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Sujet : L'Esprit de l'Ecole (2.0)

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Niveau 25
06 novembre 2016 à 16:20:21

Bonjour à tous :)

Après un premier jet, j'ai décidé de refondre et de réécrire le récit afin d'essayer de le rendre meilleur.
Et puis, il est temps peut-être que je retourne à quelque chose de vraiment sérieux. :oui:
Après quelques mois de retravail et de préparation, me voilà enfin lancé et voici donc le premier chapitre.

Je vous remercie d'avance pour la lecture et et les commentaires :p)

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Chapitre 1 : L’erreur

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« A la fin des épreuves ! Et à notre avant-dernière année dans ce vieux bahut de merde ! »

Dans l’obscurité trouée uniquement par des projecteurs colorés, Luc reconnaissait la voix fédératrice de Matthieu. Il l’observait, dressé sur l’estrade de la salle multimédia, levant un verre à moitié vide d’une des boissons ramenées pour la soirée.
Les trois classes de Première l’imitèrent en poussant un cri de joie. Luc, à contrecœur, suivit le courant et leva également son verre. Contrairement aux autres, il n’avait pas de Coca, ni de Jus d’orange. Juste de l’eau. Il revenait tout juste des toilettes car personne n’en avait apporté.
La musique lui montait à la tête, la foule compacte et toujours en mouvement l’étouffait, et les lumières ne lui procuraient qu’un douloureux mal de tête. Son esprit saturait et rapidement, il se fraya un chemin vers la porte de sortie, serpentant entre ses camarades de classe et les autres élèves de Première. Dès que la porte claqua derrière lui, Luc prit une grande bouffée d’air frais qu’il expulsa calmement.
Il contempla l’école qui l’entourait, où il avait passé bientôt six ans de sa vie. La cour du collège s’allongeait dans l’obscurité mais les formes des bâtiments étaient toujours discernables. L’école avait quelques choses d’unique, il s’agissait d’un fait indéniable. Il s’agissait d’un vieux château aux briques rouges et brunes qui avait servi de couvent, puis d’école privée, avant de devenir public. Une aura mystérieuse se dégageait en permanence de la vétusté de l’ensemble des bâtiments. Il se laissa aspirer par la contemplation de l’une des petites tours au bout pointu lorsqu’une voix familière le réveilla.

« Ca va pas Luc ? demanda Esteban, assis sur quelques marches.
— J’avais vraiment besoin de sortir. J’en pouvais plus.
— Ca te tente, des cacahuètes ? »

Esteban lui tendit une assiette en carton sur lesquelles reposaient les biscuits apéritifs. Luc en prit un et remercia son ami. Il se rappelait l’arrivée d’Esteban, au début de l’année de seconde. Un garçon un peu gras mais toujours animé d’une joie de vivre qui le rendait sympathique aux yeux de tous.

« Pourquoi t’en as pris autant ? fit Luc avec un sourire en coin.
— Je me prépare au cas où y en aurait plus quand j’y retournerais. Il en reste ?
— C’était pas vraiment ma priorité de vérifier s’il restait de la bouffe. Tu saurais pas où est Esther ?
— Tu viens tout juste de la manquer, elle vient de partir aux toilettes. Pourquoi ?
— Pour rien… Je vais aller un peu me dégourdir les jambes. Marcher.
— Ouais ouais, ben bonne marche alors. »

Luc se soustrait à la compagnie de son ami pour s’enfoncer dans l’obscurité, les yeux levés vers le ciel. Il pouvait observer quelques étoiles tenir compagnie à la lune. Les gravats roulaient devant lui alors qu’il approchait de la porte vitrée des toilettes des filles.
Il vit brièvement Esther passer devant et son corps s’arrêta d’un coup. Il se rendit compte qu’il tenait là une chance incroyable… Et il fut pris de terreur à l’idée de la rater, comme toutes les autres.
Depuis la fin du collège, Luc ressentait quelque chose pour elle. Au départ, il pensait à de la gratitude, Esther avait été une amie exceptionnelle après la mort de sa mère, mais un désir plus profond s’était développé durant les vacances. Depuis le lycée, Luc n’arrivait pas à fermer l’œil sans avoir l’image d’Esther en tête. Malgré toutes les fois où il avait imaginé ce scénario, il se retrouvait démuni lorsqu’il devait se lancer dans la pratique.
Comment allait-il lui avouer son amour ? Allait-il juste s’avancer vers elle, discuter ? Ou peut-être que les mots ne suffiraient pas. Peut-être qu’il aurait juste à avancer vers elle et… Essayer de la prendre dans ses bras.
Esther poussa la porte des toilettes, et les pensées de Luc se dispersèrent.

« Qu’est-ce que tu fais là, Luc ? demanda Esther d’une voix douce.
— Je… Je marchais.
— Tout seul dans le noir ?
— T’as bien dû y aller, dans le noir, pour aller aux toilettes. »

Luc esquissa un sourire tandis qu’il se traitait d’idiot. Il commençait déjà à perdre ses moyens.

« Il fait froid, tu trembles. Viens, on va retourner avec les autres. »

Luc acquiesça. Retourner à la fête restait la dernière chose qu’il avait envie de faire, mais il se sentait obligé de l’accompagner. Il passa tout le trajet à admirer les cheveux blonds de son amie danser devant lui et la frustration s’accumulait à chacun de ses pas.
Finalement, Luc accéléra l’allure et dépassa Esther pour l’arrêter.

« Esther, j’ai…
— Hey ! Je te cherchais partout ! »

Son sang se glaça en entendant la voix de Matthieu dans son dos. Luc dut se forcer pour regarder son camarade de classe arriver vers eux. Son estomac se noua alors qu’il approchait. Que voulait cet imbécile ?

« Tu vas geler si tu restes dehors…
— Comme si tu en avais quelque chose à faire, envoya Luc d’un ton sec.
— Tais toi, Skeletor, répliqua Matthieu en fusillant Luc du regard.
— Matt ! »

L’intervention d’Esther surprit autant Matthieu que Luc. Le jeune lycéen crut nager en plein cauchemar. Matt ? Matt ?!
Avant même qu’il ait le temps de se poser des questions, il vit Matthieu commencer à serrer Esther contre lui avant de lui donner quelques baisers sur la joue. Luc ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Comment ceci venait-il d’arriver ? Pourquoi Esther et lui… ?
Une voix dans sa tête lui hurlait de fuir, de s’évanouir dans la nuit, mais le corps ne répondit pas. Ses oreilles ne tardèrent pas à brûler et il sentait son visage rougir de divers sentiments qui menaçaient d’exploser à tout instant. Et pourtant, jamais il n’avait eu si froid.

« Je… je vous laisse seul. »

Il articula ces mots avec une incroyable fluidité, et sans attendre réponse, il détourna le regard et écouta enfin sa voix intérieure. Il s’éloigna le plus possible des deux amants, mais pas assez pour pouvoir ignorer les petites rires amoureux. Il se rapprocha de la salle multimédia, mais il préféra se diriger vers le mur. Ses jambes se dérobèrent sous lui, ses yeux s’humidifièrent et il s’étala lamentablement contre les briques froides.
« Ne pleure pas… Ne pleure pas… Ne pleure pas putain ! » se répétait-il en vain.
Il lui parut passer une éternité, assis sur les gravats, la tête contre le mur de la salle multimédia, à pleurer sur ses sentiments longtemps refoulés, sa couardise, ses rêves idiots d’un avenir avec Esther, et son cœur brisé en autant de morceaux qu’il n’y avait de cailloux sur la cour du collège et du lycée réunis.
Il avait l’impression de reposer dans une bulle isolée du monde et du temps. Une bulle qui éclata aussitôt lorsqu’il entendit quelques cailloux rouler près de lui.
Luc balaya ses larmes avec ses poings pour voir deux jambes devant lui.

« Qu’est-ce que tu fais, Luc ? »

Luc leva les yeux pour voir une main tendue dans sa direction. Il la serra et se laissa tirer par Grégoire, son plus vieil ami depuis qu’il était dans cet établissement.

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Niveau 25
06 novembre 2016 à 16:21:19

« Merci Grégoire.
— De rien, mon p… pote. »

Luc remarqua directement que quelque chose clochait chez son ami. Un étrange sourire lui creusait les joues, et son regard paraissait se perdre dans diverses directions pendant que son corps tanguait légèrement d’un côté.
L’haleine de son ami lui donna la certitude de son mal. Il la sentait tous les jours quand il rentrait à la maison, quand il devait aider son père après son tour au bar du coin.
Grégoire s’effondra soudainement sur lui, et Luc se retrouva écrasé par le poids de son ami, les narines assaillies par son souffle âcre.

« Désolé Luc… J’sais pas c’qui m’arrive, j’me sens tout drôle en fait là.
— Relève-toi, s’il te plaît, je commence à étouffer.
— Attend, attend… Luc… Je crois que j’ai des trucs à te dire.
— Quoi ?
— Tout d’abord… je crois que j’ai envie de vomir… Pis… J’t’aime.
— Ouais… Moi aussi, je t’aime. »

Les regards des deux garçons se croisèrent et Luc put lire une étrange lueur.
« Oh non… » réalisa-t-il.
Les lèvres de Grégoire se refermèrent sur les siennes et il crut sentir la langue forcer un passage. Luc déploya un effort considérable pour dégager un de ses bras et pousser la poitrine de Grégoire afin de se soustraire à son baiser.

« Qu’est-ce qu’il t’arrive Grégoire ? Tu as bu ?
— Juste c’qu’il y avait sur le buffet. »

Le sourire de Grégoire venait de s’effacer. Luc en profita pour le pousser et se relever d’un bond. Grégoire se leva à son tour, non pas sans manquer de s’effondrer une nouvelle fois. Il fit quelques pas vers Luc qui recula en voyant la main de Grégoire s’approcher de sa joue.

« Grégoire, arrête…
— Luc, s’teu plaît.
— Non… Non… Je veux pas.
— J’te jure, c’est sincère ! »

Luc continua de s’éloigner. La gêne et la honte venaient de laisser place à la pitié. Il avait l’impression de se voir en son ami. Une douloureuse image miroir. Il vit des larmes tracer des sillons brillants sur les joues de Grégoire.
Il se tordit subitement en gémissant. Un flot jaunâtre jaillit de sa bouche et s’étala sur les gravats. Luc s’approcha de son camarade pour l’aider à tenir debout, mais Grégoire était déjà quatre pattes en train de vider ses entrailles.
Un claquement régulier retentit un peu plus loin. Luc tourna la tête et découvrit avec effroi la silhouette caractéristique de Lucas se découper dans le carré de lumière que formait la porte de la salle multimédia.
La silhouette se rapprocha. Luc ne voyait pas son visage, mais il pouvait déjà deviner le sourire cruel habituel qu’il arborait avant de l’emmerder.

« Alors, les amoureux, pourquoi on s’arrête ?
— Fous nous la paix, Lucas.
— Vous voulez un peu d’intimité ? ‘Faut vous protéger, pensez-y. »

Lucas se colla presque à Luc et lui saisit la nuque. La pression fut si forte qu’il croyait que ses vaisseaux sanguins allaient exploser. Luc fut obligé de fléchir les jambes, afin que son bourreau puisse le dominer d’une tête. Les portes de la salle multimédia continuaient de s’ouvrir, éclairant le visage de Lucas par flash.
Luc avait raison. Tout ce qu’il avait imaginé sur le visage de son camarade de classe se dessinait concrètement.

« Fous-moi la paix ou je vais chercher un pion.
— Ouais, vas-y, balance comme tu sais toujours bien le faire. Sale petit emmerdeur, je suis sûr que ta mère s’est volontairement foutue en l’air pour pas avoir à supporter la saloperie qu’elle a engendré. »

Lucas l’envoya contre un arbre proche. L’arrière du crâne de Luc, ainsi que son dos, heurtèrent de plein fouet l’écorce. La douleur fit s’allonger Luc pendant que Lucas avançait vers lui. Un pied s’enfonçant dans sa poitrine, manquant de lui couper la respiration. Luc devina aux ricanements que son tortionnaire prenait du plaisir de continuer à l’humilier. Puis une ombre se dressa derrière Lucas.

« Grégoire ! Non ! »

Lucas relâcha la pression pour mieux se retourner. Un poing s’abattit sur son visage, d’une telle violence qu’il en décolla presque du sol.
Lucas s’écrasa sur les gravats, et Grégoire se préparait à s’asseoir sur son ventre pour continuer à le tabasser.

« Hey, arrêtez putain ! »

Luc vit Matthieu arriver, suivi par Dorian et Pierre… Deux amis de Lucas. Il s’imagina que la situation allait empirer, lorsqu’il aperçut Esther, le visage rongé par l’inquiétude.
Dorian et Pierre retinrent Grégoire en lui prenant les bras pendant que Matthieu tendait une main pour aider son ami à se redresser.
Luc cracha mentalement sur les quatre membres de la bande qui l’emmerdait depuis tant d’années. L’humiliation lui était monté à la tête, et il s’en rendit compte lorsqu’il repoussa violemment d’Esther qui était venue l’aider à se relever.

« Je suis désolé, tenta-t-il.
— Non, ça va. Je sais ce qu’il vient de se passer. »

Esther foudroya Lucas du regard, peut-être même Matthieu aussi. Luc en jubilerait presque.

« Laisse-moi seul avec mes amis, Matt.
— Ecoute, j’suis désolé…
— Seule, s’il te plaît. Et appelle Esteban pour moi.
— D’acc… »

Matthieu fit une grimace gênée, avant d’endosser son rôle de meneur pour intimer à ses potes de partir. Dorian et Pierre s’exécutèrent.

« Tu la laisse te donner des ordres Matthieu ? Tu lui as donné tes couilles ou quoi ?
— Ta gueule Lucas et dégage. »

Lucas donna un grand coup de pied dans le sol, envoyant des gravats se percuter contre un mur de brique un peu plus loin. Mas un simple échange de regard avec Matthieu suffit pour le convaincre d’obéir. Lucas jura en s’évaporant dans l’obscurité, suivi peu de temps plus tard par Matthieu.
Luc et Esther se retournèrent pour voir Grégoire vomir de nouveau.

« Grégoire, ça va ?
— Je crois qu’il est bourré.
— Comment ça ?
— Je me demande si des boissons n’ont pas été alcoolisées…
— Je pense aussi. Je me disais bien que tout le monde était bizarre. Et je crois que les pions aussi le pensent, ils sont en train d’appeler les parents là.
— Pourquoi tu demandes Esteban ?
— Je crois pas que les parents de Grégoire voudront le voir dans cet état. Peut-être qu’il pourrait dormir chez moi ou chez lui, le temps qu’il dessoule. Par contre, je sais pas si Esteban aura assez de place dans la voiture, donc on repassera pour te prendre. Je pense pas que ton père sera en état de te ramener, surtout à cette heure.
— Je suis d’accord. »

Grégoire venait de se redresser, non pas sans de nouveau pencher vers la droite. Luc se précipita pour l’aider à se poser contre l’arbre sur lequel Lucas l’avait projeté quelques minutes plus tôt.
Luc sentit la main de Grégoire caresser légèrement la sienne. Gêné, il préféra s’éloigner. A dire vrai, il préfèrerait disparaître. Il commença à regretter d’être venu. Toute cette soirée n’était qu’une accumulation d’anxiété, de frustration, de honte et de colère. Ces quatre sentiments tourbillonnaient dans son esprit, poussé par un courant infernal, et Luc avait l’impression de s’y noyer.
Puis il se remémora un léger détail…

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Niveau 25
06 novembre 2016 à 16:21:30

Un détail extrêmement insignifiant, mais qui alluma une étincelle en lui. Il se rappelait, en arrivant, avoir vu Lucas et ses deux copains, Pierre et Dorian, en train de ricaner autour d’un sac. Pierre était réputé pour avoir un père doué avec l’alcool et pour avoir amené quelques doses au sein-même de l’école.
Luc se réveilla subitement au milieu de la cour du lycée, le regard planté vers le parc où les arbres assuraient une pénombre éternelle. Quelques lumières dansaient un peu plus loin et il pouvait entendre des rires et des cris. Luc continua d’avancer, malgré une douleur au ventre. La peur venait de s’ajouter à l’ensemble des sentiments qui continuaient de bouillir dans l’esprit de l’adolescent, sans pour autant s’imposer. Luc continua de progresser.
Derrière lui, la musique de la salle multimédia se dissipait, et rapidement, Luc se retrouva complètement plongé dans la nuit. Un hibou hululait plus profondément dans la forêt qui ceinturait le parc, des grillons chantaient de chaque côté du lycéen. Quelques buissons remuaient leurs feuilles et Luc sentit quelque chose de poilu lui frôler les jambes, manquant de le faire trébucher.
Il aperçut des lumières de téléphone et il découvrit ceux qu’il cherchait. Une petite partie de Luc lui hurlait qu’il faisait une erreur, mais la rage l’étouffa aussitôt. L’adolescent s’avança vers Lucas, Dorian et Pierre.

« Hey, Lucas, c’est toi qui a alcoolisé les boissons ?
— Pourquoi je ferais ça, hein ? répondit l’intéressé.
— Je vous ai vu avec le sac, avant le bal. Me prenez pas pour un con.
— On en a pas besoin, tu l’es déjà. Et sinon quoi ? Ouais, on a alcoolisé pour que la fête soit plus fun t’vois ? Tu comprendrais si tu buvais pas que de l’eau.
— Ah ah, la tristesse ! compléta Pierre en se tordant en deux.
— Ouais, c’est ça, du fun. »

Luc porta son regard vers la bouteille en verre que tenait Dorian. Le peu de liqueur qui restait s’agitait à chaque fois que son détenteur se battait avec son propre équilibre. L’adolescent regarda Pierre qui semblait aussi avoir une démarche inhabituelle.

« Allez-y, continuez à vous bourrer la gueule… »

Luc tourna les talons. Il réalisait qu’il ferait mieux de retourner au lycée.

« Sinon, quoi, tu vas aller balancer ?
— Peut-être.
— Fais le alors… Et j’envoie la vidéo, connard. »

Luc s’arrêta net.

« Je jure que ça va plaire à tout le monde de voir Grégoire dans tous ses états. Il va devenir une véritable célébrité à la rentrée ! »

Luc se retourna et vit Lucas agiter son téléphone portable pour le narguer. La haine qu’il ressentait depuis tant d’années pour cet enfoiré, la rage qui l’avait mené ici, la frustration globale infligée depuis le début de cette fête merdique... Tout ceci explosa en Luc qui se précipita violemment vers Lucas.
Il se surprit lui-même lorsqu’il baissa la tête pour l’enfoncer dans le ventre de son camarade. Il lui décocha un coup de poing dans le visage avant de s’emparer du portable. Pierre et Dorian devaient être vraiment éméchés car ils ne réagirent à aucun instant.

« Espèce d’enculé ! » hurla Luc en se relevant.

Ses mains tremblaient, surtout celle qui détenait le portable. Il le jeta contre un arbre et l’appareil électronique se brisa en plusieurs morceaux.

« Oh putain, Lucas, il vient de péter ton portable ! s’esclaffa Pierre.
— Tu vas me le payer, fils de pute ! »

Luc sentit le temps se ralentir. Il se rendait compte de la gravité de son erreur. Il reprit conscience et essaya de fuir, mais Lucas le plaqua au sol. Il commença à l’arroser de coups de poings. Dorian et Pierre applaudissaient en poussant des cris d’encouragements. Luc voyait flou, des formes dansaient devant ses yeux. Le contact chaud de son propre sang s’étendait sur ses lèvres puis son menton et le goût cuivré lui envahissait la bouche. Il fut brutalement relevé, bien que trop sonné pour tenir debout. Il put remarquer la présence de deux nouveaux spectateurs… Ou spectatrices…
Mélanie et Vanessa s’étaient jointes à Dorian et Pierre. La première avait dégainé son portable, et Luc savait qu’elle comptait immortaliser le moment pour le poster sur les réseaux sociaux. En pleine possession de ses moyens, Luc l’aurait traité de salope. Vanessa, elle, se contentait de se tordre de rire. Visiblement, elles-aussi étaient soumises aux effets de l’alcool.
Dorian hoqueta en levant un doigt vers les profondeurs de la forêt.

« Vas-y ! Balançons le dans le fleuve, on va voir s’il sait toujours pas nager, ce fils de pute.
— Putain, ouais, et on va faire comme à la piscine ! ajouta Pierre.

Vanessa et Mélanie se mettaient à hurler de rire. Dorian et Pierre flanquèrent Luc des deux côtés et le traînèrent dans la forêt.
Il était horrifié… Pourquoi venait-il de faire ça ? L’idée d’être jeté dans le fleuve faisait ressurgir de douloureux souvenirs en lui. Ses jambes raclaient le sol. Son cœur commençait à s’accélérer, son ventre se contractait, le monde tournait et se distordait autour de lui… Seuls les visages de ses camarades paraissaient distincts. Luc se raccrochait au seul espoir que le plan de ses tortionnaires ne soit que du bluff idiot…
Un violent choc le ramena un peu au monde réel. La terre et l’herbe lui refroidirent la joue alors que l’odeur se glissait dans ses narines. Les cinq adolescents entouraient Luc, un sourire vicieux gravé sur leurs visages plus ou moins déformés par l’alcool.
La terreur de Luc venait d’atteindre son paroxysme.
Une sixième silhouette débarqua des fourrées. Luc espéra voir arriver quelqu’un… Un pion, un prof, un autre élève… Esther, Esteban ou Grégoire…
Puis la faible lueur du portable de Mélanie dévoila le visage de Matthieu. Luc ferma les yeux en sachant que la porte de l’espoir venait de se clore en même temps.
Une petite lumière persista : « Il est avec Esther, il pourrait peut-être me tirer de là ».
Matthieu pénétra le cercle de ses amis en se pencha lentement vers lui. Il lui envoya un coup de pied dans le ventre.

« J’aimerais mettre les choses au clair. Arrête de faire chier mes potes et de flinguer ma relation avec Esther, fils de pute. »

Nouveau coup de pied.

« Je vois bien comment tu la regarde, t’aimerais bien te la faire. Dommage, elle est à moi. Et à la rentrée, tu vas faire tout ton possible pour l’éviter. Reste donc avec tes deux potes et fous nous la paix. Et si jamais t’es pas foutu de comprendre, je vais te donner un coup de pouce. »

Matthieu le souleva du sol en s’emparant de son col. Son nez fut si près de sa bouche qu’il put deviner un arôme léger d’alcool, comme pour Grégoire. Son champ de vision se troublait de plus en plus, mais lorsqu’il fut retourné et qu’il vit les petits éclats de lumière danser sur la surface du fleuve, il devina rapidement la suite des évènements… Ils allaient vraiment le faire plonger.
Il essaya de se débattre, mais un coup de poing dans le ventre annihila ses dernières forces. Un son de déchirure retentit et le froid commença à lui mordre la peau. Il essaya de se couvrir le sexe, mais Dorian et Pierre arrivaient déjà pour lui saisir les bras.

« Regardez-moi comme il est beau, il a pas vraiment changé depuis la dernière fois, hein ? » entedit-il Matthieu prononcer dans son dos.

Luc sentit un pied s’enfoncer dans sa colonne vertébrale. Dorian et Pierre le lâchèrent aussitôt et l’adolescent tomba tête la première dans l’eau. Le froid s’intensifia et se propagea dans tout son corps. Luc fit sortir sa tête de l’eau et essaya d’avaler n’importe quelle dose d’air tout en battant l’eau de ses bras. Les souvenirs humiliants de la piscine municipale revenaient en force dans son esprit, s’ajoutant à la fatigue et à la douleur. Il pouvait entendre les rires de ses six camarades de classe. Puis il s’enfonça dans l’eau.
Il faisait déjà si noir… Il ne voyait, ni n’entendait… Comme si la nature lui accordait un moment de paix avant de mourir.
Il réalisa que personne n’allait l’aider … Il en était certain. Il allait mourir cette nuit. Il ne voulait pas mourir. Pas maintenant, pas comme ça…

Il ouvrit grand les yeux. Une douleur fulgurante envahissait l’intégralité de son corps et il hurla en fixant la lune. Il gesticula dans tous les sens, roulant dans plusieurs directions, ses muscles crispés par sa souffrance.
Puis il émit un long soupir et il eut l’impression d’évacuer son mal en même temps que l’air. Il se releva et regarda ses mains. Il découvrit qu’il était encore habillé et il tâta ses vêtements. Venait-il de rêver ?
Il posa immédiatement les mains sur son visage. Il revoyait le poing de Lucas s’abattre sur lui un nombre incalculable de fois. Pourtant, il ne trouva aucune plaie, aucune ouverture, aucun gonflement. Pas une goutte de sang.
Luc regarda autour de lui. Tout était flou, et il pensait même voir double. Mais un détail attira ses yeux. Il voyait le fleuve… et une forme se mouvoir dans les eaux, se dirigeant vers la berge.
Luc traversa aisément un buisson et sa vision commença à se stabiliser. Lucas, Matthieu, Pierre, Vanessa et Mélanie fixaient la forme et Luc découvrit qu’il s’agissait de Dorian, portant son cadavre nu.
Luc se retourna vers le buisson qu’il venait de passer et se rendit compte qu’il l’avait littéralement traversé. Il se tourna de nouveau vers la bande de lycéen pour réaliser la situation.
Il venait de mourir…

Il avait été assassiné.

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
06 novembre 2016 à 16:58:48

Feurst

levant un verre à moitié vide d’une des boissons ramenées pour la soirée.

J’aurais écris : levant un verre de [insérer le nom de l’alcool] bien entamé.

L’école avait quelques choses d’unique, il s’agissait d’un fait indéniable. Il s’agissait d’un vieux château aux briques rouges et brunes qui avait servi de couvent, puis d’école privée, avant de devenir public.

Quelque chose, puis ensuite répétition de « s’agissait » et, c’est une école publique.

Luc se soustrait à la compagnie de son ami pour s’enfoncer dans l’obscurité

J’aurais utilisé le passé simple.

Il s’éloigna le plus possible des deux amants

C’est pas un peu fort, amant dans ce contexte ? Enfin il n’y a rien d’officiel pour l’instant.

Mas un simple échange de regard avec Matthieu

Mais

— Je me demande si des boissons n’ont pas été alcoolisées…

Wtf, ça me parait bizarre, genre il y a ni coca ni jus d’orange, c’est évident que c’est de l’alcool :hap:

« Grégoire, ça va ?

— Je crois qu’il est bourré.

— Comment ça ?

— Je me demande si des boissons n’ont pas été alcoolisées…
— Je pense aussi. Je me disais bien que tout le monde était bizarre. Et je crois que les pions aussi le pensent, ils sont en train d’appeler les parents là.

— Pourquoi tu demandes Esteban ?

— Je crois pas que les parents de Grégoire voudront le voir dans cet état. Peut-être qu’il pourrait dormir chez moi ou chez lui, le temps qu’il dessoule. Par contre, je sais pas si Esteban aura assez de place dans la voiture, donc on repassera pour te prendre. Je pense pas que ton père sera en état de te ramener, surtout à cette heure.

— Je suis d’accord. »

Ce dialogue, c’est dur de savoir qui parle en fait. D’ailleurs, le tact de ouf d’Esther avec le daron de Luc :hap:

Bon sinon j’ai lu, sur la forme c’est propre, bravo, t’as bien bossé. Dans le fond, c’est bien mieux que le premier jet.

Un truc m’a quand même interloqué. Il parle avec Esther oklm, Esteban doit arriver mais d’un coup il se réveille tout seul ? J’ai pas trop compris.

D’ailleurs, je trouve qu’au début tu poses bien les choses, mais qu’après l’arrivé de Lucas, on commence à avoir un afflux de personnages, et (bon moi je voyais qui était qui) on aurait pu aisément se perdre.

Par exemple, le personnage d’Estéban, il ne sert presque à rien, et en fait Grégoire aurait pu le remplacer dans son rôle. Pareil pour Pierre et Dorian, Mélanie et Vanessa. On sent qu’ils sont là pour faire des victimes, mais au final, ils ne sont pas trop creusés. Je suis conscient de ce problème vu que j’en suis aussi victime :hap:

Mais bon, pour conclure, j’ai trouvé que c’était vraiment mieux qu’avant. On a pitié de Luc, Matthieu et Esther ont une vraie personnalité, et Grégoire est marrant (même si j’ai un peu tiqué sur le fait qu’il essaye de violer Luc :hap: ). Lucas le bon fils de pute aussi. Il va falloir que tu trouves une vraie personnalité pour Dorian et Pierre, histoire qu’ils se démarquent bien de Matthieu et de Lucas. Mélanie était un personnages plutôt réussi, par contre vanessa, à part qu’elle suçait des bites je me rappelle même plus comment elle est morte dans le premier jet :hap:

Mais bon si tu continues sur la voie que tu as emprunté, ça ne peut être que du bon pour la suite ! :ok:

Sweet :hap:

Message édité le 06 novembre 2016 à 16:59:09 par LePerenolonch
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Niveau 25
06 novembre 2016 à 17:15:05

Le 06 novembre 2016 à 16:58:48 LePerenolonch a écrit :
Feurst

levant un verre à moitié vide d’une des boissons ramenées pour la soirée.

J’aurais écris : levant un verre de [insérer le nom de l’alcool] bien entamé.

Ce n'est pas de l'alcool, c'est plutôt des boissons apéro :hap: Type Orangina, Coca Cola etc :hap:

L’école avait quelques choses d’unique, il s’agissait d’un fait indéniable. Il s’agissait d’un vieux château aux briques rouges et brunes qui avait servi de couvent, puis d’école privée, avant de devenir public.

Quelque chose, puis ensuite répétition de « s’agissait » et, c’est une école publique.

"Quelque chose" gène ? Et du coup, je devrais corriger par "avant de devenir une école publique". :(

Luc se soustrait à la compagnie de son ami pour s’enfoncer dans l’obscurité

J’aurais utilisé le passé simple.

En fait, je pensais que c'était le passé simple (patapé).

Il s’éloigna le plus possible des deux amants

C’est pas un peu fort, amant dans ce contexte ? Enfin il n’y a rien d’officiel pour l’instant.

Je note :oui:

— Je me demande si des boissons n’ont pas été alcoolisées…

Wtf, ça me parait bizarre, genre il y a ni coca ni jus d’orange, c’est évident que c’est de l’alcool :hap:

Comme je l'ai dit, c'est supposé être des boissons... padalcol quoi :hap:

« Grégoire, ça va ?

— Je crois qu’il est bourré.

— Comment ça ?

— Je me demande si des boissons n’ont pas été alcoolisées…
— Je pense aussi. Je me disais bien que tout le monde était bizarre. Et je crois que les pions aussi le pensent, ils sont en train d’appeler les parents là.

— Pourquoi tu demandes Esteban ?

— Je crois pas que les parents de Grégoire voudront le voir dans cet état. Peut-être qu’il pourrait dormir chez moi ou chez lui, le temps qu’il dessoule. Par contre, je sais pas si Esteban aura assez de place dans la voiture, donc on repassera pour te prendre. Je pense pas que ton père sera en état de te ramener, surtout à cette heure.

— Je suis d’accord. »

Ce dialogue, c’est dur de savoir qui parle en fait. D’ailleurs, le tact de ouf d’Esther avec le daron de Luc :hap:

Si compliqué que ça ? :noel:
Vu que Grégoire est occupé à dégueuler tout ce qu'il peut, je pensais que ça serait assez compréhensible que c'est un dialogue Luc-Esther :noel:
C'est vraiment un problème, le tact ? :peur:

Bon sinon j’ai lu, sur la forme c’est propre, bravo, t’as bien bossé. Dans le fond, c’est bien mieux que le premier jet.

Un truc m’a quand même interloqué. Il parle avec Esther oklm, Esteban doit arriver mais d’un coup il se réveille tout seul ? J’ai pas trop compris.

En fait, Luc se laisse guider par ces ressentiments et son besoin immédiat de s’effacer tant il se sent mal :hap:
Ce qui fait qu'il s'enfonce dans la cour du lycée et qu'il reprend pleinement ses moyens à cet endroit :oui:

D’ailleurs, je trouve qu’au début tu poses bien les choses, mais qu’après l’arrivé de Lucas, on commence à avoir un afflux de personnages, et (bon moi je voyais qui était qui) on aurait pu aisément se perdre.

Par exemple, le personnage d’Estéban, il ne sert presque à rien, et en fait Grégoire aurait pu le remplacer dans son rôle. Pareil pour Pierre et Dorian, Mélanie et Vanessa. On sent qu’ils sont là pour faire des victimes, mais au final, ils ne sont pas trop creusés. Je suis conscient de ce problème vu que j’en suis aussi victime :hap:

Mais bon, pour conclure, j’ai trouvé que c’était vraiment mieux qu’avant. On a pitié de Luc, Matthieu et Esther ont une vraie personnalité, et Grégoire est marrant (même si j’ai un peu tiqué sur le fait qu’il essaye de violer Luc :hap: ). Lucas le bon fils de pute aussi. Il va falloir que tu trouves une vraie personnalité pour Dorian et Pierre, histoire qu’ils se démarquent bien de Matthieu et de Lucas. Mélanie était un personnages plutôt réussi, par contre vanessa, à part qu’elle suçait des bites je me rappelle même plus comment elle est morte dans le premier jet :hap:

Mais bon si tu continues sur la voie que tu as emprunté, ça ne peut être que du bon pour la suite ! :ok:

Sweet :hap:

Pour les autres personnages, ceux qui ont été délaissés ou ceux qui n'ont pas encore vraiment de personnalité, je m'y attellerai dans les prochains chapitres. Et au moins, ils sont introduits :oui:

Merci pour ton comm', je vais essayer vraiment de me consacrer à l'écriture d'EDE une fois que j'en aurai fini avec l'actuelle saison de GoE :hap:

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
06 novembre 2016 à 23:59:10

"Quelque chose" gène ? Et du coup, je devrais corriger par "avant de devenir une école publique". :(

Non, t'as juste mis au pluriel alors que c'est singulier https://image.noelshack.com/fichiers/2016/30/1469541957-risitas198.png

C'est vraiment un problème, le tact ? :peur:

Bah elle lui sort à la gueule que son père est un alcolo, même si c'est vrai [[sticker:p/1mr0]] tact quoi. Et ça fait genre tu le fous pour le rappeler au lecteur, c'est pas très finaud tout ça https://image.noelshack.com/fichiers/2016/26/1467378678-div4.png

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
07 novembre 2016 à 00:00:37

En fait, j'avais surtout besoin de mettre un bon contexte pour que Luc soit vraiment isolé et que ses potes se demandent pas où il est passé le temps de humiliation fatale [[sticker:p/1kki]]

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
07 novembre 2016 à 19:56:28

Merci pour ton commentaire Brad :)

Je suis ravi de voir que j'ai touché mon but en améliorant le premier jet :noel:
Maintenant, le plus dur sera de rester dans cette lignée. :oui:

Pseudo supprimé
Niveau 10
07 novembre 2016 à 20:25:52

Omg Luc est de retour :bave:
J'aurai pas le temps de te lire tout de suite, mais je garde un oeil dessus :oui:

Negatum- Negatum-
MP
Niveau 10
15 novembre 2016 à 10:45:54

Eh bah voilà, c'est presque nickel !

Côte à côte avec le premier chapitre de la première version, ça n'a plus rien à voir. Et j'aime beaucoup ce début parce qu'il y a beaucoup de chose, on sent vraiment un effort pour se dire "ou j'introduis tel personnage, quel va être la première impression, comment on structure l'histoire, etc..." C'est evidemment pas parfait, mais y a vraiment beaucoup de bonnes choses. Beaucoup de personnage qui étaient jusque là purement, disons, décoratifs, gagnent vraiment en épaisseur, y compris Luc.
Déjà, j'aime bien l'idée de raconter les événements de façon chronologique, et surtout de la façon dont tu les présentes, parce qu'avant de savoir ce que Luc va faire, on sympathise avec son histoire. On a l'impression qu'il a vraiment une vie de merde, et que la vengeance en devient justifiée -ce qui va créer une ambiguité pour la suite-.
J'aime bien le tout début, qui a l'avantage de situer très vite le personnage de Luc, et de présenter quelques personnages. Je suis juste un peu sceptique sur le fait que Matt et Esther soient déjà ensemble au début (ça prive le récit d'une dynamique, mais tu peux la remplacer). Mais j'aime beaucoup le nouveau Matt que tu présentes ici, c'est à dire violent, double, mais finalement très crédible. Esther reste un peu transparente, mais c'est finalement assez logique.
Le conflit escalade très bien, et honnêtement, autant la première histoire me semblait pas crédible, autant là, je serais absolument pas surpris si je lisais ce meurtre dans mon journal local. Bon point encore.
Alors, c'est pas parfait non plus, donc quelques remarques plus négatives:
-La relation avec Grégoire sonne un peu faux. Ou bien celui-ci est ouvertement gay (ils en avaient parlé avant entre Luc et lui) et dans ce cas il serait un peu stupide d'essayer, ou bien il n'en aurait pas parlé, et c'est vraiment très risqué de la part de Grégoire. Mais je suis curieux de voir ce que tu va en faire.
-Je ne sais pas trop si tu va y revenir, mais l'idée "ils ont drogué les verres" me semblait un peu bizarre. Déjà, la soirée est un peu chelou: c'est à l'école, mais il y a pas les profs ? Par ailleurs, autant je peux comprendre que les gars s'amusent à glisser quelques mililitres de vodka dans les verres des loosers et des filles, autant alcooliser des jus d'orange qui doivent trainer sur des tables pour l'ensemble des premières... Faut les moyens. Mais bon, ça à la rigueur, je cherche la petite bête.

Bon, en tout cas, c'est cool, j'attend la suite avec impatience. :-)

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
15 novembre 2016 à 11:05:37

j'ai cru à la suite je suis déçu :hap:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
15 novembre 2016 à 12:31:09

-La relation avec Grégoire sonne un peu faux. Ou bien celui-ci est ouvertement gay (ils en avaient parlé avant entre Luc et lui) et dans ce cas il serait un peu stupide d'essayer, ou bien il n'en aurait pas parlé, et c'est vraiment très risqué de la part de Grégoire. Mais je suis curieux de voir ce que tu va en faire.

Ben, en fait, il est bourré (mais vraiment :hap: ) et il est pas en totale possession de ses moyens :hap: Je me rappelle avoir vu des extraits d'un doc sur les jeunes et l'alcool et je me souviens d'un extrait où deux ados se laissaient tellement aller qu'ils étaient allés jusqu'à se rouler des pelles alors qu'ils sont hétéros :hap: (Mais Greg est bel et bien gay :hap: c'est juste que l'alcool a brisé ses barrières qui l'empêchaient de s'exprimer totalement :hap: )

-Je ne sais pas trop si tu va y revenir, mais l'idée "ils ont drogué les verres" me semblait un peu bizarre. Déjà, la soirée est un peu chelou: c'est à l'école, mais il y a pas les profs ? Par ailleurs, autant je peux comprendre que les gars s'amusent à glisser quelques mililitres de vodka dans les verres des loosers et des filles, autant alcooliser des jus d'orange qui doivent trainer sur des tables pour l'ensemble des premières... Faut les moyens. Mais bon, ça à la rigueur, je cherche la petite bête.

Bon, pour le coup, je m'étais inspiré de la série Glee ( :hap: ) et du running gag du mec qui essayait de foutre de l'alcool dans le pounch (ou punch, je connais pas l'orthographe exacte :rire: ). Je voulais surtout que l'alcool touche un peu tout le monde :hap:

Merci pour ta lecture Neg, je suis ravi de voir que pour l'instant, j'atteint mon objectif, mais bon, j'ai fait qu'une étape sur vingt cinq :hap:

Et promis, je vais essayer de me dépêcher pour livrer le chapitre 2 :hap:

Pseudo supprimé
Niveau 10
15 novembre 2016 à 14:04:22

Je commencerai very soon, même si ça m'angoisse de ouf qu'un perso s'appelle comme mon frère :rire2:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
16 novembre 2016 à 15:27:05

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Chapitre 2 : Lamentations

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Dorian posa le corps nu et inanimé de Luc aux pieds de ses camarades. Matthieu avait senti l’alcool quitter ses veines lorsqu’il s’était rendu compte de la gravité de la situation.
Il essaya d’échanger quelques regards avec ses camarades, mais tous fixaient d’un air médusé Luc, pétrifiés par l’angoisse de la situation. Matthieu s’avança vers le corps. Il n’avait aucune notion de secourisme, mais il se devait de réparer son erreur. Il appliqua un massage cardiaque, fit du bouche-à-bouche, non pas sans grimacer. Le désespoir l’envahit à tel point qu’il se mit à cogner la poitrine de Luc dans l’espoir de voir l’eau sortir de sa bouche.
La main de Lucas lui saisit le poignet.

« Arrête, tu peux plus rien faire.
— Impossible… On peut… on peut pas le laisser comme ça. Il peut pas mourir. Putain, non, il est hors de question qu’il meure ! »

Matthieu porta les mains sur sa bouche, retenant larmes et vomi. Un bref regard vers Pierre et Dorian suffirent à lui montrer qu’ils luttaient également. Vanessa faisait les cent pas, en marmonnant des paroles incompréhensibles pendant que Mélanie vidait son estomac dans un buisson.

« Nom de Dieu, on va tous aller en prison ! cria Pierre, les mains dans les cheveux.
— Non, personne ira en prison. On va faire ce qu’il faut.
— Mon dieu, mon dieu, mon dieu… répétait Vanessa, les larmes aux yeux.
— Je vais aller voir dans la petite cabane, là, s’il y a des pelles. On va l’enterrer. »

Matthieu était sidéré par le comportement de son ami. Il avait l’impression que la mort de Luc ne lui faisait rien. Il se rappelait que Lucas avait difficilement des remords après avoir fait une énorme gaffe. A dire vrai, il se demandait parfois s’il arrivait à éprouver de l’empathie.
Lucas se dirigea vers une petite cabane faîte d’un bois vieux, grinçant à l’épreuve du vent et habillée d’un lierre qui renforçait son côté sinistre. Tout l’établissement connaissait son existence, mais personne n’avait osé s’en approcher. Les lycéens adoraient concocter des histoires sordides à son sujet pour effrayer les nouveaux ou les collégiens. Et cette nuit, une histoire sordide s’écrivait, et il en était l’un des personnages principaux.
Matthieu se tourna vers ses autres amis. Il aperçut Pierre vider d’un trait ce qu’il restait dans une bouteille de verre, le visage décomposé par l’effroi. Dorian tremblait, ses vêtements mouillés lui collaient la peau et une mèche cachait son œil droit.
Vanessa s’était adossée à un arbre pour pleurer, le visage enfoui dans ses mains et Mélanie crachait le reste de vomi dans sa bouche. Matthieu ne savait toujours pas pourquoi aucun d’eux n’avait déjà pris la fuite. Il n’avait aucune idée de comment se sortir de ce merdier. Il regarda béatement le corps de Luc, sachant pertinemment qu’il n’arriverait jamais à dégager cette image de son esprit. Ceci le hanterait toute sa vie. La colère montait en lui. Il avait du mal à savoir si c’était contre Luc ou contre lui-même. Ses poings se serraient à tel point qu’il espérait enfoncer ses ongles dans sa peau jusqu’au sang.
Un claquement le réveilla et il aperçut Lucas arriver, une pelle à chaque main.

*

Luc regardait ses meurtriers creuser une tombe de fortune. Lucas et Matthieu extirpaient la terre sans s’arrêter, devant leurs quatre camarades qui s’étaient arrêtés, les yeux vides pointés vers le trou qu’ils creusaient.
Lui-même était complètement perdu. Voir sa propre dépouille, nue, froide, aux yeux décolorés par la mort, le mettait mal à l’aise. Le fait de n’être entouré que par les ordures qui l’avait tourmenté pendant des années l’ulcérait. Et le fait d’être enterré par ces derniers faisait bouillonner une rage qu’il parvenait à contenir sans savoir comment.
Il s’approcha de Vanessa dont les yeux et les narines lubrifiaient le bas de son visage. Il agita une main devant elle, essaya de lui tirer les cheveux, mais il ne faisait que la traverser. Pierre hoquetait et rotait, le teint rougi par l’alcool qu’il venait de s’enfiler pour supporter le choc et Dorian essayait de se réchauffer en se frottant les épaules.
Luc s’éloigna pour mieux les contempler. Malgré la haine grandissante pour les six adolescents, il jubilait de les voir détruits par sa mort… Sauf Lucas. Le sourire de Luc s’effaçait à chaque seconde posé sur le visage impénétrable de sa bête noire numéro une. Il se doutait que Lucas ne transpirait pas les bons sentiments, la compassion, la honte, le remord… Mais il venait d’exploser les records.

« Voilà… J’crois que c’est assez profond. »

Lucas et Matthieu lâchèrent les pelles. Dorian vint aider à porter le cadavre et à le jeter dans le trou.

« Vous pensez qu’on devrait dire quelque chose ? » fit Vanessa entre deux reniflements.

« Je me fous complètement de ce que tu veux me dire, salope. » affirma Luc en croisant les bras. Il ne fut pas étonné de ne pas être entendu, mais visiblement, le silence des cinq autres lycéens suffit à Vanessa pour abandonner cette idée stupide.
Matthieu et Lucas reprirent les pelles et refermèrent la tombe de fortune. Luc vit son corps disparaître sous la terre, et il se demanda combien de temps les vers allaient mettre pour dévorer sa chair. Il entrapercevait déjà la vision de son squelette, perdu près de la rive du fleuve, si proche de l’école où il avait passé cinq années de sa vie.
Lucas et Matthieu s’appliquèrent pour aplatir la terre en la tapotant avec les pelles. Un long soupir s’échappa de la bouche de Matthieu, dont la respiration s’alourdissait.

« Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir dire ?
— Alors là… J’en sais vraiment rien, fit Dorian
— On est dans la merde les mecs… Dans de la merde bien profonde…
— Quelle est la dernière chose que Luc ait pu faire ? demanda Mélanie.
— Je l’ai suivi après la bagarre entre Greg et Lucas. J’étais avec Esteban, Esther m’avait demandé de l’amener, c’est là que je l’ai vu… Je crois qu’Esteban l’a pas vu… il allait vers la cour du lycée, vers vous. Et y avait personne…
— Ok, donc personne l’a vu venir dans la cour du lycée. La dernière fois où quelqu’un l’a vu, il était encore dans la cour du collège… Près des grilles. Grilles qu’étaient ouvertes. Peut-être qu’il s’est échappé. Qu’il s’est barré de l’école sur un coup de tête.
— Ouais… Ouais… C’est… Ça se tient. Et il faisait super sombre… Personne pourrait savoir si… Si Luc était passé dans le parc. Et comme tout le monde était un peu… M’voyez, improvisa Pierre, les yeux mi-clos.
— Ouais, c’est génial… On va dire ça. »

Lucas se dirigea vers Pierre, s’empara de lui et le jeta dans le fleuve.

« Mais t’es malade ou quoi ? hurla Vanessa en se précipitant vers le bord de l’eau.
— Allez, Dorian, Matt, on va aller le chercher.
— Mais qu’est-ce que tu branle putain ? cria Matthieu.
— J’ai pas envie d’éveiller les soupçons en rentrant dans l’enceinte du lycée couvert de terre… Et toi non plus, je suppose. Alors on va dire que Pierre avait un peu abusé, qu’il est tombé à l’eau, qu’on est allé le chercher. On en profite pour se nettoyer un peu...
— Putain, c’est vraiment de la merde !
— Ben au moins, y aura des chances qu’on nous croit. Allez, sortons-le de là. Je pense que vous avez pas envie d’enterrer quelqu’un d’autre ce soir. »

Luc était choqué. Ils croyaient s’en sortir comme ça ? Plus les minutes passaient, plus il avait l’impression de sous-estimer la lâcheté de ses ex-camarades de classe. Il assistait à une histoire de fou, mais il n’était visiblement plus assez vivant pour en être malade. Son seul souhait consistait à se faire pousser des griffes pour les taillader tous les six afin de repeindre le monde de leur sang.
Une fois leur brève comédie terminée, ils s’étendirent tous sur le sol, la moitié de la bande trempée de la tête aux pieds.

« Ma mère va me tuer pour m’être salopé comme ça… tenta Lucas.
— Ta gueule Lucas. J’ai pas envie de déconner.
— Quand tout le monde est prêt, on retourne à la fête… ou ce qu’il reste.
— Et si on est pas prêt ? Ils vont nous chercher, remarqua Dorian, en claquant des dents.
— Ouais, donc faut pas trop traîner… Putain, allez, hop... » Mélanie termina sa phrase en ouvrant son sac. Elle en retira un petit flacon qu’elle ouvrit et fit glisser sur la paume de sa main deux cachets qu’elle goba sans hésitation.
— Tu vas t’empoisonner avec ces merdes, Mel.
— J’sais, mais sans ça, je risque rapidement de partir en vrille.
— Vous vous rappelez cette vidéo qu’on s’était relayé pendant une semaine… Celle-là qui nous faisait rigoler comme des cons et que j’aimais bien vous envoyer pendant les cours d’anglais ? commença Lucas avec un sourire.
— La vidéo avec la chèvre et le panda ?
— Ouais, avec le petit allemand.
— Putain. »

Un sourire se dessina sur le visage de Dorian et Pierre qui éclatèrent d’un rire nerveux. Ils furent rejoints par Mélanie et l’hilarité contamina rapidement Vanessa et Matthieu.
Luc aussi s’en rappelait de cette vidéo virale qui faisait le tour du lycée l’année dernière. Lui aussi, elle le faisait marrer. Avant.
Ils pensaient vraiment s’en tirer comme ça.
Il les vit tous se relever, en prenant une grande inspiration. Ils allaient retourner au lycée, l’air de rien. Matthieu et Lucas ouvraient le petit cortège, Dorian soutenait Pierre qui avait du mal à marcher, les membres visiblement anesthésiés par l’alcool et le froid.
Vanessa et Mélanie fermaient la marche. Tous avaient leur portable à la main, l’application lampe-torche éclairant le chemin.

*

Vanessa s’arrêta à la limite du parc. L’école paraissait encore active, quelques lumières perçaient la nuit, mais elle reconnaissait le silence caractéristique des fins de fête. Mélanie remarqua son arrêt.

« Qu’est-ce que tu fous ?
— Une minute. Va avec les autres, je vous rejoindrai plus tard. J’ai envie de faire un truc.
— D’accord, mais magne toi. Si ça se trouve, nos parents sont déjà là et on va se faire engueuler.
— Franchement, là, je m’en fous. »

Message édité le 16 novembre 2016 à 15:28:04 par HelpingFR
HelpingFR HelpingFR
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Niveau 25
16 novembre 2016 à 15:27:29

Mélanie lui tourna le dos et se dirigea vers la cour du lycée. Désormais seule, Vanessa tourna les talons et rebroussa chemin. Quelque chose la tracassait, elle ne pouvait pas partir comme ça… Elle se devait de le faire.
La forêt lui paraissait angoissante maintenant, sans ses amis à ses côtés. Elle qui était si superstitieuse, elle s’imaginait des monstres émerger une fois le soleil couché pour envahir les endroits les plus effrayants de la planète. Et la forêt qui collait le parc du lycée en faisait partie. Parfois, les arbres étaient si étroits que Vanessa craignait qu’ils prennent subitement vie avant de se serrer pour l’écrabouiller. A d’autres endroits, elle s’imaginait des formes humanoïdes glisser au-dessus du sol, entre les arbres, comme des vampires, des revenants, ou des démons. Elle hurla lorsqu’une branche s’accrocha à son pantalon avant de trébucher sur une racine qui dépassait du sol.

« Merde ! » jura-t-elle en fixant le lambeau de tissu arraché.
« Merde ! » répéta-t-elle en voyant son téléphone portable qui gisait, l’écran contre la terre. Elle fut soulagée de voir que son appareil était intact.

Vanessa se redressa en se secouant. Elle espérait qu’aucun insecte ne s’était insinué dans ses habits. Elle frissonna à l’idée que des araignées grouillant dans ses vêtements. Elle accéléra le pas puis arriva vers le rectangle de terre retourné, là où ils avaient enterré Luc. Un frisson glacé traversa subitement Vanessa. Elle eut comme une intuition, mais elle n’arrivait pas à la définir.
Elle fixa la terre, l’esprit aspiré à l’idée qu’un corps reposait juste là. Puis un coup de vent la rappela dans le monde réel. Elle se souvint de la raison de sa venue.
Vanessa vit un petit buisson d’où émergeait une branche nue et frêle. Elle s’en approcha, et avec ses deux mains, elle la brisa.
Elle la planta à l’extrémité de la tombe improvisée de Luc, puis murmura pour elle-même :

« Voilà… Maintenant, j’peux rentrer. »

*

Dorian, Pierre, Lucas et Matthieu attendaient dans la cour du collège. Ils s’étaient assis sur deux bancs au centre de la cour du collège. Mélanie les avait quittés précipitamment, sous l’insistance de son père.
Personne ne s’était attardé sur leurs vêtements mouillés, malgré le fait qu’il ne devait rester qu’une dizaine de personnes dans l’établissement.
Dorian se rapprocha de Lucas, l’esprit démangé par quelque chose.

« Lucas ?
— Quoi ?
— C’était quoi la vidéo là ?
— Quelle vidéo ?
— Celle qui a foutu Luc en pétard.
— Y avait pas de vidéo. Je voulais le faire chier.
— Bien joué. »

Dorian lui lança un regard plein de mépris. La destruction du téléphone de Lucas avait tout déclenché. Lucas avait attiré sur eux le meurtre de Luc.

« Est-ce que je dois te rappeler que l’idée de le balancer dans le fleuve venait de toi et Pierre ? Et vous avez rien fait aussi. Ca vous plaisait bien même si je m’en souviens bien.
— On était bourré.
— Et ça va mieux là, non ? »

Dorian continua de foudroyer son « ami » du regard avant de retourner s’asseoir à côté de Pierre, toujours en train de trembler. Le père de ce dernier arriva énervé mais Dorian sentait qu’il se contenait en la présence des autres lycéens. Il savait qu’une fois seul à seul avec Pierre, il allait en prendre plein la gueule.
Il insista pour se faire ramener chez lui.

*

Lucas quitta Matthieu dans une dernière accolade, le laissant seul. Le jeune adolescent se retrouvait désormais face à ses remords et aux images de cette soirée, destinées à être gravées dans sa mémoire pour la vie. Il s’allongea sur le banc et perdit son regard dans les étoiles. Il n’était pas à fond dans la religion, mais il espérait qu’au moins, Luc serait dans un monde meilleur. Ce serait au moins la seule bonne chose qui ressortirait de toute cette horreur. Une bonne chose pour se rassurer.

« Matt ?
— Esther ? »

Matthieu se rassit en voyant s’approcher sa petite-amie. Il dut faire un effort considérable pour pouvoir la regarder dans les yeux. Il était déjà malade à l’idée de lui mentir.

« T’es trempé ?
— Ah ? Heu… Ouais. Ça, c’est… Disons qu’après tout le truc avec Grégoire, on est allé se détendre un peu les nerfs dans le parc. On est allé… un peu plus loin que prévu, et Pierre était bourré. Il est tombé dans le fleuve, alors Lucas, moi et Dorian, on a dû l’en sortir.
— Bourré ? Dans le fleuve ? Décidemment, tu fréquentes vraiment des abrutis. Je suppose que c’est lui qui a apporté l’alcool.
— Je pense que ce sera pas la peine de lui coller un savon. Son père doit déjà s’en occuper maintenant.
— Ouais… Bref. Esteban va héberger Grégoire le temps qu’il se remette. Il est complètement assommé. On est revenu pour prendre Luc, mais personne sait où il est.
— J’croyais qu’il était avec vous. Non ? »

Matthieu eut l’impression de recevoir un coup de marteau dans le cœur lorsqu’Esther avait prononcé le nom de Luc. L’anxiété le faisait trembler, mais heureusement pour lui, il pouvait mettre ça sur le compte de ses vêtements humides. Face à sa réponse, Esther poussa un long soupir.

« Je lui avais promis qu’on le ramènerait… Et il n’avait vraiment pas l’air dans son assiette… Grâce à ton pote.
— T’inquiète, j’ai bien remis les pendules à l’heure avec Lucas, mentit-il de nouveau.
— Le problème, c’est qu’Esteban doit vite rentrer aussi, mais j’ai pas envie de laisser Luc tout seul ici. Et mes parents vont être furax à l’idée que je les réveille pour qu’ils me ramènent.
— Et si son père l’avait pris ? Vu que tout le monde semblait torché, peut-être que son père a répondu à l’appel du lycée.
— J’ai des doutes… Mais bon, le père de Luc peut parfois surprendre. Je vais aller voir la vie scolaire, peut-être qu’ils vont me confirmer qu’il est bien parti. Sinon, toi ?
— Ma mère est déjà en route. Et je pense pas qu’Esteban voudra de moi dans sa voiture. »

Matthieu devinait qu’elle voulait l’inviter chez elle. Si seulement cette soirée n’était qu’un horrible cauchemar, peut-être aurait-il appelé sa mère pour qu’elle fasse demi-tour, quitte à se faire enguirlander, pour qu’il puisse profiter d’un moment avec sa petite-amie.
Il se leva et prit Esther dans ses bras avant de lui donner un baiser d’au-revoir. Jamais il n’aurait cru que ce serait aussi difficile.

HelpingFR HelpingFR
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Niveau 25
16 novembre 2016 à 15:27:45

*

Luc ne put détacher les yeux du petit couple. Son assassin enlaçait et embrassait Esther comme si de rien n’était.
Matthieu et ses amis l’avaient privé de tout. Ils lui avaient volé la paix, la dignité, l’amour et la vie. Il se sentait prêt à exploser.
Les poings serrés, il se jeta sur Matthieu et essaya de lui asséner le plus de coups. Hélas, ses mains traversaient la chair de l’adolescent. Il n’existait pas. Il n’était plus vivant. Il n’appartenait plus à ce plan d’existence, et sa colère ne faisait qu’accroître encore et encore. Les insultes commençaient à fuser et il espérait au moins que quelqu’un l’entendrait. Sa rage atteint son paroxysme lorsqu’il finit à genoux pour pousser un cri. Les larmes ne tardèrent pas à couler.
Esther se dirigeait désormais vers la vie scolaire. Il espérait qu’elle découvrirait que quelque chose clochait. Il se disait qu’elle ne pouvait pas l’abandonner.

« Esther, je t’en prie, aide-moi. Je t’en prie, aide moi ! »

Esther continuait d’avancer, ignorant Luc. Il savait qu’elle ne l’entendrait pas. Tout comme il ne pouvait pas la toucher. Esther passa la porte vitrée de la vie scolaire pour faire face à Sabrina Sinclair, la surveillante en chef de l’établissement.

« Madame Sinclair, je viens voir pour m’assurer que Luc est parti. Vous l’avez vu ?
— Ah non. Mais on a sans doute dû appeler son père. S’il est pas là, c’est qu’il a dû le prendre, répondit la pionne en triant quelques papiers.
— Ok, merci… Disons qu’il avait pas l’air bien quand je l’ai laissé… Je m’inquiète peut-être trop. »

Esther resta plantée là, l’air gênée. Comme si elle attendait quelque chose. Elle salua finalement la surveillante et retourna dehors. Luc continuait de la suivre.

« Attend, attend, tu peux pas partir comme ça. Tu peux pas me laisser ici, tu peux pas croire que mon père soit passé ! »

Luc avait beau insister, Esther demeurait sourde. Elle repassa devant Matthieu mais prit ses distances en voyant Vanessa avec lui. Il aurait juré entendre une insulte siffler à travers les dents de son amie.
Ils arrivèrent tous les deux aux grilles qui donnaient sur le parking. Luc décida de suivre Esther et Esteban… Peut-être qu’il trouverait un moyen de leur parler ou autre chose.
Puis il percuta violemment une surface dure. Il tomba sur les fesses, légèrement sonné. Il chercha dans toutes les directions ce qu’il venait de heurter. Peut-être une piste pour enfin toucher de nouveau le monde des vivants. Mais il n’y avait rien devant lui. Luc se releva pour rejoindre Esther qui s’enfonçait dans le champ de voiture.
Il se cogna de nouveau en essayant de la rattraper.

« Bordel ? Me dis pas que… »

Luc vérifia en tendant les mains. Ses paumes s’étalèrent sur une surface dure et invisible. L’effroi lui montait au cerveau, le glaçant sur le coup. Il fit quelques pas de côtés, tout en continuant de tâter le mur invisible. Il le touchait toujours. Luc paniqua, il se mit à cogner le rempart invisible.

« Esther ! Au secours ! Je suis coincé, il faut que tu m’aide ! »

Le son d’un moteur qui s’allumait mit fin à tout espoir. Il vit les phares d’une voiture éclairer une partie du parking et ne put que regarder ses deux amis partir. Il se sentait totalement vidé de toute émotion. Il ne pouvait rien faire.
Luc se raccrocha aussitôt à un maigre espoir. Il posa une main sur le mur invisible et entreprit de faire tout le tour, à la recherche d’une faille, d’une sortie, d’un vide. Il fit le tour de la clôture de l’établissement, passa devant le gymnase, les cours de basket et de foot, puis le terrain destiné à la construction d’un nouveau lycée. Il fut arrêté là par un autre mur. Luc poussa un soupir de désespoir et le suivit. Il alla jusqu’à s’enfoncer dans la forêt. La nature continuait de chanter, à coups de grillons, de hiboux et de vent. Luc s’arrêta devant le fleuve. L’eau noire lui rappela subitement les images de sa mort, mais le mur continuait au-delà. Et puis bon, que pouvait-il lui arriver ? Ce n’était pas comme s’il pouvait se noyer de nouveau, si ?
Il fit un premier pas et s’attendit à sentir l’eau froide lui mordre la cheville.
Rien du tout. Son pied était posé sur la surface de l’eau. Quelques vaguelettes traversaient sa chaussure mais Luc ne ressentait rien. Il continua sa marche. Un troisième mur lui barra la route près de l’autre rive du fleuve. Il le longea à son tour, mais il était certain qu’un quatrième et dernier mur l’attendait au bout. Il essaya d’ignorer sa tombe, mais la simple vision de la branche posée par Vanessa l’ulcérait. Il aurait bien envie de la briser, de l’arracher du sol, et de l’envoyer dans l’eau. Mais ce serait vain. Il continua sa route et croisa le quatrième mur. Luc se mordit la lèvre, sans qu’aucune douleur ne se manifeste. Il ignorait pourquoi il se retenait de hurler à la mort et de courir dans tous les sens tel un dément. Luc retourna dans la forêt, désespéré. Il n’avait aucune idée de ce qu’il était censé faire.
Même dans la mort, il devait faire face à l’impuissance. Toute sa vie n’avait été rythmée que par son incapacité à répondre aux attaques des autres, à riposter à leurs claques humiliantes, à avouer ses sentiments.
Même dans la mort, il serait prisonnier de l’école.
Il erra au milieu des arbres lorsqu’il entendit un bourdonnement. Il regarda partout à la recherche de la source du son. Mais rien ne sortait de l’ordinaire. Pourtant, c’était si proche… Il crut entendre subitement une voix féminine, indistincte. Luc crut un instant avoir halluciné, mais la voix retentit de nouveau, et cette fois, il crut déceler des mots. Il ne les comprenait pas.

« Qui est là ? » lança-t-il dans l’ombre.

Aucune réponse. Le grésillement continua, puis Luc fut frappé par une évidence… La voix ne venait pas des alentours… Elle résonnait dans sa tête. Luc paniqua à cette idée et aussitôt, le bourdonnement s’atténua. Il n’entendit plus la voix.
Le fantôme se retrouva désemparé. La peur commençait à l’envahir. Puis il entendit des sanglots. Et ces sons ne venaient pas de sa tête. Luc se rapprocha des lamentations et traversa un buisson. Il découvrit une cavité dans le sol.
Il hésita longuement avant de décider de s’y engouffrer.

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
16 novembre 2016 à 16:03:30

la gravité de la situation.

Puis juste après :

l’angoisse de la situation

C’est répétitif :hap:

— Non, personne ira en prison. On va faire ce qu’il faut.

— Je vais aller voir dans la petite cabane, là, s’il y a des pelles. On va l’enterrer. »

Qui parle ?

petite cabane faîte d’un bois vieux,

D’un vieux bois

Les lycéens adoraient concocter des histoires sordides à son sujet pour effrayer les nouveaux ou les collégiens. Et cette nuit, une histoire sordide s’écrivait, et il en était l’un des personnages principaux.

Génial ça :bave:

Luc regardait ses meurtriers creuser une tombe de fortune. Lucas et Matthieu extirpaient la terre sans s’arrêter, devant leurs quatre camarades qui s’étaient arrêtés, les yeux vides pointés vers le trou qu’ils creusaient.

Il y a deux fois le verbe « creuser ». Arrête la phrase à trou, ça sera bien :oui:

Le fait de n’être entouré que par les ordures qui l’avait tourmenté pendant des années l’ulcérait. Et le fait d’être enterré par ces derniers faisait bouillonner une rage qu’il parvenait à contenir sans savoir comment.

Le fait de … le fait de ça… ça fait un peu liste de courses

Il s’approcha de Vanessa dont les yeux et les narines lubrifiaient le bas de son visage

On repart dans les images sexuelles ? :hap:

Lucas et Matthieu s’appliquèrent pour aplatir la terre en la tapotant avec les pelles. Un long soupir s’échappa de la bouche de Matthieu, dont la respiration s’alourdissait.

Mattieu x2

— Tu vas t’empoisonner avec ces merdes, Mel.

Qui parle ?

Dorian, Pierre, Lucas et Matthieu attendaient dans la cour du collège. Ils s’étaient assis sur deux bancs au centre de la cour du collège.

Cour du collège x2

il faut que tu m’aide !

M’aides*

J’aime bien la façon dont Luc considère Matthieu, alors que ce dernier est pas du tout comme lui le pense. Pourquoi tu as remplacé le nom de Quentin par Dorian ?

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
16 novembre 2016 à 16:37:34

Merci pour la note coquille, je vais aller corriger ça :noel:
Pour Quentin transformé en Dorian, je m'en rappelle plus :rire: Je sais pas si il y avait une raison spécifique en fait :noel:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
17 novembre 2016 à 18:18:44

J'use trop de la voix passive ? :noel:
Tu peux me noter des exemples car j'ai pas vraiment l'impression d'avoir fait de la voix passive jusque là :(

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
17 novembre 2016 à 18:57:02

Bah je vais peut être dire une connerie, mais la voix passive ça peut être pertinent, vu que Luc observe sans rien pouvoir faire ce qu'il s'y passe :hap:

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