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Sujet : [Nouvelle] Épiphanie

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PIeinair PIeinair
MP
Niveau 47
28 avril 2016 à 16:17:53

A vrai dire je sais pas vraiment si ça se catégorise dans nouvelle, essai ou autre. :desole:

___________________________________________________

J'étais jeune. Je les regardais vivre, saisir l'instant, trouver le bonheur dans les choses simples, sans penser, jamais. On leur avait dit, dès les premières années, et ils n'avaient pas écouté, trop occupés à vivre. Ils n'étaient pourtant pas sourds. Avec le recul, je me dis que c'est l'instinct. On entend, mais on s'efforce de ne pas prêter attention. On sait que ce n'est pas bon. On remet à plus tard.

Je les ai observés ainsi pendant 10 ans, 20 ans, et c'est là que ça a commencé. La mort s'est décidée à venir les chercher, un par un. Une mère malade, un oncle trop vieux. Ils sont partis les uns après les autres, parfois sans prévenir, laissant les vivants dévastés. J'ai vu ces derniers accuser le ciel, demander des comptes. Je les ai vus s'étonner et parler d'injustice. Le ciel n'a pas répondu. Un grand silence, comme un reproche. Ils se sont souvenu de toutes les fois où ils n'ont pas voulu entendre parler de la mort. Ils savent qu'ils n'ont pas le droit de s'étonner, ils savent qu'ils ont refusé de s'y préparer et que leur indignation est hypocrite. Mais quel choix leur reste-t-il ? Ils l'ont ignorée tout au long de leur vie, peuvent-ils, maintenant qu'elle frappe de plus en plus près, commencer à l'accepter ? Certainement pas. Alors ils lèvent les mains au ciel, cherchent un salut.

J'ai voulu m'y prendre très tôt. J'ai cru mieux faire. À peine arrivé à l'âge de parler, j'ai voulu comprendre ce que c'était de mourir. Regards génés, sourires crispés, changements de sujets. Personne ne comptait me le dire, ni même chercher avec moi. Je voulais comprendre, me préparer, j'ai donc décidé d'y penser. Grosse erreur. J'y ai suffisamment pensé pour être serein. Après tout, ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Et puis on ne sait pas ce qu'il y a après, pourquoi avoir peur de l'inconnu ? À force de penser, j'ai cru échapper à la mort. Foutaises.

La vérité, c'est que rien ne change. On meurt quand même. Confortablement assis dans un fauteuil, regardant l'acteur s'écrouler sur les planches, on peut relativiser, on a le temps, on est bien. On peut se dire que tout le monde y passe, que ce n'est rien. On peut discuter avec sa voisine, lui demander ce qu'elle en pense, si c'est pareil qu'au théâtre. Mais lorsqu'on meurt, voyez-vous, on ne pense pas. Il y a plus urgent. On cherche de l'air. Si j'avais vraiment voulu comprendre ce que c'était, je n'aurais pas du penser. J'aurais du suffoquer. On ne peut faire l'expérience de cet instant qu'une fois. Pas de répétition. On est jeté sur scène, d'un instant à l'autre. D'abord on fait partie de ce public qu'est l'humanité, on observe les autres y passer d'un air narquois, on s'imagine, et d'un coup vient notre tour. On voit le monde dans l'autre sens. Les projecteurs braqués sur notre visage, on distingue dans le public celle qui était notre voisine, on aperçoit notre fauteuil vide, on sait qu'il ne nous appartient plus. L'émotion nous submerge, le trac monte en flèche, fait un nœud dans notre poitrine. On bégaye, on titube, et on chute.

Ça a commencé avec une jolie journée d'été durant les vacances. La plage, les amis. Le soleil de plomb, la peau bronzée, un peu d'argent dans les poches et du sable d'or. Il y a les rires, il y a les regards attrapés au vol, qui trahissent une dispute dissimulée mais encore vive entre les deux amants du groupe. Il n'y a pas de signes. C'est important. On ment à ce sujet, dans les livres, dans les films. On s'y coupe un doigt en guise de mauvais présage. on y brise une photo de famille, on y reçoit un avertissement, un mauvais pressentiment. Il n'y a rien de ce genre. Une journée comme les autres, peut-être même un peu meilleure, comme pour renforcer l'horreur. La véritable horreur se trouve dans la surprise. Ce n'est pas quelque chose qui dure. C'est un instant. D'abord le bonheur, ensuite la mort. Quand on bascule de l'un vers l'autre, l'horreur, en une seconde. Plus la situation initiale est positive, plus l'horreur engendrée par contraste est grande.

Vient donc le moment de la baignade. Le meilleur ami décide de faire une sieste au soleil, le couple décide de s'expliquer ou bien de se réconcilier à l'écart, au coin d'une dune.
On s'éloigne du bord, seul, on ne se doute de rien. Ça fonctionne par étapes. D'abord il y a cette vague un peu trop insistante, qui nous signale qu'il faut penser à faire demi-tour. On se croit encore sauf à cet instant, on ne se rend pas compte que ça a commencé. La deuxième vague frappe, et la plage semble s'éloigner. La fatigue accumulée se fait sentir, l'inquiétude fait son apparition. Il est encore possible de retourner en arrière à ce moment-là, la peur est présente, le danger devient réel, mais on pense encore que tout va bien se terminer. Pourquoi devrait-il en être autrement ?

Les situations dangereuses s'enchaînent dans une vie, on sait qu'il y a des risques, on envisage le pire, mais le pire n'arrive jamais. C'est par essence l'expérience la plus unique qui soit. Prenez un homme qui se balancerait sur une corde tendue entre deux montagnes toute sa vie, il pourrait envisager le danger, la mort à chaque pas, il ne serait jamais prêt. Lorsque la chute fatale viendra, ce sera la première, comme la dernière. Lorsqu'il la vivra, seulement lorsqu'il la vivra, il en comprendra l'horreur. Seulement à ce moment-là, il comprendra que chuter était possible. On ne comprend qu'à la fin. On croit savoir avant, on sait qu'on ne savait pas pendant, on disparaît ensuite. Ne pensez pas pouvoir envisager la mort. Je me suis menti toute ma vie, j'ai cru la saisir, j'ai cru la comprendre. Impossible. De l'orgueil, rien de plus.

Mais revenons-en à la noyade. La mer vous repousse, chaque vague devient assassine. Les vagues ne vous haïssent pas. Elles vous tuent, comme si de rien n'était, elles vous tuent comme elles vous ont porté, sans la moindre considération pour votre existence. Vous voulez appeler à l'aide, de l'eau salée emplit votre gorge, vos mouvements deviennent désordonnés. Vous rêvez encore de rejoindre une rive qui se fait de moins en moins accessible. La mort attend sous la surface, elle est présente tout autour, mais l'espoir est toujours là. La peur pousse à agir, par instinct, car il y a encore une chance. Vous ne pensez pas, vous penserez plus tard, une fois sur la rive. Chaque seconde est cruciale, chaque geste compte, vous redevenez animal, les muscles de tout votre corps sont concentrés dans un même effort pour la survie.

Ce qu'est vraiment la mort, c'est ce qui vient après. Quand il n'y a plus d'espoir. Il existe cet instant, ce court instant, durant lequel la conscience est toujours là alors que le corps est condamné. La mort se trouve ici. L'instant d'avant, on est animal, plus vivant que jamais. Celui d'après, le néant. Entre les deux, l'épiphanie. Je n'ai pas vu ma vie défiler devant mes yeux dans mes derniers instants, je l'ai simplement comprise. En un instant, j'ai réalisé l'étendue de ma vanité.

C'est un moment impitoyable, celui durant lequel vous quittez la surface, poumons remplis d'eau. Celui durant lequel vous êtes étendu au sol, le corps disloqué, à plusieurs dizaines de mètres de l'impact des deux véhicules. Celui durant lequel vous voyez vos entrailles s'étaler sur le bitume, s'échappant d'une plaie mortelle au bas-ventre. Vous essayez d'un geste naïf de les retenir de vos deux mains, et soudainement, pour la première fois, vous réalisez que vous n'étiez qu'un corps. Pendant tout ce temps. Du sang, des poumons, des tripes, un peu d'orgueil et d'ignorance pour lier le tout. Plein de choses glissantes, qui auraient pu lâcher n'importe quand. Une horloge rouillée, une bombe à retardement.Vous n'étiez qu'un corps, sale et fragile. Vous étiez éphémère. Vous l'avez peut-être pensé, vous l'avez peut-être lu, vous ne l'avez pas senti.

Le monde tout autour continue d'être. Le soleil brille, les amoureux s'étreignent, les nuages glissent paisiblement. Les curieux vous regardent baigner dans votre sang, l'empathie dans le regard. Ils appellent les secours. Déjà vous n'êtes plus du même monde. Ils plaignent votre douleur, mais ne partagent pas votre sort. Ils ne comprennent pas, car ils ne meurent pas. Sur la rive, vos amis font de grands signes en pleurant. Il y en a un qui se jette à l'eau. Ils sont déjà loin. Si vous n'aviez pas si peur, si votre voix portait encore, vous vous moqueriez d'eux et de leur ignorance. Vous leur diriez ce que c'est, vous leur crieriez que c'est pire que tout.

Vous êtes immensément seul. Rien d'autre que vous ne s'écroule. Ils retourneront à leur vie, ils pleureront, aimeront, ils mangeront, dormiront. Il y aura d'autres disputes pour eux, d'autres réconciliations, d'autres vacances. Le soleil se lèvera à nouveau, les saisons continueront leur course. Dans tout l'univers, pas une seule planète ne cessera de tourner, pas la moindre galaxie ne s'éteindra en signe de deuil. Vous êtes sur le point de vous arrêter, et tout continue. Vous maudissez le monde, car vous le voyez de l'extérieur pour la seule fois de votre misérable existence. Vous le maudissez car il ne dépendait pas de vous, l'amas de tripes, le poumon mouillé. Vous n'étiez pas nécessaire. Vous n'étiez pas éternel. Vous n'étiez pas Dieu.

Peut-être pensez-vous en être conscients. Attendez donc que le rideau tombe.

--crazymarty-- --crazymarty--
MP
Niveau 10
30 avril 2016 à 11:22:14

Je suis étonné.
Étonné qu'il n'y ait pas eu de commentaires, étonné que tu ne te sois pas manifesté pour faire signe.
Étonné, et un peu triste.

Parce que le texte m'a donné le vertige.

D'aucuns trouveront cela pompeux, le thème de la mort et la petite morale facile qui cyniquement se gausse de la condition humaine, méconsciente de sa propre fin. Méconsciente, car pas totalement folle, comme si un fil tirait tout en coulisse, sentiment de malaise, sentiment de vertige.
Le style est bon, très bon même. Fluide, peut-être un peu trop, en tout cas bien raccord avec le thème. Un choix judicieux de vocabulaire et un rythme qui colle à la seconde près. Du bon travail.
Je suis tellement sur le cul que je ne sais pas quoi dire de négatif, ou d'arrangeable... Cette morale ? Oui, peut-être sur un autre texte, t'éviter la corvée de nous balancer ton ressenti d'auteur pour nous fixer sur le protagoniste avec encore plus d'élégance et de cruauté. Et encore, je ne suis même pas sûr.

Bref, une belle découverte, toi, tu mérite bien une épingle pour le weekend, même si ça va râler :noel: .

PIeinair PIeinair
MP
Niveau 47
30 avril 2016 à 13:03:43

ah ben tiens, moi qui me demandais si j'allais être lu aujourd'hui :rire:

merci beaucoup de ton ressenti, ça fait chaud au coeur. C'est vrai que je prends souvent ce raccourci qui consiste à confondre en grande partie mes idées et celles de mon personnage, c'est là où je suis le plus à l'aise, faudrait que je voie ce que ça donne en essayant d'écrire quelqu'un que j'invente, que je ne connais pas ou peu, et qui ne peut pas se permettre de faire seulement mes commentaires.

Et on m'a déjà reproché le côté pompeux et moralisateur en plus, comme ça je suis fixé, je sais sur quoi travailler

je m'en suis déjà un peu servi en prenant à contrepied mon propre avis après les premiers paragraphes mais même par la suite ça donne sûrement encore une impression un peu dérangeante

Je te remercie en tout cas

Message édité le 30 avril 2016 à 13:06:27 par PIeinair
ggiot ggiot
MP
Niveau 10
30 avril 2016 à 14:39:10

J'ai lu aussi.

En effet, bon texte, rien à dire question style (et je t'assure que de ma part ça souligne quelque chose ^^), c'est fluide et rythmé, bravo. Tu as passé beaucoup de temps dessus ou ton écriture t'es facile ?

"Ça a commencé avec une jolie journée d'été durant les vacances. La plage, les amis. Le soleil de plomb, la peau bronzée, un peu d'argent dans les poches et du sable d'or."

Juste bien joué :bravo: !

"On s'éloigne du bord, seul, on ne se doute de rien. Ça fonctionne par étapes. D'abord il y a cette vague un peu trop insistante, qui nous signale qu'il faut penser à faire demi-tour. On se croit encore sauf à cet instant, on ne se rend pas compte que ça a commencé. La deuxième vague frappe, et la plage semble s'éloigner. La fatigue accumulée se fait sentir, l'inquiétude fait son apparition. Il est encore possible de retourner en arrière à ce moment-là, la peur est présente, le danger devient réel, mais on pense encore que tout va bien se terminer. Pourquoi devrait-il en être autrement ?"

C'est bien fait, j'ai vraiment eu la pression, surtout que la noyade est surement l'une des morts les plus effrayantes qui soient (pour moi en tout cas). En plus dans ton cas ça marche très bien, parce qu'on sait qu'à la plage ça peut arriver, ça ne survient pas tous les jours heureusement, mais la mort nous semble peut-être plus proche, plus commune. Au départ, j'avais cependant pensé à l'hydrocution, parce que c'est fatal et en même temps idiot, sans raison aucune... mais peut-être qu'il n'y aurait pas eu la même pertinence sur le personnage, la noyade est plus symbolique d'un être tué par sa vanité.

"Mais revenons-en à la noyade."

La violence de cette phrase :ouch: !

"Le monde tout autour continue d'être. Le soleil brille, les amoureux s'étreignent, les nuages glissent paisiblement."

C'est aussi une vision que je partage, cette petitesse de l'Homme dans un environnement qui n'est anthropocentrique. C'est glaçant. Se dire que la beauté existe malgré la suprématie d'une notion telle que la mort, brrr...

Après sur le fond, il est vrai que c'est un peu facile de dire "vous ne savez pas ce qu'est la mort". Oui, ce n'est pas prendre de gros risque :hap:.

Parce qu'après tout, pourquoi cet instant de transition ne serait-il pas euphorisant ? Je suis bien sûr qu'on peut trouver des témoignages de ce genre, où les victimes décrivent des sensations d'harmonie et de paix au moment de leur passage raté.

Je suis Crazy dans son appréciation du personnage, qui pourrait-être plus mis en avant. Ton raisonnement en serait je pense plus impactant sur le lecteur si tu lui laissais imaginer ta morale. Ai confiance en ton lecteur !

Merci pour ce texte :) !

PIeinair PIeinair
MP
Niveau 47
30 avril 2016 à 16:56:49

Tu as passé beaucoup de temps dessus ou ton écriture t'es facile ?

généralement j'écris en une fois ou deux, je relis immédiatement et je soumets à la lecture de quelqu'un
seulement après j'ai des envies de modifier
du coup celle-ci je l'ai écrite d'une traite, j'ai attendu le lendemain pour la relire et changer ce qui me paraissait pas naturel. Puis une autre pause et une autre lecture
jusqu'à ce que ça me paraisse à peu près fluide
du coup là il y a eu pas mal de modifications en 2 ou 3 jours

Parce qu'après tout, pourquoi cet instant de transition ne serait-il pas euphorisant ? Je suis bien sûr qu'on peut trouver des témoignages de ce genre, où les victimes décrivent des sensations d'harmonie et de paix au moment de leur passage raté.

Oui certainement, après le problème c'est que selon les témoignages tu trouveras des choses qui se contredisent

le but c'est pas tellement de dire "ça se passe comme ça et pas autrement", de faire une synthèse objective, c'est totalement basé sur mon ressenti et j'en fais un personnage qui lui l'a vécu et qui peut se permettre de parler de la mort telle qu'il l'a connue
à vrai dire je m'intéresse pas mal aux rêves lucides et j'ai pu faire deux trois rêves de mort plus intenses qu'à l'habitude, du coup ça m'a amusé et je me suis demandé si le ressenti irl ne pouvait pas en être proche

Ta façon de t'exprimer, de manier la langue française, m'a un peu fait penser à Jacques Brel et Boris Vian. T'en es-tu inspiré où alors tu as juste un style qui leur ressemble ? :)

J'imagine que j'ai un style qui leur ressemble, en tout cas j'ai écrit comme ça venait
C'est drôle que tu voies du Vian là-dedans parce qu'une de mes dernières lectures est l'écume des jours, alors est-ce que sans le savoir j'ai récupéré des choses dedans? peut-être

Après ici c'est vrai que j'écris une sorte de témoignage, c'est propice à l'oralité, ça me laisse une certaine liberté

Je sais pas si l'impression sera la même si j'écris ne serait-ce qu'à la 3ème personne et en essayant de raconter une histoire dans le détail, de vraiment poser un décor, sans penser à haute voix

ça risque d'être déjà moins naturel pour moi

Negatum- Negatum-
MP
Niveau 10
02 mai 2016 à 00:48:18

Alors, j'ai lu, et c'est d'un très bon niveau. J'ai un peu de mal normalement avec les textes un peu sentencieux, du genre "je vais vous expliquer la vie", mais la thématique est tellement forte que là ça passe.

Parler de la mort est très compliqué, parce qu'on ne sait pas ce qui se passe après , et que parler de rien, eh bien c'est dur,. (Negatum Tiret, le 2 mai 2015, publié dans Aphorismes IV) Le texte repose donc sur trois piliers pour "solidifier" le néant autour: d'abord, tu rappelles qu'on la cache, et ensuite, tu soulignes son omniprésence dans la vie de tout les jours. Et tu illustres ça avec un exemple concret, la noyade.

A mon sens, les points les plus faibles du textes (qui restent bon, juste un peu plus faible que le reste) sont finalement quand tu t'éloignes de cette perplexité physique de la mort pour revenir à des choses plus intellectualisées, du style "les planètes continueront de tourner, tout le monde va s'en foutre". C'est pas faux, bien entendu, mais ça fait partie des choses qu'on entend tellement souvent que ça a perdu toute matière. Il aurait peut-être fallut trouver d'autres métaphores pour l'exprimer.

Pour l'exemple, je pense qu'il aurait fallut plus détailler et peut-être moins appuyer sur le coté "critique sociale" (le couple, les amis, tout ça). Ca rend le personnage victime misanthrope et distant. C'est aussi à mon sens une erreur de parler d'un accident de la route au milieu de la noyade: laisses nous nous concentrer sur une seule image abominable à la fois pour un impact maximum.

FatuiteR FatuiteR
MP
Niveau 10
02 mai 2016 à 11:11:09

ah, la blague finale, l'absurde totale, la mort qui me prend !
... Pardon.

J'ai adoré. L'expérience lancinante de la fin, qui essaie d'englober ce moment du basculement de la vie à la mort, dans sa particularité (ici une noyade) mais aussi dans sa globalité (les autres fins, dans l'échelle des existences), ça parle, évidemment, c'est le sujet le plus universel qui soit. C'est un texte qui est très généreux, au niveau des images utilisés notamment (la comparaison avec la scène est particulièrement adaptée et même si c'est une image que j'ai déjà vu utilisé dans ce contexte, ça ne me pose pas de problème de la revoir). ça donne au texte un côté fouillis, qui est exactement ce qu'un texte traitant de la mort doit être. En fait, ce texte m'a fait l'effet d'une mise en récit de l'essai "La mort" de Jankélévitch, où tu exemplifies tout ce qu'il déduit (ou plutôt affirme, avec une grande intelligence) de cette expérience. Alors, j'avoue que, parfois, j'ai trouvé quelques maladresses dans la gestion de tout ces éléments. Par exemple : "Mais revenons-en à la noyade." La transition m'a fait grincé des dents parce tu traites de la noyade, puis tu vas sur un discours global, pour revenir sur la noyade avec cette phrase.
Une autre petit note, je ne sais pas comment qualifier cela, c'est sur le "on" utilisé beaucoup dans la première partie du texte. J'en reviens à Jankélévitch, qui disait quelque chose de très puissant à ce sujet : "On ne meurt pas. Je meurs", l'idée étant qu'on ne peut pas faire l'expérience de la mort collectivement, ou par autrui, c'est une expérience purement individuelle, qu'on ne fait qu'au dernier moment (d'où découle un certain solipsisme, même). On retrouve cette idée de la solitude face à la mort, notamment quand tu rappelles que, pour les amis du narrateur, la vie continue. Mais, de un, c'est mêlé à l'idée de la petitesse de la fin d'un individu dans la grande échelle cosmique, et, de deux, j'aurais aimé une reprise quasi tel quel de l'expression "On ne meurt pas. Je meurs", ou en tout cas, quelque chose qui reviendrait sur cette surutilisation du "on" dans la première partie.

Mais malgré ça, texte incroyable, chapeau bas.

Homm Homm
MP
Niveau 14
07 juin 2016 à 14:56:19

C'est un bon texte, qui m'a malgré tout mitigé sur quelques points (que je vais d'abord élucider avant de passer au meilleur).

Le texte a un côté inégal légèrement déplaisant. D'un côté il y a des passages percutants, percutants par leur brièveté et leur message. De l'autre, certains passages semblent forcer, ils souffrent d'un lyrisme médiocre qui ne s'assume pas (entend par là que tu écris des phrases courtes / brèves / qui s’enchaînent bien et paradoxalement certains passages forcent le trait sur le lyrisme et on dirait que tu en fais des tonnes). Après ça c'est parce que je suis pas fan des élucubrations philosophiques en littérature, mais le style s'y prête forcément alors quelque part c'est probablement un ressenti personnel et pas totalement objectif.

Bon à part ça, il y a beaucoup plus de positif à dire c'est indéniable.

Déjà dans la forme, outre les faiblesses qui me sont apparues et que j'ai évoqué ci-dessus, c'est impeccable, il y a de bons enchaînements, des sonorités agréables parfois et tu t'autorises même le luxe de caler des figures de style assez classe, notamment cette jolie métaphore filée au début.

Pour le fond, c'est un thème assez classique, universel pour ne pas dire, puissamment traité, sans être larmoyant... juste fataliste, et terriblement réel. Malgré une emphase que j'ai trouvé parfois un peu foirée, il y a une certaine puissance dans le propos, une puissance et une simplicité propre au destin qui nous est réserve, à tous.

Les autres ont relevé des choses que je pense également alors inutile de m'attarder à dire ce qui a pu être relevé : ton texte est bon, bien écrit, j'ai bien aimé et je suis curieux de voir ce que tu as à proposer dans d'autres registres

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