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Sujet : [One-shot] Trou noir

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Glauck_N_Roll Glauck_N_Roll
MP
Niveau 10
09 juin 2016 à 20:50:03

Salut la communauté :-)

Un petit one-shot "réaliste" (je ne saurais définir exactement des écrits qui parlent de la vie de tous les jours autrement que par ce terme) et qui pourrait vraisemblablement être inclus dans une nouvelle future. L'idée du post est ici d'avoir des avis extérieurs notamment sur la concordance des temps ou plus globalement la structure du récit. Bien évidemment, un avis sur le fond est également le bienvenu même si bon, la trivialité de la thématique ne soulèvera certainement pas de hauts débats philosophiques, encore que... N'hésitez pas à y aller franco. Bonne (ou pas) lecture !

___

Vincent ouvre les yeux d’un coup et, presque aussi brutalement, les referme aussitôt. La morsure de la lumière irradie sa pupille et fait redoubler les coups de massue à ses tempes. Une douleur sourde, atroce. Il se réveille de très loin, le corps ankylosé et l’esprit amorphe. Il a une telle pâteuse qu’il pourrait mastiquer sa bave et en faire des bulles mais il s’abstient, le goût étant bien plus proche de la charogne en décomposition que de la chlorophylle mentholée, l’exercice risque de ne pas être agréable. Il entre-ouvre à peine une paupière crispée et fait passer l’œil gauche le long de l’interstice pour analyser son environnement. Le lieu et le lit sont inconnus, a priori. Le mur blanc en face ne lui évoque rien de plus qu’un mur blanc, et le parquet au sol rien de plus qu’un parquet au sol. Ses observations sont toutefois à remettre en perspective : il a la tronche en vrac d’un lendemain de cuite monumentale, si monumentale qu’il serait incapable d’additionner le prix d’un croissant et d’un chausson aux pommes sans calculette ou de se servir d’une calculette. Comme chacun sait, un cerveau dans cet état n’est pas apte à réfléchir, penser ou théoriser ; c’est un trou noir pour les photons de la pensée. Il ferme donc l’interstice de son œil gauche, se met sur le ventre et s’emmitoufle sous le drap.

Alors qu’il frotte ses yeux douloureux et engourdis, son coude heurte une forme caractéristique, tout près de lui. Une vallée tendue à la courbure douce, ferme au toucher et délicate au maintien. Une hanche. Féminine. En tout cas, Vincent l’espère. Quitte à vivre une expérience homosexuelle, autant s’en souvenir. Et là, c’est le silence absolu, du vide sans fin dans un écho mort. Il cherche donc à recouper les maigres infos dont il dispose : un mur blanc, du parquet et une hanche… féminine ? Il tend la main droite et la pose délicatement sur la hanche, puis la passe dans le creux des reins et remonte le long de la colonne vertébrale, jusqu’au milieu du dos, avant de la retirer pour se frotter à nouveau la paupière. De toute évidence, c’est bien une hanche féminine. Au pire du pire, une femme-à-bite, se dit-il en haussant les épaules. A ne pas confondre avec une femme à bites, une femme tout court en fait, n’en déplaise à certains.

_ Où je suis, encore ?, grogne-t-il d’une voix rauque.

A peine finit-il de poser la question qu’il réalise sa boulette. Il n’est pas encore sorti du pieu, n’a toujours pas bu de café ni de verre d’eau liprane, ni même émergé un tant soit peu de la mélasse de ses non-souvenirs, et il compte vraiment entamer une conversation avec la propriétaire de la hanche ? Qui plus est une conversation qui commence par « je me souviens de rien, désolé » ? Non, décidemment non. Pendant quelques secondes, il prie l’Univers pour ne pas que la propriétaire de la hanche réponde à la question. Rien. Soulagé, il fouille sa mémoire à la recherche du temps perdu, en espérant bien trouver une madeleine. Le dernier souvenir remonte quelque part entre la deuxième et troisième bière, c’est-à-dire un quart d’heure après le début de la soirée. Le reste n’est qu’un fouillis de quelques flashes et demies sensations, de verres qui se penchent et de couleurs qui s’emmêlent. Puis la chronologie des événements devient chaotique et il ne reste plus que les verres, sans les couleurs. Puis plus rien, le trou noir. Sans madeleine.

La hanche féminine se met alors à bouger avant de s’immobiliser à nouveau, un peu plus proche de Vincent, qui se met alors à paniquer de façon immobile en adoptant la technique bien connue de la chèvre qui se raidit au danger et tombe sur un flanc tétanisé. Elle ne va pas tarder à se réveiller et parler à tous les coups, et il allait être obligé de ne rien comprendre et faire répéter à tous les coups. La propriétaire de la hanche, pas la chèvre. Malgré son atermoiement béat imbibé d’alcool digéré aux effluves capiteux, Vincent est certain de deux choses à propos de hier soir : il a beaucoup trop bu, et il n’a pas pris de drogue qui fait parler les chèvres. Il continue d’attendre, les yeux fermés, mais la hanche ne daigne plus bouger.

La communication au saut du lit est difficile pour Vincent. Premièrement, il a le sommeil lourd et le réveil hagard, parfois grincheux, c’est-à-dire qu’il ne fait aucun effort pour entretenir ou chercher à comprendre la moindre conversation avant d’être caféiné puis douché. Parfois, il envoie juste bouler d’un grognement agacé. C’est évidemment pire un lendemain de cuite, et les réveils y sont plus souvent dotés de la caractéristique grincheux, donc il envoie plus souvent bouler d’un grognement agacé. Secondement, il est relativement sourd. Sur l’échelle de surdité pot/lynx agréée par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Vincent est clairement plus proche du pot que du lynx. Il a à peu près l’ouïe d’un ouvrier de cinquante ans qui en a bossé quinze près des broyeurs et concasseurs avant de rejoindre l’entrepôt d’expédition. Une conversation seul à seul avec du silence autour, ça va. Une conversation à plusieurs avec du bruit ambiant, c’est un mot sur deux. Une conversation un lendemain de cuite, c’est pas la peine.

Pour éviter d’en arriver à ce stade fatidique, il fallait agir.

Vincent se force à émerger en agitant ses neurones éteints, puis il plisse, ouvre et écarquille plusieurs fois les yeux pour en retirer le ciment. Il y a presque des graviers qui tombe de ses paupières et cils, mais il n’y prête pas attention. Il frotte à nouveau chaque œil avec le dos de la main correspondante puis se débarrasse du drap jusqu’aux épaules. La hanche féminine bouge à nouveau alors Vincent refait à nouveau la chèvre. S’il tient tant que ça à ne pas la réveiller, il faudrait peut-être arrêter de gigoter comme un demeuré ou poser des questions idiotes, non ? Mais fausse alerte, toujours rien. La propriétaire de la hanche doit avoir le sommeil encore plus lourd que celui de Vincent, ou elle est encore plus cuitée que lui. Il se lève délicatement sur ses bras et décide d’identifier plus avant le corps endormi lourd et cuité. Ça pourrait être un bon point de départ. Entre ses sourcils froncés d’inconfort, il découvre des monts et des vallées tout à fait ravissants et une masse emmêlée de cheveux ébène. Inutile de s’attarder davantage. Certains faits sont parfois si évidents que la conclusion en devient cristalline. Dans le cas présent et devant de telles courbes, avoir un trou noir est clairement frustrant. Vincent ressent une désagréable amertume et se maudit en hochant la tête, puis finit de se lever aussi doucement que possible en évitant les gestes trop brusques. Pour être certain de rester concentré et mobilisé sur cette épreuve vitale de discrétion nécessaire, il se répète alors en boucle, tel un mantra hypnotique :

Si elle se réveille, t’es mort. Si elle se réveille, t’es mort. Si elle se réveille, t’es mort.

Vincent imagine que sous le drap ne se cache pas un corps féminin mais des nœuds de cobras royaux, ou un ours affamé en hibernation au choix, et sa survie dépend donc de sa capacité à fuir les lieux sans rameuter le quartier ni agiter les bestiaux. Il se glisse hors du lit et pose une plante feutrée sur le parquet en prenant soin de ne pas écraser un lego, une planche à clous ou tout autre objet susceptible de lui arracher un cri.

Si elle se réveille, t’es mort.

Assis au bord du matelas, il passe un regard circulaire sur la chambre pour repérer ses vêtements et constate en outre que la nuit a été agitée. Il y a beaucoup de capotes sur le sol, beaucoup trop, visqueuses et informes, posées çà et là en artefacts évidents du passé proche telle la traînée luisante qui renseigne sur la trajectoire de l’escargot. Il en compte au moins cinq, de capotes et pas d’escargot, puis hausse les sourcils et se masse la joue droite d’un air dubitatif. Etant parfaitement au courant de ses capacités d’endurance et de rappel, Vincent remarque qu’il y en a au moins deux de trop. Il déglutit, inspire-expire et contracte son sphincter à plusieurs reprises : ni douleur particulière ni gêne d’aucune sorte. Ce n’est pas à ce niveau qu’il trouvera une réponse à son mystère.

Dans le capharnaüm, Vincent note pêle-mêle des cadavres de bières renversés, un fond de bouteille de Jack près de la tête de lit, des livres ouverts tranche vers le plafond, des tas d’habits roulés en boule, une paire de menottes à la fourrure fuchsia, un pot de Nutella et deux godes, dont l’un est si monstrueux que Vincent ne peut s’empêcher de grimacer. Il saisit la bouteille de Jack sur le sol, en boit une rasade et regarde à nouveau la chambre. Au vu du bordel, une bombe aurait explosé dans la chambre que ça aurait donné le même résultat. Il se tourne et regarde le corps toujours endormi près de lui. Explosif localisé, chef, envoyez les artificiers. Vincent soupire puis pose la bouteille de bourbon et se masse les tempes. Il se lève ensuite sur ses pieds et se dirige vers les boules d’habits qui semblent lui appartenir.

Si elle se réveille, t’es mort.

Il questionne un instant le pot de Nutella - de la pourlèche gastronomique sûrement - puis les deux godes. Le premier est rouge translucide et le second noir laqué ; le premier est d’une taille raisonnable de type plug, le second… Disons qu’en posant un pied à côté, Vincent a l’impression de marcher près d’un python adulte bourré de stéroïdes Monsanto et résident à Tchernobyl depuis les années 90. A peu près. Comment un tel truc peut décemment rentrer dans la moindre muqueuse ? De toute évidence, le corps humain possède des ressources insoupçonnées. Il donnerait cher pour avoir la reconstitution des évènements menant à une telle scène de crime, et impliquant l’emploi de telles armes du crime. Tout simplement hallucinant. Il se maudit à nouveau, particulièrement la mémoire défectueuse, puis se penche et ramasse son boxer qu’il enfile sans bruit.

Si elle se réveille, t’es mort.

Vincent envisage une dernière fois le corps féminin endormi puis se dirige hors de la chambre, son jean, t-shirt et chaussettes roulés en boule sous le bras. Il passe la porte puis la referme délicatement du coude, sans la claquer.

Il sait pertinemment que s’échapper de cette façon n’est pas chevaleresque, mais il sait tout aussi pertinemment qu’il s’en bat les couilles. Il ne va pas attendre que la princesse se réveille pour l’éconduire dans les règles, après une conversation gênée de sourires crispés et un baiser poisseux aux haleines fétides. Tout ça pourquoi ? Pour donner l’impression d’être un mec bien ? C’est quoi un mec bien, d’abord ? Sa petite expérience des coups d’un soir lui a permis d’apprendre une chose fondamentale à ce propos : après une nuit de débauche sous le signe de l’alcool, la princesse préfère généralement se réveiller dans un appartement désert. Dans le cas contraire, trois possibilités.

« Ah tu es encore là ?... Ah, parce que, bah il se trouve que je dois aller à mon cours de… euh, dressage de pélicans, ça commence dans dix minutes et c’est à l’autre bout de la ville. C’est pas que je veux te mettre à la porte mais… »
« T’es qui toi, déjà ? », ou sa variante « Putain… Oh putain de merde, faut vraiment, vraiment, que j’arrête de picoler moi… »
« Hmmm… C’est quand même pas mal que les mecs se réveillent toujours avec la gaule… »

Bien que l’une des trois possibilités soit clairement plus intéressante que les deux autres, l’expression « coup d’un soir » prend tout son sens. Sinon, on aurait appelé ça « coup d’un soir et conversation-petit-déj du matin ». Au final, le coup d’un soir n’est pas tant un roman d’amour qui est en train de s’écrire qu’une nouvelle de cul qui attend d’être éditée. La nouvelle éditée intègre éventuellement un recueil et au recueil succède éventuellement le roman, d’amour ou noir, parfois policier, très souvent les trois. C’est de cette façon que s’écrient les histoires d’aujourd’hui. En tout cas, c’est ce que Vincent pense, peut-être pour se déculpabiliser.

La plupart de ses nouvelles avait conduit à un recueil mais le recueil, lui, n’avait que rarement conduit à un roman. Quant à la nouvelle d’aujourd’hui, que Vincent ne se souvient même pas d’avoir écrit, il y a fort à parier pour que ça ne conduise sur rien de plus. Et vu les objets présents sur la scène de crime, objets qui laissent envisager de ludiques possibilités, c’est très regrettable. Vincent soupire.

Putain de trou noir.

--crazymarty-- --crazymarty--
MP
Niveau 10
10 juin 2016 à 09:17:45

Lu.

Peu à dire. Sur le plan technique, ça m'a l'air relativement propre. Pas de soucis dans la concordance des temps.
Sur le fond, un petit OS sympathique qui ne se prend pas trop au sérieux et laisse filtrer un humour simple et efficace.

Glauck_N_Roll Glauck_N_Roll
MP
Niveau 10
10 juin 2016 à 18:18:09

Merci pour le retour marty :-)

J'ignore si le fait de n'avoir que peu de choses à dire est bon signe ou pas par contre, maintenant c'est vrai que cet OS est très éloigné en substance comme en forme de ce que tu sembles écrire habituellement (et que je n'ai pas commenté, notamment parce que moi aussi, je n'aurais que peu de choses à dire :-p ).

AdAeternam AdAeternam
MP
Niveau 10
11 juin 2016 à 00:34:18

Ça se lit sans trop d'anicroches, j'ai noté ce qui me semblait être un mauvais emploi du verbe envisager, mais à part c'est propre, et ça arrache quelque sourires.

Bref, j'aurais du mal à partir dans des effusions, mais j'ai trouvé que c'était un bon texte.

appiodici_bis appiodici_bis
MP
Niveau 28
25 juin 2016 à 03:47:09

Coucou tu as beau dire que c'est un sujet peu philosophique pour moi il l'est énormément... Je n'ai jamais connu ca étant donné que j'ai toujours été sérieux dans mes relations. As-tu déjà vécu ça ?

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