, de sensations pures plus que de la significations à travers les mots pour faire opposition au "words words words" de Shakespeare dans Hamlet. Et dont Tarkovski qui est le cinéaste du dépassement du logos a pour but une approche de transcendance spirituel à travers uniquement une succession d'images et de sons plus qu'une approche de faire véhiculer du sens à travers le langage parler.

Tarkovski, c'est l'affect contre le concept, la métaphore contre le symbole, la sensation contre la signification, le mystère contre le sens.

Qu'en pensez vous ?

Alors ? Personne connait Tarkovski ici ?

Je pense que cette personne était bien inspiré. Moi et mes camarades du forum philo ne le sommes pas assez pour vous répondre. Hey, à 24 ans, c'est seulement maintenant que je distingue clairement toutes les nuances entre le passé simple et l'imparfait. C'est pour dire le niveau !

inspirée*... Tu vois !

Cipher est marrant

Ce que j'en pense ?
Je trouve ca intéressant.

Mais je n'ai pas bien compris si pour lui, la vérité se trouve dans l'affect ou s'il faut carrément renoncer à la vérité ?

J'en pense que je ne trouve aucun de ses films en vostfr ...

J’ai un peu cherché sur la toile c'est vrai que c'est pas évident à trouver à moins de prendre le coffret DVD (que je conseille d'ailleurs) Je regrette seulement la couleur sépai a été mis à la trappe pour un noir et blanc (qui est présent dans le miroir par ex.). Je continue ma lecture et il y a un passage intéressant dans le livre qui pourrait faire débat sur le forum philosophie. Je cite:

"Chez Tarkovski, c'est à l'artiste, non au philosophe, qu'il revient de découvrir la vérité. Car les concepts du philosophe ont quelque chose de limité: les arguments ne peuvent exprimer l'infini, seul l'art offre cette possibilité"

Pas d'avis ? Je pensais que ça a l'air faire débat ici...

L'art évoque l'infini par ses multiples interprétations. La philosophie en se voulant tangible devient réductrice. Je pense que l'artiste domestique la nature, donc l'infini.

En passant j'ai beaucoup aimé cette citation de Tarkovski :

" Le poète est un homme qui a l'imagination et la psychologie d'un enfant. Sa perception du monde est immédiate, quelles que soient les idées qu'il peut en avoir. Autrement dit, il ne "décrit" pas le monde, il le découvre. "

Oui il a de bonne citations celui-ci vient de son journal:

"La faiblesse est sublime, la force est méprisable. Quand un homme naît, il est faible et souple. Quand il meurt, il est fort et raide. Quand un arbre croît, il est souple et tendre ; quand il devient sec et dur, il meurt. La dureté et la force sont compagnes de la mort. La souplesse et la faiblesse traduisent la fraîcheur de la vie. C'est pourquoi ce qui a durci ne vaincra pas."

Je continue:

"Aussi Tarkovski guette-t-il sans cesse cette sensation qui nous fait accéder aux choses telles qu'elles sont en elles-mêmes, cette sensation qui nous met en présence, comme l'écrit Maldiney, "d'un monde qui est en deça de notre monde d'habitudes habitué lui-même, d'un monde pré-humain". Comme pour réintroduire, dissolution des évidences logiques et rationnelles, le "pathique" qui nous lie au monde et qui seul nous mène vers l'absolu. D'où l'appel de Tarkovski à "communiquer émotionnellement avec l'oeuvre d'art". Arrêter de penser, oublier les concepts, s'ouvrir à l'affect: "le spectateur idéal regarde un film comme un voyageur le paysage qu'il traverse en train". Tarkovski atteint son but. Entrer dans son monde, c'est ressentir un sentiment d'absolu, un état de grâce presque miraculeux. Tarkovski est un Stalker, un guide vers l'absolu."

Quel est selon vous le film qui reflete le plus cet aspect de prédominance de l'affect sur le concept ?

Miroir

Le Miroir oui, film autobiographique de l'auteur, vraiment bouleversant et poétique. Peut être que Necro 13 ressentira un truc pour la première fois dans sa vie

Aaaah cool j'le regarde ce soir alors !

Alors t'en as pensé quoi ?

En lisant une des citations que tu as écrite blueheart, j'ai eu le souvenir de plusieurs textes qui traitent du même sujet.

La citation:
"Le poète est un homme qui a l'imagination et la psychologie d'un enfant. Sa perception du monde est immédiate, quelles que soient les idées qu'il peut en avoir. Autrement dit, il ne "décrit" pas le monde, il le découvre. "

Il me semble que Tarkovski s'inscrit dans la tradition de la modernité artistique initiée par Baudelaire et son "Peintre de la vie moderne" (1863). Selon lui, l'homme de génie, et le véritable artiste, c'est celui qui est capable de voir le monde avec des yeux d'enfants. Par exemple, Baudelaire dit cela:

"L'enfant voit tout en nouveauté; il est toujours ivre"''

ou encore

"Le génie n'est que l'enfance retrouvée à volonté, l'enfance douée maintenant, pour s'exprimer, d'organes virils et de l'esprit analytique qui lui permet d'ordonner la somme de matériaux involontairement amassée"

Au fond Tarkovski dit la même chose et semble l'appliquer à l'art du cinéma. En soi c'est la logique artistique qui prédomine depuis Baudelaire, et c'est une idée que je trouve tout à fait magnifique, d'être capable de sentir le monde comme un enfant. L'art nous permettrait de voir (ou de revivre) des images aussi puissantes que celles qu'on a pu connaître, et en tant que poète de développer un regard différent sur le monde.

@tracer3 -> Le téléchargement met plus de temps que prévu, manque de seed...

Sinon, cette reflexion en général qu'a Tarkovski me conduit directement vers un livre que j'ai récemment lu: Lettres à un jeune poète. Ce livre est un vrai guide de la vie, il t'apprend comment vivre la vrai beauté des choses! Mais je n'arrive toujours pas à me sortir du voyage au bout de la nuit, "l'amour, c'est l'infini à la portée du caniche"... Comment voir clair quand on a vu si sombre ? Enfin bon j'exagère, j'ai récemment réussi à me libérer complètement en écoutant une polonaise de Chopin par Vladimir Horowitz (en lachant une petite larme au demeurant )

Le cinéma est né d'un concept, l'art est né d'un concept et ces commentaires qui éclairent sa pensée, c'est une réflexion philosophique