= Ceux qui savent =
Bonjour bonjour !
Je suis actuellement en train d'écrire une série de nouvelle de science fiction. Tout se passe dans un monde purement fictif, voici un petit résumé pour les curieux !

• Dans un monde dystopique où la norme fait loi et où la société semble parfaite, Isaac fait face à la plus grande épreuve de sa vie : le doute. Dans sa quête pour la Vérité, il cherche à accéder au palier zéro, à faire partie de Ceux qui savent.

Voila voila, pour ceux qui seront encore plus curieux, voici la première nouvelle, fin du rapport n°4 !

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[suite du rapport n°4]

- Alors, comment ça s’est passé?

Je m’en rappelle, à ce moment-là, j’avais pas du tout envie d’en parler. A quoi bon d’ailleurs? Les aiguilles tournaient, les minutes passaient, les années volaient et je n’avais toujours pas réussi à y parvenir en 300 mois d’existence. De toute façon, la honte me ravageait à mesure que mes espoirs s’estompaient. Je me disais alors que faire partie de ces gens-là était peut-être impossible pour moi...
Non, non, même à cette époque, ça n’avait aucun sens. Petits, on nous répétait qu’ils étaient les piliers de la société, qu’ils étaient différents etc… J’en étais déjà sûr, j’étais et je suis différent, mais je n’y arrivais pas.
J’avais tout tenté, réellement tout tenté jusqu’à mon entretien d’embauche.
(Alors il s’agit d’un moment crucial. Si vous étudiez ce bouquin, voila mon petit conseil en tant qu’auteur : surlignez! L’autobiographie doit déjà être à la 150ème page mais c’est réellement à partir d’ici que c’est important.)

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- Parlez-moi de vous.

Un grand classique. Après tout, je m’attendais à quoi? La pièce était légèrement éclairée par une lampe. Puis rien d’autre qu’un bureau sobre, deux hommes et un destin en jeu.

- Isaac, êtes-vous toujours avec moi?
- Heu, oui oui bien sûr. Moi? C’est simple, j’ai juste toujours voulu faire partie des autres, ceux qu’on voit à la télé, dans les journaux, dans les livres d’histoires, dans la rue, dans les cimet…
- Très bien, très bien. Déjà, vous êtes direct et sincère.
- Oui, monsieur, conformément à la loi n°427, tout individu vivant de race humaine se doit sincérité, honnêteté à toute substance, être vivant ou entité de palier supérieur.
- Bien.
- D’autre part, je pense avoir les qualifications requises pour passer au “Palier zéro”.

Silence. Fin de phrase. Point d’orgue. Fin du morceau. Plus rien.

- C’était donc ça. Le “palier zéro”? Vous voulez rire ?

Pff, lui aussi. Être abject condescendant. Pourriture.

- Non, monsieur.
- ”Le palier zéro”, les “paliers de la société” comme s’amusent à dire les journalistes, “ceux qui savent”... C’est au moins à quatre paliers au dessus de vous. Oui, ici c’est un bureau pour demande sérieuse de mise à niveau de palier. Vous croyez que l’on peut permettre dans une société parfaite des passages d’un palier, peut-être un ou deux, au palier zéro? Maintenant veuillez sortir et cesser de me faire perdre mo…
- Article n° 2 de la réforme du Maintien de l'Harmonie des Nations Punies, soit le MHNP. Tout être vivant peut être soumis au test du “palier zéro”, palier indépendant du genre, du milieu social, de la religion, de l'intérêt politique et j’en passe. Et puis après, il y a tout un blabla et pour finir, “il s’agit d’un droit universel”.
- Pour qui te prends-tu, morveux? Tu utilises des mots qui n’existent même plus ! “Religion, intêret poli-quelque chose”.
- Et? Cet article a beau être vieux comme le monde, il est valable. Le palier zéro est le plus important de notre société. Respectés, admirés, les autres, les héros, ceux qui savent… Êtes-vous sûr de ne pas faire une erreur de jugement?
- Voilà maintenant 10 ans que le dernier palier zéro a été cédé.
- Mais je peux toujours tenter le coup!
- Ah oui? SÉCURITÉ!

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Un entretien purement inutile, un nom qui s’ajoutait à la liste de mes pires ennemis, un jour qui s’ajoutait à la liste de mes pires journées...bref.

- Alors comment ça c’est passé? Isaac?

Non, le pire dans tout cela, c’était la situation dans laquelle j’étais juste après. Devoir tenir une conversation avec elle. Alors oui, devoir civique, tout ça, tout ça, mais …

- Isaac, tu sais, je trouve que tu ne fais réellement aucun effort dans la relation. Investis-toi un peu! Alloo??

Alors oui, je l’avoue, il y a quelque années encore de cela, l’autre genre me fascinait. Avec les cours d’éducation sexuelle de sixième, on nous expliquait comment les hormones fonctionnaient, le voyage des spermatozoïdes etc… Et bam, encore un nouvelle règle et un article: un apprentissage par coeur.

Article n°1487 : tout individu du genre masculin ou féminin se doit d’effectuer un succès reproductif en dépit de toute préférence sexuelle. Ce succès ne doit en aucun cas être effectué plus d’une fois et tout individu sera soumis à de lourdes punitions pour tout usage de quelconque contraception.

Voila, ma leçon est terminée! Bon, il faut savoir qu’à chaque fois, on enseigne des versions plus “simples” des lois, articles et règles. Vous-mêmes, lecteurs, devriez avoir en tête une version sensiblement identique. Mais ...oui, cet article me dérange particulièrement . Parce qu’on est alors sélectionnés par binôme à notre majorité et on se voit attribuer le partenaire sexuel. Tout un système assez complexe, il paraît. Alors après, Marion est fort sympathique. Heureusement.

- Isaac, tu sais bien que la date approche et qu’il serait préférable que l’on se connaisse au moins un minimum avant de procréer. Nous sommes censés travailler en coopération là! Oublie tes rêves de palier zéro et fais des efforts.
- Mais...toi, ça ne te dérange pas?
- De quoi, de collaborer? Non, il est écrit dans l’article …
- Oui, qu’on doit tous collaborer pour une meilleure harmonie. Je voulais pas vraiment dire ça mais tant pis.

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Ah oui tiens, tant que j’y pense. Bon, le texte s’écrit avec la reconnaissance vocale donc vous m’excuserez quand je change de sujet, mais maintenant que j’y pense, c’était justement à cette période que j’avais commencé à m’intéresser au sens de la MHNP. J’avais fait quelques recherches dessus. Alors à part le fait que c’était une blague un peu ratée en référence à des sociétés vieilles comme le monde qui s’étaient auto-proclamés “Nations Unies” ou je ne sais quelle bizarrerie, j’arrivais à la conclusion que tous les articles que l’on apprenait étaient arrivés du jour en lendemain. Raisonnement idiot pour un homme qui l’était encore plus.
Enfin bon, je crois que le dîner s’est alors terminé sur quelques remarques sur le beau temps et adios !

Donc voila, ça c’était il y a un mois maintenant… Rohh, vraiment, je comprends toujours pas pourquoi je dois raconter ma vie dans ce micro. Il me reste 20 jours à traiter et la procédure qui consiste à devoir écrire sur toute sa vie pour passer au palier zéro sera terminée. J’espère que vous êtes content? Si j’avais su qu’il fallait raconter sa vie, j’aurais écrit un journal bien avant, moi ! Ce petit travail d’introspection est certes très intéressant mais… si ce n’est que de la procédure, on pourrait la passer, non?
...J’oublie que je suis seul à parler...
Ainsi, très cher lecteur, rdv à la page suivante pour un nouveau jour du grand Isaac !

[Fin du rapport n°4]

Voila voila, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! Je posterai dans ce topic les nouvelles au fur et à mesure !

Salut ! J'ai immédiatement cliqué quand j'ai vu le tag [SF] étant moi même un fan du genre.

Bref, on va procéder point par point de ce qui m'a plu à ce qui m'a le moins plu.

- C'est super smooth, on dirait que le personnage existe réellement à la manière dont Isaac parle, il est naturel et ne fait pas de tournures de phrases stupides (choses qui me dérangent dans la plus part des livres que je lis)
- L'univers à l'air intéressant, mais tu nous laisses sur notre faim, on veut en savoir plus !! Beaucoup plus !! Ici, je pense que c'est le format qui est à blamer: si il fait un journal, il n'a aucune raison d'expliquer des choses qui sont normalement logiques et connues de tous dans son univers, pourtant c'est exactement ce que le lecteur veut savoir ! Faudra essayer de lui faire expliquer des trucs sans le rendre moins naturel.

Bon, je vais commencer à parler de choses qui m'ont déplu (bien que le texte ait été très intéressant)

- On est totalement perdu dans les deux premiers paragraphes, on ne comprends pas ce qui se passe et c'est très vague. Je ne sais pas si c'est voulu mais bon, une fois de plus tu me laisse sur ma soif d'information.
(C EST QUOI LE PUTAIN DE PALIER ZERO ??)
- Je trouve que c'est un peu trop inspiré du meilleur des mondes de Huxley, mais genre c'est à peine caché. Que tu connaisses ou pas l'oeuvre, tout les amateurs de science fiction l'ont lu et vont trouver trop de ressemblances, je te propose d'essayer de t'en détacher le plus possible tout en gardant tes idées.

C'était cool sinon. Essaye de ne pas nous laisser sur notre faim et ça devrait le faire !

Le 17 juillet 2016 à 23:28:10 luffreezer a écrit :
Salut ! J'ai immédiatement cliqué quand j'ai vu le tag [SF] étant moi même un fan du genre.

Bref, on va procéder point par point de ce qui m'a plu à ce qui m'a le moins plu.

- C'est super smooth, on dirait que le personnage existe réellement à la manière dont Isaac parle, il est naturel et ne fait pas de tournures de phrases stupides (choses qui me dérangent dans la plus part des livres que je lis)
- L'univers à l'air intéressant, mais tu nous laisses sur notre faim, on veut en savoir plus !! Beaucoup plus !! Ici, je pense que c'est le format qui est à blamer: si il fait un journal, il n'a aucune raison d'expliquer des choses qui sont normalement logiques et connues de tous dans son univers, pourtant c'est exactement ce que le lecteur veut savoir ! Faudra essayer de lui faire expliquer des trucs sans le rendre moins naturel.

Bon, je vais commencer à parler de choses qui m'ont déplu (bien que le texte ait été très intéressant)

- On est totalement perdu dans les deux premiers paragraphes, on ne comprends pas ce qui se passe et c'est très vague. Je ne sais pas si c'est voulu mais bon, une fois de plus tu me laisse sur ma soif d'information.
(C EST QUOI LE PUTAIN DE PALIER ZERO ??)
- Je trouve que c'est un peu trop inspiré du meilleur des mondes de Huxley, mais genre c'est à peine caché. Que tu connaisses ou pas l'oeuvre, tout les amateurs de science fiction l'ont lu et vont trouver trop de ressemblances, je te propose d'essayer de t'en détacher le plus possible tout en gardant tes idées.

C'était cool sinon. Essaye de ne pas nous laisser sur notre faim et ça devrait le faire !

Salut salut !
Déjà merci beaucoup pour ce retour et d'avoir pris le temps de lire
Je vais tenter de répondre à tes remarques ^^
D'abord, c'est assez cool que la manière avec laquelle mon personnage parle passe. C'est la première fois que j'écris des nouvelles et je ne savais pas du tout comment ça aller rendre...
Ensuite, oui il s'agit d'un journal mais qui est écrit dans des circonstances particulières, que je vais développer plus tard. Les informations viendront petit à petit et (normalement) de manière cohérente
Et le fait d'etre perdu au début est voulu, d'autant plus que le lecteur commence l'histoire au rapport n°4 et pas le premier.
Pour ce qu'il en est de Huxley, je connais mais je n'ai pas encore lu ce bouquin (et d'ailleurs il le faut). J'ai déjà eut cette remarque, et j'en suis conscient pour les deux/trois premières nouvelles ! Malheuresement, le thème que j'ai abordé va facilement susciter ce genre de ressemblances. Mais je pense que dès que la contextualisation sera terminée, on remarque moins cette ressemblance (enfin je l'espère ^^")
Voila voila, je poste très bientot la suite !

Le 17 juillet 2016 à 23:33:46 BradPriwin a écrit :
Lu !

Pour ce texte, je pense que quelques petites remarques !

Tout d'abord, le synopsis est, il faut avouer, on ne peut plus classique. La dystopie, une société où on créé des êtres parfaits, le protagonistes qui ne s'y "catégorise" pas. Evidemment, on voit que des livres style "1984" ou "Le meilleur des mondes" ont eu de l'influence. S'y inspirer n'est pas une mauvaise chose, vu que ce sont d'excellents livres. Après, le tout est de savoir innover et de bien exploiter l'univers.

Et justement, un interrogatoire est une entrée en matière classique, mais assez efficace. C'est une manière de découvrir le personnage principal, ses tourments, ainsi que de présenter l'univers par le biais d'un dialogue. Je ne suis pas trop fan des phrases non verbales qui servent de descriptions, mais c'est purement subjectif. Et ça semble bien se marier au récit.

La particularité du récit semble être le brisage du quatrième mur. Ce n'est pas souvent que l'on peut voir le narrateur s'adresser directement au lecteur. Ça peut être original, mais il faut bien exploiter, et ça, je ne pourrai juger qu'en lisant la suite. Petite remarque, je pense que les abréviations ne sont pas vraiment adéquates pour une histoire, comme le "rdv". A part ça, wait and see !

Salut salut !
Pareil, c'est super sympa d'avoir pris le temps de lire
Malheuresement, comme je l'ai dis dans le poste d'avant, les influences vont ressortir mais j'espère réussir à m'en démarquer par la suite !
Je vais aussi essayer de faire attention aux abréviations
Thanks ~

Voici la suite, avec le rapport n°5 partie 1 !

[Début du rapport n°5]

Isaac, rapport n°5, 25 ans blabla... Et on est reparti pour un nouveau jour de l’incroyable épopée de ma vie quotidienne. J’en étais où déjà?
Ah oui, la bonne blague. Le jour juste après mon “entretien”.
Comme d’habitude, après m’être levé, je pars faire mon service à la communauté en tant que membre du palier 3 dans le secteur 3. Je crois bien que ce jour-là je devais distribuer les rationnements alimentaires, nettoyer le secteur et faire de la paperasse. Dans un autre ordre.
Alors justement, quand je nettoyais le secteur avec quelques camarades du palier 3, des interrogations ont commencé à envahir mon esprit. Pourquoi nous répartir par palier? Un secteur pour un palier, ça je comprends bien, mais comment étions nous attribués à tel ou tel palier?
Un palier provisoire est attribué à chaque enfant à partir de 5 ans. Des fois, certains changent de palier, puis reviennent et repartent. A partir de 18 ans, il faut passer des entretiens, plein de papiers, des tests psychologiques, de logique, d’aptitudes sociales et j’en passe, pour savoir si on est qualifié pour le palier auquel on veut accéder. Pourtant tous les paliers ont les mêmes services à la communauté… Ils sont tous identiques! Peut-être qu’il s’agit de la nature des gens qui les composent qui diffère ...
Et une autre question me vînt alors : où est le secteur 0 attribué au palier 0? 23 paliers pour 23 secteurs dans l’agglomération D42.
Je me perdais peu à peu dans mes pensées quand la sonnerie retentit : les services étaient terminés. Je devais, aujourd’hui encore, me rendre à un restaurant lambda pour y retrouver Marion.

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-Tu n’as pas bonne mine, Isaac !
-Toi non plus !
-As-tu entendu la nouvelle? La période de l’Harmonie a été avancée pour tous les paliers! On devait le faire la semaine prochaine et il paraîtrait qu’on la commence dès demain !
-Peut-être aurait-il était préférable de commencer par une bonne nouvelle non?
-C’est une bonne nouvelle ! J’en peux plus moi, un peu de repos me ferait du bien, tu sais!
-Repos… On en avait déjà discuté. Tu sais très bien que la période de l’Harmonie s’adapte à l’individu, on nous attribue des activités que l’on ne pourrait faire par nous-mêmes et que pour chaque personne, cette période consiste en une activité différente. Pour moi c’est tout sauf du repos…
-Ah oui? C’est vrai que tu me l’as déjà dit mais je ne t’ai jamais demandé en quoi consistait ta période de l’Harmonie?!

Merde, elle a posé la question qui fallait pas. Et… article 427, sincérité, sincérité, sincérité…

-Je t’avoue que ça dépend. Je sais que pour une certaine majorité elle dure deux à trois jours mais pour moi elle dure une semaine. J’ai eu un peu de tout, entre la journée de la Haine, la journée des Lamentations, la journée de l’Apaisement sexuel et j’en passe. Cette période me répugne un petit peu, tous les deux mois, devoir y passer, c’est malsain je trouve. En plus, tu sais bien que je ne suis pas autorisé à te dire ce que j’y fais exactement! Marion, je ne m’amuse pas du tout pendant cette période...
-Je comprends... Mais ne va pas jusqu’à dire que c’est malsain ! Cette période doit être une des innovations les plus avantageuses pour la perfection de notre société.
-Sûrement…
- Tu en doutes ?
-Qu’il s’agit d’une innovation avantageuse à notre société? Absolument pas !
-Non pas ça, est-ce que tu doute de la perfection de notre société?

Sincérité, sincérité, sincérité…

-Vois-tu, Marion…

Je m’apprêtais à commettre le tabou. Je ne sais pour quelle raison je voulais lui dire, mais je ne pouvais plus garder mes pensées en place.

-...je n’ai jamais pensé…

J’allais dire quelque chose de dangereux. Je ne sais même pas pourquoi je n'étais pas déjà en prison d’ailleurs. Normalement, le simple fait de douter est un crime en soi. Et puis le nombre de fois que je me suis retenu de le dire, je n’en pouvais plus.

-...que notre société…

Mais je ne suis ni brave, ni courageux, ni insouciant. A cet instant précis, je regrettais déjà. Mais les mots continuaient à sortir malgré ma peur et ma tentative d’inhibition de ces paroles.
Il était trop tard.

-...soit…

-Monsieur Isaac, individu n° M31M10CD42?

Quatre figures encapuchonnées se trouvaient debout, encerclant ma chaise au restaurant lambda. Vêtus de noir, ils portaient une longue veste sur laquelle apparaissait la lettre P au niveau du coeur et une ceinture entourait leur taille, mettant en valeur une arme à feu.
La police.

- Suivez-nous.

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J’étais sauvé...de Marion. Sinon je savais que j’allais en prison. Et les services à la communauté vont aussi être plus nombreux. Et surtout : adieu palier 0.
J’étais littéralement escorté par la police. Après avoir pénétré la gare ferroviaire, je m’attendais à rejoindre le poste de police du secteur 3 quand les hommes changèrent de direction. Un train arrivait, je montais dedans.
Pas bon signe. Ce train avait pour destination le secteur R.

-Isaac, vous vous demandez actuellement pourquoi le secteur R et non la prison. C’est très simple. La procédure est en marche.
-Quelle procédure?

Pas de réponse. C’était louche. Même les agents de police étaient soumis à l’article 427. Certes, il n’est pas écrit noir sur blanc d’être obligé de répondre, mais c’était très mal vu. Ou alors il s’agissait d’une situation exceptionnelle…

-Est-ce qu’il s’agit d’une procédure pour une remise à niveau? Ou peut-être…
-Nous ne sommes pas obligés de répondre.

Ils retirèrent un à un leur capuche et des cranes métalliques apparurent. Des robots. Les habitants du secteur R.

-Dites vous que vous entamez tout simplement votre période de l’Harmonie. Un jour en avance. Vous savez pertinemment que les humains ne sont admis au secteur R que pour cette période de toute façon.
-Mais pour quelle raison dois-je faire un jour de plus?
-Nous ne sommes pas obligés de répondre... En revanche, vous êtes en droit de savoir que vous débuterez dès aujourd’hui par la journée de la Torture.

Puis, sans attendre, le rapport n°5 partie 2 !

[Suite du rapport n°5]

Je n’avais plus qu’une question en tête à ce moment là : qu’est ce que ce robot venait de me dire? De quoi il parle? Tor...ture?
A vrai dire, j’eus à peine le temps de laisser libre cours à mes pensées car lorsque le train fut à proximité du secteur R, un des robots sortit une sorte de sac et dans la seconde qui suivit, je ne voyais plus rien et me faisais diriger tel un malvoyant. Je dus marcher environ une dizaine de minutes jusqu’à que l’on me pousse violemment en avant et que j’entende une porte se refermer derrière moi...et une voix.

-Bonjour Isaac. Je suis heureux de te rencontrer.

Un coup à la tête et je m’évanouis.

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Je me réveillais, aveuglé par l’intensité des lumières dirigées vers moi et par les murs de la salle entièrement blancs. J’étais assis sur une chaise, nu. Au fur et à mesure que je regagnais mes esprits, je me rendis compte de deux choses : quelqu’un derrière moi (j’ai déjà été amené à en parler lors de mes chapitres précédents mais je répète que je ne fais pas de distinction particulière de pronom entre les humains et les robots) me tenait la tête et un objet recouvrait l’intégralité de mon cou.

-Bien dormi?

Une voix grave.

-Alors, avant que l’on ne commence, je me dois de te prévenir que ce que tu as autour du cou se nomme la fourchette de l’hérétique, jadis un instrument de torture relativement sympathique. Vois-tu, constituée d’une fourche supérieure et inférieure respectivement placées sous ton menton et au niveau du bas du cou, si tu ne tiens pas ta tête dans cette position inconfortable, l’une des deux fourches perforera ta peau. Amusant, non?

Je ne comprenais absolument rien. De nouveau, le mot torture avait été employé.

-Enfin bon. Je vais donc te demander de te lever et lorsque je lâcherai ta tête, tu devras toi-même la maintenir dans cette position. A partir de ...maintenant ! Retiens bien que tu ne pourras pas vraiment me considérer comme un ami, mais n’hésite vraiment pas à envisager notre relation comme…

Je pense que ma tête traduisait assez bien mon incompréhension. D’abord j’étais nu, seul, avec une sorte de double fourchette telle une aiguille entre la base de mon cou et mon menton. Ensuite, quels étaient ces mots ...torture, amis…?

-Monsieur, je ne comprends pas la situation. Mais je pense simplement comprendre les restrictions d’une telle condition ... ne pas éternuer?

Pause.

-HAHA ! Tu es totalement barge ! T’utilise de l’ironie même maintenant !! HAHA Isaac, on va bien s’entendre !
-Iro-nie?

Encore une pause.

-Décidément, j’avais totalement oublié. Bon, après, ça va bientôt faire dix ans mais… Isaac, j’avais oublié que tu ne savais pas encore ! Excuse moi et laisse moi reprendre du début ! Que je ne me trompe pas cette fois-ci. Isaac, tu as récemment postulé ta candidature pour le palier zéro. Ce que tu t’apprêtes à vivre se nomme la procédure : il s’agit d’une transition pour ta part et une confirmation pour la société que tu réellement digne d’appartenir à ce palier. On peut dire qu’il s’agit d’une sorte de test.
-Monsieur, je croyais … que j’allais en prison pour avoir douté de la perfection de notre société.
-Prison? Sais-tu au moins ce que c’est exactement?

Décidément, j’étais totalement perdu. C’est vrai que je me pose plein de questions mais je n’y avais jamais vraiment pensé...

-Isaac, on vous apprend des mots depuis que vous êtes gosses. On vous conditionne pour en craindre certains sans même les comprendre. Le mot “prison” en fait partie, entre autres. J’ai écouté ton entretien, tu as toi-même parlé de mots qui n’étaient plus employés aujourd’hui. Tu sais pertinemment que notre langage a subi des changements conséquents lorsque la MHNP est apparue : des mots ont été supprimés, des mots créées, des mots oubliés. Il s'agit d'une diachronie très simple. Et puis, on vous bombarde rapidement ce genre de contes lorsque vous êtes à l'école.

J’écoutais la voix, rigide, me tenant le plus droit possible. C’est alors qu’il se plaça devant moi. Un homme se trouvait devant moi. Enfin, un homme, quelque chose ayant l’apparence d’un homme. Dans le secteur R se trouve de nombreux cyborgs ou robots avec des apparences qui nous empêchent de les distinguer des vrais humains. Je ne pouvais donc en aucun cas être sûr de la véritable nature de mon interlocuteur.

-Donc, pour revenir à notre sujet, la procédure est indispensable. Elle sera longue et je ne vais pas te révéler toutes les étapes, bien évidemment. Tu vas apprendre par toi-même les règles, en commençant par…

Il sortit alors un bâton de son dos et me frappa au ventre d’une force modérée. Mais le réflexe physiologique imposa à mon corps une autre douleur : je voulus me tenir le ventre et me baisser de douleur mais je ressentis immédiatement la fourche supérieure appuyer sur ma gorge. En un instant, je me redressais et reprenais ma position initiale.

-... laisser ta rationalité de côté. J’aurai le temps de développer plus tard, mais tu as choisi d’intégrer le palier zéro, et plus rien ne te permettra de distinguer le vrai du faux, le réel de l’imaginaire, le savoir de la folie, toi de moi, ton coeur de notre société parfaite. Tu vas perdre tous tes repères et en construire, avec mon aide, de nouveaux. Tu auras les réponses à toutes tes questions. Encore une fois, les réponses que je vais t’apporter pourront être vraies comme fausses, tu devras juger par toi-même.

Et il réutilisa son bâton plusieurs fois, sans prévenir.

-Je vais t’apprendre de nouveaux anciens mots. Je vais t’expliquer le fonctionnement de notre société parfaite, te faire découvrir les secrets de la MHNP petit à petit. Et puis… Isaac, combien de coups de bâtons as-tu reçu?
-Je-je ne sais pas, monsieur.
-Concentre toi, Isaac !

Et de nouveau le bâton, maintenant avec une intensité plus appuyée.

-Je vais t’apprendre à faire de plus en plus attention aux détails, à te rendre pleinement conscient dans toutes les situations que tu vivras. Laisse moi réfléchir. Quelle va être ta première leçon...si, deux choses pour aujourd’hui.

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Il posa alors son bâton par terre et retira la double fourche qui meurtrissait mon cou. Il fit signe de s’asseoir et se mit à tourner autour de moi.

-Maintien de l’Harmonie… perfection… période de l’Harmonie. Isaac, il s’agit d’un équilibre. D’une balance. C’est simple, prenons l’exemple de la période de l’Harmonie : l’Homme a des besoins. La société sait ce dont la population a besoin, et cela de façon individuelle. Je ne te dis pas encore comment, tu le sauras peut-être dans quelques jours. Bref, il faut donc expier quotidiennement dans le but d’avoir un équilibre à l’échelle de l’individu. Il se sentira mieux, les institutions du secteur R auront permis de soulager des manques à l’aide de journées personnalisées et la société sera un peu plus parfaite. Des remarques?

Mon cerveau s’activait petit à petit, comme un éveil dans un environnement totalement nouveau, celui des explications.

-Je crois comprendre. Jusqu’à maintenant, j’ai eu des journées relativement désagréables, comparé à Marion : pour exemple, elle aurait elle une sorte de Journée de repos de temps en temps parce qu’elle a besoin de se reposer avant tout? Je pense comprendre la recherche d’équilibre, mais pourquoi m’attribuer des journées de la Haine, des Lamentations et maintenant, une journée de Torture? Et puis quel est le lien entre équilibre et palier zéro?
-Qu’est-ce que la torture? Très bonne question, et il s’agit par ailleurs de la deuxième partie du cours d’aujourd’hui ! Prends des notes, mon enfant !

Il se positionna devant moi, prit un bout de papier de sa poche et se mit à lire.

-Cette définition date d’il y a très longtemps. Quand je dis longtemps, j’entends par là l’époque où nos ancêtres avaient encore besoin de repères temporels, où ils dénombraient les années. Pour cette définition, on est donc en 1984 après Jésus-Christ, donc 1984 années après ce repère qui est Jésus. Et d’ailleurs, du temps où on parlait encore des “Nations-Unies”, comme tu avais eu vent brièvement lors de tes recherches. Je sais que tout s’enchaîne brusquement mais tu t’habitueras, écoute simplement :

« Le terme “torture” désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit, lorsqu’une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce terme ne s’étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles. »

Tu as vu? Intéressant, n’est-ce pas? Aujourd’hui ne sera pas la seule fois où nous parlerons de torture ni d’ailleurs la seule fois où nous la pratiquerons. D’ailleurs, je ne cherche rien de toi… finalement je ne torture même pas! Ah la blague. Enfin bon, tu sauras de plus en plus grâce à mes enseignements. Dans ce domaine, on va parler de torture physique, des euphémismes portés sur la torture psychologique ou “torture propre”, les vieilles théories telles que DDD, la stratégie d’Alice, les expériences, la…

Il parlait de plus en plus vite, comme obnubilé par ses propres paroles, par son propre savoir. Et lorsqu’il s’aperçut qu’il commençait à perdre mon attention, il se calma, et reprit.

-La séance d’aujourd’hui va bientôt se terminer, mais tu vas enchaîner avec la journée de la Haine. Je veux que tu retiennes d’aujourd’hui comment nous avons tenté d’élaborer les prémices de notre relation.

Il s’interrompit, eut l’air de réfléchir, et reprit d’une voix douce.

-Isaac, je serai ton tortionnaire, mais aussi ton thérapeute d’une certaine manière. Je serai aussi ton plus grand ami, ton futur savoir et finalement...je serai toi.

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J’étais toujours nu lorsqu’un robot vint me chercher dans la salle blanche pour m’emmener dans une des salles voisines. J’avais mal. Les coups que m’avait porté...lui, qu’Il m’avait porté étaient douloureux. J’étais désorienté. Perdu.
Je rentrais dans la salle. Je me rappelle que je n’avais pas l’esprit pour les détails et je ne regardais même pas autour de moi. La porte venait de se fermer derrière moi. Devant, un robot à l’apparence humaine. Une apparence banale.
J’étais enragé. J’avais mal. Journée de la Haine, ça je connaissais, je l’avais fait tant de fois. Il y avait de tout par terre ; des bâtons, des couteaux, des marteaux, des haches… Je savais comment les utiliser, je les ai tous essayés, de nombreuses fois. Je les ai tous maîtrisés dans le but d’imploser la barbarie en moi. Je sentais mon coeur battre de plus en plus vite, mon souffle s’écourter, ma vision se troubler, mes pensées s'emmêler, mes désirs se révolter, ma haine se réveiller. Je prenais une arme au hasard. Ce qu’Il avait dit en dernier me revînt à l’esprit.

“La torture est aussi un très bon générateur de haine pour certaine personnes”.

Oui.

Je me mis alors à réduire en pièces le robot et laisser libre cours à la haine en moi.

[Fin du rapport n°5]