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Sujet : [Nouv.] Septentrion

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nobuli33 nobuli33
MP
Niveau 5
18 octobre 2015 à 02:11:10

[Mise en ambiance musicale. Cliquez si vous le voulez.]

---

Les arbres étaient immenses, dans cette région. De gigantesques pins, fermement enracinés dans la terre gelée et recouverte de neige, et s’élançant vers le ciel comme autant de piliers. Leurs cimes étaient indistinctes, perdues dans le brouillard matinal qui formait une grande voute grise sur la forêt. De lourds flocons tombaient continuellement, et donnaient un caractère presque mystique à l’ensemble. Rustin ferma les yeux, et leva la tête, inspirant longuement l’air glacé.

« Tu n’as pas froid ? »

Il rouvrit les yeux, et fixa la femme qui lui parlait, sa voix étouffée par l’écharpe lui couvrant la bouche. Elle tremblait, recroquevillé près du maigre feu de camp qu’il avait allumé. « Bien moins que toi, visiblement. » D’un bond, il descendit du tronc sur lequel il se tenait, et se rapprocha du feu.

« C’est horrible. J’ai l’impression de mourir à petit feu.
- C’est le cas. Si tu ne te réchauffe pas, tu mourras de froid. »

Il l’entendit déglutir. Elle se pencha vers le feu, tentant de le raviver par son souffle. Les flammes vacillantes se reflétaient sur ses yeux ambrés, et projetaient de faibles éclats rougeoyants aux alentours.

« On doit te trouver un abri. Tu ne tiendras pas longtemps pendant une tempête de neige.
- Hé, j’ai déjà vécu des hivers rudes. T’inquiète pas trop pour moi, je peux survivre.
- Fais-moi voir tes mains, ordonna-t-il. »

Elle hésitait, rechignant sans doute à exposer sa peau au froid mordant. Il s’approcha, lui saisit les poignées et arracha d’un geste ses épais gants. Les jointures de ses doigts étaient gonflées et sombres, quelques cloques couvraient le dos de ses mains, et sa peau avait pris une teinte légèrement bleutée. Il fronça les sourcils, et elle eut un haut-le-cœur.

« Merde, c’est pire que ce que je pensais, gémit-elle tout en replaçant ses gants.
- Tu ne sais pas ce qu’est un hiver subarctique. Crois-moi, on doit te trouver un abri.
- On ne pourrait pas creuser un abri, ou quelque chose dans le genre ?
- Ne sois pas ridicule, la terre est gelée. De toute façon, on ne tiendrait pas deux semaines dans cette forêt.
- Alors on fait quoi ? On continue à marcher, jusqu’à ce qu’on gèle sur place ? On repart en arrière ?
- Reste calme, dit-il d’un ton qui se voulait rassurant. On ne peut pas retourner là-bas, et tu le sais très bien. Il n’y a rien pour nous ici non plus. Ce qu’il nous faut, c’est un endroit où passer l’hiver, au moins en partie.
- Tu connais un endroit comme ça ? »

Il sourit, et vint s’asseoir en face d’elle, de l’autre côté du feu.

« Je ne peux pas chasser pour deux, et ce feu ne t’empêchera pas de mourir de froid. Rester ici revient à se suicider de manière lente. Mais j’ai déjà voyagé dans cette région, pendant le Printemps. Il y a quelques villages, au Nord, dans les collines. Ils ont sans doute de quoi tenir un hiver.
- Des réfugiés ? Des déserteurs ?
- Non, non. Il n’y a rien de tout ça, si loin des villes. Ces gens-là habitaient ces terres bien avant le début de la guerre. Ils ont sans doute ce dont on a besoin. »

Elle hésitait, fixant pensivement les flammes tout en réajustant les fourrures lui couvrant le visage.

« Je n’sais pas, lâcha-t-elle enfin. Tu crois qu’on peut leur faire confiance ? Est-ce qu’ils voudront nous accueillir ?
- Qu’importe, dit-il, haussant les épaules. Il faut que tu comprennes que l’on n’a pas le choix. L’hiver vient à peine de commencer, et c’est notre seule chance de le passer. »

Message édité le 18 octobre 2015 à 02:12:21 par nobuli33
Juglans Juglans
MP
Niveau 7
18 octobre 2015 à 17:26:04

Pas grand-chose à dire pour l'instant, j'imagine qu'il y a une suite ?

J'aime bien ta manière d'écrire, c'est concis et plutôt épuré, c'est quelque chose que j'apprécie. Tu maîtrises bien le rapport dialogues/descriptif à mon sens.
Je sais pas si c'est volontaire mais on sait encore rien sur les personnages, j'ai hâte de savoir qui ils sont.

Autre chose, par curiosité : t'as déjà tout écrit ou tu fais au fur et à mesure ?

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
18 octobre 2015 à 17:35:23

Lu ! Alors...

"Les arbres étaient immenses, dans cette région."

J'ai cru entrevoir un problème de ponctuation chez toi, je vais essayer d'examiner ça : ici, je n'aurai pas mis de virgule, pour que ça coule mieux. On n'a pas besoin de respiration entre les deux morceaux de phrase, pour moi la virgule est inutile. Sauf si tu changes l'ordre de ta phrase : "Dans cette région, les arbres étaient immenses" (ce qui me semble plus pertinent pour commencer ton récit).

"De gigantesques pins, fermement enracinés dans la terre gelée et recouverte de neige, et s’élançant vers le ciel comme autant de piliers."

Deuxième problème, les "et", que tu utilises trop. Ici on devrait trouver : "et recouverte de neige, s'élançant...".

"Leurs cimes étaient indistinctes,"

Attention aux redondances, le verbe être est utilisé dès la 1ère phrase.

"... perdues dans le brouillard matinal qui formait une grande voute grise sur la forêt."

Il faut faire attention à l'utilisation des "qui/que" dans un texte, qui rabaissent la qualité de la lecture. Oui, je sais, c'est pénible, mais c'est vraiment moche :noel:.

"De lourds flocons tombaient continuellement, et donnaient un caractère presque mystique à l’ensemble."

De même, je trouve que la phrase sonne mal à l'oreille, et c'est surement dû à la virgule suivie du "et".

"Rustin ferma les yeux, et leva la tête, inspirant longuement l’air glacé."

Rebelote ! Je ne reviens pas dessus, tu as compris ce que je voulais dire. Relis ton texte, il y en a d'autres. J'ajoute qu'il faudrait que tu altères parfois la mélodie de tes phrases, afin que notre lecture ne se ressemble pas à chaque phrase.

"Si tu ne te réchauffe pas, tu mourras de froid."

Je me demande si cela ne serait pas mieux sans "le froid" : on a bien compris qu'elle avait froid, donc c'est inutile de le repréciser, et faire arrêter ta phrase par "mourras", accentuerais le propos. Quelque chose de plus net, comme une certitude glaçante (si j'ose dire) pour le lecteur.

"Les flammes vacillantes se reflétaient sur ses yeux ambrés,"

J'aurai aimé que tu continues sur ses yeux, cela aurait pu faire un très bon tremplin vers la condition de ces individus, et donc rapprocher le lecteur des personnages. L'image des flammes dans des yeux ambrés, c'est magnifique, il faut pousser la chose pour nous éblouir.

"Elle hésitait, rechignant sans doute à exposer sa peau au froid mordant."

Problème de temps : je pense qu'il serait plus pertinent de mettre "elle hésita" (passé simple donc), puisque c'est sur l'instant qu'elle hésite, et non sur une durée continue (imparfait).

J'aimerais aussi dire que pour moi, elle hésite parce qu'elle a peur de la réaction de son interlocuteur, et non parce qu'elle a peur du froid extérieur (il s'y connait plus qu'elle : s'il lui dit d'enlever ses gants, c'est pour une bonne raison). En temps que lecteur, on sent une tension entre les deux persos, il faudrait que tu ailles dans ce sens (à moins que tu ne souhaites aucune tension évidemment).

"arracha d’un geste ses épais gants"

:d) "ses gants épais".

"- Reste calme, dit-il d’un ton qui se voulait rassurant. "

Encore une fois, leur relation se brouille : pourquoi veut-il ici être rassurant envers cette femme qui ne lui semble pas proche (tout à l'heure il lui a dit cash qu'elle crèverait si elle faisait pas attention) ?

"Rester ici revient à se suicider de manière lente."

:d) "se suicider lentement ?" ; ou alors tu peux reformuler ta pharse en un truc du genre : "revient à te laisser mourir"...

"Il faut que tu comprennes que l’on n’a pas le choix. "

:d) "qu'on a pas le choix", on est à l'oral ici, c'est peut être plus immersif ainsi.

Je trouve l'ambiance accrocheuse et les personnages plutôt bien campés, malgré cette relation que tu maltraites parfois. Sinon, des erreurs de ponctuation, de redondances et un manque de rythme dans la lecture.

Une suite ? Moi je suis près à te lire, ça m'a plu. J'ai envie d'en savoir plus sur ce monde, sur ces persos et leur histoire.

nobuli33 nobuli33
MP
Niveau 5
18 octobre 2015 à 23:02:40

Merci pour les critiques, j'apprécie énormément.

Le 18 octobre 2015 à 17:26:04 Juglans a écrit :
Pas grand-chose à dire pour l'instant, j'imagine qu'il y a une suite ?

J'aime bien ta manière d'écrire, c'est concis et plutôt épuré, c'est quelque chose que j'apprécie. Tu maîtrises bien le rapport dialogues/descriptif à mon sens.
Je sais pas si c'est volontaire mais on sait encore rien sur les personnages, j'ai hâte de savoir qui ils sont.

Autre chose, par curiosité : t'as déjà tout écrit ou tu fais au fur et à mesure ?

J'ai remarqué avoir tendance à bloquer en écrivant des textes complexes (avec de nombreux personnages, des univers détaillés, etc.), donc je tente quelque chose de plus simple, plus brut et plus fluide, avec un univers suggéré et des personnages gardant leur passé pour eux. S'il fallait comparer ce que je veux avec un film, ça serait Valhalla Rising, avec son côté presque mystique et l'omniprésence de la nature.

Et oui, y'aura une suite, mais j'ai juste les grandes lignes en tête pour l'instant. Ça se précise à mesure que j'écris.

Le 18 octobre 2015 à 17:35:23 ggiot a écrit :
Lu ! Alors...

"Les arbres étaient immenses, dans cette région."

J'ai cru entrevoir un problème de ponctuation chez toi, je vais essayer d'examiner ça : ici, je n'aurai pas mis de virgule, pour que ça coule mieux. On n'a pas besoin de respiration entre les deux morceaux de phrase, pour moi la virgule est inutile. Sauf si tu changes l'ordre de ta phrase : "Dans cette région, les arbres étaient immenses" (ce qui me semble plus pertinent pour commencer ton récit).

"De gigantesques pins, fermement enracinés dans la terre gelée et recouverte de neige, et s’élançant vers le ciel comme autant de piliers."

Deuxième problème, les "et", que tu utilises trop. Ici on devrait trouver : "et recouverte de neige, s'élançant...".

"Leurs cimes étaient indistinctes,"

Attention aux redondances, le verbe être est utilisé dès la 1ère phrase.

"... perdues dans le brouillard matinal qui formait une grande voute grise sur la forêt."

Il faut faire attention à l'utilisation des "qui/que" dans un texte, qui rabaissent la qualité de la lecture. Oui, je sais, c'est pénible, mais c'est vraiment moche :noel:.

"De lourds flocons tombaient continuellement, et donnaient un caractère presque mystique à l’ensemble."

De même, je trouve que la phrase sonne mal à l'oreille, et c'est surement dû à la virgule suivie du "et".

"Rustin ferma les yeux, et leva la tête, inspirant longuement l’air glacé."

Rebelote ! Je ne reviens pas dessus, tu as compris ce que je voulais dire. Relis ton texte, il y en a d'autres. J'ajoute qu'il faudrait que tu altères parfois la mélodie de tes phrases, afin que notre lecture ne se ressemble pas à chaque phrase.

"Si tu ne te réchauffe pas, tu mourras de froid."

Je me demande si cela ne serait pas mieux sans "le froid" : on a bien compris qu'elle avait froid, donc c'est inutile de le repréciser, et faire arrêter ta phrase par "mourras", accentuerais le propos. Quelque chose de plus net, comme une certitude glaçante (si j'ose dire) pour le lecteur.

"Les flammes vacillantes se reflétaient sur ses yeux ambrés,"

J'aurai aimé que tu continues sur ses yeux, cela aurait pu faire un très bon tremplin vers la condition de ces individus, et donc rapprocher le lecteur des personnages. L'image des flammes dans des yeux ambrés, c'est magnifique, il faut pousser la chose pour nous éblouir.

"Elle hésitait, rechignant sans doute à exposer sa peau au froid mordant."

Problème de temps : je pense qu'il serait plus pertinent de mettre "elle hésita" (passé simple donc), puisque c'est sur l'instant qu'elle hésite, et non sur une durée continue (imparfait).

J'aimerais aussi dire que pour moi, elle hésite parce qu'elle a peur de la réaction de son interlocuteur, et non parce qu'elle a peur du froid extérieur (il s'y connait plus qu'elle : s'il lui dit d'enlever ses gants, c'est pour une bonne raison). En temps que lecteur, on sent une tension entre les deux persos, il faudrait que tu ailles dans ce sens (à moins que tu ne souhaites aucune tension évidemment).

"arracha d’un geste ses épais gants"

:d) "ses gants épais".

"- Reste calme, dit-il d’un ton qui se voulait rassurant. "

Encore une fois, leur relation se brouille : pourquoi veut-il ici être rassurant envers cette femme qui ne lui semble pas proche (tout à l'heure il lui a dit cash qu'elle crèverait si elle faisait pas attention) ?

"Rester ici revient à se suicider de manière lente."

:d) "se suicider lentement ?" ; ou alors tu peux reformuler ta pharse en un truc du genre : "revient à te laisser mourir"...

"Il faut que tu comprennes que l’on n’a pas le choix. "

:d) "qu'on a pas le choix", on est à l'oral ici, c'est peut être plus immersif ainsi.

Je trouve l'ambiance accrocheuse et les personnages plutôt bien campés, malgré cette relation que tu maltraites parfois. Sinon, des erreurs de ponctuation, de redondances et un manque de rythme dans la lecture.

Une suite ? Moi je suis près à te lire, ça m'a plu. J'ai envie d'en savoir plus sur ce monde, sur ces persos et leur histoire.

A propos des personnages: j'ai déjà écrit avec des personnages similaires à ceux-là, bien qu'ayant des attitudes très différentes (surtout le gars, qui était asocial et parano dans d'autres textes).

J'ai longtemps écrit en anglais, sur des forums assez peu exigeant et qui ne donnent pas de critiques très poussées. Je dois avoir pris de mauvaises habitudes (comme les et après une virgule). Bon, après ça n'excuse rien: je vais bosser sur ces points faibles, éditer un peu le bousin, et pondre une deuxième partie de meilleure facture.

La suite pour bientôt.

nobuli33 nobuli33
MP
Niveau 5
01 novembre 2015 à 01:37:16

Désolé pour l'attente (genre des gens suivaient ce topic), j'ai été très occupé.
J'ai beau être plutôt satisfait de cette version, je sens qu'il y a encore des erreurs. Je vais revoir tout ça plus tard, mais je tenais à le poster sitôt fini et relu.
Comme d'hab', une petite musique pour aller avec le texte. Tu cliques ou pas, fais comme tu veux.

https://youtu.be/B_Zv1fOyHuo
_____

« Tu vois quelque chose ? »

Il resta silencieux, scrutant l’horizon avec ses jumelles. Elle se leva péniblement et s’avança à sa hauteur. Au loin elle pouvait voir les eaux grisâtres d’une rivière, coulant presque paisiblement sur les flancs d’une colline. La forêt semblait plus clairsemée ici, tachetée de clairières et alternant avec de larges prairies. Il n’y avait pas de vent et la neige avait momentanément cessé de tomber. L’endroit était calme et silencieux, presque sinistre.

Après un moment, Rustin sourit. « Regarde, dit-il en lui offrant les jumelles, pointant vers le pied de la colline.
- Je suis censée voir quoi, demanda-t-elle en observant les environs. Il n’y a rien sur des kilomètres.
- Au pied de la colline, près de la rivière. »

Elle inspecta un moment les berges, cherchant un détail quelconque, quand elle le vit enfin : la masse blanche d’un camion recouvert de neige, l’avant enfoncé dans la terre et l’arrière encastré dans la glace du cours d’eau.

« C’est du militaire, lâcha-t-elle. Pas de doute.
- Regarde plus haut, d’autres véhicules. Ils ont l’air abandonné, il faudrait jeter un œil.
- Je n’sais pas… Et s’il y avait encore des soldats ? Depuis combien de temps sont-ils là, à ton avis ?
- Difficile à dire. La boue sèche vite et la neige couvre les traces de roue. Ça pourrait être une semaine comme des mois. On doit vérifier : il ne nous reste plus que quelques jours de vivres. »

Ils avancèrent rapidement, cherchant à traverser le cours d’eau et atteindre le couvert des arbres, de l’autre côté, au plus vite. Il restait baissé et sa course semblait à peine gênée par la neige. Elle s’essoufflait vite, tant elle essayait de rester à son niveau, dû ralentir et se laisser distancer. Ses membres étaient engourdis par la morsure des eaux froides qu’elle traversait, ses yeux restaient fixés sur les broussailles à l’orée du bois. L’inquiétude montait, son cœur accélérait. « Encore quelques mètres » se répétait-elle inlassablement. La sensation du pistolet qu’elle serrait dans ses mains lui donnait quelque réconfort, mais elle se savait vulnérable.

Elle se jeta derrière un arbre, et poussa un soupir soulagé. Après avoir attendu un coup de feu en vain, elle se dit que l’endroit était peut-être bien désert, après tout. A sa gauche, Rustin lui fit signe de reste silencieuse, tandis qu’il avançait lentement entre les arbres, alerte et la crosse de son fusil pressant son épaule. Elle le suivit, restant elle aussi sur ses gardes. Les secondes s’allongeaient, les bruits les plus anodins devenaient suspects et le moindre geste était réfléchi.

« Regarde la rouille, dit-il d’un ton rassuré alors qu’ils atteignaient les carcasses. Cette voiture est ici depuis des mois.
- C’est bizarre, fit-elle en soulevant la bâche couvrant l’arrière du camion embourbé. Il n’y a que des caisses vides.
- Pas très surprenant. Les soldats sont partis avec tout ce qu’ils pouvaient, les locaux ont pris ce qui restait. »

Il remonta lentement la route, gardant une main sur son fusil, tandis qu’elle continua sa fouille. La porte côté passager du camion était rouillée, ses gonds gelés et sa poignée bloquée. Elle se résolut à briser la vitre, et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Les vitres était opacifié par la saleté et la neige, mais un large trou dans le toit laissait passer un rayon de lumière et illuminait légèrement l’intérieur. Le tableau de bord était percé d’un trou semblable.

Elle s’approcha, passa sa tête à travers la vitre brisée et remarqua alors le pilote. Avec un cri de surprise, elle sursauta et recula, dégoutée. Le visage du conducteur était en partie décomposé et parcheminé, sa peau se confondait avec son uniforme d’un kaki sale et son torse avait l’air mutilé, horriblement déformé. Sa tête était posée sur le volant, ses mains encore fermement accrochées, tandis ses orbites vides semblaient fixées sur elle. Elle s’éloigna rapidement, prise de vertige.

« Qu’est-ce qui t’as fait peur ? » Il s’était sans doute approché en silence pendant qu’elle fouillait. Sa présence l’étonnait assez peu.

« Rien de grave, ne t’inquiète pas.
- Quoi ?
- Il y a un… homme au volant. Un corps.
- Pas étonnant. Il y en a aussi sous la neige, sans doute un peu plus dans les bois. Ça fait un moment qu’ils sont morts.
- Combien de temps ?
- Plus d’un an, peut-être. C’est dur d’être précis.
- J’imagine qu’on ne trouvera rien dans les camions. Il faudrait peut-être enterrer les corps, ou au moins les rassembler, tu ne crois pas ?
- Hors de question, dit-il d’un ton catégorique. On ne touche pas aux corps, encore moins pour les déplacer.
- Ça serait la moindre des choses, de leur donner un endroit où reposer en paix.
- Arrête ça, c’est ridicule. On ne sait pas qui étaient ces gens. On ne leur doit rien.
- Je ne te parle pas de ça, se défendit-elle. C’est une simple question d’éthique et de morale : quand on le peut, on enterre les défunts, peu importe qui ils étaient.
- Je n’en crois pas mes oreilles… Tu oses me parler d’éthique et de morale, Eva ? Tu n’as rien à me dire sur ça.
- C’est la moindre des choses, répéta-t-elle. Il faut avoir un minimum de respect, Rustin.
- Tu sembles avoir plus de respect pour les morts que tu n’en as jamais eu pour les vivants. »

La remarque la laissa abasourdie, alors que l’expression de Rustin se durcit et se refroidit. Il croisa les bras, serra la mâchoire et la dévisagea. Elle baissa les yeux, toujours sous le choc, et le silence s’éternisa.

« Tu as identifié son uniforme ?
- Non, lâcha-t-elle laconiquement. Je dirais que c’est du début de la guerre, avant que j’entre dans l’armée…
- Comment sont-ils morts, d’après toi ?
- Les trous dans le camion pourraient venir d’un tir d’avion ou d’hélico. Ça expliquerait pourquoi le conducteur est presque coupé en deux.
- Bon. »

Rustin lui décocha un regard où se mêlait rancœur et mépris, puis lui tourna le dos et commença à s’éloigner. Eva l’observa un moment, toujours interloquée, avant de le suivre. Elle se rapprocha, et l’interpella.

« Ça veut dire quoi, cette remarque ?
- Tu te souviens où on s’est rencontré, répondit-il en s’arrêtant, sans toutefois se retourner. Tu sais et savais quel était ton rôle.
- Tu me reproche personnellement ce qui s’y est passé ?
- J’ai vu ce qui s’y passait. J’en ai vu assez pour me méfier des gens qui ont rendu ça possible – des gens comme toi.
- Tu sais que je n’ai jamais voulu le faire, se plaignit-elle. Je n’avais pas le choix.
- Si tu le dit, lâcha-t-il, visiblement peu convaincu. Essaye plutôt de trouver quelque chose d’utile dans l'un des camions, au lieu de tenter de te justifier. »

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
02 novembre 2015 à 19:12:43

Lu !

Il y a quelques fautes de style à mon goût que je pourrais relever si tu le souhaites.

"L’endroit était calme et silencieux, presque sinistre."

Sinistre ? Ce n'est pas vraiment ce qu'on imagine après avoir lu le paragraphe. On peut imaginer quelque chose de pesant, mais de sinistre... le lecteur voit une clairière enneigée et une rivière. Même dans un monde - qui semble - dévasté comme le tien, cela n'a encore rien de sinistre.

"Il remonta lentement la route, gardant une main sur son fusil, tandis qu’elle continua sa fouille. "

:d) "qu'elle continuait sa fouille", c'est une action longue, donc de l'imparfait.

J'aime bien ton dialogue, malgré des erreurs qui trahissent l'oralité. Le fait que les deux protagonistes ne s'apprécient pas forcément apporte de l'originalité et la cause de leur ressentiment développe le background. C'est plutôt cool : seule remarque, j'aimerais bien savoir à quoi ils ressemblent ces personnages, c'est important pour le lecteur de pouvoir identifier physiquement chacun. Ne tarde pas à les décrire.

Merci, j'apprécie ton écriture et ton univers (un coté the last of us ?) :).

nobuli33 nobuli33
MP
Niveau 5
02 novembre 2015 à 19:52:01

Le 02 novembre 2015 à 19:12:43 ggiot a écrit :
Lu !

Il y a quelques fautes de style à mon goût que je pourrais relever si tu le souhaites.

"L’endroit était calme et silencieux, presque sinistre."

Sinistre ? Ce n'est pas vraiment ce qu'on imagine après avoir lu le paragraphe. On peut imaginer quelque chose de pesant, mais de sinistre... le lecteur voit une clairière enneigée et une rivière. Même dans un monde - qui semble - dévasté comme le tien, cela n'a encore rien de sinistre.

"Il remonta lentement la route, gardant une main sur son fusil, tandis qu’elle continua sa fouille. "

:d) "qu'elle continuait sa fouille", c'est une action longue, donc de l'imparfait.

J'aime bien ton dialogue, malgré des erreurs qui trahissent l'oralité. Le fait que les deux protagonistes ne s'apprécient pas forcément apporte de l'originalité et la cause de leur ressentiment développe le background. C'est plutôt cool : seule remarque, j'aimerais bien savoir à quoi ils ressemblent ces personnages, c'est important pour le lecteur de pouvoir identifier physiquement chacun. Ne tarde pas à les décrire.

Merci, j'apprécie ton écriture et ton univers (un coté the last of us ?) :).

Je dois avouer, j'ai terminé cette partie à moitié bourré, vers deux heures du mat'. Pas franchement glorieux, comme conditions d'écriture. J'avais la flemme de relire au calme et à tête refroidie. C'est un petit bijou sortit tout droit de la fonte, à peine refroidi, presque pas poli et déjà posé sur l'étalage.

Du côté de l'apparence des personnages, j'essaie justement d'entretenir un certain mystère. Au début, on sait juste qu'il s'agit d'un gars et d'une fille habillés de fourrures, en marche vers le nord. Au fur et à mesure, on en apprend plus et on en voit plus.

Enfin bon, pour être honnête, je n'ai jamais joué à The Last of Us. Je sais, je sais, je devrais, mea culpa, c'est une de mes grandes hontes. J'aime bien l'idée d'un duo incompatible, devant bosser pour atteindre un objectif.

Le jeu en vaut la peine?

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
03 novembre 2015 à 00:30:51

Ba je trouve ça bien, mais ça pourrait être meilleur, tu gagnerais à le retravailler :).

J'ai pas vu le fait qu'ils étaient en fourrure. D'accord pour le mystère de l'apparence, si ça apporte quelque chose.

Je n'ai jamais fait the last of us non plus (mea culpa tout autant :hap:), mais j'ai pu le regarder sur youtube, du coup je sens bien l'ambiance.

Vu les critiques du jeu, oui certainement :noel: ! Certains le placent comme meilleur jeu de sa génération quand même...

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
07 novembre 2015 à 19:27:33

Une suite ? :)

floodface floodface
MP
Niveau 5
07 novembre 2015 à 22:55:27

Bonsoir à tous !

Ton texte est vraiment beau, je trouve que c'est fluide, précis et je dirai même m'être perdu le temps de quelques lignes, dans ces forêts brumeuses si délicatement décrites. Je ne te demanderai du coup qu'une seule chose, la suite ! :)

Blackard Blackard
MP
Niveau 10
07 novembre 2015 à 23:02:14

Lu et il y a quelques bonnes idées :oui:

Le duo qui ne s'apprécie pas mais a un but commun et un besoin de l'autre pour survivre dans des conditions difficiles, bien que déjà vu, est bien géré ici. On sent à la fois des tensions et de la bienveillance.

Etant d'un naturel plutôt curieux le fait de ne presque rien savoir d'eux, ni même de l'univers dans lequel ils évoluent me plaît aussi.

Au niveau du style j'apprécie les parties descriptives, c'est assez cinématographique, on ne sait pas grand chose mais le décors se dessine parfaitement dans mes pensées.

Au niveau des dialogues certaines phrases sonnent un peu faux à l'oreille de part leur structure parfois trop littéraire je trouve, et tu gagnerai à bien différencier les façons de parler des deux protagonistes. Eva est parfois grossière et omet souvent la négation, mais pas toujours et ça rends le tout un peu inégal.

Exemples : "Merde, c’est pire que ce que je pensais." ou encore "Hé, j’ai déjà vécu des hivers rudes. T’inquiète pas trop pour moi "

Deux phrases prononcées par Eva dans la première partie. Elles fonctionnent bien et font ressortir son caractère.

VS

"Tu sais que je n’ai jamais voulu le faire [...] Je n’avais pas le choix"
"J’imagine qu’on ne trouvera rien [...] Il faudrait peut-être enterrer les corps [...] tu ne crois pas ?"

:d) Il y a trop de différence dans la façon dont elle s'exprime, je l'aurai personnellement écris sans les négations, ce qui pour moi lui correspond plus car plus brut.

Bref continue sur cette voie, les remarques de Ggiot étant très pertinantes et utiles je suis certain que tu t'améliorera encore et j'ai hâte de lire la suite :ok: Et Last Of Us ça déchire :bave

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
08 novembre 2015 à 00:09:35

Tu as des lecteurs Nobuli, profites-en !

nobuli33 nobuli33
MP
Niveau 5
11 novembre 2015 à 23:20:34

Merci pour ces critiques chaleureuses, ça me va droit au cœur!

Tout d'abord, je m'excuse pour ce retard. Je n'ai pas d'excuse valable (du genre "J'ai joué à Fallout 4"), j'avais simplement la flemme de faire quoi que ce soit de constructif pendant ces vacances.

Enfin bon, les affaires reprennent, tout comme les cours. Si tout se passe comme prévu, la suite arrivera avant le week-end.

A part ça, j'ai regardé un playthrough complet de The Last of Us. Un sacré bon jeu, meilleur que l'immense majorité des films que j'ai vu cette année. Je me sens quand même sacrément con pour avoir failli passer à côté de ce bijou.

nobuli33 nobuli33
MP
Niveau 5
20 novembre 2015 à 02:07:52

[Je mettrais cette musique en lisant, à ta place. Mais après, tu fais comme tu veux.]
https://www.youtube.com/watch?v=sYvh1pD8mKY

__________

« Tu les vois d’ici ? »
D’un geste de la main, Rustin lui intima de se taire. Ils étaient allongés dans la neige, à l’orée du bois, couvert derrière un tronc. Il pressait sa joue contre la crosse de son fusil, recouverte de la même fourrure grise que ses habits, et respirait lentement.

« Tu es sûr que tu ne veux pas les jumelles ?
- Où les as-tu vus, demandât-il en ignorant sa remarque.
- Il y a un genre d’entrepôt au centre du village. Je les ai entendus parler quand je fouillais les voitures, sur le parking d’en face.
- Combien ?
- Deux, je dirais.
- Qu’est-ce qu’ils disaient ?
- J’ai pas écouté. Je me suis cachée, j’ai pris ce que j’ai pu et je suis partie. »
Il hocha lentement la tête, puis se remis sur pieds, toujours baissé.
« J’aime pas ça. Il faut contourner la ville.
- Quoi ? Non, non, on peut pas…
- Qu’est-ce que tu veux faire d’autres ? Les tuer, se faufiler, leur parler ?
- On peut au moins voir qui sont ces gens, s’ils sont dangereux, s’ils sont armés…
- Je me fiche de savoir qui ils sont. Même les réfugiés tirent à vue. S’approcher de cette ville est un risque inutile et…
- Ca fait des jours qu’on a plus de nourriture, coupa-t-elle, et plus d’une semaine que l’on fait fondre de la neige pour boire. Et s’ils avaient de quoi manger ? On aura pas d’autres opportunités de ce genre.
- Non, pas question. On ne sait pas ce dont ces gens sont capables. Je refuse de les approcher. »
Cette dernière phrase l’étonna.
« Tu ne veux pas les approcher ? Est-ce que tu aurais peur d’eux ?
- Ne sois pas ridicule. Je préfère éviter de rencontrer des gens qui pourraient essayer de me tuer.
- Très bien, lâcha-t-elle. Fais comme tu veux. Je vais aller voir, tu es libre de me suivre. »

Eva se leva subitement et sortit de la forêt en courant, laissant Rustin derrière. Elle atteignit vite la route, se jeta dans l’un des fossés la bordant de part et d’autres et rampât vers la ville. Elle priait que personne ne l’ai encore vue, serrant fermement son pistolet dans sa main Elle atteint les abords du village à bout de souffle et se glissa entre deux bâtiments.
La neige tombait toujours doucement, recouvrant les toits, les voitures et les ruines de quelques maisons incendiées dans le passé. Nombre de portes avaient été enfoncé, la plupart des fenêtres étaient brisés ou couvertes de planches et de haute-herbes avaient envahies les jardins et les trottoirs. La ville avait été désertée et saccagée, mais paraissait pourtant paisible.
Les maisons de bois firent place à des bâtiments de briques plus récents. Elle passa devant un supermarché à la vitrine brisée et aux rayons renversés, sans doute pillée, puis en face de ce qui semblait avoir été une école, dont l’entrée était bloquée par les débris de la façade en ruine.
Elle atteignit le centre et repéra l’entrepôt. Elle s’en approchant et entra lentement, prudemment et silencieusement, restant sur ses gardes. L’endroit était dans le même triste état que le reste de la ville, comme un lointain souvenir que quelqu’un aurait eu de la ville.

Eva explora un moment et finit par entrer dans une grande salle, faiblement éclairée par des fenêtres couvertes de buée et de glace. Deux personnes se tenaient assises autour d’un feu, tentant de se réchauffer en se serrant l’une contre l’autre. Elles portaient des manteaux et vestes de toutes tailles et couleurs, le plus souvent usés et rapiécés, et avaient troqués leurs chaussures pour un assemblage de sacs et de bandes de tissu.

L’un d’entre eux la remarqua, et se jeta sur un fusil trainant sur le sol. Eva fut plus rapide et lui assainit un coup-de-pied brutal à la mâchoire, l’étourdissant assez longtemps pour qu’elle prenne le fusil et le mette en joue. L’autre n’avait pas bougé et levait les mains, clairement terrorisé. « My mirnyye ! », il criait.

« Met toi à genoux et près du mur, ordonna-t-elle d’un ton sec. Pas un mot.
- Uspokoysya, bredouilla l’homme au sol en se massant la mâchoire.
- Ta geule, répéta-t-elle, plaçant un doigt sur sa bouche.
- Davayte pogovorim, dit l’autre tandis qu’il s’asseyait près du mur.
- Je parle pas ta langue. Euh… Net russki, bredouilla-t-elle en puisant dans son maigre vocabulaire. »

Une lueur apparut dans les yeux de l’homme. Il baissa le foulard qui cachait son visage, découvrant une fine barbe noire de la même couleur que ses yeux. Il tenta de sourire pour détendre l’atmosphère.
« Nous pacifique, bafouilla-t-il en s’accroupissant. My mirnyye, ponyal?
- Vide tes poches, demanda-t-elle en mimant l’action.
- Vy chertovski suka, beugla le blessé en se tordant de douleur par terre.
- Vous, euh… Vous cassez sa bouche, tenta d’expliquer le russe à la fine barbe noire.
- Qu’est-ce que vous faites ici ? D’où venez-vous ? »
Le blessé murmura quelque chose et l’autre hésita un moment. Eva baissa les fourrures lui couvrant le visage et épongea son front. Le barbu sourit et commença à parler.
« Nous venir de l’est, Omsk. Nous civils. Pacifique.
- Vous auriez été moins pacifique s’il avait pu tirer, lâcha-t-elle en hochant vers le blessé.
- Beaucoup de dangers, routes pas sures, expliqua le barbu. »

Elle voulut répondre, mais entendit quelqu’un entrer dans la salle. Eva se tourna et mit en joue l’intrus.
« Baisse ce pistolet tout de suite, ordonna Rustin.
- Je ne t’avais pas entendue arriver, s’excusa-t-elle.
- Peu importe. Qu’est-ce que tu as trouvé ?
- Pas grand-chose. Ils viennent de l’est, ils ont pas beaucoup d’affaires, pas de sac et je pense qu’ils portent des vêtements pris dans les maisons du coin.
- Tu as pu leur parler ?
- Je connais pas leur langue. »

Rustin s’approcha des deux hommes, passa son fusil en bandoulière et s’accroupit. Il tendit sa main au-dessus du feu, appréciant un moment sa chaleur avant de parler.
« Mówisz po polsku, demanda-t-il dans une langue étrange.
- Jestem polskim, répondit le barbu en esquissant un large sourire.
- C’est du polonais, remarqua Eva. Tu parles polonais ?
- Tais-toi, laisse nous parler. »

Ils discutèrent un temps. Le barbu répondait longuement et posément, tandis que Rustin se tenait à des questions courtes et sèches. Après un moment, le barbu pointa Eva du doigt en parlant.
« Qu’est-ce qu’il a dit ?
- Ils mentent. Ils ne viennent pas de l’est. Ils sont du sud.
- Pourquoi est-ce qu’ils mentiraient sur ça ?
- Il dit te connaitre.
- Quoi ? »

Rustin s’écarta. Le barbu se rapprocha du feu, frottant ses mains l’une sur l’autre. Il désigna une caisse en face de lui, l’invitant à s’asseoir.
« Oui, je vous connais, dit-il alors qu’elle s’installait.
- Comment vous me connaissez ?
- Je vous voit dans le sud. Mais je comprends que vous pas souvenir. Vous avez oublié les personnes, les visages. Moi, je pas oublier les visages. Je me souviens de votre visage.
- Vous étiez prisonnier, souffla-t-elle, abasourdie.
- Oui ! Vous comprenez vite. Nous être partis cet été. Cachés parmis les morts, euh… sklep dom ? Le charnier. Marcher vers le nord, essayer d’échapper à soldats.
- Je n’avais jamais voulu tout ça, gémit-elle. Ce n’est pas de ma faute.
- Oh, c’est pas grave. C’est du passé. Je suis juste content vous avoir retrouvé. »

« Strelyayte ! » beugla-t-il soudainement. Un coup de feu assourdissant retentit dans la salle et Rustin fut jeté à terre. Eva se redressa et mis en joue presque instinctivement. Un homme au visage couvert se tenait à l’entrée de la salle et rechargeait son fusil à pompe. Eva tira avant qu’il ne put la viser. La balle l’atteint à la gorge. L’homme tomba à genoux et pressa ses mains sur son cou, regardant son sang couler entre ses doigts.
Le barbu bondit et se jeta sur Eva, la plaquant à terre. Il sortit un couteau et leva son bras. Elle lui envoya un coude dans les côtes, ce qui lui permit de se dégager. A peine se releva-t-elle que le russe revenait à la charge. Elle pressa la détente de son pistolet et le russe tomba à terre, se tenant la jambe en criant de douleur.
Elle se tourna rapidement et vit que le blessé avait rampé sur le ventre jusqu’au fusil de Rustin. Elle marcha vers lui, lui arracha l’arme des mains et tira une balle à l’arrière du crâne, le tuant sur le coup. Le troisième homme gisait au milieu d’une flaque de sang. Elle revint près du barbu.

« Ty dziwko, haleta-t-il, tenant sa jambe ensanglantée. Je te déteste !
- Je suis désolé… dit-elle en levant son pistolet. Pour beaucoup de choses. »
Le barbu hurla et elle tira une dernière balle.

« Allez Rustin, tu peux bouger ?
- Ca va aller, marmonna-t-il en serrant les dents et gardant une main sur son épaule.
- Je vais te sortir de là.
- Tu les as tous tués ?
- J’avais pas le choix, se défendit-elle.
- C’est ça, tu n’as jamais le choix, cracha-t-il d’un ton acerbe. J’espère que t’es contente d’avoir tué tous ces hommes, tu viens de terminer ton boulot. »

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
24 novembre 2015 à 18:51:30

Bien bien bien, je voulais te consacrer un peu de temps, c'est parti !

"D’un geste de la main, Rustin lui intima de se taire."

Je mettrai d'abord le prénom, qu'on sache directement de qui on parle. C'est toujours profitable à la lecture en début de chapitre.

"- Qu’est-ce que tu veux faire d’autres ? Les tuer, se faufiler, leur parler ?"

Pas sûr de moi mais je mettrai des points d'interrogations à chaque question : "Les tuer ? Se faufiler ? Leur parler ?". Et je trouve que quelque chose ne sonne pas juste, je ne pense pas que tu puisses dire "se faufiler" de cette façon, car il s'agit de la réponse à la question "qu'est ce que tu veux faire d'autres ?". Or, on ne peut pas répondre "se faufiler" à cette question, c'est pas français.

:d) "Les tuer ? Les prendre par surprise ? Leur parler ?"

"- Ca fait des jours qu’on a plus de nourriture, coupa-t-elle, et plus d’une semaine que l’on fait fondre de la neige pour boire."

Problème d'oralité : tu commences avec : "qu'on a plus", donc logiquement, tu devrais continuer avec "qu'on fait fondre", et non "que l'on fait fondre".

"On aura pas d’autres opportunités de ce genre."

Difficile à lire, les sons "o" de "aura", "autres" et "opportunités" se confrontent. Il faut reformuler je pense. Le "de ce genre" n'est pas obligatoire à mon avis, un simple "l'occasion ne se présentera pas deux fois" suffirait.

"Cette dernière phrase l’étonna."

Attention dans les dialogues à bien situer la personne que tu désignes : ici, la dernière personne qui parle c'est Rustin, or le " l' " s'adresse à Eva. Remettre les prénoms dans le texte n'est pas un défaut.

"Est-ce que tu aurais peur d’eux ?"

Commentaire subjectif, mais perso je trouve ça bizarre à l'oral... qui dit ça ? Cette phrase est très liée au monde de l'enfant, "pff, même pas peur". Il semble évident dans le contexte que la peur les encercle. Peut être reformulé en quelque chose de plus précis : "qu'est ce qui te fais peur comme ça ?". En plus tu fais répondre à Rustin "- Ne sois pas ridicule.". Je trouve ça moyen de repousser la peur dans un monde comme le tien, les personnages sont des adultes conscient de leur état, il n'y a pas de quoi refouler la peur de cette façon...

"Je vais aller voir, tu es libre de me suivre."

Encore une fois je trouve l'oralité un peu déséquilibrée à certains moments. Pourquoi faire de telles formules quand tu peux faire plus simple, plus crédible. Pourquoi Eva ferait ce genre de phrase réfléchie et joliment dite dans ton contexte ?

:d) "Fais ce que tu veux. Moi j'y vais". Un truc plus direct quoi.

"Elle priait que personne ne l’ai encore vue, serrant fermement son pistolet dans sa main"

Un peu tiré par les cheveux, non ?

:d) "Elle priait pour que personne ne la voit, ..."

"Nombre de portes avaient été enfoncé, la plupart des fenêtres étaient brisés ou couvertes de planches et de haute-herbes avaient envahies les jardins et les trottoirs."

Oulà, beurk. Les auxiliaires enlaidissent la phrase, la structure n'est pas belle. Reformulation ? Tu peux peut être diviser en plusieurs phrases distinctes ?

"Elle s’en approchant et entra lentement, prudemment et silencieusement, restant sur ses gardes."

Cool sur les adverbes, inutile d'insister sur sa furtivité, on imagine bien qu'elle joue pas de la trompette :hap: ! Surtout que tu poursuis avec "restant sur ses gardes".

"L’endroit était dans le même triste état que le reste de la ville, comme un lointain souvenir que quelqu’un aurait eu de la ville."

Beurk aussi. Accumulation des que/quelques, du mot "ville" ainsi que des auxiliaires :

:d) L'endroit arborait la même décrépitude que le reste de la ville, comme un lointain souvenir de son passé.

" « My mirnyye ! », il criait."

:d) "criait-il".

"« Met toi à genoux et près du mur, ordonna-t-elle d’un ton sec."

Inutile de décrire l'évidence, un ordre ne se fait pas sur un ton mielleux.

"- Vous, euh… Vous cassez sa bouche, tenta d’expliquer le russe à la fine barbe noire."

"le russe à la fine barbe noire" c'est un peu trop pour le désigner. Surtout que l'autre a la mâchoire péter donc on sait que c'est pas lui qui parle.

"lâcha-t-elle en hochant vers le blessé."

en désignant le blessé tu veux dire ? Parce que hoché la tête, je vois pas pourquoi.

"Eva se tourna et mit en joue l’intrus."

Là par contre le prénom n'est pas obligatoire :noel: ! (+ la fin de la phrase peut être plus fluide)

:d) Elle se tourna et mit l'intrus en joue.

"« Baisse ce pistolet tout de suite, ordonna Rustin."

C'est un fusil. Les répétitions orales sont pas bien méchantes en général.

"« Mówisz po polsku, demanda-t-il dans une langue étrange."

Met un "?" si c'est une question et continue sur l'incise ensuite. D'ailleurs celle ci me semble inutile, si tu mets le "?" on sait que c'est une question, et on a bien remarqué que c'est une langue étrangère.

"Eva tira avant qu’il ne put la viser."

Qu'il ne puisse, non ?

"Elle lui envoya un coude dans les côtes"

C'est son coude, pas "un coude".

Voilà pour le texte en lui même, sinon je trouve qu'il ne se passe pas grand chose dans ce passage, on en apprend un peu sur le passé d'Eva, mais cela ne nous aide pas à mieux comprendre la relation qu'elle a avec Rustin, chose plutôt négative puisque tu commences en nous parlant de son "non choix".

Je m'explique : je pense qu'il faut un minimum de méthodologie dans un chapitre, avec un début, un climax, et une chute. La chute renvoie présente les conséquences du climax sur la situation de départ. Ici, tu commences avec la relation des deux persos, fais ton climax, puis développes une chute, mais qui ne nous renvoie pas au début. Un simple dialogue post climax aurait pu nous en apprendre plus sur eux : ici, le scénario n'avance pas par rapport au précédent chapitre, on apprend rien de plus, c'est juste une scène de flingue quoi. Il faut que chaque chapitre apporte sa part à la trame générale, sans quoi on a l'impression d'être berné, de ne pas avancer, et on est déçu. Dommage. Encore une fois, une petite explication, même intrigante, entre les deux protagonistes sur leur relation suffirait à justifier ce chapitre, que je considère pour l'instant facultatif à ton histoire, dans le sens où il n'apporte rien.

Merci pour le texte !

nobuli33 nobuli33
MP
Niveau 5
25 novembre 2015 à 13:17:56

Je sentais bien que ce chapitre ne marchais pas, mais je n'arrivais pas à savoir en quoi. Je pense que t'as mis le doigt sur un point important.
Je vais refaire cette partie, la simple situation (rencontrer des gens qui comme par hasard, sont connus et hostiles) me gênait. Il est évident que le problème est plus grand que ça.

En tout cas, merci pour ton com', c'est un sacré coup de pouce.

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
25 novembre 2015 à 15:54:34

Avec plaisir :) !

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