CONNEXION
  • RetourJeux
    • Tests
    • Soluces
    • Previews
    • Sorties
    • Hit Parade
    • Les + attendus
    • Tous les Jeux
  • RetourActu
    • Culture Geek
    • Astuces
    • Réalité Virtuelle
    • Rétrogaming
    • Toutes les actus
  • RetourHigh-Tech
    • Actus JVTECH
    • Bons plans
    • Tutoriels
    • Tests produits High-Tech
    • Guides d'achat High-Tech
    • JVTECH
  • RetourVidéos
    • A la une
    • Gaming Live
    • Vidéos Tests
    • Vidéos Previews
    • Gameplay
    • Trailers
    • Chroniques
    • Replay Web TV
    • Toutes les vidéos
  • RetourForums
    • Hardware PC
    • PS5
    • Switch
    • Xbox Series
    • Overwatch 2
    • FUT 23
    • League of Legends
    • Genshin Impact
    • Tous les Forums
  • PC
  • PS5
  • Xbox Series
  • PS4
  • One
  • Switch
  • Wii U
  • iOS
  • Android
  • MMO
  • RPG
  • FPS
En ce moment Genshin Impact Valhalla Breath of the wild Animal Crossing GTA 5 Red dead 2
Etoile Abonnement RSS

Sujet : Quatre-vingt-treize en geôle

DébutPage précedente
1
Page suivantePage suivante
Atala-rene Atala-rene
MP
Niveau 6
27 mai 2019 à 13:09:03

Une petite nouvelle rédigée il y a trois mois pour le concours du CROUS.
Vu que j'ai toujours pas de réponse, que de toute manière je n'ai que peu d'espoir d'être sélectionné ne serait-ce qu'à cause de la vulgarité, je poste le texte ici en espérant que ça va vous plaire. :oui:
Je m'étais amusé à employer un dictionnaire d'argot, c'était la période où Céline m'inspirait pas mal, une petite expérience en somme.

Texte :

"Allez!", qu'il criait le gros bourre, pendant que j'avançais, que je boitais sur mes vieilles quilles, l'air d'un vieux pantin. "Tu te magnes?!", qu'il gueulait encore, la sale bourrique. Voilà déjà cent pieds que je déambulais, que je grommelais, molardais à droite à gauche... J'aurais bien voulu lui cracher direct dans le cassis à ce foutu soldat. "Garde républicain mon cul!", que je lui dis... "Miché de la pute patrie oui!", que j'hurlai. J'allais pas tarder à douiller... ç'avait été très couillon de ma part faut dire, mais j'y pouvais rien... J'en avais plein le bouc de ces enfoirures en uniforme! C'est vrai quoi... On a pas idée d'arrêter un vieillard pour une raison si conne.

Il perdit pas de temps le type, il me décocha un soufflet sec, et me mit par terre en deux deux. Puis il me frappa dans le froc une fois au sol, ça lui suffisait pas de m'avoir déjà péter le blaze. "Foutu traître", qu'il rouscaillait... "Tu feras pas le mariolle face à la Louison, veille roulure!", qu'il continuait à jacter, en me tapant dans la viande avec ses grolles. J'étais déjà plus très conscient. J'aimais pas la bagarre et tous ces trucs de bourrins moi. C'était les femmes que j'aimais, les vrais parisiennes, les petites garces qui se donnent dans le Marais... Charmantes et pas regardantes, pour un sou on leur tape dans la raie! M'enfin c'était autrefois. La petite Marie est morte il y a pas longtemps. C'était la plus chouette de toutes, avec ses petites tâches de rousseur toutes mignonnes. Il paraît qu'elle aurait dit "vive le roi" devant une patrouille qui passait par là. C'est pour ça qu'ils l'ont tué... Foutus branlures de gerbes! Elle était alcoolique la Marie, chlass du matin au soir, alors forcément elle en disait des conneries, fallait pas tout prendre comme ça si sérieusement! Moi j'étais triste, je la reverrais plus la petite... C'est fou ce que je l'aimais.

Après la bigorne, je me réveillais tout groggy sur une vieille paille humide, dans un cachot tout noir, le genre où on voit vraiment rien du tout. En attente de jugement que j'avais été placé. Jugement pour quoi? Pour avoir voulu m'amuser avec une petite ribaude?! On avait plus le droit aux catins maintenant?! ça c'était melon! A mon âge, avec mes jambes tordues, ma démise de vieux dabe, la bistoquette toute ridée, comment que je pouvais tirer mon coup autrement moi?! Non mais! Tout patraque, le pif en mouise, la biroute humide, et le froc trempé de jus, je me redressais tout branlant tout frileux, assis dans ma chiasse, dans cette vieille cabane toute noire, puis j'ouvrais mes esgourdes à défaut d'y voir clair. Il y avait un... Deux types qui briffaient un vieux pain, ils parlaient pas entre eux. L'un deux finit tout de même par me causer : "T'es réveillé la carne?", que me demanda d'une voix rauque celui situé sur la droite, "t'as de la chance d'avoir le nez bousillé... Vieux fumier, si tu pouvais sentir comment que c'est ici... ça cocote comme une colique!".

Il devait me prendre pour un vieux fou la petite arsouille qui braillait, car j'ai bien dû rester là comme un vieux torché, sans cracher un mot pendant dix minutes. Il devait bigler dans ma direction, avec un petit sourire narquois de chaton qui joue au lion. "Comment que c'est le jeunot? T'es pas habitué à l'odeur de merde? T'es t'y pas parisien? Une de ces fiottes vendéennes peut-être? que je lui fis.
-- Ben si que je m'y connais en merde... Il y a que c'est encore pis ici.
-- Pis ici? Pas de gogs?
-- Pas de gogs... Tu vas dans le coin, tu te dépiautes, et tu défèques.
-- Putain!
-- Tu l'as dit..."
J'étais refait, il mentait pas le conno, il se foutait pas de moi. Vulgaire un peu, mais pas salaud du tout, ça faut avouer.

En tout ça dura cinq jours, cinq jours de bavardage dans cette fosse à caca. ça nous paraissait long. J'avais le cul en merde dès mon arrivée à cause de la salle bourre qui m'avait bastonné. Du coup je me dénudai, au bout d'un moment... L'oignon à l'air et la bite au vent! J'en pouvais plus de mijoter dans mon brun. Les autres, mes camarades, je m'en tamponnais de ce qu'ils en disaient. Ils allaient pas se mettre à me foutre des trempes, pas dans ce cloaque tout de même! ç'aurait été trop ridicule, pour ça ils étaient pas assez con.

Le premier gars, le jeune qui m'avait adressé la parole au tout début, c'était un vrai petit filou. La fripouille que je l'appelait. Il faisait dans la contrefaçon, de faux assignats, de la fausse monnaie... Le second, tout aussi jeune, avec une voix de gonze; il s'était fait poirer par un garde alors qu'il bouffait le sexe d'un viocque derrière une haie, dans un petit parc. Il voulait pas me le dire quand je lui demandais, c'est l'autre fripouille qu'était au courant qui finit par me l'avouer. Ce qu'on rigolait alors tous les deux, de la petite lopaille arrêtée pour prostitution. Il en devenait tout vert le fiotte... Il boutiquait des conneries, se perdait dans de longs enculaillages sans queue ni tête... Il voulait s'expliquer, se justifier... "Du chare" qu'on lui gueulait alors, et il en pouvait plus, il s'agitait, et nous on rigolait bien. J'avais jamais autant ri, il n'y a pas à dire, ce que c'est marrant un pédé! Avec sa petite voix de caneton... C'était certes pas fin, mais bon... Il fallait bien qu'on se détende un peu... C'est qu'on en crève sinon, que d'être enfermés comme ça, que de vivre comme des bousiers, si on rigole pas un bon coup!

On déconnait bien oui... En fait on avait les foies, on tremblait à s'en pisser dessus mille fois! Il y avait pas d'illusions à se faire, "l'ami du peuple est mort" qu'ils avaient commencé à gueuler l'été dernier... Et depuis les têtes tombaient, pleins de têtes, tout le temps. On avait déjà cané, on pigeait qu'on allait pas en ressortir longtemps de la cabane, qu'il y avait rien à faire, qu'on était déjà mort, que la demoiselle était au bout du chemin. Alors on déconnait, comme ça...

On essayait de deviner la gueule qu'allait avoir notre procès. On s'imaginait un petit gerbe... Non, une assemblée de petits gerbes, tous chlass mais bien frusqués bien froqués, avec pas une trace de brun sur la culotte... On était franchement pas futé, on avait beau jacter du matin au soir, se perdre dans nos parlouilles, on parvenait pas à se faire une image claire d'un procès. On était trop zouave pour ça, c'est terrible de se rendre compte à cinquante ans comme on est con. Du coup on gueulait, on foutait des trempes sur la lourde, un potin d'enfer, pour attirer l'attention du petit bourre qui montait la garde. Un bon bougre celui-là, un petit enfiotté tout charmant. Il nous rossait pas, jamais il nous disait de nous taire, jamais il nous menaçait, rien... Il se contentait de venir bavarder avec nous, alors on en profitait.

"Ragoteur" qu'on l'appelait, "Eh l'ragoteur, on a truc à te demander", et puis il s'approchait de la porte, ramenait son tabouret tout près, et la bavache commençait. On lui gueulait tous en coeur :
"T'en as d'autres sur le gros Evariste?
-- Doucement les gars... Imaginez si un autre que moi consignait ça, que vous l'avez appelé comme ça.
-- On s'en branle Marsouille (c'était comme ça qu'on l'appellait le petit soldat, une invention de la fripouille, on rajoutait un petit -ouille à Mars, pour comprendre que le Mars-là c'était une vraie tarlouze), répondait la fripouille. Dis-nous, il a finalement jeté l'Elodie?"

Elodie, c'était le nom de la petite avale-tout du juge Evariste. Banquise dans sa jeunesse, abatteuse après quatre-vingt-neuf. Elle enchaînait les bourres et les gerbes, elle semblait vouloir se donner à toutes les balloches de la patrie.

"Plaisantez pas là-dessus les gars. ça sent mauvais depuis, vous imaginez pas l'humiliation pour le juge.
-- Bien fait pour sa gueule à ce jeune con, que je criais. "Monsieur-monseigneur la badouille, le coupaux de la ribaude!" Voilà ce que je lui gueulerais bien lors du procès, pas vous les gars?!
-- Oh oui!" qu'ils gueulaient mes deux compagnons, en coeur.
Oh oui... On était vraiment au bout du rouleau, au fond du caniveau... On hurlait en coeur, on était presque devenu une famille. Je me faisais la réflexion quand le soldat acheva de miner notre moral :

"Le juge est bien remonté ces derniers temps, personne n'ose rien dire de peur de le fâcher... Je pense pas qu'il acquitte beaucoup de monde". On se sentait si mal, on disait plus un mot.

Puis le jour du jugement arriva. On nous mit la veille dans une vraie chambre, assez vaste. Là on put se faire beau, se reposer, roupiller un coup... On causait pas beaucoup, chacun en proie à ses tourments. Deux gardes entrèrent le lendemain, ils nous prièrent de les suivre. Ils étaient plus conciliant qu'à l'arrivée, ils savaient qu'on en réchapperait pas.... Enfin moi si, on m'a acquitté.

L'empaffé qui siégeait ce jour-là, qu'avait l'ascendant sur les autres, c'était pas le gros cocu. Il était plus clément qu'Evariste, moins furax, au fond il s'en tamponnait... Il dit qu'on me foute la paix, que j'étais libre, que le chef d'accusation était vraiment trop bête, qu'on allait pas trancher la viande d'un vieux pour ça. J'aurais dû me réjouir... Mais les jeunots sont morts, c'est ce qui a été décidé.
La fripouille tout d'abord. Il faisait pas le fier ce jour-là, il avait une mine malade, pour un peu on l'aurait confondu avec la pédouze. Il s'était avancé, s'était défendu du mieux qu'il pouvait, c'est à dire pas très bien, puis avait fondu en larmes sur la fin... ça servait à rien, il aurait pu boutiquer n'importe quoi, chialer toute la Seine qu'ils s'en seraient foutu en face! Les fausses monnaies ça se payait de sa tête, on pouvait rien y faire.

Puis ce fut au tour de la pédouze. Lui non plus il était pas bien, il tremblait de partout, il biglait dans toutes les directions, les larmes aux yeux. J'étais surpris quand ils prononcèrent le chef d'accusation, il nous avait raconté des conneries... C'est à dire que oui, c'était bien un pédé qui s'était fait poirer en train de baiser à l'hameçon d'un viocque dans un parc, ça il y a pas de doute. Le truc c'est que c'était pas n'importe qui son vieux cave... Un marquis qu'avait fui en Angleterre, avant de redébarquer ici pour mener la lutte royaliste de l'intérieur! Et du coup la pédouze c'était pas non plus un bibi lambda, ah non! C'était le valet du marquis, son mignon! Il l'avait suivit en Angleterre et était revenu avec lui à Paris. Quant à dire comment ils se sont retrouvés à s'empédouzer à l'air... Eh bien, chacun ses démons!

Il va sans dire qu'ils eurent pas longtemps à discuter pour décider de sa mort. Il pleurait le gamin, il s'était effondré à genoux tellement il tenait plus sur ses jambes, il implorait sa mère pour finir... Pauv' gosse, j'avais beau être sauvé, j'en étais malade. On me relâcha sitôt, j'ai pas pu faire de vrais adieux aux jeunots, ils sont partis d'un côté, moi de l'autre. J'étais pas vraiment dépaysé au sortir du palais, c'était le retour à Paris : la nuit, la merde... Les soldats qui gueulent partout, les soldats qui vont au cul... Il y avait rien de jouissif, pas plus qu'au cachot. Il y avait rien de vivant non plus... Les potos ils allaient crever, les Marie elles étaient déjà mortes... Partout dans les rues, que de la roulure, de l'engelure tout plein. Je rentrais dans ma cave pour pioncer un peu, c'était calme et vide, il y avait rien.

Le lendemain je me levais tôt, j'allais aux nouvelles. Ils exécutaient dès l'aube paraît-il, je voulais au moins les revoir un coup, et qu'eux me voient dans la foule; qu'au milieu de toutes les putains, qu'au milieu de ces mégères lécheuses de guillotine, ils voient qu'il y a là un ancien, un vieux bougre le chapeau à la main, qui les regarde une dernière fois pour leur rendre hommage, pour leur montrer qu'il y a un gars qui les connaissait et qui les aimait bien... Voilà les émotions qui me prenaient.

J'étais place de grève, au milieu de la cohue. Là j'attendais longtemps, je passais le temps à jurailler, à harauder les chiennes qui attendaient le spectacle avec l'air de voir les anges. J'ai bien crû que j'allais en coller des mandarines à ces garces... Finalement le convoi arriva, ils étaient dix dedans, fripouille et pédouze étaient à l'arrière. J'assistais au spectacle, je les voyais s'avancer un par un, puis s'allonger sur la Louisette et se faire maratiser... C'était dégueulasse, on les abattait en file indienne.

Leur tour finit par arriver. Ils étaient serein les gars, ils s'étaient préparés pour pas avoir l'air con, pour pas montrer qu'en vrai ils en avaient la jetouille, c'était ça leur dignité. Ils me virent directement, je leur fis un petit signe de la tête, calme et respectueux, l'air de dire "adieu mes amis". Ils me rendirent le geste et s'avancèrent. La fripouille s'allongea, avança la tête, et moi je partais, je voulais pas voir ça.

Depuis plus rien. Ma vie s'arrête là, j'ai plus rien à raconter. Le vieux Louis m'a pris ma jeunesse dans les classes, maintenant la révolution prend la jeunesse en Marianne. C'est ça que j'ai fini par apprendre : pour les pauvres cons comme nous, pour les ptits chiots idiots, c'est toujours le sacrifice que l'histoire nous réserve. Progrès, paix, pain, liberté... y a que les balles, les lames, les cordes, la roue qui nous attendent au bout. Révolution de rien du tout, partout c'est la même... On fait une petite connerie, et c'est l'Histoire qui vient nous chercher pour nous enterrer au plus profond du fion de la société. Le progrès se fait sans nous, et on crève dans l'ombre, dans la chiasse et la crasse de Paris.

Remigius Remigius
MP
Niveau 1
29 mai 2019 à 02:55:15

J'ai aimé ton texte. L'argot participe beaucoup à nous mettre dans la peau de ton personnage. :oui:

À la fin du treizième paragraphe, tu termines par "Enfin moi si, on m'a acquitté." Je ne sais pas si c'était mieux de le révéler autrement qu'en le balançant "directement" tout de suite. Tu pouvais peut-être faire durer un peu le suspens (pour reprendre ton idée, en donnant de l'espoir au lecteur en apprenant que c'est un autre juge qu'Evariste, par exemple) avant de dévoiler qu'il est sauvé. En tout cas, c'est juste une proposition, peut-être que le révéler directement c'était ce que tu voulais. :ok:

Atala-rene Atala-rene
MP
Niveau 6
29 mai 2019 à 16:09:08

Content que t'ai apprécié. :oui:
Non je ne tenais pas particulièrement à créer un suspens à ce sujet, du moins pas pour le lecteur. Si le personnage doit décrire la crainte qu'ils avaient tous du verdict, je ne tenais pas spécialement à ce que ce soit un objet qui tienne en haleine.

A vrai dire mes intentions étaient très bête à la base de ce texte : je voulais juste créer le truc le plus vulgaire possible et apte à heurter un public gauchiste que sont certainement les jurys du CROUS. :hap:

Remigius Remigius
MP
Niveau 1
29 mai 2019 à 17:26:14

D'accord je vois. :hap:

CaramelSolide CaramelSolide
MP
Niveau 6
30 mai 2019 à 22:40:20

Putain mais le sens de l'accueil :hap:

Atala-rene Atala-rene
MP
Niveau 6
31 mai 2019 à 09:12:54

Le 30 mai 2019 à 22:40:20 CaramelSolide a écrit :
Putain mais le sens de l'accueil :hap:

De moi? :(
J'ai pourtant posté un avis quant à son écrit sur le "salon des écrivains", mais pas sûr qu'il le verra du coup.

Breizhator Breizhator
MP
Niveau 8
06 juin 2019 à 00:21:39

Super ton petit texte, j'aime beaucoup :ok:

DébutPage précedente
1
Page suivantePage suivante
Répondre
Prévisu
?
Victime de harcèlement en ligne : comment réagir ?
La vidéo du moment