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Sujet : [NR] Une expérience enrichissante

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LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 18:33:08

Synopsis : L’histoire racontée ici n’est pas exceptionnelle. Mais il s’agit d’une aventure qui a durée deux mois. Tout a commencé après une grosse déprime au niveau personnel. J’ai voulu me changer les idées, et les deux mois passés dans cette boite m’ont redonné goût à la vie. Cependant, et comme vous le concevrez facilement, le récit n’est pas à 100% véridique. Il y a des éléments réels, certains totalement inventés, et d’autres exagérés. Commençons !

Chapitre 1 :

L’année se termine relativement tôt pour moi cette fois-ci. Dès le mois d’avril. La faute à un concours qui s’est relativement mal passé. Sans avoir les résultats, je le savais. Je ressentais au fond de mon cet échec. Pour relativiser, cet échec était normal après tout : Le concours tenté est relativement difficile, et encore plus quand on abandonne les révisions deux mois avant de le passer !

Conscient de cela, mes préoccupations allaient plutôt vers la recherche d’un petit emploi. D’un côté, cela va me permettre de rompre avec une routine étudiante parfois affreuse et épuisante. Et de l’autre côté, pour passer un peu le temps. Et disons qu’aller à Los Angeles, aux Seychelles ou aux Bahamas, c’était un peu présomptueux compte tenu de mon compte en banque, qui vire au rouge aussi rapidement qu’un oncle beauf à un repas de Noël alcoolisé.

Ayant déjà eu une expérience comme téléconseiller, c’était le moment de tenter à nouveau le coup. Pourquoi ce job ? Car oui, être au téléphone chaque jour, durant plusieurs heures, c’est éprouvant. Surtout pour faire de la pub, ou avoir ce sentiment dégoûtant de faire chier les gens à longueur de temps. Ce n’est pas pour le travail en lui-même, mais plutôt pour « l’ambiance » qu’il peut régner parfois entre téléconseillers. Il faut dire, c’est un peu comme une confrérie. Globalement, j’y ai toujours trouvé les gens assez sociables, drôles, sans prise de tête. Et comme j’étais libre de mes occupations d’avril jusqu’à septembre, mois de ma prochaine rentrée, pourquoi pas faire fructifier cette période-là et passer le temps.
Après quelques jours à chercher très sérieusement (=c’est-à-dire, à envoyer de vrais CV et lettres de motivation personnalisés selon les entreprises, ce que très peu de candidats font), on m’a recontacté. Pas de soucis pour moi à ce niveau-là, je m’exprime relativement bien à l’oral. Parfois un peu trop. Pire même, on a souvent tendance à me prendre pour un comédien, ou à penser que je prends volontairement les gens pour des abrutis. Ce qui est faux ! Dans ma promo, on m’a souvent conseillé comédien au théâtre, ou chroniqueur à la télé. Mais l’idée d’être un intermittent du spectacle, ou bien de recevoir des nouilles dans le slip à des heures de grandes écoutes, ne font pas partie de mes priorités.

Bref, l’entretien a lieu. Je me prépare comme il faut : Chemise repassé, parfum, coupe, et surtout : Mon meilleur sourire. C’est simple : Pour réussir l’entretien, il faudra juste bien parler, et ne pas bégayer. Pour le réussir, j’ai bidouillé mon CV. De ce fait, 2 mois d’expérience se sont transformés en 6 mois, et la mention « Ecrivain » en guise de passion, car c’est quand même plus classe qu’écrire « auteur de fiction sur le 18-25 ». Tout est dans l’intitulé.

Et pour finir, après 20 minutes à me cuisiner sans me tirer aucun vers du nez, la dernière question me crispe un peu. « Et… Tu supportes quelle équipe ? ». Bon, on est à Paris, et l’immense majorité des gens supportent le PSG. Donc, je me suis improvisé supporter du PSG. Et c’est avec un gros regret que j’ai parlé de l’élimination ubuesque contre Manchester, qui m’a rendu totalement fou. Et ce fut totalement crédible. On me raccompagne jusqu’à la sortie. Avant de partir, je pose une dernière question, pour savoir si l’entretien s’est bien déroulé, et savoir si je corresponds aux attentes. Bien logiquement, j’ai été embauché.

Message édité le 16 mars 2020 à 18:34:56 par LePatriarche
LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 18:37:02

Chapitre 2 :

Mon premier jour s’est pourtant soldé par un léger retard de 15 minutes. Avoir oublier l’adresse de la boîte en 4 jours fut un fâcheux détail. Des 6 candidats de la dernière fois, nous n’étions que 3 à être pris. Moi, Jean-Marc (joueur pro sur FIFA, ce qui m’a étonné quand je l’ai appris car il n’a pas trop « la tête de l’emploi ») et Rène (jeune fille très réservée, timide, et même peu asociale).

Chacun dispose d’un formateur pour apprendre rapidement. Le mien fut un dénommé Riès, bonhomme de 23 ans, barbu, légèrement enrobé mais très actif et dynamique, et surtout, très drôle et très sympa. Assis à côté de lui, il m’explique comment gérer les appels, comment repérer les « bons clients » des mauvais afin de gagner du temps.

Au fait, on est téléconseillers en étude. C’est-à-dire que les gens se renseignent sur le site de la boite, remplissent leurs coordonnés, et c’est là que nous sommes chargés de les appeler. La boite s’appelle « Etude-Studio » (le nom est bien évidemment modifié, mais sachez qu’il est tout aussi ringard que le vrai nom). Le but est d’aider les gens qui veulent se réorienter. Ainsi, on leur propose des écoles ou des formations à distance en partenariat avec nous, bien sûr. Le tout est payant (détail très important, à toujours préciser au téléphone, mais que certains omettent volontairement de préciser pour ne pas brusquer les étudiants et faire du chiffre plus facilement).

On passe un peu pour des héros, non ? Détrompez-vous. Riès me l’a dit, et cela se confirmera par la suite. « Vu la gueule des écoles, je ne dirais pas vraiment qu’on les sauve ». Vous vous doutez bien que si les écoles font appel à un organisme de démarchage, c’est parce qu’elles n’attirent pas en tant que tel, et qu’il faut des « bouffons » pour leur faire de la pub. Et pour Riès, nous sommes de bons bouffons. Il a le sens de la formule.

Au moins il est honnête. Après une petite matinée où on apprend à faire connaissance, je sais dorénavant qu’il a déjà son appart, une femme, et même une petite fille. Putain, j’ai un an de plus, et je n’ai rien de tout ça. Mais surtout, ce qui nous a vraiment rapproché durant cette période, ce sont les paris sportifs. Il en était littéralement accro, et pour mon cas, disons que j’avais beaucoup de connaissances sur la question. Même si on n’adopte absolument pas les mêmes stratégies, ce qui fera l’objet d’un certain nombre de débats animés entre nous par la suite. Bref, il me présente à toute l’équipe, c’est-à-dire à une trentaine de personnes.

Moi : Bon par contre, tu viens de me présenter 25 personnes là, j’ai retenu absolument aucun de leurs noms.

Riès : Ne t’en fais pas, tu vas les retenir au fur et à mesure. Retiens juste le mien, Gabin et Laélia.

Moi : C’est tes potes sûrs eux c’est ça ?

Riès : Exactement.

Moi : Tes « shab » comme vous dites chez les jeunes ? Tes « soce » ? (Dis-je en faisant les guillemets avec mes doigts à chaque fois)

Au début, je suis persuadé qu'il m'a pris pour un cas à part. Mais par sympathie, il m'a tout de même invité à manger avec lui et ses potes Laélia et Gabin. La première est une jeune demoiselle brune, très charmante, bronzée, âgé d’une vingtaine d’année. Alors elle, je ne savais pas pourquoi, mais j’ai senti qu’elle ne m’appréciait pas. Peut-être ma tête qui ne lui convenait pas, ou mon attitude assez calme. Tandis que Gabin était d’origine congolaise, un grand gaillard, très drôle et qui arborait systématiquement un langage assez soutenu. De mon souvenir, Riés me l’a présenté comme « le meilleur qui bosse ici, le PATRON ». Et c’était vrai. Il avait une bonne éloquence au téléphone, et il maniait la langue de Molière comme personne ici. Fait marrant : Il utilisait énormément le mot « toutefois ». Et à force de l’entendre, on a tous commencer à l’utiliser également, moi de même, et c’est pourquoi le mot risque d’intervenir de manière récurrente.

Durant le premier déjeuner, j’étais un peu mal à l’aise, à cause de cette maudite impression de « squatter ». Riès essaie de me mettre à l’aise, d’orienter le débat vers moi, ou même de me poser des questions pour me faire interagir. Vous voyez, ce type de chose peut vous paraitre normal, mais je vous assure que non. Et dans un autre cadre, vous pouvez rester avec 3 personnes dans un déjeuner qui passent leur temps à se parler entre elles, sans vous prêter attention.

De mon côté, j’étais relativement timide en groupe. Mais avec une seule personne face à moi, j’étais beaucoup plus désinhibée.
Après un petit silence, la question tant redoutée qu’on allait me poser à un moment ou à un autre survint :

Laélia : Tu as une copine Alex ?

LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 18:39:15

Chapitre 3 :

La question est tendue. A vrai dire non, la réponse est très simple. C’est soit oui, soit non. Mais la simplicité n’a jamais été une option chez moi, et j’ai toujours aimé compliquer les choses. Pas une façon de me démarquer, mais plutôt de m’amuser un peu avec les gens. Une réponse trop simple n’amène jamais sur une discussion intéressante. Alors qu’une réponse originale poussera mon interlocuteur à être originale également.

Le fait que ce soit la fille du groupe qui me pose la question m’intrigue, dans le sens où elle s’intéresse à ma vie amoureuse. Cela signifie également que depuis plus d’une demi-heure, la question lui trotte dans la tête. A moi de jouer le jeu.

Moi : A ton avis, un mec comme moi, il est célibataire ou pas ? J’ouvre les paris. Riès, à ton avis ?

Riès : Je dirais… Non.

Moi : Gabin ?

Gabin : Oui oui, il a une meuf. Plus même, je dirais qu’il a une épouse ! Dit-il en me pointant du doigt comme un coupable.

Laélia : Je dis oui aussi.

Moi : Et bien, la réponse… C’est juste après une courte page de publicité, dis-je en me tournant vers un mur tel un présentateur qui se tourne vers une caméra.

Laélia : Bon du coup tout ce cinéma pour nous dire que t’as pas de copines ?

Moi : Oui. Mais de toute façon, ça ne m’intéresse pas

Riès : Tu es gay peut-être ?

Gabin : Tu sais nous on a aucun souci avec ça, si tu aimes goûter ça, nous on te juge pas…

Moi : Vous savez, j’ai deux certitudes dans la vie. La première, c’est que les pâtes que je viens de manger étaient délicieuses. La deuxième, c’est que je ne suis pas un homosexuel. Voilà.

Une envie de dire « j’aime les chattes » survint, même nous ne sommes pas sur JVC. Ici, un commentaire ne s’efface pas, un pseudo ne se change pas en 15 secondes. Et comme je risquais de passer plusieurs semaines ici, ce serait dommage de tout gâcher dès le premier jour et de passer pour le beauf du coin.

Je leur explique que depuis 3 ans, je n’ai plus été en couple. Pour moi, sans une situation stable, il m’était impossible d’être focalisée dans une relation amoureuse. C’est voué à l’échec pour moi. Ils ne l’entendaient pas de cette oreille, et me l’ont fait comprendre avec leur vision idéalisée des choses. Mais quand je suis confronté dans mon quotidien à de nombreuses étudiantes qui ont des exigences particulièrement élevées et ridicules, on ne se pose même plus ces questions.

Par chance, au moment de l’affectation de mon poste, j’ai été voisin de Riès. Tout d’abord, il faut expliquer l’affectation des salles :
- Salle 1 : Celle des nouveaux, un peu à l’écart. Celle où j’ai passé mon premier jour. Elle permet aux nouveaux de se faire la main tranquillement.

- Salle 2 : Salle du milieu, où sont généralement placés les fauteurs de troubles et bavards (oui, comme dans une salle de classe). La particularité de cette salle : La présence de la superviseure Floria, très appréciée, respectée, mais aussi crainte par la plupart.

- Salle 3 : La salle avec de l’ambiance. Ceux qui déconnent, qui discutent, qui débattent. En bref, « the place to be ». Bien sûr, Riès y est, avec Gabin, Laélia et pleins d’autres. De plus, ceux de la salle 2 ragent sur ceux de la salle 3.

Au fur et à mesure, une routine s'est tout naturellement installée.

LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 18:41:13

Chapitre 4 :

Progressivement, la routine a commencé à s’installer. Tous les matins, mon arrivée se faisait vers 8h55, 5 minutes avant le début travail.

En ce qui concerne le travail, tous ceux qui m’ont assisté ont félicité ma bonne aisance à l’oral au téléphone, et ma capacité à expliciter un maximum d’informations, le tout sans paraître lourd. Dès qu’il fallait corriger une petite phrase, ou un oubli au cours de mes appels, on me le notifiait. D’autre part, un classement est tenu heure par heure, sur les téléconseillers et leur nombre de « lead » (=ce sont les accords réalisés au téléphone). Plus on a de leads, plus on peut être considéré comme un bon « vendeur », un bon « tchatcheur ». Ainsi, lorsqu’il m’arrivait d’avoir 9 leads en une heure, je pouvais voir mon nom en tête de liste ! Ou alors, si les heures sont sombres, je me vois en zone rouge, dans les méandres du classement. Et bien entendu, plus on reste longtemps dans la zone rouge, plus on prend le risque de recevoir un avertissement. Car oui, il s’agit d’une boite, où malgré la déconne, la productivité reste le maître mot.

Riès, à côté de moi, commençait à devenir un véritable ami. Il avait cette faculté à parler de façon très fraternelle. Pas à base de « wesh gros », « hey la famille », « chacal on est là », mais plutôt par son attitude. Par sa prise de parole.

On avait pour habitude de se raconter des anecdotes, échanger sur divers sujets liés à la télévision, à des vidéos YouTube. On se posait par moment des dilemmes comme « Tu coupes la main de ton meilleur pote pour 1 million », « tu lèches la barre du métro pour 2000€ ». Je lui ai fait part de ma phrase d’accroche sur Tinder « Tu préfères tuer ton ex ou branler ton pote ». Selon lui, à part passer pour un mec bizarre, cela n’avait pas d’intérêt. Puis je lui ai expliqué qu’une fille repensant souvent à son ex, répondrait « tuer son ex ». Dès lors, elle est encore mentalement fragile, dans une situation de frustration, de rage, et peut m’utiliser pour combler le manque causé par son ex. Une fille qui répondrait « branler un pote » serait donc plus ouverte à une relation, ce à quoi je rétorquerais « cool, on peut devenir potes ? », et là une discussion peut commencer.

C’est officiel : Pour lui, j’étais un psychopathe, qui réfléchissais beaucoup trop. Même si, au fur et à mesure, il m’avait bien cerné : Pour lui, j’étais un mec qui prenait un air désinvolte et décontracté, alors qu’au fond, je me posais beaucoup trop de questions qui m’empêchait de vivre sereinement. D’un côté, c’était vrai.

Être téléconseiller, c’est un peu comme un mode de vie alternatif. Outre le fait de tous se saluer le matin, beaucoup viennent me parler d’eux-mêmes, me demandent si tout se passe. Étrangement, certains viennent, disposent leurs mains sur mes épaules pour me masser 5 secondes, avant de partir. Au début, cela m’a tout de suite perturbé. Mais Riès m’a confirmé que tout le monde faisait ça. C’était le côté un peu « tactile » que tout le monde possède ici, et qui permet de se sentir à l’aise. Dans ma promo, si je glisse derrière une étudiante pour lui masser le dos, elle me colle un procès. La mentalité est vraiment différente, et à dire vrai, ce n’est pas pour me déplaire. C’est pourquoi, tout est très rapide ici. Après seulement quelques jours, j’arrivais à considérer Riès comme l’un de mes meilleurs amis.

Après environ deux semaines, j’ai pu retenir plusieurs prénoms :

- Fabien : Il s’agit tout simplement d’un énorme malade mental. Un tueur. Âgé d’une trentaine d’année et l’un des deux « superviseurs adjoints », il INSULTE les étudiants qu’il a au téléphone. Nos téléphones permettent de couper le micro, et il abuse de cette fonction pour insulter en toute décontraction les étudiantes au téléphone. Tous les nouveaux sont impressionnés, surtout quand il reprend le cours de la conversation le plus normalement du monde.

- Jean-Marc : Joueur pro FIFA. Très calme, discret, bon travailleur. S’il avait besoin d’un travail fixe, c’est parce que le salaire versé par sa structure n’était pas suffisant (j’ai appris plus tard que sa structure ne lui versait même… aucun salaire).

- Rène : Très timide. Etudiante d’une vingtaine d’années, mais qui paraissait en avoir 16. Frêle, petite, réservée, discrète. Voilà comment on pourrait la définir. Voir même asociale. Pourtant on s’entendait très bien. J’étais l’une des rares personne auxquels elle se confiait, parce que je sais ce que c’est d’être asociale, et j’arrivais à la mettre à l’aise.

- Rafik : Personnage extrêmement drôle. C’était un turc, toujours bien habillé avec une veste ou un jean bordeaux, une petite coupe parfaitement réalisée, des lunettes d’homme sérieux, et avec le sourire confiant d’un jeune diplômé en école de médecine. Pour situer la chose : Lors de mon premier jour, il a fait un malaise. Au lieu de rester se reposer deux jours comme il le devait, il s’est barré… Deux semaines. Nous fûmes très proches par la suite. Le grand fan d’Histoire qu’il est a rencontré un amateur d’histoire comme moi, et nous avons eu par la suite de nombreuses discussions animés et fortement enrichissantes. Je ne dirais pas tout, mais disons que certains de ses propos n’étaient pas très Charlie. Et surtout, il était fou amoureux de Laélia.

- Floria : Il s’agissait de la superviseure. Plus tard, j’ai appris qu’elle avait le même âge que moi, ce qui est assez surprenant, étant donné qu’elle parait en avoir 30 (tandis que moi, je parais en avoir 20).

- Laetitia, 26 ans, 1m83. Grande fille, dont la couleur de cheveux changeait assez régulièrement. Physiquement top, svelte, élancée, cuisses musclées, corps à la morphologie parfaite, souriante. Très sympa avec tout le monde ici. Seul bémol : Elle parle trop fort au téléphone, ce qui rend dingue, mais personne n’ose lui dire pour ne pas se faire foudroyer.

Après deux semaines, Floria nous convie à tous rejoindre la salle du milieu pour une petite « réunion », ce qui survient généralement pour présenter un nouveau, aborder une nouvelle école que l’on sera chargé de proposer aux gens par téléphone, ou pour aborder un problème. Cette fois-ci, on nous présente une nouvelle : Une dénommée Naomi. Jeune brune d’1m65, bronzé, les cheveux longs et soyeux, un style vestimentaire à la fois chic et passe-partout, et des bottines assez classe. Elle s’habillait régulièrement avec des tailleurs. A ce moment-là, je l’ai scruté assez rapidement, sans savoir une seconde que le jour de sa venue allait constituer un bouleversement dans ma vie.

LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 18:42:30

Chapitre 5 :

Comme dit précédemment, tous les nouveaux sont mis dans la petite salle du fond, afin qu’ils puissent s’exercer tranquillement, à l’abri des grandes discussions et débats animés. D’ailleurs, c’est justement un débat qui anime le début de ma 3ème semaine de travail : Le match Juventus-Ajax. Pour vous faire le topo pour ceux qui ne suivent pas le foot : Il y a eu 1-1 au match aller, et avec les buts à l’extérieur, l’avantage était pour la Juventus au retour (à domicile qui plus est). Gabin, l’acolyte de Riés, l’a annoncé juste après avoir décroché un appel. La Juventus va se qualifier de façon automatique au match retour, grâce à Super Ronaldo. Tandis qu’un autre téléconseiller ne l’entendit pas de cette oreille, et jurait sur les jeunes pousses de l’Ajax.

Le débat fut tellement intense que les deux compères n’ont quasiment passé aucun appel en une heure. Si un manager l’apprenait et venait voir ce qu’il se trame… La situation aurait été fort cocasse. Cela me paraissait surréaliste, mais selon Riès, c’était parfaitement normal. Amateur de paris, il conseille même aux deux lascars de parier sur l’issue de la rencontre. Gabin parie donc 10€ sur une qualification de la Juventus (très fort probable), tandis que l’autre téléconseiller, un ancien du nom de William, mise sur une qualification de l’Ajax.

Or, les paris sportifs sont une question de probabilité. A la suite du match aller, les conditions furent nettement plus avantageuses pour l’équipe italienne, comme en témoigne l’ajustement des cotes : @1,35 pour une qualification de la Juventus, contre @3,50 pour l’Ajax. Cela signifie qu’en misant 10€, Gabin ne pourrait gagner « que » 3,50€. Tandis que William s’adjugerait un petit pactole de 25€. Comme vous l’aurez compris, William s’est fortement gourré en pariant, même si son pronostic s’avère juste par la suite. C’est pourquoi, à la pause, je pars voir… Gabin :

J’explique à Gabin qu’en appliquant mon astuce, il est assuré de gagner dans tous les cas. Sur le moment, il me regarde un peu bizarrement. Je lui réexplique la chose une deuxième fois pour qu’il comprenne tout. Et là, il rit à gorge déployée, comme les méchants dans les anime. Sauf qu’il s’agit de son vrai rire, il est incapable de rester discret.

Au final, l’Ajax s’est qualifié. Dès le lendemain, William a passé son temps à le charrier, à maintenir le fait qu’il a eu raison de A à Z. Mais en réalité, son pari n’a pas été malin, vu qu’il n’a pas fait attention aux probabilités. Gabin a finalement donné les 10€, assez timidement, devant toute l’assemblée. Laélia, amie très proche de Gabin, l’a grondé d’avoir perdu si bêtement.

Et pourtant, Gabin m’a avoué qu’il n’a en réalité pas du tout fait comme je lui ai dis. Il a réellement perdu 10€ de sa poche. Mais selon lui, c’était une question d’honneur. Il s’était engagé. C’était beau.

D’ailleurs, depuis ce moment-là, il commençait à me voir d’un bon œil. Pareil pour Laélia. Après 3 semaines, on arrivait à délirer ensemble. Ce qui a aidé, c’est aussi la présence de Rafik. A chaque pause, il venait coulisser sur sa chaise pour me parler d’histoire, quitte à traverser toute une salle sur ses roulettes.

Une fois, alors que je décrochais à peine mon casque pour aller en pause, il arrive en trombe tout en glissant, les mains croisées :

Rafik : Adolf Hitler, 1939. Invasion de la Pologne. C’était le ???

Moi : 1er septembre.

Rafik : Bravo, je suis fier.

Moi : Facile, c’est mon anniversaire.

Rafik : La chance, tu es né un grand jour… Savais-tu que ton prénom était porté par Alexandre le Grand, qui a…

Et il pouvait parler comme ça durant des heures. En réalité, j’aurais pu le trouver encore plus drôle, si je ne savais pas qu’en sous-marin, il envoyait de réelles déclarations d’amour et lettres romancées à Laélia. Elle avait beau refuser ses avances, il pensait qu’un jour, cela marcherait. En réalité, Rafik c’est comme Pierre dans Pokemon. Et Laélia, c’est l’inspecteur Jenny et l’infirmière Joëlle en même temps. A cette métaphore, Riès avait explosé de rire. Pourtant, nous allions commencer à moins rire à partir de maintenant. Un changement de place général se profilait.

LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 18:47:18

Chapitre 6 :

Comme me l’avait expliqué Riès, toutes les trois semaines, Floria procède à des changements. Le but est de permettre aux téléconseillers d’apprendre à faire connaissance avec tout le monde, pour éviter la formation de petits groupes fermés, mais également, cela permet d’éviter que certains passent leur temps à jacasser car ils sont à coté de leur meilleur pote. C’est ainsi que l’histoire entre moi et Riès s’achevaient.

Et là, j’ai l’impression d’avoir connu ce mec depuis des années. C’est un sentiment difficile à expliciter, mais quand on reste assis l’un à côté de l’autre durant 9 heures dans la journée, qu’on mange ensemble, qu’on travaille ensemble, qu’on se repose ensemble… Et bien, on a l’impression de vivre une coloc :

Riès : Tu vas me manquer tu sais…

Moi : Moi aussi ça va me manquer de voir ta tête de con

Riès : HEY ! C’est pas très gentil ça

Moi : Après, on est resté cote à cote depuis trois semaines. Imagine que je te remplace…

Riès : Me faire ça ? A moi ? Après tout ce que j’ai fait pour toi ?!

Moi : Et… Qu’est-ce que t’as fait pour moi ?

Riès : Bah… Rien ! Dit-il avant d’éclater de rire.

Bordel que oui, ça va me manquer. Surtout qu’en plus, je change de salle. Comme énoncé précédemment, il y a la salle des nouveaux vers le fond, la salle du milieu avec la superviseure Floria, et la salle du fond bonne ambiance. Adieu la bonne ambiance, me voilà sous l’œil avisée de Floria. Mes nombreuses discussions avec Riès n’ont pas échappé à sa vigilance, c’est pourquoi elle m’a disposé presque à côté d’elle… Autant dire que j’étais CUIT pour pouvoir parlementer avec d’autres.

Cependant, je remarque que ma nouvelle salle se compose majoritairement de filles. Moi qui n’avais absolument pas l’intention d’avoir la moindre relation ici, je me retrouve dans une assemblée composée majoritairement de nanas ? Le destin me trolle.

Juste derrière moi, il y avait cette Naomi, nouvelle depuis une semaine à peine.

LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 18:47:53

Chapitre 7 :

Dans mes souvenirs, je ne saurais décrire le premier contact que j’ai eu avec Naomi. Au départ, elle me semblait froide. Vous savez, ce genre de filles qui marchent toujours sûres d’elles, imperturbables, d’un pas décidé, le regard fixe. Dans ses yeux, je pouvais apercevoir une tornade cachée, un fort caractère. C’est difficile à expliquer, mais je le ressentais. Et pourtant, l’une de mes premières discussions avec elle fut anodine. C’était juste après une matinée, et on devait manger ensemble. Seul hic : Tout le monde était déjà parti piocher leur repas de midi dans les restos du coin, tandis que moi et Naomi avions nos tupperwere, ce qui nous laissait une bonne vingtaine de minutes pour discuter tous les deux.

Durant plusieurs jours, c’est comme ça que nous avions fait connaissance. J’appris donc qu’elle a 22 ans, étudie dans le marketing et souhaite se spécialiser dans le marketing de luxe. Pour patienter durant deux mois avant son alternance, elle a décidé de trouver un petit job par le biais d’une plateforme d’auto-entrepreneur, et c’est comme ça qu’elle a atterri ici. Dans sa façon de parler, il n’y avait aucune place pour le doute. Aucune hésitation. Elle était toujours confiante. Pas agressive, mais assez… directe.

Je lui parlais de mon ambition d’être riche. Qu’être professeur, ce n’était qu’une couverture, car avec le temps libre et les vacances, je développerais un projet qui ferait de moi Crésus : Grâce aux paris sportifs. Elle rigole, car c’est bien trop aléatoire pour en faire une source de revenus suffisantes. Elle me plaque contre la dure réalité des choses : Je finirais « bolosser » par des élèves. Ni plus ni moins.

Moi : … T’as raison, je ne serais qu’un petit prof de pacotille bon qu’à se prendre des coups de pressions par des parents d’élèves ingrats. Toi pendant ce temps-là, avec tes études en marketing de luxe, tu seras riche.

Naomi : Oulà, n’abusons pas... Il faut encore que je réussisse. Par contre, si tu es gentil, je pourrais t’embaucher plus tard.

Moi : M’embaucher pour quoi ?

Naomi : Après une grosse journée de travail épuisante, j’aurais besoin de quelqu’un pour me masser les pieds le soir…

Moi : Va te faire foutre.

Outre les repas, nous avions l’habitude de discuter ensemble entre les appels téléphoniques. Etant présent depuis plus longtemps, je pouvais l’aider à s’améliorer. Ah oui, et globalement, au niveau des chiffres :

- Faire moins de 20 leads dans une journée : C’est mauvais.
- Faire entre 20 et 30 : C’est correct.
- Entre 30 et 40 : Très bien.
- Plus de 40 : Elite.

Ceux qui font plus de 40 leads de façon journalière s’assure une prime à la fin du mois. Et il faut être très bon en persuasion, connaître toutes les formations à proposer sur le bout des doigts, tout en ayant un peu de vice. Hormis Gabin, Riès et Maria, personne ne pouvait prétendre aux primes. J’ai essayé, mais par flemme, je me suis ravisé. Le jeu n’en valait pas la chandelle selon moi.

Durant les pauses, j’allais régulièrement parler à Rène, dans la même salle que moi. Vous savez, cette petite fille timide, asociale, qui n’a pas l’habitude de trop parler. Elle me confiait que cet été, elle voulait rejoindre l’Angleterre par le biais d’un programme, afin d’apprendre la langue de Shakespeare. Ainsi, j’essayais de l’aider un peu en anglais à maîtriser certaines bases. Voyant ça depuis son poste, Naomi vint jusqu’à nous, pensant que je la dérangeais.

Depuis quelques temps, Rène nous regardait avec de gros yeux. « Mais elle te plaît ou pas ? », « vous êtes tout le temps ensemble ».

D’un côté, c’est vrai que nous étions ensemble… Tout le temps. Le matin en commençant à bosser, les pauses, les déjeuners. C’était devenu naturel de l’avoir à mes côtés. Et pourtant, je n’avais aucunement l’intention de forcer avec elle. On était fait pour bien s’entendre. Durant le travail, il ne se passait pas 10 minutes sans qu’elle vienne me parler.

LePatriarche LePatriarche
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Niveau 48
16 mars 2020 à 18:48:16

Chapitre 8 :

Un beau jour, pour nous récompenser d’avoir bien travaillé, la direction a décidé de nous offrir… des balles en plastique (c’est véridique). D’abord, on a tous été contents comme des gosses, avant de se rendre compte qu’ils se sont sacrément foutus de nous. Si Maria, championne incontestée des « leads » est calme et ne se pose pas de questions, ce n’est pas le cas de son amie Laeticia, une grande fille, forte tête, et qui n’avait jamais sa langue dans sa poche. Après tout, nous avons passé un mois très productif, où l’entreprise avait sûrement engrangé quelques milliers d’euros supplémentaires grâce à nous, et en contrepartie, on nous donne des ballons en plastique et en caoutchouc disponible pour 1,99€ au marché du coin.

Joueur, Riès me propose un pari pour gagner mon ballon en plastique, ce que je refuse, étant donné que cet escroc n’a rien mis en jeu de son côté. Et puis, cette balle allait bien me servir tout compte fait… (même si, après quelques jours d’harcèlement, j’ai fini par l’abandonner à Gabin).

Avec le temps, j’ai pu comprendre comment fonctionnait Naomi. Malgré son caractère sympa, il s’agissait d’une forte fille, entreprenante, confiante, et qui savait prendre des initiatives. Un peu le contraire des pisseuses rencontrées précédemment au cours de mon périple de la vie.

Pourquoi cette balle a une histoire particulière ? Parce que…

Naomi : Hey Alex !

Ni une, ni deux, je reçois une balle en plastique dans le pif. Comme ça. Gratuitement. C’était sûr : Elle me teste.

Naomi : Désolé elle a glissé de mes mains. Tu peux me la redonner s’il te plait ?

Elle est littéralement dans l’abus. Selon elle, il paraissait impossible de m’énerver. Sa remarque me fit sourire, car Riès m’avait dit exactement la même chose. Mais être énervé, c’est la certitude de perdre en lucidité, et de faire des choses que l’on pourrait regretter. Le self-contrôle est primordial. Et surtout, avec des élèves, cela conduirait à l’effet inverse, ce qui les inciterait à devenir encore plus récalcitrants. Ce qui n’empêche pas que plus tard, une situation m’a littéralement fait péter câble, quitte à me battre contre un gars. Mais ça, c’est une autre histoire.

Durant toute l’après-midi, on a passé notre temps à s’envoyer nos balles en plastique sur la tronche, de façon plus ou moins discrète. Bordel, j’ai 24 ans, et je me comporte littéralement comme un gamin avec elle, et j’adorais ça. C’était anormal.

Le plus drôle dans l’histoire, c’est que la superviseure Floria a noté une forte baisse d’activité durant le reste de l’après-midi, la faute… aux balles qu’on nous avait distribué. Dès la semaine suivante, les balles ont toutes été confisquées ! De quoi avoir la nette impression d’être revenue à l’école primaire. Cependant, ce n’étais pas un problème pour moi. Le lancer de projectile fut ma spécialité au cours de ma jeunesse. Et c’est tout naturellement qu’après les balles, ce sont les avions en papier qui ont commencé à être lancé en direction de Naomi, tandis que cette bougresse n’avait pas rendu sa balle mais l’avait gardé. Devinez pour moi ? Me l’envoyez à la figure, bien sûr.

Mon lancer d’avion porta finalement ses fruits. Un peu trop même. L’un des avions se logea directement sur le haut de son front. A quelques centimètres près, c’était son œil qui y passait.

Tout naturellement, je me lève, me dirige vers elle, et je lui embrasse le front. Ce n’était pas un « baiser » à proprement parler, mais plus une manière de témoigner de réelles excuses. Autour de moi, la plupart des téléconseillers n’ont pas fait attention. Fort heureusement. Sauf Rène, qui m’a regardé avec un sourire jusqu’aux oreilles, en pensant certainement : « C’est trop mignooooon »

Pour la première fois, Naomi fut perturbée. Elle semblait même un peu gênée par la situation. Pas mal à l’aise, ou dégoûté. Non, non. Mais plutôt brusquée par une situation : Après tout, elle ne pouvait pas s’offusquer par des excuses. Il n’y avait rien de mal dans mon geste. D’ailleurs, elle ne m’a pas repoussé. Même si elle m’a lâché un « allez c’est bon tu m’as saoulé, dégage » en camouflant un sourire. Vous savez, comme quand une fille vous dit : « Tu m’énerves !! » alors qu’elle pense l’inverse.

Toutefois, la superviseure s’adresse à moi avec énormément de sérieux à la suite de ce petit événement.

Floria : Alex, je peux te voir deux petites minutes dehors ?

Oh non, les problèmes… Et c’est vrai qu’avec ces conneries, j’étais nettement moins productif que les précédents jours. « L’effet Naomi » ? Sans doute. En tout cas, je n’allais pas tarder à le savoir.

LePatriarche LePatriarche
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Niveau 48
16 mars 2020 à 18:48:41

Chapitre 9 :

Une fois dehors, Floria m’a emmené dans le coin où l’on déjeune d’habitude.

Moi : Oui désolé, je vais bosser un peu plus, c’est vrai que je me suis un peu relâché ces derniers temps.

Floria : Mais ça on s’en fiche ! Naomi elle te plait ou pas ?

Moi : Hein ?

Floria : Vous êtes toujours ensemble. Et surtout, vous parlez tout le temps !

Moi : Ah oui, on s’entend bien.

Floria : Pas à moi Alex, je vous ai bien observé tous les deux. Tu peux me le dire. Elle est bien gaulée.

L’atmosphère était légère. Même ceux qui sont chargés de me donner des ordres agissent comme des amis ici.

Moi : Ce n’est pas à l’ordre du jour.

En tout cas, depuis cette petite entrevue avec la superviseure, j’ai eu la nette impression que tous les yeux étaient rivés sur moi et Naomi les jours qui suivirent. Le plus drôle dans l’histoire, c’est Riès, qui a développé une sorte de sentiment de jalousie envers Naomi. « J’aime pas cette fille », « Elle te tire vers le bas ! », « ces derniers jours tu bosses moins bien, c’est de sa faute ». C’est le coté fraternaliste dont je parlais. Et ça ne les empêchait pas de s’inventer des disputes avec Naomi sur « à qui j’appartenais » comme si je leur appartenais.

Riès : Bon écoute moi bien, Alex c’est mon petit protégé.

Bordel il veut vraiment m’afficher jusqu’au bout.

Riès : Ne le détourne pas du droit chemin, ok ?

Naomi : T’as le seum parce qu’il m’apprécie plus que toi ?

Riès : Mais pas du tout, je sais qui il préfère moi. Dis lui Alex.

Et pourquoi je suis au milieu de tout ça moi ? Mais ce genre de situation, j’en avais déjà connu auparavant.

Moi : En réalité, vous êtes comme le sucre et le sel. Je vous aime tous les deux. Un coup j’aime les pâtisseries bien sucrées, et d’autres fois les burgers. Les deux sont primordiales pour moi, mais je ne me verrai pas choisir !

Un léger silence s’installa. Et voilà, une bonne chose de dite…

Naomi : C’est moi le sucre j’espère ??

Moi : Mais oui, t’es mon petit caramel en sucre toi.

Riès : Ahhhahah ! Petit caramel en sucre hein ! Petit caramel en sucre… Tu as changé. C’est bon. Adieu Alex.

Naomi : C’est bon allez part, il m’appartient.

En disant cela, son bras s’est glissé autour de mon épaule, et son visage s’est collé au mien. C’était… Adorable.

. Naomi arborait un sourire en coin. Depuis deux semaines, il est vrai, ma vie se résume littéralement à elle. Nous partagions beaucoup de choses, même plus que ce que je pouvais penser.

Riès : J’ai compris. Je pars, et surtout… Ne me retiens pas.

Moi : Je ne comptais pas te retenir bg.

Il lâche un rire gras, avant de partir. Malheureusement, la blague a durée plusieurs jours. Pas de bonjour le matin, il passe devant moi aux pauses sans s’arrêter comme il pouvait le faire auparavant. Pourtant, on se parlait sur Slack (le réseau social des entreprises, une sorte de Facebook où l’on peut discuter avec n’importe quel employé d’ici. Ce qui devait se limiter à quelques discussions sur la nature du travail, s’est rapidement transformé en groupe de discussions sur le foot, les paris sportifs, les séries, les meufs, ceux qui préfèrent les BN aux petits écoliers. C’était un bordel).

Mais pourtant, on se taquinait seulement avec Naomi. Il n’y avait pas de tensions, d’allusions sexuelles ou autres. A un repas de midi, alors que nous étions dans un bâtiment voisin accessible à notre pause du midi grâce à notre badge, Naomi se dirige vers la cuisine pour laver son tupperware. Assez férocement, je lui tends ma boite en lui ordonnant de la laver. Pour moi, c’était juste une boutade, pour voir sa réaction. Dans mon esprit, elle refuserait vu le peu de tact employé. Pourtant non, elle accepta sans broncher. Surprenant. Une fille normale m’aurait mis une claque.

A ce moment-là, j’ai réfléchi et… Floria a raison. Naomi semble m’aimer. La phase de « test » où l’on se chamaillait est passé. Dorénavant, c’est la phase où elle dit oui à tout. Absolument tout. Et pourtant, c’est un comportement qu’elle n’a qu’avec moi. Le doute n’est plus permis : Elle m’aime. J’en suis sûr. Avec cette fille, on s’entend merveilleusement bien. Mais... Est-ce que moi je l’aime ? Suis-je capable de l’aimer ? Les prochains événements ont répondu à mes interrogations.

LePatriarche LePatriarche
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Niveau 48
16 mars 2020 à 18:48:59

Chapitre 10 :

Les jours qui suivirent, j’ai beaucoup réfléchi à notre « relation ». Cette fille fait partie prenante de ma vie. Je la vois tout le temps, on mange ensemble, on s’envoie des messages le soir. Elle ne me quitte jamais. Et cette période, pour être honnête, fut la meilleure de mon année 2019. Pour la première fois, j’étais heureux d’aller au travail.

Il y avait comme une alchimie entre nous.

A d’autres moments, il m’arrivait d’aller parler foot avec Riès et Gabin, de débattre géopolitique avec Rafik, d’aller voir Rène que j’allais « ma petite souris ». Il y avait aussi le fait d’être productif dans son travail qui m’encourageait (=ce qui, sans faire l’esclave, procure quand même un sentiment de satisfaction. Et on se sent « utile à la société »).

Mais plusieurs événements ont un peu brusqué les choses. D’abord, Rafik allait très vraisemblablement quitter la boîte ! Coup de tonnerre. La raison ? Alors qu’il avait fait un malaise il y a de ça plusieurs semaines, il s’est pris deux semaines de congés au lieu de deux jours. Ce qui est très mal passé pour la direction, qui a cherché le moment opportun pour le virer. Mais comme il lui restait encore 10 jours de contrat, il venait en touriste.

L’autre événement, c’est de m’avoir assigné à une formation. Pour ce faire, on m’a changé de place, et mis dans la salle 3. A mes côtés, je retrouve ce fourbe de Riès et Rafik. Le premier me posait des dilemmes, tandis que le deuxième me proposait un concours de questions en histoire. Je ne savais plus où donner de la tête ! Après avoir formé brièvement le mec qu’on m’avait confié, je suis finalement resté ici. Comment a réagi Naomi ? Très normalement. Mais les choses se sont gâtées quand je me suis décidé à rester : tous ceux de la salle 2 y ont vu une trahison. Naomi la première. Alors attention, tout ceci est ironique et exagéré. En soit, ils s’en fichent un peu, ce n’est pas leur première préoccupation. Mais c’est leur coté un peu enfantin qui ressort. Et je trouvais ça drôle. Même Rène, d’habitude très calme, m’a insultée de traître. Même Linda, une nouvelle formée par Naomi, m’a dit de même. Je ne la connaissais pas encore, mais c’était sûr : Naomi lui avait déjà fait un lavage de cerveau. C’était terrible.

Je n’étais jamais concentré durant les deux jours passés avec Riès et Rafik. Ils passaient leur temps à me divertir, et mes appels furent catastrophiques. Sans m’en rendre compte, j’ai proposé à une étudiante « de la rappeler par mail » et j’ai explosé de rire au téléphone en voyant qu’un mec avait une adresse mail intitulée « la-tigressedu93@live.fr » alors que j’aurais normalement réussi à trouver le calme nécessaire pour rester de marbre. Tout allait de travers. Et le constat fut sans appel : Durant deux jours, j’ai terminé dernier au classement du nombre de leads. Une catastrophe.

Naomi l’avait bien constaté et m’a rappelé à l’ordre. Et à ce moment-là, je lui ai dit « On se rend compte de la valeur des choses une fois qu’on les a perdus, et tu m’as manqué ». Elle a ri. Pour elle, j’étais un baratineur de première. Impossible de rester sérieux en prononçant ce type de phrase mièvre, mais cela faisait toujours son effet.

Après deux jours, et pour ne pas me faire évincer, j’ai finalement décidé de retourner dans la salle 2. Riès fut extrêmement déçu. Et pour lui, je ne faisais pas ça pour remonter au classement des leads, mais pour retrouver Naomi. Aurait-il raison d’un côté ?

LePatriarche LePatriarche
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Niveau 48
16 mars 2020 à 18:49:42

Chapitre 11 :

Après mon retour dans cette salle, tout est revenu à la normale. Je carburais comme un mort de faim pour récupérer mon retard en nombre de leads. Pour cela, il me fallait passer beaucoup d’appels, et être plus persuasif que jamais. Fabien, qui passait dans le coin, m’avait félicité pour la qualité de mes appels et mon sérieux. Lui, de son côté, insultait les petites étudiantes de truite, de bourges, de cruches, et il les imitait une fois raccrochée. Les gens qui subissent le démarchage téléphonique ne se doutent absolument pas des coulisses, et c’est incroyable.

A une pause midi, Naomi est partie s’acheter à manger. Ce fut rare, car d’habitude, nous allions directement en salle de pause avec nos tupperware. Mais ce jour-là fut un peu spécial. Une fois revenue, elle paraissait fortement chamboulée. C’est la première fois que je voyais de la peur dans son visage. C’était glaçant. Elle m’a expliqué qu’avec Maria, durant une petite promenade pour s’acheter leur bouffe, un mec leur avait littéralement jeter un verre depuis le troisième étage d’un bâtiment. Pensant d’abord qu’il s’agissait d’un acte isolé, elle m’a confirmée l’intentionnalité de son action. Un verre, on peut supposer qu’il s’agit d’un incident. Mais trois verres qui atterrissent à quelques mètres seulement de leur position…

La pauvre était terrorisée. Je l’ai prise dans mes bras pour la réconforter. De mon côté, j’étais en colère. L’une des seules fois où nous n’étions pas ensemble, il lui arrive ce genre de choses. Et le pire aurait pu arriver. Pas besoin d’être un as en physique pour comprendre qu’un verre qui tombe de plusieurs mètres de hauteur aurait pu causer de graves dégâts s’il avait atterri sur elle. Cette seule perspective me foutait la rage.

J’étais tiraillé. D’un côté, j’ai proposé à Naomi et Maria d’aller déposer plainte. Mais après tout, les preuves sont maigres, et cela n’aurait sûrement pas abouties. Un peu stressée tout le reste de la journée, Naomi fut moins bavarde. Je voulais à tout prix déglinguer ce type, qui s’en ait prise à une fille de manière aléatoire comme ça, sans défense, depuis le haut de son balcon. Si ce n’était pas Naomi, ça aurait été quelqu’un d’autre. La meilleure des choses à faire, c’était de faire sa propre justice. Naomi voyait un moi un mec incapable d’être énervé, quelqu’un de calme, et de ce fait, à aucun moment elle n’a pensé que j’imaginais déjà un plan pour ce soir.

Avec Riès, on est parti retrouver ce type, directement chez lui. Sans trop poser de questions, il a parfaitement compris ce que j’ai ressenti sur le coup. C’était un vrai frère. On connaissait le bâtiment, à 5 minutes de notre lieu de travail. Les verres ont été lancées depuis le 3ème étage, et on avait une description du type : Un lunetteux avec une calvitie. Et si ça dégénère ? Après tout, vu la situation, ça allait forcément dégénérer. On a frappé à sa porte plusieurs fois, en nous faisant passer pour des livreurs Uber Eat. Technique imparable.

Lorsqu’il a ouvert, il répondait aux caractéristiques que Naomi m’avait cité. Ce genre de type me foutent réellement la gerbe. Ni une, ni deux, j’ai déclenché mon meilleur coup de poing. Ce genre de mec, ce sont les mêmes qui provoquent sur internet, ou qui se permettent d’insulter les autres en pensant que personne ne va réagir. Ils ne ciblent que les personnes faibles et sans défense, pour se croire fort. Mais il faut leur montrer que dans la vie, les choses ne se passent pas toujours comme on veut. Une fois au sol, je me suis jeté sur lui comme un mort de faim, avant de fracasser son crâne contre le sol. Pas pour le tuer bien sûr, mais simplement le blesser. Lui faire peur. A voir la gueule de son appart, c’était juste un déchet, seul, paumé, et qui a cru bon de rajouter un peu d’adrénaline à sa vie. Dorénavant, il est servi.

« Et t’avises pas de porter plainte, fils de pute. Sinon je te retrouve »

Vous vous direz : Mais il va appeler la police, c’est sûr ! Et bien, sachant qu’à la base, son geste était répréhensible. Si je tombe, il tombe aussi avec moi. C’est peut-être totalement bête, c’est vrai. Mais il n’avait rien à y gagner. La meilleure chose à faire, c’était qu’il fasse profil bas. Et depuis, je n’ai eu aucun souci. La rage qui s’était emparée de moi à ce moment-là, je la haïs. Car pour diverses raisons, elle est toujours au fond de moi. Mais c’était le porte-étendard parfait pour rejeter toute la haine qu’il m’arrive d’accumuler. Le bouc émissaire parfait.

Riès a vu une nouvelle facette de moi. Il était partagé entre le fait d’avoir l’impression de voir un inconnu, et le respect de voir ma volonté de réparer une injustice par moi-même, quitte à braver le danger.

Le lendemain, ma vie a repris son cours normal des choses. Nous n’en avions plus parlé, sauf parfois en privé, et c’était mieux ainsi. Riès était impressionnée de voir comment j’arrivais à faire « semblant » comme si rien ne s’était passé, et comme si je n’avais pas tabassé un pauvre con à même le sol quelques jours plus tôt. Un vrai comédien, devait-il se dire. Ou un vrai taré. Les deux sont vrais, après tout. Mais après tout, cette histoire ne révélait-elle pas une chose simple que j’avais du mal à admettre : Suis-je amoureux de Naomi ?

LePatriarche LePatriarche
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Niveau 48
16 mars 2020 à 18:50:15

Chapitre 12 :

Les jours suivants, nous étions encore plus proche. Et petit à petit, la carapace qui lui servait de protection commençait à se fendre, et elle me posait des questions nettement plus personnelles, témoignant même d’un léger manque de confiance.

Naomi : Je suis grosse tu ne trouves pas ?

Ce genre de questions, c’est juste pour recevoir des « mais non, tu es parfaite comme tu es ». Mais non, je ne tomberais pas dans le piège de faire le canard pour la glorifier.

Moi : Ouais tu as raison ouais

Son regard change. Un air méchant se lit sur son visage. Glacial.

Moi : Tu prends beaucoup de place… dans mon cœur.

Bon j’ai finalement craqué. D’un coup, son visage s’illumine à nouveau. Cependant, cette béatitude n’a duré que deux petites secondes.

Naomi : T’es vraiment un disquetteur.

Moi : MAIS. Qu’est-ce que tu veux de place ? Allez c’est bon t’abuses.

Naomi : Fais moi des petits poèmes romantiques…

Les minutes qui ont suivi, j’ai beaucoup réfléchi. Avant de décider de me prêter au jeu. Avoir une attitude tranquille et détendue, c’est ne pas prendre le risque que les gens me prennent trop au sérieux. Je pourrais même me jeter à genoux devant elle et demander sa main, que tout le monde n’y verrait que de l’ironie.

Ainsi, après quelques appels pour « booster mes stats », je me décide à lui faire le truc ringard qu’on fait lorsqu’on est gosses. Vous savez, quand on prend chaque lettre du prénom, que l’on complète par une qualité. Pour Naomi, cela donnerait : Naturel, Amour, Onctueuse, Magnifique, Iconique. Pour le lui montrer, j’ai décidé de l’écrire sur un avion en papier constitué par mes soins, que j’en ai profité pour lui jeter à la figure.

Après l’avoir lu, je me souviens que son visage s’était illuminé à nouveau.

Naomi : Onctueuse ?! Tu m’as prise pour une crème ?

Est-ce que je vous ai déjà parlé de son sourire ? Il était réellement incroyable. Le plus craquant, c’était quand ses yeux se plissaient, formant deux demi-lunes. Je tombais en extase à chaque fois, ce qui m’encourageait juste à la voir sourire. C’est bon, je suis tellement gaga. C’est l’amour. C’est évident. Après avoir lu mes mots, elle a soigneusement conservé le papier, puis m’a dit ces mots que je n’oublierais jamais : « Je t’aime d’un amour inconditionnel ». Le simple fait d’écrire à nouveau ces paroles fait vibrer mon cœur, c’est réel.

Naomi : Au fait, je ne te l’ai pas dit, mais…

Moi : Tu es une fausse brune ?

Naomi : T’es bête… C’est mon dernier jour aujourd’hui ?

Moi : Quuuuoooiiiii ? Et le dis maintenant ?! D’habitude ceux qui partent préviennent plusieurs jours avant…

Comme dit précédemment, elle n’est pas « embauchée » par la boite, mais dispose du statut d’auto-entrepreneur. A ce titre, elle effectue des missions d’une semaine. Si tout se passe bien, le contrat se prolonge d’une semaine. Sinon, il s’estompe. Elle m’a informé qu’elle avait décidé d’arrêter pour se reposer un peu, avant d’entamer son stage dans quelques semaines. Quelle déception. Mon acolyte à moi quitte le navire.

Naomi : Je vais te manquer ?

Moi : Alors, durant plusieurs jours, oui, tu vas horriblement me manquer. Puis tu seras sûrement remplacé par une charmante jeune fille avec qui je partagerais tout, comme toi.

Naomi : … Mais est-ce qu’elle me remplacera dans ton cœur ? J’en doute !

Elle est forte. A ce moment-là, j’eu un sourire gêné, avant de me retourner vers mon poste de travail.

Je n’avais jamais autant appréhendé une fin de journée. D’habitude, je prie que le temps s’écoule rapidement pour pouvoir partir. Ce jour-là, c’était différent. Je suppliais ma montre de ne plus avancer, juste pour continuer à partager des moments avec elle. Puis, ce qui devait arriver arriva. Pas d’embrassades ou de câlins pour ma part, j’ai préféré l’accompagner dans le trajet que nous avions en communs à la sortie. Elle me parlait des prochains jours de repos dont elle profiterait, mais il y a eu beaucoup de moments gênants cette fois-ci. Première fois que cela m’arrivait. Au moment de nous quitter, je pris les devants.

De toutes les personnes qui travaillent à Etude-Studio, Naomi est sûrement l’une des moins tactiles. C’est quelque chose qui l’a dérangeait. Je le sentais. Mais cette fois-ci, tout allait bien. Une fois dans mes bras, elle s’est relâchée. Ce moment de communion a duré plusieurs secondes. J’ai senti son visage fragile se blottir contre mon épaule, me laissant appuyer ma joue contre ses doux cheveux bruns. C’est bon, c’était sûr. Je l’aimais. J’étais si bien avec elle, mais malgré tout, je ne me voyais pas entretenir une relation. Je ne saurais pas la combler pour l’instant, ni être à 100% engagée dans une relation amoureuse. Mais c’était le dernier de ces soucis. Elle prit les devants pour m’embrasser. Ce fut rapide.

De ce qu’elle m’a dit ensuite, c’était son premier baiser avec un garçon, ce qui m’a surpris. Après tout, elle n’a jamais été très tactile, et les mecs n’ont jamais été très patients avec elle. Mais avec moi, la glace s’est brisée plus facilement, parait-il. Bizarrement, malgré ce baiser, c’est comme si nous étions implicitement d’accord pour qu’il ne se passe rien. Sentiment très étrange. Il y eut un temps pour se connaître, pour s’amuser, pour s’aimer… Et maintenant, c’était le temps de se quitter.

Adieu Naomi.

LePatriarche LePatriarche
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Niveau 48
16 mars 2020 à 18:50:54

Chapitre 13 :

Le lendemain, j’ai repensé à cette phrase prononcée la veille, lorsque Naomi m’a annoncé son départ. « Puis tu seras sûrement remplacé par une charmante jeune fille avec qui je partagerais tout, comme toi. » Ce fut le cas. Linda, 24 ans, étudiante en BAC +4 de droit. Jeune, mince, souriante, fraiche, brune, et avec un petit grain de beauté sur le coin droit de la lèvre.

Toute la matinée s’est donc déroulé aux cotés de Linda, qui a pris place juste derrière moi, à l’habituel place de Naomi. Fait étrange : C’est Naomi qui l’a formé… Et maintenant elle prend sa place.

De ce que je voyais, elle mémorise les choses très rapidement, apprends vite, et dégage une certaine confiance en elle. Globalement, je lui parle un peu de tout le groupe, et de la bonne ambiance qui règne.

Moi : Voilà tu sais tout ! Et ma meilleure acolyte est partie hier en plus…

Linda : Ohh trop triste…

Moi : Du coup c’est toi qui la remplaces comme téléconseillère. Mais est-ce que tu sauras la remplacer dans mon cœur ?

Alors oui, l’approche peut vous sembler direct. Mais tout est dit au second degré de mon côté, ce qui me permet d’avoir beaucoup de libertés dans mes paroles.

Linda : Ah non mais moi je suis pas une remplaçante, je suis titulaire hein.

Elle a de la répartie, j’aime. On est parti pour bien s’entendre. Et devinez quoi ? C’est exactement ce qu’il s’est passé. Au lieu de poser des questions à Fabien ou Flora, qui sont un peu « nos supérieures », elle venait me voir moi directement. Durant les pauses à midi, pendant qu’on allait directement dans la salle de pause pour y manger, Linda préférait qu’on aille manger dehors. Parfois, nous allions au centre commercial, dans des magasins de fringues, dans des restaurants. C’était notre petit moment à nous.

Elle était très différente de Naomi. En ce qui concerne Linda, je la trouvais plus directe. Lorsque nous mangions ensemble, elle me faisait déguster directement son plat. Au centre commercial, elle me demandait mon avis pour tel ou tel chose à acheter. C’est dingue comment je peux être proches avec les personnes d’ici. A l’entretien, ils mettent l’accent sur l’aspect « sociable » des téléconseillers, leur ouverture d’esprit et leurs qualités humaines, et ils ont bien raison.

Après des jours et des jours, une amitié s’est consolidée entre moi et Linda. Notre passion commune ? La nourriture. On pouvait en parler durant des heures. Je m’amusais à la torturer et à lui parler de sushis durant une demi-heure.

Au bout d’un moment, je la sentais très à l’aise avec moi. Mais vraiment beaucoup trop ! Après une longue matinée, j’avais l’habitude de m’étirer (car oui, rester assis immobile pendant 2 ou 3 heures, ça fatigue). En voulant faire pareil que moi, elle a littéralement poussée un gémissement. Je me rappelle encore les quelques téléconseillers présents dans la salle, qui s’étaient tous regardés de manière assez gênée. Mais elle non, rien ne la tracassait. Je l’ai fixé durant plusieurs secondes, jusqu’à ce que mon regard croise le sien, puis elle a ri. Pas besoin d’être un spécialiste en comportement humain pour comprendre qu’elle avait fait exprès.

Et là, je repensais à Naomi. Est-ce qu’elle se repose bien ? Est-ce qu’elle prend du bon temps ? Est-ce que je lui manque… ?

Message édité le 16 mars 2020 à 18:51:10 par LePatriarche
LePatriarche LePatriarche
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Niveau 48
16 mars 2020 à 18:52:33

Chapitre 14 :

Et ce jour-là, une nouvelle vient bouleverser mon après-midi. Floria m’envoie un message depuis l’application Slack sur PC pour rejoindre son bureau dans le bâtiment d’à côté. A ce moment-là, j’ai su qu’on allait me remercier. Et, à vrai dire, j’étais totalement serein. Mon objectif, c’était d’avoir une expérience courte mais enrichissante, et ce fut le cas.

Avant de quitter les bureaux, je pars voir Riès à son poste, pour lui annoncer qu’on m’a appelé.

Riés : Aie aie aie… ça sent pas bon…

Moi : Mais tu déconnes ? Ils vont sûrement me proposer une augmentation. Allez tchao espèce de loser !

Il explose de rire. Il y a quelques jours, Laetitia s’était faite virée comme ça, et l’avait très mal pris, au point de totalement bazarder ces derniers jours de contrat, et de ne faire qu’acte de présence. Selon la direction, « elle force trop au téléphone ». Ce qui est cocasse, sachant que la mollesse et le manque de charisme au téléphone sont désignés comme deux gros défauts. Et on enseigne même à ne jamais lâcher le morceau, à toujours trouver une répartie pour tenir le client. Inutile de dire qu’elle était folle de rage.

Une fois dans son bureau, je m’assois sur la chaise que me propose Floria. Et c’est la première fois que je la vois prendre autant de pincettes pour me parler. Selon elle, la production des leads a été analysé, et ils ont constaté que j’étais moins productif que les téléconseillers ayant intégré la boite au même moment que moi sur le mois de mai. Mais… J’ai pris trois jours de congés, et eux aucun. Et le procédé fut assez malhonnête en réalité, parce que si on compare le nombre de leads moyen par jour, mon ratio était sûrement plus élevé. Mais en prenant le nombre total de leads sur tout le mois, c’était normal que je sois en deçà des quotas. Floria l’a parfaitement compris, et ne s’attendait pas à mon explication, car le choix était fait.

Mais malgré tout, ce n’était pas une nouvelle dramatique. Ici, je ne joue pas ma vie. Il n’y a pas de loyers qui m’attend chez moi, ni des enfants qui dépendent de mon travail. Dans tous les cas, j’ai ma rentrée en septembre, et il m’aurait fallu deux bons mois de vacances en juillet-août pour me reposer. Au contraire même, je signale à Floria que le timing reste bon… Même si la manière de faire n’était pas la meilleure. Et EN PLUS, on devait rester jusqu’à la fin de notre contrat. Le mien se terminait début juin, ce qui m’obligeait à rester encore une dizaine de jours.

En revenant à mon poste, j’annonce la nouvelle à tous les autres… Et absolument personne ne me croit. Comment peut-on virer un téléconseiller qui figure dans le top 5 chaque jour depuis un mois ? En apprenant la nouvelle, Rène était choquée. Selon elle, mon renvoi est injuste, parce que dans les faits, mon ratio était meilleur que le sien. Mais à ce niveau-là, il y avait une justice : Le branleur que j’étais saute, tandis qu’elle peut rester pour financer plus longtemps pour financer son voyage en Angleterre ! Finalement, il n’y avait pas que du négatif dans l’histoire.

Linda, toujours aussi énergique, me dit « refuser » mon renvoi. Debout, devant moi, elle commence à agiter ses petits poings comme pour vouloir boxer. Elle me donne des petits coups, s’agite dans tous les sens. Je lui bloque les poings assez facilement, elle n’arrive plus à bouger, et… mais à quoi elle joue bordel ?

Linda : Hmmm… Tu vas me manquer.

Moi : Oh c’est mignon… J’oublierais presque que tu voulais me boxer mais pas grave.

En disant ça, son visage s’était rapproché du mien. Et comme mes mains tenaient toujours les siennes, que son corps se tenait debout devant moi, cela donnait réellement une situation digne d’un film de l’extérieur. Elle souriait, déambulant son visage devant moi. Je trouvais que mon rapprochement avec Naomi avait été rapide. Mais le rapprochement avec Linda s’était réalisé encore plus rapidement.

Attentif à la scène, Gabin, qui passait par là, me regarde du coin de l’œil avec un énorme sourire vicieux. Plus tard, il me dira : « ça se voit qu’elle a faim celle-là ». Vous savez très bien de quoi il parle.

Après Rafik, après Naomi, c’était mon tour de partir. J’étais triste. Mais le plus triste dans l’histoire, c’était bien Riès, qui voyait également tous ces « acolytes » partir les uns après les autres. Selon Gabin, c’était un énorme chat noir, et il fallait vite s’éloigner de lui pour ne pas être virer.

19h. Fin de journée. Pour le trajet du retour, voyant comment Laetitia avait du mal à contenir ses émotions, je lui ai proposé qu’on fasse une partie du trajet ensemble, comme on l’avait déjà fait quelques fois auparavant. Mais cette fois-ci, le trajet allait prendre une tournure assez… Particulière.

LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 18:53:28

Chapitre 15 :

Pendant que j’expliquais à Laetitia en quoi j’étais satisfait de voir la rupture de mon contrat pour pouvoir profiter des vacances, elle me fait part de sa détresse : Elle a 25 ans, un appart, des courses à faire, et pas de diplômes universitaires qui peuvent éventuellement l’aider. En gros, ce job de téléconseiller lui permettait d’avoir un métier pas si pénible.

J’essayais de lui remonter le moral, de lui parler de formation en ligne, des attestations qu’il est possible d’obtenir via internet, ou encore de formations gratuites d’une semaine que l’on pouvait trouver sur la capitale à condition de bidouiller un peu… Mais sur le coup, elle n’en avait cure. Toutes mes propositions furent rejetées.

Assise devant moi dans le RER, elle avait croisé ses jambes, et son pied droit se balancer d’avant en arrière, venant par moment cogner contre mon mollet. Pour ne pas la brusquer, je ne disais rien. Elle était pas mal tracassée, et n’y faisait sûrement pas attention. Selon elle, c’était une injustice, et elle me listait les défauts des autres téléconseillers, qui eux méritaient de se faire virer plus qu’elle.

Arrivé à sa station, je compte la saluer… Puis elle s’effondre en larmes. Bordel.

« Allez, ne t’en fais pas », « Courage, t’es une fille forte, ça va passer ! », « ça arrive à tout le monde, mais tu vas te relever ». J’essayais de balancer le maximum de phrases motivantes possible, mais après tout, est-ce que cela va réellement changer la donne ? J’attrape sa main pour la réconforter, et je la guide en dehors du RER. Toute la colère qu’elle accumulée durant ces dernières heures s’évacuent en larmes.

Tout le monde pouvait donc voir cette grande fille en pleurs, avec un petit gars à ses côtés. Mais vu son attitude actuelle, j’avais vraiment peur qu’elle fasse une connerie. Je devais peut-être avoir l’air ridicule pour d’autres, mais c’était la meilleure des choses à faire. Après tout, je n’allais pas partir comme si de rien n’était, ce n’est pas mon genre. Le temps que ça passe, j’étais resté à ses côtés. Petit à petit, elle retrouvait des couleurs. Au point de m’inviter boire un verre, entre « licenciés ». Son appart n’était qu’à 5 minutes d’ici à pied. Ne me voyant pas refuser son invitation, nous sommes donc allés chez elle.

La première chose qui me frappe une fois entrée, c’est… Laetitia, avec son bras. « Enlève tes chaussures ! » m’ordonne-t-elle sur le pas de la porte avec fermeté. Je m’exécute. Puis 3 secondes plus tard, le ton change totalement.

Laetitia : Qu’est-ce que je te sers à boire ?

En réalité, son appart est déprimant. Il témoigne d’une grande solitude. La cuisine n’est pas très équipée, son frigo est à moitié vide, et on s’y sent à l’étroit. Sur une table basse, plusieurs magasines bas de gamme sont disposés. Je n’y prête pas attention. Je la remercie de m’avoir invité, même si je suis extrêmement gênée… Après tout, on ne se connait pas tellement, hormis les traditionnelles politesses matinales.

Elle se pose sur le canapé. Pour la détendre un peu, je commence à glisser mes mains sur ses épaules pour un petit massage. Elle le prend bien. Trop bien même. Rapidement, elle enlève ses chaussures sous mes yeux et s’allonge sur le canapé.

Laetitia : Fais-moi un massage du dos, allez.

Elle avait cette habitude d’ordonner les choses. Mais pourtant, elle restait fragile. Après quelques minutes où les doigts caressaient chaque parcelle de sa peau, je commençais à descendre petit à petit, au fur et à mesure de son dos. Putain, mais qu’est-ce que je fous sérieux ? Arrivé au niveau de son fessier, je m’arrête, afin de remonter.

Laetitia : Mais… Descends encore là !

Moi : Et descendre jusqu’à où, hein ? ( je rêve où elle a envie que je lui masse le cul aussi ? )

Laetitia : Alala, faut vraiment tout faire.

Une fois relevée, elle me pousse contre le canapé. Son corps vient s’avachir contre le mien. Ses lèvres se disposent sur mon cou avec une douceur sans pareil. Je tire mes vêtements pour les arracher le plus rapidement possible. D’un tiroir, elle en sort une boite de préservatif, qu’elle me tend avec un sourire malicieux. Okay je vois le genre.

Une fois en place, elle se rejette sur moi et me plaque contre le canapé… C’est dingue la force qu’elle a. C’est totalement à l’opposé des rapports que j’ai eu avec des filles douces, calmes et timides. Avec Laetitia, je ressentais sa force de caractère sur mon corps. Désireux de trouver la bonne position, mes mains se plaquent contre son fessier. Elle sourit malicieusement, tout en remuant son gros popotin contre mon corps allongé, quitte à faire trembler tout le canapé. J’enchaine des mouvements rapides de va et vient, tandis que l’un de ses doigts se glisse sur mes lèvres pour me faire taire. Ses ongles me griffonnent le ventre, ses lèvres glissent sur les miennes avec avidité. Je suis entièrement à elle. Après une bonne période, je m’empresse de reprendre partiellement le contrôle. Je quitte la position allongée sous elle pour la soulever, sous son étonnement, toujours en maintenant ses deux fesses mes mains. A ce moment-là précis, j’ai repensé à Naomi. Qu’est-ce qu’elle fait ? Est-ce qu’elle pense à moi ? Est-ce que je la trahis ?

Passant de la position allongée à assise, je continue encore et toujours les va et vient, comme un animal. Plus le force, plus ses mains s’agrippent à mon corps. Nos respirations sont conjointes. Mon corps n’est plus le mien, mon cerveau ne fonctionne plus. Elle pousse de plus en plus fort, pendant que ses gémissements résonnent dans ma tête, tandis que ses cuisses se claquent contre mon corps… Mais au fond, c’est Naomi que j’aime en réalité. Putain, j’avais beau passer le plus clair de mon temps avec Linda, j’avais beau partagé une baise avec une fille au corps sculpté parfaitement, c’est Naomi qui me manquait le plus. Après plusieurs minutes d’exaltation, l’éruption volcanique arriva, tel le Merapi en Indonésie. C’est la première fois que j’atteins un tel stade où j’ai l’impression de ne plus rien contrôler. Cela change carrément des longues périodes préliminaires, petits baisers et position câline que j’ai pu expérimenté par le passé. Cette fois-ci, c’était littéralement bestial !

Mais putain, mon esprit restait confus. Intérieurement, j’ai hurlé. Je venais de baiser avec une fille tout en pensant à une autre. C’est la première fois que cela m’arrivait. Je me sentais con. Pourquoi ai-je fait ça ? Le pire dans l’histoire, c’est qu’elle n’est absolument pas mon genre. Ai-je fait ça par frustration ? Pour oublier Naomi ? Pour soulager la conscience de Laetitia et lui servir de jouet ? Impossible de savoir. Passer mon temps à critiquer ceux qui ont des plans-culs, baisent sans sentiments, pour faire exactement pareil. C’était dégueulasse de ma part.

C’était un manque de respect envers Laetitia. Même si, bon, de son coté aussi, elle s’est également servis de moi pour « se détendre ».

Alors qu’elle m’a proposé de venir partager son lit et de passer la nuit ici, j’ai refusé afin de partir. Selon elle, même si nous n’avions pas de réels sentiments l’un pour l’autre, on avait partagé un bon moment. Mais c’était une mauvaise idée. Et ma manière de le lui faire comprendre est sans doute passé pour un manque de respect.

Moi : Au fait, tu ne racontes à personne ce qu’il s’est passé hein.

Laetitia : Pff, je ne comptais pas raconter ça… De toute façon personne me croirait… Et tant mieux… Vas y dégage maintenant.

Au lieu d’être énervé, j’ai souri. Les filles ne sont vraiment pas douées pour me mentir. Avec ironie, je lui ai glissé un « Allez pleure, ça fait du bien ». Cependant, cette remarque anodine dite pour rire la brusquer.

Laetitia : Franchement je suis choqué… Je ne te croyais pas comme ça… Connard, quitte ma maison maintenant.

Elle lâche un long soupir, avant de me tourner le dos. Dans un dernier geste d’humeur, elle ramasse une chaussure qu’elle me balance. Après ça, elle s’effondre sur son canapé, en pleurant. Après tout, on s’est tous les deux faits virés, même si la situation parait être plus grave pour elle que pour moi. Sur le coup, c’était un peu un abandon. Mais dans tous les cas, je n’aurais jamais dû venir.

Fort heureusement, et comme je m’en doutais, elle n’en a parlé à personne. Et dès le lendemain, notre relation était comme avant : De collègue à collège. Bonjour le matin, bon appétit à midi, et bonsoir après le travail. Et c’était beaucoup mieux ainsi. Malgré, il est vrai, quelques regards noirs moments, qui n’ont pas manqués de m’hérisser les poils du dos.

LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
16 mars 2020 à 19:02:53

Chapitre 16 :

Sur la fin, inutile de dire que mes efforts furent bien moindres. Notamment avec l’arrivée de Roland-Garros à la fin du mois de mai. Il m’arrivait de passer quelques appels brefs appels, puis de voir les matchs du court Philippe Chartrier ou Suzanne Lenglen. Avec Riés, on faisait le debriefing des matchs, que ce soit sur Slack ou pendant les pauses, ce qui faisait rire la plupart de nos autres collègues. Bien évidemment, je restais discret au maximum, car mettre le stream directement sur le PC de la boite, le tout à 2 mètres de la superviseure restait risqué, bien sûr.

Mais la discrétion est l’un de mes points forts. En 10 jours, elle n’a pu se douter de rien. Tandis que mes autres collègues remerciés ont tout simplement lâché prise, au point de figurer dans les méandres du classement des « tops téléconseillers », ma stratégie a été totalement inverse. Pour montrer un professionnalisme à toute épreuve, j’ai carburé comme jamais. A vrai dire, avant de quitter la boite, je voulais à tout prix tester une « méthode » pour voir le résultat de ma productivité : Celle de « trier » les appels (ce qui était interdit, car en théorie, on devait appeler tout le monde. Mais je restais persuadé que certains ne respectaient pas cette règle afin d’améliorer leur ratio, ce qui expliquait leur nombre de « leads » impressionnant durant des périodes de disette). Le résultat fut sans appel : Deux jours d’affilée, j’ai terminé premier, largement devant tous les autres.

Les réactions furent diverses : Les autres téléconseillers m’ont tous reproché l’inutilité de mon action. « T’es viré mec, arrête de forcer » ou encore « pourquoi tu fais tout ça ? ça ne sert à rien ! » Et ils avaient raison. Mais je m’étais prouvé à moi-même qu’en adoptant les mêmes méthodes qu’eux, c’est-à-dire d’appeler uniquement les meilleures fiches clients pour augmenter mon taux de réussite et éviter de perdre du temps, montre que je suis le meilleur lorsqu’on est sur un même pied d’égalité.

Vous comprenez pourquoi j’ai dû subir quelques regards noirs de la part de Laetitia maintenant, elle qui ne passait plus qu’un appel toutes les demi-heures, passant le reste du temps sur son téléphone, ou à regarder quelle destination de rêve elle pouvait rejoindre pour faire un break.

Après ces deux jours de surproductivité, je me contentais de passer les bonnes fiches aux autres, comme Gabin (qui comptait avec des primes), à Riés (par amitié) et Linda.

A mon départ, tous sont venus me voir pour me souhaiter bonne continuation. Vous savez, ce genre de moment « émotions » me gêne terriblement. Je n’ai jamais aimé que toute l’attention soit sur moi. Ils sont tous venus me faire des câlins d’adieu : Que ce soit Jean-Marc le joueur pro FIFA, Rène la petite timide, Gabin le grand gaillard, Laetitia, Laélia, Riés. En ce qui concerne Linda, son câlin fut plus chaleureux que les autres. Ce fut court mais intense. Une chose est sûre : C’est que je n’oublierais pas cette aventure de sitôt. Ici, tout le monde était humain, sincère, direct, et hyper sympa. C’était un peu comme famille, avec ces trublions, ces défauts, mais le groupe était toujours soudé.

Et encore plus au soir, lorsqu’une fois sorti, j’ai jeté un œil pour la dernière fois à l’endroit où j’ai passé deux mois. C’est terminé. D’un côté, cela marquait le début de mes grandes vacances, et la fin d’un travail assez ingrat. Mais globalement, j’étais triste de ne plus pouvoir revenir. Sur le trajet du retour, mon portable vibre. C’est un message de Naomi. Je lui avais dis par texto qu’il s’agissait de mon dernier jour, et elle a également voulu me transmettre, un petit mot, j’imagine.

« Tu me manques. On ne s’est pas vu depuis deux semaines, et tu m’énerves, parce que je t’aime. Petit con, je veux te voir ! »

Et lorsqu'on s’est revus, vous savez très bien ce qu'il s'est produit : Nous sommes sortis ensemble. Et cela dure depuis presque 9 mois maintenant.

FIN.

-------------------------

Conclusion : Finalement, j’ai encore de très bons contacts avec Riès, puis un peu avec Linda mais ça s'est vite arrêté, vous comprenez pourquoi. Et encore, j’aurais pu parler du drama autour des chiottes, qui étaient tristement dégueulasses, ce qui a valu l’organisation de nombreuses réunions collectives pour que « les mecs pissent assis » et que « les gonzesses ne foutent pas du rouge à lèvre sur le lavabo » (c'était vraiment délirant :rire: ). J’aurais pu parler d’une dispute entre Riès et de la responsable comptable, de la fois où deux téléconseillères ont voulu en venir aux mains, de Laélia qui avait fini par péter un plomb sur Rafik qui la harcelait de messages et de sous-entendus grivois, d'un autre téléconseiller qui avait des vus sur Naomi et qui a failli me griller la priorité... L'expérience fut enrichissante ! :noel:

Message édité le 16 mars 2020 à 19:03:10 par LePatriarche
Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
20 mars 2020 à 17:05:25

L’année se termine relativement tôt pour moi cette fois-ci. Dès le mois d’avril. La faute à un concours qui s’est relativement mal passé. Sans avoir les résultats, je le savais. Je ressentais au fond de mon cet échec.

Probleme de temps. On passe du présent au passé. Conjugue soit tout au présent, soit tout au passe, mais on ne fait pas les deux hors exceptions (présent de vérité général par exemple)

Après quelques jours à chercher très sérieusement (=c’est-à-dire, à envoyer de vrais CV et lettres de motivation personnalisés selon les entreprises, ce que très peu de candidats font), on m’a recontacté.

Je ne sais pas ce qu en pense les autres mais je ne suis pas tres fan du () dans l'écriture. Ça coupe la narration à mon sens. Pourquoi ne pas décrire cette phase de recherche active à travers quelques lignes plutôt que de la mettre entre parenthèse ?

Pareil pour ton collègue pro de FIFA. Pourquoi ne pas l intégrer dans sa description de personnage ?

Avoir oublier

Avoir oublié

Après un petit silence, la question tant redoutée qu’on allait me poser à un moment ou à un autre survint :

Laélia : Tu as une copine Alex ?

Bonne maîtrise du suspens, à la fin du chapitre 2 on veut direct enchaîner avec le chapitre 3.

Une envie de dire « j’aime les chattes » survint, même nous ne sommes pas sur JVC. Ici, un commentaire ne s’efface pas, un pseudo ne se change pas en 15 secondes.

L'élite :hap:

De manière générale l écriture est un peu trop familière, j ai plus cette impression d histoire racontée par un pote que d histoire lue.

Un peu déçu de la présentation de Naomi qui "bouleversé ta vie" au chapitre 4 mais dont en entends pas parler au chapitre 5 et tout juste évoque au chapitre 6. En tant que lecteur on se sent un peu "trahi" par ce suspens qu on assouvi pas au chapitre suivant.

Au niveau de l histoire c est assez cool. Bossant moi même en bureau dans un milieu très féminin je me suis facilement mis à ta place. Puis y a ce côté "potin" ou on veut savoir si tu vas pecho ou pas Naomi, si tu vas préférer Linda etc... C est agrea le à lire.

LePatriarche LePatriarche
MP
Niveau 48
23 mars 2020 à 14:05:16

Je vois ce que tu veux dire. Ma grosse erreur fut de m'être trop inspiré d'un événement IRL, plutôt que de créer une histoire inventé maiis plus réaliste :( Il y aurait sûrement moins eu ce coté assez familier, et le récit aurait été plus littéraire.

Au fur et à mesure de l'écriture, je me rappelais aussi de certains événements, ce qui donne un peu ce coté désordonné, avec des passages trop commentés et des personnages qui paraissent délaissés.

Pour dire vrai, j'ai hésité à la poster après avoir vu les autres nouvelles-réalistes, qui sont nettement mieux écrites et dans les clous, mais j'avais envie d'avoir des remarques comme la tienne qui peuvent me permettre de progresser pour les prochaines fois :oui:

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
23 mars 2020 à 15:00:22

Ça aurait été dommage de ne pas poster ta nouvelle, 10.000 mots c est déjà un bel exploit. On est peut-être 10% seulement à avoir tenu le challenge.

Puis tu sais il ne faut pas trop se comparer aux autres, juste à soi-même. Faire mieux que ce que qu'on a fait la veille, c est ça la réussite.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
04 avril 2020 à 12:54:08

Chapitre 1
Écrire à la première personne, ce n’est pas simple. Comme chez tes concurrents, je retrouve des problèmes de temps, tu oscilles entre présent et passé, leur utilisation n’est pas toujours très logique. Par moment on est dans l’instant même, et à d’autres, c’est comme si rapportais des faits qui se sont déroulés il y a plusieurs mois.
Pas mal de fautes et de mots manquants, une relecture attentive aurait pu l’éviter.

Chapitre 2
AAAAHHHH SATAN ! C’est quoi ce dialogue ???? T’as déjà vu un dialogue comme ça dans un roman ? :(
Énormément de répétitions aussi.

Chapitre 3
ce serait dommage de tout gâcher dès le premier jour et de passer pour le beauf du coin. Raté, tu viens juste de sortir une phrase complètement beauf :noel:

Cette explication des salles mon Dieu :ouch: Tu t’avais pu poster un schéma en plein milieu de ta nouvelle, ça aurait eu le même effet. Il y a des règles de narration lorsque l’on écrit, je doute que tu aies pu voir ceci dans n’importe quel roman que tu aies lu…

Chapitre 4
Le passage Tinder c’est 12/10 sur l’échelle de Villejuif :pf:
MAIS OMG CETTE PRÉSENTATION DES PERSONNAGES !!!! Quelle horreur ! :mort:

Chapitre 5
C’est quoi ce passage foot incompréhensible et –pardonne moi mon vocabulaire – chiant ? Tu parles d’une astuce sans vraiment la détailler, je n’ai rien compris au schmilblick.
Un chapitre qui ne fait pas avancer l’histoire. Je commence même à me demander s’il y a une histoire ou si tu vas juste nous décrire une suite d'anecdotes basées sur la vie d’un téléconseiller.

Chapitre 6 et 7
Tu développes la relation avec Naomi, puis passe subitement à tes histoires de lead. Ça ne fait aucun sens. Je vais arrêter là ma lecture désolé.

Pour résumer, de gros problèmes de temps qui ne facilitent pas la lecture. Tu aurais dû te relire afin d’ajouter les mots manquants et corriger les fautes plus grosses que mon nez au milieu de ma figure. Des dialogues et des énumérations qui m’ont fait sauter au plafond. Un scénario inexistant, du coup je me suis ennuyé. Y’a des anecdotes marrantes, mais ça ne suffit pas à conserver mon attention.

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