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Sujet résolu : [NR - Barbebarde] L'étoile filante

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Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
15 mars 2020 à 09:37:39

Alors avant de commencer je tiens à remercier Révoltin d'avoir lancé ce concours, c'est la première fois que j'écris un texte aussi long dans un genre nouveau pour moi et je n'aurais jamais eu la motivation nécessaire sans ce concours. (A vrai dire 99% de mes textes concernent des scénarios de Donjon & Dragon :hap: )
Ça m'a aussi permis de découvrir ce forum qui, même si il est un peu désert, est fort sympathique.

Précision IMPORTANTE dans la lecture du texte: Tout ce qui est en Italique correspond aux pensées du personnage durant la scène. Tout ce qui est Entre guillemets et en italique correspond aux dialogues.

Titre: L'étoile filante
Synopsis : Un homme aliéné par le travail cherche un moyen de se sortir de sa condition de salarié. C'est à travers le trading qu'il découvrira un échappatoire qui lui permettra de retrouver sa liberté. Mais le trading est un outil dangereux qui le mènera jusqu'aux limites de sa folie. Parviendra t-il à s'émanciper du travail sans perdre la raison ?

Nombre de mots : 9098 d'après Word, 9504 d'après Antidote.
Autres chiffres: Rythme de croisière de 500 mots en 1h30, 32h45 de travail au total.

Chapitre 1: Day worker, French Dreamer:

17 :59 : 45

Les yeux rivés sur l’horloge, je comptais lentement les secondes restantes dans ma tête.

18 :00 :00

À l’instant même où ces chiffres apparaissaient, je cliquais sur le bouton qui s’affichait à l’écran pour mettre fin à mon supplice.
La journée de travail se terminait enfin. Il me fallait moins d’une minute pour revêtir ma veste, saisir ma sacoche et saluer d’un geste vague les collègues. La lumière des ordinateurs éclairait d’un halo blafard leurs visages fatigués qu’on aurait dit sortis tout droit d’un film de George Romero.

Au travail, nous sommes à moitié morts. On échange son temps de vie contre de l’argent dans le seul but de la prolonger un peu plus. Après quarante ans de bons et loyaux services, lorsque l’entreprise nous aura essorés pour recueillir la moindre goutte de sueur de notre front, lorsque nous ne serons plus que des chiffons secs et usés, alors nous pourrons vivre de nouveau.
Une vie ralentie par nos gestes ankylosés que la sédentarité a habituée à l’immobilisme. Une vie que nous contemplerons avec des yeux brûlés par le feu des écrans. Une vie que nous rêverons au fond d’un fauteuil, car nous n’aurons plus la force de la vivre. Une vie que l’on rangera dans une boîte, la même boîte à qui l'on a déjà tant donné.

Mes pas résonnent sur le parquet tandis que je traverse à grandes enjambées les couloirs de verres qu’un ciel d’hiver enveloppe de sa chape sans étoiles. Les vitres noircies par l’atmosphère nocturne renvoyaient mon image, celle d’un homme grand dont les cheveux et la barbe mal entretenus contrastaient avec un costume impeccable au nœud de cravate recherché. Dans ces miroirs, chacun de mes reflets semblait marcher dans une direction différente, comme s’ils appartenaient à une autre dimension. Et pourtant, à en juger par leurs gueules lamentables, tous suivaient la même voie. Une voie qui les éloignait du but de tout homme : le bonheur.

Au détour d’un virage, je ralentis le pas, car une envie soudaine me prit, celle de m’élancer à travers la baie vitrée et de voir les conséquences d’un tel acte.
Est-ce que je vais m’écraser plus bas ? Est-ce que des ailes me pousseront dans le dos pour que je puisse m’envoler ailleurs ? Est-ce que ce sera une fin ou un nouveau commencement ?

« Hey, reste pas planté là. Tu vois bien que j’ai des dossiers plein les bras. » Me dit un collègue, les bras chargés de cartons, me sortant de ma sinistre contemplation.
« …Désolé… À demain. »

Je poursuivis ma route jusqu’au hall d’accueil ou j’attendis l’ascenseur. Après une longue minute, celui-ci s’arrêta à mon niveau et les portes s’ouvrèrent. Une femme s’y trouvait. La quarantaine bien conservée, elle cachait sa fatigue derrière un maquillage un peu trop chargé à mon goût.
« Bonjour » me dit-elle en souriant.
« Bonsoir » répondis-je avec un sourire en coin.

Oui. Je suis le genre d'homme qui répond à votre "bonjour" d'un "bonsoir" avec une pointe de cynisme lorsque je vous croise dans l’ascenseur. Vous ne me connaissez pas, mais déjà, d'un simple mot, j'installe une barrière entre vous et moi. Vous pourriez prendre ma réponse et mon sourire en coin pour de la condescendance ou une mauvaise blague dont je serais satisfait et pourtant il n'en est rien. Les relations sociales n'ont jamais étés mon fort, voilà tout.

Inconsciemment, mon cerveau retors parcoure mon système nerveux à la recherche des mots qui mit bout à bout pourrait m'éloigner un peu plus de la compagnie des autres.
"La compagnie des autres". Je suis sûr qu'il existe un mot unique pour désigner ce groupe nominal, mais je ne trouve pas d'antonyme à "solitude". Ce mot existe, j'en suis sûr, mais je ne le connais pas. Ni dans ma mémoire, ni dans ma chair, ni dans mon cœur. Peut-être que "solitude" n'a pas d'antonyme puisque c'est elle qui me tient compagnie.

Rassurez-vous, ce n'est pas par moquerie que mes lèvres se sont étirées après vous avoir répondu. Mon sourire est un masque qui cache mes sentiments. Il maquille ma gêne, me donne une contenance, cache mes blessures. Regardez-moi ! Je souris ! Tout va bien ! Il faut sourire lorsqu'on est heureux non ? Je crois me souvenir que c'est écrit quelque part... Un texte de loi peut-être ? Le code civil ? Non. Le code social ?

Arrêtez de me fixer avec cet air interrogateur. Sinon je vais devoir sortir les crocs. Non pas pour vous mordre, mais, car mon masque peut se transformer en bouclier. Une égide d'émail derrière laquelle je peux me cacher.
Certes, elle est un peu ébréchée et le temps lui a fait perdre de son éclat, mais elle est solide comme du diamant ! Après tout, c'est écrit sur le paquet de dentifrice que j’achète.

DING

La sonnerie de l’ascenseur me sortit de mes pensées. Conditionnées par ce bruit, mes jambes se mirent en marche jusqu’à la plus proche bouche de métro. Elles suivirent les pavés, descendirent les escalators et me menèrent jusqu’aux quais bondés où mes clones, de jeunes salariés en costume à la gueule déconfite, attendaient de pouvoir rentrer chez eux. Les minutes s’égrenèrent tandis que nous nous dévisagions en cherchant à jauger la vie des uns et des autres à l’aide de quelques signes extérieurs distinctifs.

Celui-ci à une montre et le portable dernier cri. Il a l’air de s’en sortir mieux que moi. Celui-là sourit, son boulot est sans doute plus satisfaisant. Je jurerais que ce dernier n’a pas dormi la veille. Vie sociale ou travail excessif ?

Un monstre d’acier surgit du tunnel dans un bruit assourdissant qui me vrilla les tympans. Des étincelles accompagnaient sa venue et je pouvais voir la douleur et la tristesse sur les visages de ceux qui luttaient pour rester debout en son ventre.
Les portes s’ouvrirent et l’étrange créature dégueula des flots d’usagers qui se bousculèrent puis se perdirent dans des dédales de bétons aux relents d’urines rances.

TUUUUUT

Une alarme retentit et mon cœur se mit à battre la chamade. Paniqués, nous nous regardions avec mes congénères avant de nous enfoncer à notre tour dans le titan de ferraille. On se bouscula, on grogna, on poussa, on se noya, dans une marée humaine jusqu’à ce que nous fassions corps avec elle.

Je me sentais écrasé par les personnes qui m’entouraient, oppressé par le regard accusateur de cette personne dont j’envahissais l’espace vital. Agressé par l’odeur de mon voisin, par le bruit de cette dame qui hurlait dans son téléphone pour couvrir le gémissement des rails. Et ces cris, prononcés dans une langue qui m’était étrangère, sonnèrent à mes oreilles comme un appel à l’aide.

Je ne pouvais tourner la tête et je regardais d’un air désespéré la vitre du train qui s’offrait face à moi. De la buée s’y accumulait et sous la condensation une goutte vint lentement y rouler. En fermant les yeux, je pouvais la sentir, comme si elle glissait sur ma joue.

Le calvaire avait duré plus d’une heure. Comme dans un mauvais rêve je passais d’un métro à un autre en ayant la sensation que tout se répétait sans fin. L’ancienne faïence qui défilait sous mes yeux, les panneaux publicitaires vantant les mérites de tel ou tel produit de consommation, l’interminable attente inexpliquée entre deux stations.

Les visages des inconnus défilèrent et ma vision se troubla. Bientôt, je ne vis plus que des visages flous, des nuances de blanc, de jaune, de noir qui se croisaient et s’entremêlaient pour former un étrange tableau. Soudain, je me sentis transpercé par le regard des autres ! Des centaines d’yeux se braquaient sur moi ! Effaré, je regardai une à une les figures qui me dévisageaient avant de reconnaître avec horreur mes traits sur chaque faciès !

Pris de panique, j’appuyai frénétiquement sur le bouton de la porte pour l’ouvrir. Le train arriva à quai et je m’élançai par-dessus la marche avant de courir sur les pavés, sous les protestations des passants que je bousculais sans gêne.
La sueur rendit ma peau moite, mes pieds cognaient contre le bitume. Je courais. Je courais à en perdre haleine, à sentir mon cœur pulser sur ma poitrine, à cramer mes cuisses, à me retourner le ventre !

Et je continuais jusqu’à arriver devant chez moi ou, enfin, j’osais ralentir le pas. Ma respiration était saccadée, mes jambes étaient lourdes, mes mains tremblaient.Je me hâtais de déposer mes affaires dans l’entrée avant de me diriger vers la salle de bain. Là, je tournais le robinet d’eau chaude de la douche à fond, je me dévêtis et je pus reprendre mon souffle.

Sous une eau brûlante, je me savonnais pour me débarrasser des impuretés de la journée, frottant ma peau de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’elle ait rougi. Je me rinçais, coupai l’eau puis m’enroulai dans une serviette bleue avant de la nouer autour de ma taille.

Alors, effaçant la buée sur le miroir du plat de ma main, j’expirais longuement en regardant mon visage fatigué, mes traités usés et mes rides naissantes. Mon cœur se serra en voyant ce reflet. Le reflet de ma vie actuelle, une vie qui n’était ni pire ni meilleure que celle d’un autre, mais qui ne me comblait pas. Une vie construite par mes choix, bons ou mauvais, mais dont je ne retirais que de la fierté à défaut d’en extraire la moindre satisfaction.

Et je ne pouvais m’empêcher de reconnaître dans ce nez protubérant, ces oreilles décollées et ce menton pointu, l’enfant que je fus. Naïf et émerveillé, curieux et rêveur, innocent et heureux. Je voulais lui dire qu’il le resterait, que des bonheurs plus grands l’attendaient et que la vie n’était qu’une succession de merveilles.

Mais ce n’est pas le cas.

Alors je lui ai souri en espérant le duper.

Regarde-moi ! Je souris ! Tout va bien !

Et il faisait semblant d’y croire, car s’il me montrait un doute, si je voyais une ombre passer dans ses yeux et sa candeur se flétrir, mon cœur aurait cessé de battre.

Il faut que cela cesse.

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
15 mars 2020 à 09:46:22

Chapitre 2 : L’étoile

Les grains du temps s’écoulèrent à une vitesse folle dans le sablier de ma vie, comme une cascade de sable qui chercherait à m’engloutir et dont la dune croîtrait inexorablement vers le grand dénouement. Mes journées se ressemblaient et s’assemblaient pour former une mosaïque monstrueuse qui aurait fait pâlir d’envie Lovecraft.

Cependant, la flamme de l’espoir m’anima de nouveau et m’offrit une résilience nouvelle face au quotidien. Car depuis ce jour où face au miroir j’avais mis à nu ma morne existence, je n’ai eu de cesse de chercher une solution pour m’extirper de cette situation que je déplorais.

Ainsi le matin je pris l’habitude de regarder des vidéos de personnes ayant réussi à se sortir du salariat et qui semblaient mener une vie pleine de rêve à l’autre bout du monde. Une vie pas si enviable lorsque je les voyais mendier l’achat de leur nouvelle formation [LIBERTÉ 3000] au prix imbattable de xx7€.

Ils mettent le chiffre 7 à la fin du montant pour mieux vendre leur produit, car ils ont entendu que c’est ce qu’il fallait faire dans leur séminaire qui leur a coûté xx7€. Me suis-je dit avec un sourire en coin.

Je me lassais bien vite de ces marchands d’illusions, mais retins un dénominateur commun à leur réussite : l’instruction. Je me tournais alors vers les livres, bien plus fournis d’information, et commençais petit à petit mon éducation financière en immobilier et en bourse. Pendant des mois, je potassais des ouvrages de référence. Que ce soit le matin devant mon café, à la cantine le midi, ou entre deux anonymes qui me dévisageaient dans les transports.

J’ancrais l’encre de ces grimoires dans ma mémoire. À force d’apprendre, l’espoir d’entreprendre ne cessa de prendre du territoire. Et c’est au mois de septembre, un soir ou dans ma chambre je me plus à croire que mon savoir engendrerait des bénéfices notoires, que sans attendre je me mis à vouloir dépendre du spéculatoire.

C’est sur la bourse que je me concentrai. Sans prétendre pouvoir comprendre ni prévoir les trajectoires des courbes qui pourraient surprendre, par quelques hasards, mes avoirs et suspendre mes rêves illusoires.

Mais l’espoir, celui de ne plus dépendre et de pouvoir reprendre ma vie en main, apercevoir dans les méandres du miroir ces idées noires ou se concentrait mon désespoir et ne plus jamais y redescendre après un ultime au revoir, pouvoir enfin me détendre et ne plus avoir à me décevoir, firent choir mes doutes qui devinrent accessoires.

J’aperçus une opportunité. Je devais agir. Mes doigts collaient de sueur alors que je rentrais les codes d’accès de mon compte en banque. Mon palpitant s’accéléra, mais j’étais décidé.

« Il faut que cela cesse. » Murmurais-je.

Le virement fut programmé. La tentation était trop forte. Cette fenêtre boursière m’ouvrait des horizons dans lesquels je me jetai à corps perdu.

Est-ce que je vais m’écraser plus bas ? Est-ce que des ailes me pousseront dans le dos pour que je puisse m’envoler ailleurs ? Est-ce que ce sera une fin ou un nouveau commencement ?

Qu’importe. C’est un changement, un premier pas, le premier d’une longue série qui pourrait changer ma vie à jamais. Le point de rupture de cette existence vide. Cette somme n’est qu’une poussière à l’échelle d’une vie. D’ailleurs si je la perdais en totalité, qu’adviendrait-il ? J’ai un revenu régulier, un toit, un frigo bien rempli. Je pourrais me relever et reprendre une vie normale en sachant que j’ai tout essayé pour m’en sortir. M’étais-je dit d’un air déterminé.

Mais… Si je me trompais ? N’est-ce pas jouer aux apprentis sorciers que de risquer les économies d’une vie sans avoir d’autre recul et d’expérience que les livres saturés de notes qui parsèment ma bibliothèque ? Ai-je vraiment fait le bon choix ?

Ma raison et mon cœur se déchirèrent dans un débat sans fin que je me surpris à mimer devant le miroir. À défaut d’interlocuteurs, je m’adressais à mon reflet, prenant les murs de la salle de bain comme témoin, détaillant mon argumentation à ma baignoire et raillant la corbeille à linge qui n’y comprenait rien.

Puis, épuisé, je lavai mes émotions à l’eau bouillante en décapant ma peau à l’aide d’un gant de toilette. Je ressortis de la douche en m’asseyant à même le sol, la serviette bleue sur ma tête, profitant de la chaleur et de l’humidité ambiante comme d’un sauna provisoire.

Et lorsque les brumes de vapeurs se dissipèrent, quand le sommeil me gagna et que je pus de nouveau écouter les silences de mon appartement, je me traînais jusqu’à ma chambre en m’allongeant sur mon lit sans même penser à mettre de réveil.

Cela faisait longtemps que je ne m’en servais plus, car mon corps résigné avait abdiqué depuis longtemps et c’était programmé à répéter la même journée pour les quarante prochaines années.

XXXXX

Assis devant l’ordinateur en tripotant ma barbe nerveusement, j’observais le graphique qui me faisait face. Des chandelles rouges et vertes de tailles variables se succédaient en formant une courbe maladroite, une courbe qui venait en croiser d’autres, y rebondir, y plonger, s’y relever, avant de rechuter de nouveau.
Attentif, la main crispée sur la souris de l’ordinateur, j’attendis le moment fatidique.

5755€… 5743€… 5725€…5712€...5699€ !

La courbe toucha un de mes indicateurs, une formule mathématique représentée par une ligne et dont je me servais pour prédire les variations chaotiques du prix. En touchant ce point, j’estimais que le scénario le plus probable était un rebond jusqu’à un autre indicateur situé légèrement plus haut, aux alentours de 5750€.

5697 €… J’achète ! - Une acquisition de 25.000€ que je ne détiendrais qu’une poignée de minutes.

5692€… 5688 €…

Merde. Ce n’est pas censé descendre. Mon cœur s’accéléra.

5687€… 5685€…

Le cerveau en ébullition, je scrutais l’étrange tissu d’informations du graphique à la recherche d’une donnée qui aurait pu m’échapper.

Impossible ! Le prix ne devrait pas baisser. La courbe aurait dû rebondir sur la Fibonnacci qui agit comme un support. La stochastique croise à la hausse l’indice 80, c’est le signal d’un mouvement haussier !

Je tordais mes doigts, quelques tics nerveux firent surface sur mon visage. Je retins ma respiration.

5692€… 5708€…

Enfin j’expirais. Ça y est, je suis en plus-value. Est-ce que je vends maintenant ou est-ce que j’attends encore un peu ?

5712€… 5709€…

Ça stagne, ça stagne. Mais les indicateurs restent bons. Allez. Allez ! Du nerf !

5721€… 5734€… 5748€…

D’un rapide coup d’œil, je vis la stochastique redescendre imperceptiblement après une fulgurante montée. La courbe commença à s’aplanir et une des bougies pris la forme d’un T inversé, formant une figure reconnaissable.

Le doji pierre tombale ! Vite ! Je dois vendre !

Je pressais frénétiquement le bouton pour liquider ma position, espérant que d’autres rachèteraient mes parts avant que la baisse ne prenne plus d’ampleur. Quelques minutes plus tard, la totalité de mes actions était vendue. Contrairement à ce que je pensais, le prix n’avait pas suivi la baisse annoncée par le doji mais avait continué à grimper. À défaut d’une plus grosse plus-value, ce mouvement m’aida à écouler mes stocks d’actions.

Sur une feuille de papier, j’effectuais un rapide calcul.

4,38 parts achetées à 5697€, revendues en totalité à 5748€, soit une plus-value de 0.89%. Sur 25.000€ d’investit cela me fait 223,80€ de bénéfices. 3 fois mon salaire journalier.

Dans un jeu où on ne peut gagner à tous les coups, cette opération avait largement surpassé mes pertes de la veille.
Je sentis mes lèvres s’étirer et une décharge d’endorphine me rendit légèrement euphorique. Pris d’une motivation nouvelle je me remettais au travail avec un entrain dont je ne me pensais plus capable.

En ne se servant que de la mémoire musculaire, mon corps effectua les tâches répétitives qui incombent à mon poste. Répondre aux mails, clore les dossiers, archiver. Mon cerveau eut le champ libre pour que se forme un kaléidoscope psychédélique de projets insensés, d’idées extravagantes et de schémas farfelus où j’entrevis les futurs probables liés à ma réussite.
En plein trip, je ne remarquais ni le départ successif de mes collègues, ni la masse de travail que j’effectuais, ni les heures qui défilaient. Ce ne fut que lorsque les lumières s’éteignirent subitement que je revins à la réalité.

19 :45 :00 – l’entreprise allait fermer ses portes.

J’éteignai mon ordinateur et revêtis un blouson au-dessus de mon costume. Puis je traversais les couloirs déserts et les ponts de verres suspendus pour rejoindre l’ascenseur. En regardant la nuit qui s’était déjà confortablement installé, et pour la première fois depuis longtemps, j’aperçus au milieu du ciel une étoile qui se mit à briller.

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
15 mars 2020 à 09:52:22

Chapitre 3 : Des hauts et débats

La pluie noyait les arbres qui ne s’étaient pas encore mis à nu pour accueillir l’hiver. Sur le sol, le tapis or et pourpre qui habillait les trottoirs avait viré au marronnasse sous les assauts des passants. Nous étions sur la fin du mois de novembre. Un mois où les promenades ne se faisaient plus aussi douces et où les réjouissances des fêtes de fin d’années étaient encore loin.

Il était quatre heures du matin et mes chaussures venaient rider les flaques d’eau au milieu des pavés. Entre deux sessions de trading nocturne, j’avais pris l’habitude de m’aérer l’esprit en profitant du clair de lune. Un insomniaque fumant sur son balcon m’observait d’un air surpris. Il faut dire qu'en ces heures tardives je ne faisais que peu d’états de mon accoutrement. C’était avec un peignoir en pilou-pilou enfilé par-dessus mes vêtements que je faisais face à la bruine qui venait teinter mes épaules de gouttelettes argentées.

Le vent commençait à se lever et je frissonnais légèrement. Le froid, couplé à la quiétude de la ville endormie, m’aidais à garder l’esprit clair pour ce qui se préparait. Dans moins de 15 minutes, la bourse de Shangaï allait s’ouvrir et allait influencer fortement le cours de l’action asiatique sur laquelle je m’étais positionné.

J’avais fait un pari risqué, le plus gros depuis mes débuts en bourse. J’avais calculé que malgré une faible probabilité le prix pourrait grimper de manière considérable. Et ce n’était pas tout. J’avais décidé d’utiliser un outil que je m’étais juré de ne jamais toucher : un levier.

En bourse un levier est un outil qui permet de multiplier les gains, ou les pertes, que l’on réalise en misant « plus » d’argent que l’on en dispose. En choisissant un levier « x3 » je triplais mes bénéfices ou mes pertes. Et force était de constater que ce pari me perturbait au plus haut point.

« Tu joues avec le feu. Non pire, tu jongles avec des torches sur un fil tendu ! Réfléchi bien, tu as déjà fait des profits, tu devrais être plus prudent. Il ne faut miser que ce que l’on est prêt à perdre et crois-moi tu ne peux pas te délester de cette somme. » Fit une voix dans ma tête.

« Tu te contenteras d’une nourriture ordinaire et peu abondante, d’un vêtement grossier et rugueux, et où tu te diras : voilà donc ce qui me fait peur. » Lui répondis-je en citant un extrait de l’école stoïcienne.

« Quoi ? Toi, tu te contenterais d’une nourriture pauvre ? De vêtements rapiécés ? Arrête de me faire rire et remballe ta philosophie à deux balles Lucilius. J’imagine que c’est pour t’habituer à cette vie modeste que tu te traînes dans les rues dans cet accoutrement au lieu de dormir ? Quand t’es-tu regardé dans la glace pour la dernière fois? As-tu vu les poches sous tes yeux ? Ta barbe et tes cheveux tombants ? Merde ! T’es en peignoir dehors, tu ne dors plus, tu ne manges plus, tu ne vis plus ». Railla mon alter ego.

« Les chances sont minces, mais elles existent. » Criai-je avec colère. Tu vois cette étoile dans le ciel ? Dis-je en pointant l’astre solitaire éclairant la nuit. Elle est là parce j’ai outrepassé l’appréhension de la défaite, parce que je me suis investi dans ce que je croyais, parce que j’ai dompté ma peur ! »

« Alors si tu as dompté ta peur, pourquoi la ressens-je au fond de moi ? » Rajout-il plus doucement.

En rogne, je fis demi-tour sous les yeux médusés de l’insomniaque. Car sans m’en rendre compte, ce soir-là, j’avais crié mon dialogue intérieur dans la nuit.

XXXXX

Impatient de voir lequel de moi ou de moi-même avions raison, je m’installais devant l’écran de mon ordinateur sans prendre le temps de me sécher, souillant de rosée le cuir de mon fauteuil. Mes doigts pianotaient sur le clavier à grande vitesse. J’ouvris plusieurs onglets afin de suivre l’évolution des stocks suite à l’ouverture de la bourse de Shangaï.

La courbe évoluait dans une configuration que l’on appelle un triangle isocèle de compression. Une figure constituée d’une ligne oblique reliant les précédents sommets du prix que l’on nomme « résistance » et sur laquelle la courbe vient buter, et d’une droite diagonale reliant les derniers points les plus bas et sous laquelle le prix vient rebondir que l’on nomme « support ».

Cette figure se forme après des forts mouvements de hausses et de baisses. Si les variations situées à l’intérieur sont très dures à prévoir, plusieurs scénarios peuvent s’établir avant que les deux traits se rejoignent, à l’endroit exact où se situe le sommet du triangle.

Si le cours de l’action a déjà rebondi plusieurs fois sur la résistance et le support, au moins deux fois par lignes, il y a une chance pour que la résistance ou le support soit brisé. Pour que cette hypothèse soit valide, il faut que la cassure se fasse avant les trois quarts du triangle.

À ce moment précis, en reportant au niveau de la cassure, à la hausse ou à la baisse, la hauteur du triangle au moment du deuxième impact, on peut avoir une estimation du futur prix.

D’après moi, tous les éléments étaient en place pour que ce produise ce scénario et le cours devait s’envoler à des sommets vertigineux, une augmentation que j’estimais à environ 70% du prix de base et potentiellement triplé par le levier que j’avais utilisé.

Mais le prix n’augmentait pas aussi vite que prévu et très vite je perdis le fil. Mes paupières se firent de plus en plus lourdes, mes pensées de moins en moins claires et une brume onirique m’emporta bientôt loin des tourments de la bourse pour me transporter dans des imaginaires lointains ou la vie n’est guidée que par des pensées arbitraires.

XXXXX

Un liquide épais et chaud coula le long de ma main avant de tacher mon bureau. Je gémissais légèrement avant de me réveiller en sursaut, un filet de bave aux lèvres.

9 :06 :13

Merde.

Je jetais mes vêtements en boule dans un coin de la pièce et me dirigeait vers la salle de bain. J’ouvris le robinet de la douche et me saisis de ma brosse à dents. Sous une eau tiède, je me savonnais en même temps que je crachais le dentifrice dans le siphon. Puis je sortis en me frictionnant avec ma serviette bleue avant de saisir à la hâte les premières fringues de mon armoire ainsi que ma mallette.

Dans la rue, je marchais comme un automate à qui l'on aurait trop remonté la clef. Mes talons claquaient contre le sol en produisant des vibrations qui remontaient jusque dans mes genoux. Mes jambes se levaient et s’abaissaient mécaniquement au fur et à mesure que l’asphalte défilait sous mes pieds.

Je pris l’escalator jusqu’à arriver sur les quais ou l’arrivée d’un train fit grincer les rails en projetant des gerbes d’étincelles. De justesse, je parvins à rentrer dans un wagon ou je me fondais parmi la masse. Collé ainsi à mes congénères, j’avais l’impression d’être le rouage d’une terrible machine, un morceau de métal broyé par les roues dentées de l’Économie que l’on jetterait dès qu’elle ne pourrait plus suivre le rythme de cette infernale machine.

Le reste du trajet se déroulait sous mes yeux comme les stores d’une fenêtre. Je ne me sentais même plus avancer, comme si un convoyeur se trouvait sous mes pieds et m’emmener jusqu’à mon poste de travail.

10 : 23 :47 – la journée sera très longue aujourd’hui.

J’enregistrais l’heure de mon arrivée puis pris une ample respiration. Mes bras et mon cerveau, programmés pour effectuer des tâches répétitives le plus rapidement possible, se coordonnèrent dans une étrange danse pour empiler un tas de papier de la droite vers la gauche au fur et à mesure que je les enregistrais sur l’ordinateur.

Les heures défilèrent lentement tandis que je luttais pour garder mes paupières ouvertes. Mes gestes semblaient ne plus avoir de sens, ma tête se faisait lourde, un voile sombre passa devant mes yeux et… je me pris un coup de clavier sur la tête !

D’un sursaut je me relevais, cherchant des yeux le coupable. Mais mes collègues semblaient ne rien avoir remarqué. Alors je compris que mon cerveau s’était éteint à cause d’un manque de stimulation et que je m’étais assoupi brièvement.
Mon corps était tombé en avant et avait heurté de plein fouet mon clavier, inscrivant un joli « yughthgu » du plus bel effet au milieu de mon mail.

Alors que je me rasseyais et que j’effaçais ces mots, je sentis un regard insistant se poser sur moi.

« On peut se faire un face-to-face ? » Fit une voix nasillarde dans mon dos, celle de mon manager.

« Euh… Oui pas de problème. Je vais me chercher un verre d’eau et j’arrive. »

XXXXX

« Assieds-toi. Dit-il en me désignant une chaise. Tu sais pourquoi on se voit en one-to-one ? »

« Pour se parler en face-to-face ? » Répondis-je en utilisant un des anglicismes nauséeux dont il raffolait.

Ses lèvres s’étirèrent, non pas pour former un sourire, mais plutôt comme le font les hyènes avant de mordre dans une carcasse.

« Si je t’ai convoqué, c’est pour te parler de ta productivité. Ces derniers temps tu me sembles out. J’ai regardé tes chiffres et ils sont en dessous des stats moyennes de la team. »

« O.K »fis-je en prenant un air faussement sérieux.

« Tu peux me l’expliquer ? »

Oui bien sûr, en fait je réussis à gagner bien plus en pariant sur la hausse ou la baisse d’une action en 5 minutes qu’en une journée entière ici. Tu comprendras que ça me fait relativiser sur ma place au sein de l’entreprise.

« Bah… Je n’ai pas grand-chose à te dire. C’est une fatigue de passage. Je ne suis pas au top en ce moment, voilà tout» dis-je en haussant les épaules.

« On en a déjà parlé lors de notre dernier meeting en équipe, les problèmes que vous avez en dehors du travail vous les gardez en dehors du travail. Quand vous êtes ici, vous représentez l’entreprise et vous devez vous acquitter des tâches pour lesquelles on vous paye. » Avait-il dit en dévoilant ses dents carnassières.

«…»

« Tu sais quand j’avais ton âge j’avais aussi des problèmes personnels. Et c’est en m’impliquant, en restant corporate que… »

Et c’est parti pour le couplet faussement paternaliste ou il va m’affirmer que c’est en mettant sa vie privée de côté et à force de travail acharné qu’il pût avoir cette réussite. Je sais très bien que tu as obtenu ce poste grâce à tes relations avec la direction et parce que tu fréquentais le même club de golf. Ne joue pas la carte de la méritocratie avec moi.

« …regarde ou j’en suis aujourd’hui. Avec le bon Mindset tu pourrais être manager un jour toi aussi… »

Ça ira. J’ai d’autres ambitions que d’avoir mes initiales brodées sur le col de ma chemise ou des boutons de manchettes personnifiés.

« … Et c’est pour ça que tu dois t’investir dans l’entreprise » conclut-il avec un sourire déguisé.

Pas sûr que l’entreprise soit l’investissement le plus rentable d’une vie.

« Merci pour les conseils, je ferais plus attention », avais-je répondu pour mettre un terme à la conversation.

Sur ce, je me levai et ouvris la porte de son bureau. Avant de la refermer, je m’immobilisais sur le seuil, le regardai droit dans les yeux, et fis le geste du pistolet avec mes doigts avant de tirer dans sa direction. Il sourit. Car il pensait que c’était un salut jeune et brancher, sans imaginer une seconde que je visualisais son sang gicler sur les murs.

XXXXX

Les yeux rivés sur l’écran d’ordinateur, je relisais plusieurs fois mon solde total.

113.000€ - en vous épargnant les centaines et les décimales que je ne prends même plus la peine de compter.

Mon dernier investissement avait dépassé tout ce que je pouvais imaginer. Conformément au scénario que j’avais établi, la courbe avait crû de manière exponentielle. En 48 heures, et grâce à mon levier x3, j’avais gagné l’équivalent de deux fois mon salaire annuel.

Toutes ces sessions de sclaping entre deux dossiers au travail, toutes ces nuits passées à scruter les courbes à 4 heures du matin avant l’ouverture du marché chinois, toutes ces heures à calculer minutieusement les rapports gains/risques de chaque opération boursière… Mes efforts finirent enfin par payer.

113.000€ ! L’occasion de refaire ma vie à l’étranger de manière confortable, de payer 10 ans de crédit immobilier en moins si j’achète ma résidence principale, ou de quoi dégager un loyer dans une petite ville. Cette dernière option me permettrait de travailler à temps partiel en gardant le même niveau de revenu et de consacrer plus de temps à mes activités extra-professionnelles.

Sortant un stylo je griffonnai rapidement sur une feuille, le cerveau en ébullition.

Un T2 dans ma ville d’origine, près de ma famille : 50.000€
Ce dont j’ai besoin pour survivre chaque mois si je n’ai pas de loyer à payer: 700€, soit 8.400€annuel.
En cherchant bien je pourrais trouver un bien immobilier avec une rentabilité net de 5%. Ce qui me ferait : 8.400/5%=168.000€ à débourser pour m’assurer ce revenu mensuel de 700€.
Total : 218.000€ - Le prix de ma liberté

J’hésitai un instant avant d’ajouter :

Objectif : 113.000/218.000

Je pris le risque de continuer. Plus de la moitié du chemin était fait et depuis le début j’avais déjà multiplié par 4 mes économies. Les doublers à nouveau me semblaient largement possibles, en particulier lorsque je regardais l’ascension vertigineuse de la courbe que rien ne semblait freiner.

Mais pour l’heure je préférais sécuriser mes gains, me décidant à tout vendre. Les fêtes de fin d’année approchaient à grands pas et il était dommage de ne pas profiter de cette soudaine rentrée d’argent. Ces moments en famille me permettraient de me reposer l’esprit et de pouvoir aborder la nouvelle année de manière plus sereine.

Le sourire aux lèvres, je cliquai sur l’ordre de vente sans me doutais un instant que ce geste allait signer ma perte.

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
15 mars 2020 à 09:57:45

Chapitre 5 : Déo et des bas.

Attendre pour retourner sur les marchés boursiers fût une décision salutaire, car durant mon absence il connût quelques turbulences et c’est à moindre coût que je pu racheter les actions qui m’intéressaient.

C’est les soldes ! M’étais-je dit d’un air enjoué.

Mais cette euphorie ne dura pas longtemps et la dure réalité me rattrapa assez vite : je n’étais pas préparé psychologiquement à avoir une telle somme d’argent entre les mains. De ma vie, c’était la première fois que je voyais une série de chiffres aussi longue sur mon compte bancaire. On parle d’un nombre tellement colossal que la moindre variation de 1% de mon solde équivalait à gagner ou perdre un SMIC.

La pression sur mes épaules était énorme. La seule vision de mon stock d’action faisait pulser mon cœur au rythme des tics du prix et je ratais un battement à chaque diminution. Je devins très nerveux, consultant toutes les 5 minutes mes investissements sur mon portable pour voir si mes prédictions s’avéraient justes et très vite mon solde devint l’obnubilation de mes pensées.
Chez moi, je veillais jusque très tard pour ne rater aucune opportunité.

Dès que le réveil sonnait, je dégainais mon portable pour scruter les variations du prix avant même de me lever.Que ce soit en cuisinant, en faisant le ménage, devant un film ou aux toilettes, mon portable ne quitter jamais mes doigts. Il était devenu une extension de ma main, un écran virtuel dans lequel je voyais ma liberté sous forme de chiffres.

Au travail j’étais de moins en moins productif. Je sentais mon émancipation si proche que je me contentais de faire le strict minimum tout en menant un double jeu de trader. Ce fût un vendredi, alors que j’avais coupé le téléphone et que j’étais concentré sur une session de scalping, que j’entendis des bruits de pas dans le couloir venant dans ma direction.

M’empressant d’ouvrir un dossier sur mon bureau tout en ouvrant un des logiciels de l’entreprise, je me retournais pour voir qui venait à moi. Il s’agissait de l’informaticien, un type sympa avec qui j’entretenais des conversations agréables autour de mes essais de socialisation à la machine à café.

« Salut, je viens te voir, car l’entreprise connaît des ralentissements sur la bande passante et apparemment c’est de ton ordinateur que vient le problème. Je peux y jeter un coup d’œil ?»

Fixant rapidement mon écran, je vis les dizaines d’onglets ouverts en même temps sur lesquels le prix des actifs s’affichait en temps réel, à la seconde prête.

« Ce n’est pas la peine, c’est bien de chez moi que ça vient. Désolé je vais régler ça. » Fis-je penaud.

« Il faut quand même que je remplisse le ticket d’incident, il va me falloir une raison. »

Et merde.

« C’est parce que j’utilise l’ordinateur pour des trucs perso. Tu sais, consulter ma boîte mail, vérifier mon compte bancaire, surveiller les annonces sur leboncoin … Mais je n’étais pas au courant que ça avait un impact sur l’entreprise. Je ne le referais plus. Promis. »

« Hmm… Fit-il l’air songeur. Bon je vais dire que c’est un problème de réseau, mais fais gaffe pour les prochaines fois. »

Puis il s’éloigna de mon bureau avant d’être interrompu par une collègue qui avait renversé son café sur l’imprimante.
Mentalement je notais de lui offrir une bière, car je fus soulagé de m’en être aussi bien sorti. Fermant les onglets un à un c’est avec une pointe de nostalgie que je me remis à travailler. Car désormais il ne me serait plus possible de faire du trading au travail.

XXXXX

La serviette bleue ceignait mon crâne. Je me dirigeais vers la cuisine en laissant de l’eau sur le sol à chaque pas. La vaisselle s’était accumulée dans l’évier et, n’en trouvant aucune de propre, je me résignais à utiliser celle de la veille. Dans une casserole grasse ou des grains de riz éparts, c’était desséchés, je me fis cuire des pâtes. Par étourderie, je les jetai dans l’eau encore froide, omettant l’une des règles les plus élémentaires de la cuisine.

Pour patienter durant le temps de cuisson, je me livrais a ma nouvelle activité favorite : regarder l’évolution de la courbe des prix.
Collé devant mon écran, je suivais du regard les oscillations de la courbe avec autant d’intérêt que si j’avais sous les yeux le dernier épisode de ma série préférée. Chaque tic du prix, même le plus infime, se répercutait en centaines d’euros sur mon capital dont je ne parvenais plus à décrocher le regard.

J’étais fasciné par le fait que je puisse gagner plus d’une journée de salaire en une poignée de secondes. Sur une feuille de papier, j’en tenais minutieusement le compte, à l’aide de petits bâtons, comme le ferait un prisonnier qui compte ses jours avant de pouvoir être libre.

En fixant mes indicateurs, j’aperçus une opportunité que je pouvais saisir. Par habitude, je calculais le ratio gain/risque à l’aide d’un tableur en entrant plusieurs paramètres dans le but de trouver un seuil sur lequel je pourrais me positionner. Mais très vite les grondements de mon estomac me rappelaient à la réalité.

À contrecœur, je laissais tomber le trading. Je me dirigeais vers la cuisine, égouttai les pâtes trop cuites dans une passoire mal rincée, les déposai au fond d’une assiette creuse ou un reste de sauce croupissait et ingurgitai ma pitance le plus rapidement possible afin de retourner devant l’ordinateur.

J’étais conscient que je me laissais aller depuis quelque temps. Mais j’étais incapable de me concentrer sur autre chose que la bourse. Au fond de mon cœur, je le sentais ! J’étais à deux doigts d’atteindre la liberté. Et plus tard j’aurais tout le temps libre nécessaire pour rattraper mes heures de sommeil, avoir un appartement propre et mener une vie saine.

Mais pour l’heure je DEVAIS me concentrer sur l’atteinte de mon objectif. D’autant plus que depuis mes derniers rachats le cours avait continué de grimper d’une dizaine de pour cent.

Alors tant pis si ma barbe me mangeait les joues, tant pis si mes cheveux retombaient en boucles épaisses sur mon front, tant pis si la vaisselle et les moutons de poussières s’entassaient, si mon temps de sommeil était réduit à néant, si je ne surveillais plus mon alimentation, si mon professionnalisme m’avait abandonné. Plus tard, tous mes efforts seraient récompensés.

XXXXX

Mon cœur cognait fort contre ma poitrine, tellement fort que je pouvais sentir mes côtes vibrer sous son impulsion. Mes yeux étaient secs et des larmes en coulaient de manière répétée. Non pas parce que j’étais triste, mais parce que la lumière des écrans et le manque de sommeil asséchaient ma rétine.

Mes collègues m’observaient d’un œil inquiet depuis quelque temps. Je sentais leurs regards peser dans mon dos. Il faut dire que chaque jour qui passait mon humanité partait peu à peu.

J’étais devenu un cyborg : mi-bête, mi-machine.

Un faune qui arrachait ses lèvres gercées par le froid à coup de dents, qui déchiquetait l’intérieur de ses joues, qui se mordait la langue jusqu’au sang. Une créature qui soulevait ses croûtes, les mangeait, décollait la peau de son crâne, se desquamait l’épiderme et tirait ses cheveux.

Un animal, de ceux qui se grattent frénétiquement la peau en y laissant de longues marques rouges. Des sillons creusés non pas à l’aide de griffes, mais grâce à la corne épaisse et sèche qui avait remplacé la peau de ses doigts. Car il les bouffait ses doigts ! Il les bouffait et les mâchouillait comme de gros stylos. Il arrachait la peau et les cuticules qui se trouvaient autour parce que ses ongles étaient trop courts pour ses crocs. Puis il les recrachait à même le sol sans se soucier de ceux qui le regardaient de travers.

Un robot qui se murerait dans un mutisme froid, ne prenant la parole que pour s’exprimer par des lignes de codes tout faîte. Bonsoir, ça va, comme à lundi, je m’en occupe, bon appétit, c’est fait, à demain.

Un cœur à l’étrange mécanique qui ne cliquetait que pour abattre le travail et engranger des profits, qui ne voyait plus les émotions des autres, qui ne battait plus que pour l’arithmétique des statistiques, de la productivité, des chiffres et des plus-values. Un homme de métal qui était devenu une arme, qui ne réagissait plus ni au froid, ni à la faim, ni à la fatigue, ni à la soif. Une grenade dégoupillée prête à exploser à la figure du premier venu au premier mot trop haut.

Mes rituels étaient devenus des plus étranges. Tous les matins à la machine à café, j’appuyais frénétiquement sur le bouton pour commander la boisson salvatrice. Une fois en main, je n’attendais pas qu’elle refroidisse en me tenant au courant des derniers potins de la boîte. Je la coupais à l’eau froide avant de la boire cul-sec et de jeter négligemment le gobelet dans la poubelle.

Puis j’enchaînais avec une deuxième, puis une troisième. Le tout en moins de deux minutes, sous les yeux étonnés de ceux qui attendaient leur tour. Je me gavais de caféine pour tenir le rythme impitoyable qu’on m’imposait et faire obstacle au sommeil qui menaçait de prendre le dessus sur ma concentration.

Au fond de moi j’avais envie de renoncer, de retrouver une vie plus stable, de tout arrêter. Mais je n’y parvenais pas. La promesse de liberté était trop forte, trop ancrée dans mon identité pour que je puisse m’en défaire. Alors je continuais à vivre ce rythme infernal.

XXXXX

L’action sur laquelle j’avais placé toutes mes économies s’était écroulée, enregistrant une baisse de 14% en deux jours.

Mon cerveau fusait à 1000 à l’heure. Ma respiration était courte et saccadée, je secouais mon genou qui cognait comme un métronome contre le bureau. Les mains saisissant mes cheveux, je réprimais un frisson avant d’essuyer la sueur qui perlait sur mon front.

Ça va aller, c’est une baisse temporaire. Les investisseurs vont en profiter. Il s’agit d’un point d’entrée intéressant pour eux. En tout cas c’est ce que je ferais à leur place. Ça va remonter. Ça DOIT remonter.

Après plusieurs mois à écumer les marchés boursiers je savais qu’une chute pareille était exceptionnelle. Même si tous les indicateurs indiquaient le contraire il y avait toujours un risque que le cours n’évolue pas dans le sens du scénario que l’on avait établi. Mais ces baisses sont souvent temporaires, une manipulation des marchés par les grosses institutions qui veulent faire paniquer les investisseurs pour mieux racheter leurs part après qu’ils aient revendu. Il suffit de tenir le cap. De serrer les dents et d’attendre.

Pas vendu, pas perdu. Pensais-je.

Et si effectivement, le prix remonta, ce ne fut que pour mieux chuter par la suite, enregistrant une nouvelle baisse de 23%. Un quart de mes économies, 30.000€, s’étaient envolés.

Mes émotions me torturaient. Et mon cerveau ne parvenait pas à localiser cette souffrance. Aucun récepteur sur ma peau, aucun nerf dans ma chair ne transmettait de signal. Alors pour justifier ce mal-être, ma matière grise créa un point, quelque part entre mon sourcil, mon oreille gauche et le sommet de mon crâne. Ce point n’irradiait pas de la douleur. Il était comme une ampoule allumée en permanence. Il ne projetait aucune lumière, mais de la tristesse. Sauf qu’aucun interrupteur ne pouvait l’éteindre.

Je ne voulais pas abandonner. Pas maintenant. Je me sentais pris au cœur de la tempête, debout sur la proue du navire à hurler contre les éléments. Et même si les vagues formaient de nouveaux creux, je savais que les plus grosses étaient passées. Ça ne pouvait plus aller plus bas. Je traverserais cette tempête. Mes voiles seraient déchirés, le mât serait brisé, mais le bateau tiendrait bon.

Inutile de se voiler la face, à ce moment-là je savais que j’allais encaisser une perte. Le prix ne ferait pas de come-back, mais je pouvais encore espérer m’échapper par une petite remontée pour limiter la casse. Il fallait tenir bon. Encore une fois.

La semaine passa et le cours de l’action continuait de plonger à une vitesse vertigineuse. Depuis le début du mouvement, je totalisais une perte sèche de 60%. Des 132.000€ que j’avais engagés, il ne m’en restait plus que 52.800€.

L’océan m’avait emporté. Le vaisseau avait pris l’eau. Et seul dans ma cabine, à boire la première bouteille qui me passait sous la main, j’observais le bâtiment sombrer.

Et même si une petite voix me chuchotait que j’avais doublé ma mise de départ, que mon rendement surpassait toute assurance vie ou livret A, je la fis taire. La liberté venait de me filer entre les doigts, et à mes yeux j’avais touché le fond.

Noyé dans sa cabine, le capitaine gardait ses yeux ouverts pour contempler la fin de son aventure. La morsure du sel sur ses yeux le brûlait, à moins que ce ne fût l’amertume de ses larmes. Son embarcation s’enfonçait toujours plus loin dans les profondeurs, accentuant la pression sur ses tempes. Il pensait heurter un banc de sable, mais ce ne fût pas le cas. Devant lui s’ouvrait un gouffre immense. Alors il comprit que ce n’était pas fini et qu’après la tempête il devrait faire face aux abysses.

Message édité le 15 mars 2020 à 09:58:08 par Barbebarde
Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
15 mars 2020 à 10:01:35

Chapitre 4 –Désillusion

Trois mois étaient passés et j’étais resté éloigné des marchés boursiers. Cette coupure me fit le plus grand bien. Si mon travail était toujours aussi aliénant, je disposais à nouveau de tout mon temps libre pour me ressourcer entre deux journées.

Je redécouvris des plaisirs simples. Faire du sport dehors quand il y a du soleil, prendre le temps de me préparer un bon repas avec des produits frais, flâner un soir devant l’ordinateur, composer de la musique en fredonnant.

Et tout bien réfléchit je m’en étais très bien sortie. Je faisais partie des rares personnes pouvant se targuer d’avoir gagné – et gagner gros – après avoir investi en bourse. Alors certes je n’étais pas encore affranchi du salariat comme je me l’imaginais, mais j’avais accumulé un pécule assez solide pour pouvoir dormir sereinement toute une vie.

Sans flamber, je profitais de cet argent gagné pour m’acheter comptant ma première voiture et mon premier voyage à l’étranger. Comme seule extravagance, je m’accordai un piano électronique qui venait remplacer mon vieux clavier Yamaha
.
Le printemps était revenu et le soleil, qui redonnait de la couleur au paysage, fit fondre la couche de glace qui s’était formée autour de mon cœur. Je retrouvais le goût du partage, ma langue se déliait et les conversations m’étaient agréables. À nouveau j’arrivais à sourire et à m’ouvrir aux autres, comme un bourgeon encore timide des premiers dégels. Mais ce court instant d’ensoleillement fut vite éclipsé par une grêle aussi soudaine que brutale.

XXXXX

Les mains crispées sur la feuille de papier aux mots froids qui me transperçait comme autant d’aiguilles de glaces, l’estomac retourné par le dégoût que m’inspirait cette administration assassine, je lisais une seconde fois les phrases absurdes qui se déroulaient sous mes yeux.

« Monsieur,
Par une décision du 26 avril 2018 (arrêt n°417809 et n° 418030 à 418033), le Conseil d’État a précisé les modalités d’imposition des gains de cessions réalisés sur vos opérations boursières, en annulant une partie des instructions administratives publiées par l’administration fiscale (plus particulièrement le troisième alinéa du paragraphe n°703 des commentaires administratifs publiés le 11 juillet 2014 au bulletin officiel des finances publiques (BOFiP) impôts sous la référence BIO-BIC-CHAMP-60-50 ainsi que la deuxième phrase du troisième alinéa du paragraphe n° 1080 des commentaires administratifs publiés le 3 février 2016 au BOFiP – Impôts sous la référence BOI-BNC-CHAMP-10-10-20-40.

Au regard de cette jurisprudence, ces opérations sont passibles de l’impôt sur les plus-values de biens meubles et doivent faire l’objet d’une déclaration spécifique via un imprimé n°2048-M déposée et accompagnée du paiement de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux dus.

Au regard des informations fournies par votre banque, votre plus-value en 2017 s’élevait à un montant de 88.000€ lors de votre cession du 21 décembre 2017, soit 58.080€ après abattement légal de 34% »

Paiement de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux dus - 58.080€ après abattement. Ces mots se gravèrent au fer rouge dans ma tête. Prenant le premier stylo qui passait sous ma main, j’effectuai un rapide calcul au dos de la lettre :

Salaire net fiscal : 19.800€

Plus-value boursière après abattement : 58.080€

Total des revenus: 77.800€

Imposition sur le revenu:
Tranche A de 0€ à 10.064€à 0% = 0€
Tranche B de 10.064€ à 27.794€ taxé à 14%= 2.482,20€
Tranche C de 27.794€ à 74.517€ taxé à 30% = 14.016,90€
Tranche D de 74.517€ à 157.806€ taxé à 41%= 1.346,03€
Sous-total : 17.845,13€

Imposition sur la plus-value : 58.080€ x 33% = 19.166,40€

Prélèvements sociaux : 58.080€ x 17,20%= 9.989,76€

Total : 47.001,29€

47.000€… Je dois 47.000€ aux impôts. C’est impossible, ils se sont trompés ! J’ai investi 25.000€, j’ai tout revendu à 52.800€. Ça fait 27.800€de plus-value, pas 58.080€ ! Je ne peux pas payer plus que ce que j’ai gagné !
J’avais 113.000€ - soit 88.000€ de plus-value – J’ai tout revendu pour sécuriser mes gains. C’est ce chiffre-là qu’ils ont pris en compte. Mais oui ! Ils se sont trompés ! Ils n’ont pas pris en compte ma moins-value de 60.200€ entre mon achat à 113.000€ et ma vente à 52.800€. Tout s’explique !

Me ruant sur l’ordinateur, je m’empressais de rédiger une lettre aux impôts pour leur expliquer la situation. Je leur justifiais, décompte à l’appui, que je n’étais pas redevable d’une telle somme, que cela ne correspondait plus à ma situation actuelle. Qu’il y avait une mésinterprétation des données qu’ils avaient reçues.

Et malgré le gel qui me cryogénisa ce soir-là, je parvins au fil des jours suivants à réchauffer mon espoir avec cette bouteille à la mer que je jetais à l’administration fiscale. J’entretenais cette petite braise en la nourrissant de bon sens. Je lui apportais raisonnement logique après raisonnement logique, l’amadou qui lui permettait de ne pas mourir.

Mais elle fut balayée par un blizzard sans pareil, de ceux qui soufflent à vous en décoller la peau, dont les griffes glaciales viennent vous lacérer le visage, et qui vous enveloppent comme un linceul en effaçant toutes traces de vos pas.

« Dans le cadre du régime fiscal des plus-values de cession de biens meubles, aucune moins-value ne peut être prise en compte en déduction des plus-values de même nature. L’article 150 VD du CGI l’excluant expressément. Ainsi, la cession valorisée à 52.800€ réalisée en janvier 2018 par apport aux actions acquis en décembre 2017 ne peut être prise en compte à quelque titre que ce soit. »

Je devais 47.000€ aux impôts alors que je n’en avais gagné que 27.800€. Paradoxalement et malgré une plus-value exceptionnelle, j’allais finir plus pauvre que si je n’avais jamais investi.

Pire, parce que j’avais voulu profiter de cet argent durement gagné, j’allais être interdit bancaire et me faire saisir mon salaire, car je n’avais tout simplement plus de quoi m’acquitter d’une telle somme après les quelques achats que j’avais effectué.

Je pensais que cette lettre provoquerait en moi un accès de rage. Que je hurlerais à la mort en cognant contre les murs à m’en briser les phalanges. Que j’allais vomir ma haine à la face du monde jusqu’à ce que l’on finisse par m’abattre.

Mais ce ne fut pas le cas.

Je déposai la lettre sur la table basse, pris le premier stylo à portée de main, et couchai sur le papier ce que je n’arrivais pas à exprimer.

XXXXX

Ma vie dans un télescope,
J’en ajuste la lentille,
Suis-je fou ou suis-je myope ?
Aucune étoile ne brille.

La liberté c’est envolé,
Comme une étoile filante.
L’étincelle s’est étiolée,
En une braise brûlante.

Dans mon poing je l’ai retenue,
À m’en carboniser la main.
L’espoir sera entretenu,
Devrais-je souffrir en chemin.

Mes ailes de cires ont fondu,
Je m’interroge dans les airs,
Si je n’aurais pas confondu,
Un astérisque et un éclair.

Sur l’eau se brisent mes dorsaux,
Et sans pouvoir les recoller,
Je ramasse chaque morceau,
De mes rêves immolés,

Les fragments entre mes doigts,
Sont coupant comme du verre,
Et je me blesse malgré moi,
Dès que j’en saisis un revers.

Les mains meurtries par mes songes,
Je les abandonne à la mer,
Et me noies dans les mensonges,
Les illusions, les chimères.

Je coule et je touche le fond,
Là où ne brille aucun soleil,
Dans l’âme noire de mes tréfonds,
Ou je rêve d’un long sommeil.

Ma vie dans un télescope,
J’en ajuste la lentille,
Suis-je fou ou suis-je myope ?
Aucune étoile ne brille.

Dans la lumière des villes,
Je ne perçois que le néant,
Désastres, comète en exil,
L’abysse du noir océan.

La lueur des réverbères,
Éclipse les météores,
Et les yeux perdus dans l’éther,
Je contemple des astres morts.

J’ouvris la fenêtre, regardai le ciel sans étoiles une dernière fois avant de m’élançai dans le vide.

Est-ce que je vais m’écraser plus bas ? Est-ce que des ailes me pousseront dans le dos pour que je puisse m’envoler ailleurs ? Est-ce que ce sera une fin ou un nouveau commencement ?

FIN.

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
15 mars 2020 à 10:13:40

Bon courage Révoltin pour cette lecture qui est somme toute assez longue et pour les autres lectures que tu dois faire dans le cadre du concours, je me doute que c'est très long à faire. J'attends avec impatience ton retour, n'hésite pas à le faire progressivement, tans pis si ça prends du temps du moment que ce soit constructif, mais je te fais confiance sur ce dernier point.

Une petite information que j'ai envie de partager, mais que je vous invite à lire UNIQUEMENT si vous avez déjà tout lu:

Le courrier des impôts est réaliste car il s'agit d'une lettre que j'ai vraiment reçu :hap: En fait toute la nouvelle - mis à part les 3 dernières lignes - est clairement autobiographique. Bien entendu certains traits ont été grossis ou modifiés. La bourse au lieu des cryptomonnaies car cela parlera plus à un néophyte, les montants investis et gagnés, la solitude du personnage et ses crises de folies (Quoique je mime vraiment des discours chez moi quand je suis tracassé par un sujet et qu'il m'arrive souvent de sortir un peignoir pour sortir mes poubelles, mon chien, ou lors de très rares errances nocturnes).

Revoltin Revoltin
MP
Niveau 9
15 mars 2020 à 18:06:13

Scénario :

Je l'ai trouvé très bon, une structure qui suit l'ascencion puis la chute d'un jeune homme ambitieux qui joue des pieds et des mains pour s'extraire de ce quotidien de petit employé du tertiaire méprisé par son patron.

Style :
Le style est impeccable, contemporain, pas tape à l'oeil mais clair et précis. Sans fioriture mais efficace, rythmé, sans lourdeur aucune. J'ai tout lu d'une traite, preuve de la fluidité et de la justesse avec laquelle tu as agencé tes paragraphes.

Thème :
Tu as tapés dans le mille. Le thème annoncé était "le travail" et tu es exactement dedans, c'est même absolument central dans le récit. J'apprécie aussi la pointe d'humour, légère mais vraiment existante, notamment dans le rapport que le narrateur observe avec le patron de sa boîte. Aussi, tu m'as fais découvrir un univers que je connais peu et qui me fascine assez, celui de la bourse et du trading. Tu réussis le pari de rendre ce domaine accessible au profane que je suis et ta nouvelle embrasse une valeur quasi documentaire (bien que survolée, normal aussi vu le format) tout à fait appréciable.

Ce que j'ai apprécié : La manière dont le narrateur décrit son rapport aux autres. Tu retranscrits parfaitement bien sa solitude, dans le sens ou il y a peu de protagonistes dans ton récit, déjà, et ou les seuls protagonistes qui apparaissent sont dépeints en totale décalage avec le narrateur ; le boss que le narrateur méprise, le voisin qui le toise d'un air méfiant... cette méfiance et ce dégoût des contemporains, il est parfaitement détaillé sur un format si court .

Là ou ça pêche : Franchement tu fais pratiquement un sans faute. Finesse de la plume, pertinence du scenario, description du monde tu travail... le seul truc que j'ai moins aimé, c'est le poème à la fin. Vraiment pas nécessaire. Remplissage pour coller au nombre de mots imposés ? :hap:

Félicitation et un grand merci pour ta participation.

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
15 mars 2020 à 18:15:28

Merci pour ton retour.

Et effectivement je n'avais plus trop d'idées pour la fin (et j'avais peur de ne pas être dans les temps, au final j'avais assez de temps mais j'étais assez satisfait de l'écriture) et j'avais ces vers:

La lueur des réverbères,
Éclipse les météores,
Et les yeux perdus dans l’éther,
Je contemple des astres morts.

Que j'avais écris y'a longtemps et qui traînait dans un coin...J'ai extrapolé autour. Et aussi pour appuyer cette phrase:

Je déposai la lettre sur la table basse, pris le premier stylo à portée de main, et couchai sur le papier ce que je n’arrivais pas à exprimer.

Car ce texte reste somme toute assez autobiographique et si j'écris aujourd'hui c'est surtout pour me soulager mentalement, les séances chez les psys/psychiatres ne parvenant pas à me décharger émotionellement.

Hynol Hynol
MP
Niveau 10
19 mars 2020 à 18:00:37

J’ancrais l’encre de ces grimoires dans ma mémoire. À force d’apprendre, l’espoir d’entreprendre ne cessa de prendre du territoire. Et c’est au mois de septembre, un soir ou dans ma chambre je me plus à croire que mon savoir engendrerait des bénéfices notoires, que sans attendre je me mis à vouloir dépendre du spéculatoire.

C’est sur la bourse que je me concentrai. Sans prétendre pouvoir comprendre ni prévoir les trajectoires des courbes qui pourraient surprendre, par quelques hasards, mes avoirs et suspendre mes rêves illusoires.

Mais l’espoir, celui de ne plus dépendre et de pouvoir reprendre ma vie en main, apercevoir dans les méandres du miroir ces idées noires ou se concentrait mon désespoir et ne plus jamais y redescendre après un ultime au revoir, pouvoir enfin me détendre et ne plus avoir à me décevoir, firent choir mes doutes qui devinrent accessoires.

Pouah :hap:

Ce morceau là est tellement fou. Ta nouvelle est une bombe, qui explose aussi bien que ton personnage. La désillusion est immense. La douleur aussi, qui est totalement partagée tant ta nouvelle est bien écrite.

Mais c'est pas expliqué dans les bouquins justement, le fait et les manières de contourner les impôts quand on joue en bourse ? Ou de devoir se renseigner chez un notaire etc .. De la même manière que les revenus liés au poker, qui sont litigieux aux yeux de l'état ?

Enfin même si ça ne l'était pas, cette manière d'être fauché en plein vol. Pouah.
Ca m'a aussi bien intéresser sur le milieu du trading, que totalement dégoûté à l'avance.

Bravo.

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
19 mars 2020 à 19:46:30

il me semble que sur cet exercice de répétition (endre/oir) j'ai mis 1 heure. :hap: Content que ce ne soit pas pour rien et que ça te plaise :)

Et non, dans les bouquins tu entendras parler d'analyse fondamentale, d'analyse technique et de money management, mais rarement de fiscalité. En tout cas à l'époque ou j'avais fait du trade (sur les cryptomonnaies et non en bourse comme dans ma nouvelle) il n'y avait AUCUNE LOI sur le sujet. Donc en absence de loi les impôts se sont gavés sur mes bénéfices, arrivant justement à cette situation cauchemardesque ou les deux-tiers de ma plus-value ont servis à engraisser l'état et ou ils ne tenaient pas compte de ma situation actuelle par apport à ma situation en N-1.

Et à l'époque (2017) pour trouver un avocat fiscaliste spécialisé dans les cryptomonnaies c'était à la fois mission impossible et à la fois très (trop) onéreux. On parle de plusieurs centaines d'euros par heure de consultation :hap:. Tout en sachant que s'il existait un moyen de réduire cette imposition il y aurait eu de grande chance qu'il y ai un montage à faire (une holding en Irelande par exemple) ce qui aurait engendrait des frais supplémentaire et surtout ce qui n'aurait marché que pour les plus-values suivantes. Hors à ce moment-là je ne savais pas si j'allais continuer ou pas à engranger de tels bénéfices (et finalement non, j'ai beaucoup perdu après).

Je m'en suis bien tiré par apport à d'autres (va faire un tour sur le forum finance, certains ont perdus 90% de leur capital) mais mentalement ça m'a beaucoup perturbé. En plus les 2-3 séances que j'avais fais chez le psychiatre j'avais l'impression qu'il se foutait de ma gueule donc je suis vite passé à autre chose.

Hynol Hynol
MP
Niveau 10
19 mars 2020 à 20:43:48

Le 19 mars 2020 à 19:46:30 Barbebarde a écrit :
il me semble que sur cet exercice de répétition (endre/oir) j'ai mis 1 heure. :hap: Content que ce ne soit pas pour rien et que ça te plaise :)

S'il me plaît ? C'est magnifique oui ! Je lis la première phrase au début, je me dis bordel, les sonorités sont redondantes. A la fin de tes trois paragraphes j'étais sur le cul :hap:

Et non, dans les bouquins tu entendras parler d'analyse fondamentale, d'analyse technique et de money management, mais rarement de fiscalité. En tout cas à l'époque ou j'avais fait du trade (sur les cryptomonnaies et non en bourse comme dans ma nouvelle) il n'y avait AUCUNE LOI sur le sujet. Donc en absence de loi les impôts se sont gavés sur mes bénéfices, arrivant justement à cette situation cauchemardesque ou les deux-tiers de ma plus-value ont servis à engraisser l'état et ou ils ne tenaient pas compte de ma situation actuelle par apport à ma situation en N-1.

Et à l'époque (2017) pour trouver un avocat fiscaliste spécialisé dans les cryptomonnaies c'était à la fois mission impossible et à la fois très (trop) onéreux. On parle de plusieurs centaines d'euros par heure de consultation :hap:. Tout en sachant que s'il existait un moyen de réduire cette imposition il y aurait eu de grande chance qu'il y ai un montage à faire (une holding en Irelande par exemple) ce qui aurait engendrait des frais supplémentaire et surtout ce qui n'aurait marché que pour les plus-values suivantes. Hors à ce moment-là je ne savais pas si j'allais continuer ou pas à engranger de tels bénéfices (et finalement non, j'ai beaucoup perdu après).

Je m'en suis bien tiré par apport à d'autres (va faire un tour sur le forum finance, certains ont perdus 90% de leur capital) mais mentalement ça m'a beaucoup perturbé. En plus les 2-3 séances que j'avais fais chez le psychiatre j'avais l'impression qu'il se foutait de ma gueule donc je suis vite passé à autre chose.

Oui c'est vrai que c'est la crypto-monnaie dans le fond dont il est question. Et oui, je me souviens de ce moment lorsque le BitCoin explosait (pour ne citer que lui), on avait une tonne d'émissions se questionnant sur le statut juridique de cette monnaie, qui n'en était pas vraiment une, mais qui n'était pas une action non plus etc … C'était un joyeux bordel, mais savoir que l'état s'est engraissé dessus le temps que cette question soit éludée, c'est fou et tu m'en apprends une bonne (enfin, c'était peut-être prévisible tu me diras :hap:)

Tu m'étonnes que ça t'ais perturbé cette histoire ! Déjà que tu devais avoir la bougeotte avec la fluctuation des courbes, mais alors quand t'as reçu l'avis d'imposition, mon dieu ! Peu importe si tu en sortais gagnant ou non, dans tout les cas t'allais casquer .. Et heureusement que t'as pas tout reperdu après ! Clairement oui, ta situation aurait pu être bien pire en fait...

Après bordel, ton texte reste le plus bel hommage que tu aurais pu rendre à ta vie de trader, et l'écrire à dû te faire bien plus de bien que l'une de tes séances, peu importe si le psy se foutait ou non de ta gueule.

Et aujourd'hui t'en es où ? T'as tiré un trait ou t'y retournes encore de temps en temps ? Enfin, je sais pas si cette question se pose vraiment, mais tu m'as rendu curieux :hap:

ParkMan ParkMan
MP
Niveau 26
19 mars 2020 à 21:11:21

Après, en général, quand t'as de l'ambition, tu te lances pas dans la bourse ou dans les crypto monnaies :noel:

J'ai grave accroché en tous cas, super nouvelle :oui:

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
19 mars 2020 à 23:15:56

La bourse/crypto pour un petit budget c est ce qu il y a de plus intéressant.
A ton sens qu est ce qu on fait quand on a plus d ambition ? :hap:

ParkMan ParkMan
MP
Niveau 26
19 mars 2020 à 23:25:21

Le 19 mars 2020 à 23:15:56 Barbebarde a écrit :
La bourse/crypto pour un petit budget c est ce qu il y a de plus intéressant.
A ton sens qu est ce qu on fait quand on a plus d ambition ? :hap:

Si t'es intéressé par le sujet, je te conseille de lire L'Autoroute du Millionnaire ( c'est du développement personnel pour entrepreneur, bien que je me considère pas comme tel pour le moment ). L'auteur, MJ DeMarco t'explique qu'en société, il existe trois catégories de personne : les gens sur le TROTTOIR, les gens dans la VOIE LENTE et les gens dans la VOIE RAPIDE.

Pour te résumer en quelques lignes, le mec qui compte sur la Bourse pour sa richesse, c'est quelqu'un qui est dans la Voie Lente. Qu'est-ce donc la Voie Lente ? :d)

Le profil : Un employé, qui fait en général du 9/17 5j sur 7, qui met de côté environ 10% de son salaire par mois et qui essaye de ne pas aller débourser 7 balles dans un café starbucks.

La solution de la richesse : Les 10% de salaire qu'il économise par mois vont, après avoir écouté les gourous de la finance, lui servir de placement boursier, ou il mettra ça dans la caisse d'épargne pension de son entreprise, où diverses cryptomonnaies obscures et intérets composés pour espérer atteindre un jour la richesse.

Les points négatifs : Rien n'est sous son contrôle. Les taux boursiers peuvent exploser en bien comme en mal sans qu'il ait son mot à dire, et parfois même de façon inattendue. Il n'a pas non plus le contrôle de son travail, puisque son chef peut à tout moment déclarer une restructuration de l'entreprise ou le virer tout simplement, donc comment est-ce qu'il va financer son plan financier d'avenir ? Et enfin, c'est sur la durée. Donc, pour être riche, faut que tu mettes ton épargne dans ces intérêts boursiers très tôt, en espérant que tu aies des gains réguliers pendant 20/30/40 ans et enfin atteindre la richesse si toutes les étoiles sont alignées... une fois que tu auras 60/70 ans.

Vive la Voie Lente. Je ne pense pas qu'on puisse appeler ça un mec ambitieux :noel:

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
20 mars 2020 à 08:04:02

Je connais ce livre, bien que je ne l ai jamais lu.
Mais après tu sais je me méfie de ce type de livres ou on lit tout et 'importe quoi. Lui dit que c est lent, qu on dépend trop des aléas du marché...
L autre te répondra que c est rapide et que le risque ce maitrisé.
Pour la part en 2017 au top de mon porte-monnaie j étais à +567% en 3 mois. À toi de juger si c est rapide ou non mais comparé à de l immobilier...
D ailleurs souvent les 3 autres choses que tu vois dans ce type de livre c est l immobilier, mais quand t as déjà ta RP bo' courage pour trouver une banque qui veuille bien te prêter pour d autres bien, même avec un cash-flow positif. Et les meilleurs rendement trouvable ça doit être de l ordre de 7% brut. Sur des choses plus petites, des places de parking par exemple, on passe à 10% brut. Mais voilà quoi, faut déjà un bon budget.
Monter une entreprise, je ne doute pas que ça rapporte, mais quand comme moi tu ne sais rien faire d autres que ton diplôme et que tu n as aucune idée de comment t y prendre... C est compliqué. Puis on va pas se mentir, créer une entreprise à côté de ses 40h/semaine faut être accroché.
Enfin il reste le site I ter et mais c est pareil, faut bien s accrocher. J ai testé de créer un site internet pendant 2 ans et c edt une galère. Je faisais des trucs de qualité pourtant, avec des articles partagés 50 fois etc...
Mais je mettais 1 mois à sortir un article (10.000 mots en general) en bossant dessus 2h/jour.
Parce qu entre la recherche d I formation (sources fiables, je faisais des articles scientifiques), sélectionner ce qui est pertinent, s assurer qu on a soi même bien compris le truc, expliquer des choses complexes de manière simple, traduire, répertorier les sources, reformuler tout le texte pour qu il soit accrocheur, reformuler tout le texte pour faire apparaître les bons mots clés, s assurer que le SEO soit en place, trouver des images lu red de droits pour illustrer le texte, oublier le texte et le faire suivre sur les réseaux sociaux, garder une activité sur les réseaux sociaux pour être "reconnu" et être plus crédible... Sans compter les trucs "administratifs" et casse couille à côté, comme le SEO par exemple, la programmation d un auto-repondeur, l oegznisatio' du site, les trucs de la loi comme la RGPD, les CO situons générales...

Bah c est beaucoup de boulot à côté de son travail. Je te raconte même pas si t as une vie de couplé à côté (c est mon cas) et que tu veux t essayer à la vidéo. Laisse tomber comment c est chronophage.

Puis la plupart de ceux qui écrivent ce genre de bouquins sont rarement partis de 0, voir ils ont commences à faire les "vendeurs de rêves" avant de vraiment réussir.

Parce que contrairement à ce qu ils veulent nous faire croire, c est pas si facile que ça. Tout le monde ' arrive pas à bosser en rentrant chez soit après 7h40 de travail et 2h de transports. Ça casse. Et suffit que tu sois en couplé ou en famille et tu peux faire une croix sur ton temps libre.

ParkMan ParkMan
MP
Niveau 26
20 mars 2020 à 10:34:07

C'est drôle parce que toute ta réponse se trouve justement dans ce livre. C'est pour ça qu'il est tellement puissant. Regarde un peu l'histoire de ce gars, et tu verras qu'il est parti avec 900 dollars en poche, à récurer les chiottes à Phoenix, Arizona. Il ne parle d'ailleurs pas d'immobilier, qu'il considère être une voie lente aussi, et parle également de ce que tu appelles des choses " chronophage ". Je te conseille vraiment, mais VRAIMENT de le lire.

D'ailleurs, comme je l'ai dit, tu peux être à +570% d'augmentation d'intérêt, mais, encore une fois, est-ce que c'est toi qui a le contrôle de cette variation ?

C'est un livre qui a changé ma vie, et si je réussis en ce moment, c'est bien grâce à lui, donc je te le conseille vivement, encore une fois. Il va te permettre de te prendre des claques, et de regarder la vie sous une différente forme. Je peux te donner plus d'exemples, des choses qu'il m'a apportées, mais ça serait te gâcher le plaisir de la lecture.

Barbebarde Barbebarde
MP
Niveau 28
20 mars 2020 à 12:57:42

Bon, je le noterais sur ma longue liste de choses à lire, mais j ai déjà lu pas mal de livres du genre sans que ça ai vraiment changé quelque chose. Et pourtant je suis du genre à appliquer les conseils, dans la mesure de mes moyens en tout cas.

ParkMan ParkMan
MP
Niveau 26
20 mars 2020 à 13:20:29

Le 20 mars 2020 à 12:57:42 Barbebarde a écrit :
Bon, je le noterais sur ma longue liste de choses à lire, mais j ai déjà lu pas mal de livres du genre sans que ça ai vraiment changé quelque chose. Et pourtant je suis du genre à appliquer les conseils, dans la mesure de mes moyens en tout cas.

C'est pas un livre du genre, puisqu'il ne t'explique pas comment devenir riche :noel:

F_Merlin1973 F_Merlin1973
MP
Niveau 24
26 mars 2020 à 18:30:05

Nice to à tous, nice to à toi, Barbebarde,

Je vais essayer de donner mon ressenti vis-à-vis de ton texte que j’ai lu en deux fois pour en comprendre toutes les subtilités. Pour mieux l’apprécier, aussi. Aussi.

Je me suis basé sur un modèle somme toute assez similaire à celui de Revoltin :

Thème + Scénario :

Le thème est respecté. Plutôt deux fois qu’une.
Bien que plutôt littéraire, et c’est peut-être un paradoxe, le sujet principal m’intéresse. J’ai toujours été fasciné par le milieu de la finance, les aléas et les petits bonheurs de la bourse, le train de vie particulier de ceux qui ont réussi à dompter les marchés.
La marche du travail est soignée. On ressent, ligne après ligne, le désarroi du narrateur quant à ce que j’appellerai un “bullshit job“ (ndlr : voici le lien d’un podcast qui pourrait te plaire : https://www.europe1.fr/emissions/les-experts-deurope-soir/le-debat-deurope-soir-frederic-taddei-travaillons-nous-pour-vivre-ou-vivons-nous-pour-travailler-3640862). La phase arguant que le narrateur devient de plus en plus obsédé par les marchés est très bien retranscrite. On ressent ses angoisses, ses moments de doute, ses joies aussi, comme si on était à ses côtés dans ses tranches de vies. Il a, par la bourse, trouvé une raison de vivre face au démon que constitue, d’une certaine manière, le monde du travail.

A contrario de Revoltin, j’ai trouvé que le poème de fin amenait quelque chose. Un aspect lyrique contrastant allègrement avec les passages précédents où l’on voyait tout le négatif du travail et de ce qui l’entoure. Un soupçon de lyrisme, avant le barbare qu’impose la chute. Ça m’a fait penser à l’expression de Jean-Pierre le Goff reprise par Finkielkraut : “La pudeur des sentiments“ (ndlr : voir podcast : https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/la-france-dhier)

Style : C’est toujours particulier de juger, de noter l’humour d’un texte. Et, je l’ai vu lors de l’écriture de mon texte. Néanmoins, j’ai trouvé que certains passages m’ont fait esquissé un sourire :

« On peut se faire un face-to-face ? » Fit une voix nasillarde dans mon dos, celle de mon manager.
[…]
« Pour se parler en face-to-face ? » Répondis-je en utilisant un des anglicismes nauséeux dont il raffolait.

J’ai trouvé que le texte était plutôt bien écrit, bien que certaines phrases furent trop longues à mon goût. Un peu de mal, aussi, à la première lecture en ce qui concerne les phrases en italiques. Mais, c’est passé à la deuxième lecture.
Très bon boulot en tout cas. On sent que tu as réussi à développer quelque chose sur un écrit qui te tenait à cœur. Bien joué !

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
30 mars 2020 à 13:58:02

Chapitre 1
Je ne suis pas convaincu par la mise en page. Tu as choisi de relater ton récit à la première personne, pourquoi utiliser l’italique pour ses pensées ? Les pensées du personnage sont celle du narrateur lui-même, il n’est nul besoin de chercher à les différencier.
Les dialogues en italique je n’ai pas compris non plus. Les guillemets et tirets se suffisent à eux même.

Sinon, très bon chapitre. Un style léger et agréable à lire, des descriptions intéressantes, une bonne mise dans l’ambiance, des infos parsemées çà et là, y’a tout ce qu’il me faut ! J’adhère ! :oui:

Chapitre 2
J’ancrais l’encre de ces grimoires dans ma mémoire. Oh oui c’est beau ! :cute:
Par contre les trois mini paragraphes qui suivent, y’a trop de –endre et de –oir. C’est trop. Je suis sorti de l’histoire pendant un moment, vu que j’étais concentré davantage sur la lecture de ce passage rimé. Oui c’est joli et travaillé, mais ça casse complètement le rythme du texte.

et c’était programmé à répéter la même journée :d) s’était

La partie où il joue en bourse est très bonne. Y’a du rythme et du suspense. :oui:

Chapitre 3

Très bon le dialogue avec soi-même.
J’étais un perdu pour les explications du triangle isocèle de compression. Je ne suis pas certain que ça apporte quelque chose à l’histoire, et ça reste très abstrait pour un néophyte.
La face-to-face :rire:
Je cliquai sur l’ordre de vente sans me doutais un instant :d) douter

Chapitre 5 (oui il vient avant le chapitre 4 :noel: )
devant un film ou aux toilettes, mon portable ne quitter jamais mes doigts. :d) quittait
Dans une casserole grasse ou des grains de riz éparts, c’était desséchés, :d) s’étaient

J’ai pas trop compris la transition entre les deux chapitre. Dans le 3, il vient de tout vendre, et là il rachète des actions et se retrouve avec une très grosse somme d’argent apparemment, sauf que j’ai pas compris comment.
Sinon c’est toujours aussi immersif et bien mené.

Chapitre 4
Et tout bien réfléchit je m’en étais très bien sortie :d) réfléchi, sorti

Alors le chapitre précédent, tu insistes sur le fait qu’il soit complètement addict à ça, qu’il ne peut s’en détacher etc… Et là tu commences en nous expliquant qu’il avait repris goût à la vie. Mais comment ? Comment est-il sorti de la spirale infernale de l’addiction ? Il me manque un passage clé là je pense.

La liberté c’est envolé, :d) s’est envolée
sans étoiles une dernière fois avant de m’élançai :d) m’élancer

Baisé par les impôts. :hap: Ce système de merde qui te la met bien profond jusqu’au bout. :)
Le poème casse le rythme encore une fois je trouve.
Pourquoi il n’a pas sa serviette bleue quand il saute ? :noel: Elle a suivi toute sa progression, mais ne verra pas sa fin. :noel:

Dans l’ensemble une histoire très intéressante, immersive, un style rythmé et agréable. Bravo à toi ! :bravo: Merci pour ce moment!

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