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Sujet : [ Roman] Vers la Farandole

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Psyclo Psyclo
MP
Niveau 10
25 septembre 2015 à 10:19:39

Bonjoir, bonjour et bonsoir [[sticker:p/1kki]]

Et voilà petite surprise pour mes amis du forum, ce roman, ou plutôt cette longue nouvelle, que je vais vous proposer en exclusivité et en intégralité [[sticker:p/1kkl]]

Vers la Farandole est un roman hybride, qui ne trouve pas d'éditeur à son pied pour l'instant. Entre le contemporain, le post-apocalyptique et la dystopie adolescente, vous suivrez la cavale d'un jeune couple dans un monde ravagé par un conflit atomique... Bonne lecture !

Psyclo Psyclo
MP
Niveau 10
25 septembre 2015 à 10:32:39

CHAPITRE 1

Un vacarme d'acier secoue les structures brinquebalantes. La tour penche vers la gauche, poussée par les bourrasques qui s'amplifient de minute en minute. Dans les bureaux du grand chef, tous craignent une nouvelle tornade, plus puissante encore que celle qui a ravagé une bonne partie de l'aile sud, deux jours plus tôt. Cependant, quelque chose les effraie plus encore. La colère du chef, Gaenar. Hazel a été convoqué et il n'est pas le seul. Il y a le juge Klimpt avec sa grande moustache, Loaf, la femme du roi et les trois autres membres de la garde rapprochée, dont Hazel fait partie.

Gaenar débarque après tout le monde, avec environ dix minutes de retard, c'est une façon de montrer à ses troupes que c'est lui le patron. Les horaires, il s'en bat l’œil. Il s’assoit, l'air grave, plus grave que d'habitude. En fait ce n'est pas l'air grave tragi-comique qu'il aime utiliser pour des annonces somme toute assez banales et parfois franchement dispensables. Non, c'est l'air grave pur, celui qui déforme la bouche, qui fait battre les paupières plus souvent que d'habitude. D'un geste de la main, il convie sa petite cour à prendre place sur les sièges en velours, disposés en trois rangées. Tout le monde trouve siège à ses fesses. Bizarre. D'habitude, Gaenar, d'un tempérament fort blagueur, aime à volontairement omettre un siège, faisant ainsi du dernier assis son bouc-émissaire pour la séance.

Dorénavant, Hazel en est certain ; quelque chose se passe, et ce n'est pas drôle du tout. Derrière la vitre en plexiglas, les nuages se désarticulent en volutes noires et relient le sol au ciel comme un pilier céleste. Gaenar ne dit toujours rien. Les mains croisées sur le zinc de son bureau, tremblant, presque flageolant, il se tait, semble se contenir. Hazel regarde discrètement ses homologues, dont Hiro, le japonais qui est toujours au courant de tout, lui aussi en proie à la stupeur et à l'effarement. Les deux autres, les yeux rivés vers les éléments déchaînés, se demandent surtout s'ils ont bien fermé leurs fenêtres tout en sachant qu'une fenêtre ouverte n'empêchera pas le déluge de ravager leurs menus logis. À côté du chef, Loaf pleure, son teint est écarlate, sur ses joues il pleut presque autant que dehors. Agacé par ses reniflements intempestifs, Gaenar lui donne un coup de coude discret, comme pour lui dire de se calmer un peu, qu'il ne pourra pas s'exprimer clairement s'il est sans cesse gêné par des sanglots d'horreur.

Enfin, il lève la tête. Ses yeux, d'un bleu si bleu qu'ils en deviendraient presque blancs, scannent un à un les membres de l'assistance. Personne n'ose rien dire et Hazel, mal à l'aise, ne sait pas s'il doit soutenir le regard de son chef en parant le sien de compassion ou tout simplement baisser humblement la tête, comme s'il devait se sentir coupable.

- Ma fille... commence-t-il par dire d'un ton étouffé, au bord de la suffocation. Ma fille... a disparu.

Silence de glace, rire narquois du ciel qui s'en fiche. Les pleurs redoublent de gravité, gagnent en intensité. Voilà cette dame si classieuse et élégante devenue pathétique, à la frontière du dégoûtant. C'est lénifiant, songe Hazel tout en gardant le dos bien droit sur son siège, en signe de respect.

- Disparue ? s'interroge le juge moustachu, qui n'est pas tout à fait dupe. Vous voulez dire qu'elle est...

Klimpt imagine le pire et cela énerve Gaenar qui pour couper court à toute élucubration, se lève, fouille un instant sa poche et jette une feuille froissée au nez de son juge. Ce dernier, en la dépliant, découvre peu à peu l'écriture manuscrite de la jeune fille, maladroite, pleine de fautes d'orthographe, avec des cercles au lieu des points au-dessus de ses i ; le genre de détails qu'il exècre. Petite garce, pense-t-il tout bas, même à l'écrit, tu es détestable. Il lit la lettre.

Papa, g DciD 2 partir.
Jte dis pas ou je vé 6non c tro fassil
On part avec Absoul pask on sème et que je vé avoir un bébé et que je sais que tu veu pa.
Domaj sinon on seré resté.
Biz, ta fille.

Des visages curieux se penchent derrière ses épaules massives de juge bien nourri, dont celui d'Hazel, qui est trop éloigné pour lire et qui, de toute façon, ne sait pas lire. Alors il se rassoit. Sur ordre du grand chef, Klimpt déclame ses quelques lignes à haute voix, en appuyant bien sur les fautes et les approximations pour faire comprendre à son auditoire que cette gamine n'est qu'une petite pisseuse inculte et incapable. Où qu'elle soit, se dit-il, elle n'ira pas bien loin !

Pour Loaf, c'en est trop. Elle sort de la pièce en se mouchant, en titubant, ivre de tristesse. Gaenar est plus solide, mais pour lui non plus, ce n'est pas facile. Un grand homme, ce Gaenar, pense Hazel en imaginant, non sans admiration, tout ce qu'a accompli le chef du clan Lumière. Il a tout bâti tout seul. Un lieu de vie. Une sécurité pour ses habitants. Un système politique démocratique et stable. Une tolérance. Son humanisme et sa bonne volonté, il l'a transposé jusque dans le nom qu'il a donné à son clan. Et même cela, il ne l'a pas choisi tout seul, non, il a fait un référendum. Un très grand homme. Très cultivé. Grâce à lui, tous les résidents de la cité ont accès à une bibliothèque de cinq cent ouvrages en bon état, datant d'avant la troisième guerre. Il a toujours dit que c'est important, ce qu'il y a eu avant la troisième guerre. Hazel l'a bien retenu. Ce sont les erreurs qui nous font réfléchir et avancer et c'est en cela qu'il faut toujours se tourner vers le passé pour appréhender l'avenir de la meilleure des façons.

Le juge Klimpt pense la même chose qu'Hazel, mais sa vision personnelle est plus cynique, moins idéaliste. « Comment un tel homme a-t-il pu pondre une telle gamine ? Irrespectueuse, provocatrice, persuadée d'être invincible, odieuse et arrogante ! »

- Il faut la retrouver, déclare Gaenar, d'un ton sec et sans émotion. Je ne la laisserai pas aux mains de ce sale petit freluquet ! Et son enfant, il vivra, mais, mais... Sans son père. Lui, il sera...Il sera exécuté !
- Mais, chef, vous avez déclaré la peine de mort comme étant anticonstitutionnelle, s'offusque le juge.
- Et coucher avec ma fille, ce n'est pas anticonstitutionnel, peut-être ? rugit Gaenar, perdant peu à peu le contrôle de lui-même. Ce môme est sournois, je ne l'ai jamais aimé ! Je savais qu'il ferait tôt ou tard du mal à ma fille ! J'aurai dû le bannir de la cité tant qu'il était encore temps !
- Il n'est pas encore trop tard, chef.
- Je l'espère bien ! s'exclame Gaenar en remuant frénétiquement les épaules. Vous, dit-il en pointant Hiro, qu'est-ce que vous savez ?
- C'est-à dire-que... panique Hiro, les doigts entortillés. Je les ai surveillés de loin, je n'ai pas...
- On ne peut vraiment pas compter sur vous !

Sa colère va croissante comme le tonnerre à l'extérieur, si proche, si menaçant. Les spasmes des plaques de tôles clouées au plafond s'harmonisent avec sa verve et sa voix si sclérosée qu'elle en devient fluette. Hiro sent que s'il ne dit rien, il va le payer cher. S'il est viré, il perd son statut de fonctionnaire, ses avantages, et puis, il faut dire ce qui est, sa tranquillité. En tant que garde, il ne risque pas grand-chose. Le clan des Lumières n'est pas menacé de l'intérieur, tout le monde est à peu près satisfait de sa situation, il n'y a pas de révoltes, la paix règne. Les ouvriers vivent en harmonie avec leur patrons, ils débattent et décident ensemble et ça fonctionne parfaitement, contrairement aux démocraties de l'ancienne époque, une question d'échelle, probablement ; il est plus aisé de prendre des décisions lorsqu'on est en petit comité, ainsi il y a forcément moins de divergences dans les intérêts de chacun. Les humains ont compris que, par les temps qui courent, il vaut mieux se serrer les coudes et avancer ensemble. Et, pour ce qui est de l'extérieur, c'est pareil, les différents clans, s'ils ne sont pas trop éloignés géographiquement, ont d'autres chats à fouetter. Il n'y a que des accords et très peu de désaccords, ce qui arrange tout le monde, surtout les fonctionnaires chargés de la sécurité du chef, grassement payés et très peu sollicités.

Gaenar contourne son bureau et s'avance vers le plexiglas, affrontant la fureur d'une nature revancharde sans crainte aucune. Il est assez petit, mais sa prestance et sa démarche d'ogre lui donnent l'air d'un géant. Un géant très propre sur lui, combinaison costard-cravate quoiqu'il arrive, les cheveux poivre et sel plaqués en arrière. Du point de vue d'Hazel et de ses camarades ? Un être incroyable, indétrônable. En réalité ? Un père blessé, terrorisé.

Sa fille. Son unique fille, là, dehors, à la merci des irradiés et des conchiés, avec ce petit salopard d'orphelin. De quoi est-il capable ce fils de rien, inconscient de sa chance ? Recueilli il y a plus de seize années, seul, dans une espèce de guenille puante en guise de landau. Élevé comme un enfant de la Cité, à ses frais, en plus, jouissant de l'un des systèmes éducatifs les mieux élaborés du monde, pour ce qu'il en reste ! Trahir le père de la Cité, son propre père, ce n'est même plus de l'arrogance, c'est du mépris.

- Ce petit salopard ne mérite pas de vivre ! hurle-t-il, les poings serrés. Ça ne va pas se passer comme ça ! Juge, rappelez-moi l'article cinquante-quatre de notre constitution. 

Le juge Klimpt farfouille quelques instants dans sa mémoire et, ses yeux roulant dans leurs orbites, déclare comme un automate :

- L'article cinquante-quatre stipule qu'en cas de force majeure, le chef de clan peut se voir attribuer, pour une période déterminée, les pleins pouvoirs. Cet article est complété par quatre alinéas, le premier évoque la...
- Non, non, c'est bon, fait Gaenar avec un geste évasif, teinté d'ennui. Bon, et bien il s'avère que cette fois-ci, c'est un cas de force majeure, n'est-ce pas ? Alors, j'ai le droit de faire ce que je veux, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? Juge, je vous parle !
- Ce n'est pas tout à fait comme cela que je l'interprète, chef... siffle Klimpt en épongeant son front suant d'un revers de manche. En fait...
- Peu importe.

Gaenar retourne à son bureau, se penche et attrape une bouteille de whisky, une vieille bouteille de l'ancien temps. Il ne boit jamais, question de survie. Lorsqu'on dirige une cité qui regroupe plusieurs milliers de personnes dans une situation de précarité absolue et qu'on doit assurer leur survie, leur sécurité et demeurer une figure autoritaire, il faut être droit dans ses bottes. Mais pour ce soir, il peut se le permettre. Pas de verre. Ce n'est pas grave, au goulot. Ce breuvage corsé lui procure un nouveau souffle, il semble retrouver sa mesure habituelle, celle d'une force tranquille et indubitable. Seulement, il le sait, et tout le monde ici le sait aussi, le chef humain et droit n'est plus. Pas tant qu'on ne lui aura pas rendu sa fille.

- C'est moi le chef, Klimpt, poursuit-il sur un ton nettement moins administratif. Ma môme est sous la coupe d'une espèce d'abruti haut comme trois pommes, c'est un cas de force majeure. Le seul de la classe qui n'est pas fichu d'avoir des notes correctes et de s'entendre avec tout le monde ! Le rebelle de service, le morveux au-dessus de tout avec des anneaux dans le nez et une teinture arc-en-ciel ! Et c'est sur moi que ça tombe. Ma femme est retournée, Klimpt. C'est de ma chair qu'on parle, là !

Il tamponne la table. Nouveau coup de tonnerre. La pluie tabasse le plexiglas dans un bruit sourd et plein d'orgueil. Le juge sursaute, même son siège sursaute, les pieds décollent du parquet et font trembler toute la structure. Hazel se sent comme un marin prit au piège dans le courroux d'un océan déchaîné. Gaenar, fier de son effet, désigne à nouveau les hommes de sa garde rapprochée et lance ses ordres d'un ton sans réplique ;

- Vous quatre, vous mènerez l'enquête en interne, dans un premier temps.

Hazel regarde Hiro, Jean-Yves et Silvah, ils échangent quelques grimaces, cette idée ne les enthousiasme guère et ils ne s'en cachent pas. Gaenar ricane.

- Oui, c'est vrai, un peu d'activité, ça vous changera. Dès cette nuit, vous irez fouiller sa case, dans le quartier souterrain.
- Vous pensez qu'il y aurait laissé des indices ou quelque chose qui...
- Non, sincèrement, je ne pense pas cela, mais compte tenu du type d'énergumène auquel on est confrontés, on ne sait jamais. Si ça ne donne rien, mêlez-vous aux habitants, discutez, parlez, l'air de rien, j'en sais rien, je m'en fiche, mais faites quelques chose, je vous en conjure ! Certains rêveraient d'être à votre place, ne l'oubliez pas.

Ce dernier avertissement sonne tantôt comme une menace, tantôt comme une insulte. Aucun des quatre gardes n'a volé ce prestigieux poste. Chacun a su donner la preuve de son courage et de sa dévotion. Hazel, qui sait prendre de la distance, comprend son chef et sait se mettre à la place d'un homme confronté au rapt de sa descendance. « J'espère que j'aurai un garçon » songe-t-il amèrement, tandis que Jean-Yves, outré par les mêmes propos, dissimule mal son agacement.

- Mais, chef Gaenar, reprend Klimpt en mettant ses gants, ne pensez-vous pas que cela risque d'attiser la colère de l'opinion publique ?

Gaenar penche la tête comme un jeune chiot et sourit, laissant l'éclat de son plombage de fortune irriter la rétine du juge moustachu. Derrière lui, le tableau représentant un champignon atomique, peint à la vieille mode impressionniste, celle qu'il affectionne le plus, prend une dimension quasiment métaphorique. À présent, sa psyché est secouée par les assauts toxiques de la haine et de la violence. Il parle et pense en tant qu'homme, confortablement installé derrière sa position d'homme d'état.

- Rien ne nous oblige à alerter l'opinion publique, dit-il finalement, le plus calmement du monde. Et puis, à moins d'une immense ingratitude, je ne vois pas ce que l'opinion pourrait me reprocher.

Il hausse les sourcils, l'air ironique.

- C'est entre moi et ce sale freluquet.

Message édité le 25 septembre 2015 à 10:35:37 par Psyclo
[B]etween [B]etween
MP
Niveau 10
28 septembre 2015 à 19:09:09

J'aime toujpurs autant ton style, le message de la fille m'a beaucoup fait rire :hap:
Je réclame une suite !

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
29 septembre 2015 à 20:18:11

Voila lu. Avec 24 heure de retard mais lu quand même^^

Je suis un peu perdu parce que ca ressemble pas tellement à un début en fait. J'ai comme eu l'impression qu'il manquait une introduction, mais c'est simplement un ressenti. Après l'une de tes grande force, c'est que, comme d'hab, ca se lit très facilement. Certain passage marrant, comme la lettre de la fille de Gaenar, même si je le trouve trop poussée en fait :noel: J'veux dire, même les illettrés n'écrivent pas comme ca, si? :o))

Bref, a voir la suite, j'avoue ne pas avoir accroché à mort, sans savoir vraiment pointé pourquoi. J'ai eu beaucoup plus de facilité a "rentrer" dans trysoline, par exemple ( :o)) ).

Je suis tout de même curieux de voir la suite, surtout si le récit bascule sur les deux ado paumé qui sont "dehors" :)

Psyclo Psyclo
MP
Niveau 10
29 septembre 2015 à 21:50:44

Hé ben les gens ne se bousculent pas au portillon :hap:
faut croire que j'ai pas l'aura d'un Ostramus ! :rire:

sinon, merci à vous deux.

Between : J'espère que la suite saura te divertir et pourquoi pas, te faire réfléchir !

Choco : Oui je suis tout à fait d'accord, d'ailleurs j'ai souvent ce symptome dans mes écrits, cette drôle d'allergie aux situations initiales. Je pense qu'un chapitre précédent aurait été le bienvenue, mais je sais pas, j'aime bien commencer direct par l'élément perturbateur, sans chichi... je réfléchirai néanmoins à une intro. Et, concernant la tournure que le récit va prendre, effectivement, ce sera plutôt centré sur la cavale des deux ados trop d4rk. Merci pour tes compliments et pour ta lecture sincère.

Psyclo Psyclo
MP
Niveau 10
02 octobre 2015 à 15:19:21

Je sais que vous l'attendez impatiemment, alors le voilà [[sticker:p/1kki]]

CHAPITRE 2 

La pluie fait un drôle de bruit sur la carcasse, ça lui rappelle la cantine et le bruit des assiettes sur les tables, des casseroles en cuivre. Blottie contre lui, elle se sent forte, elle se sent femme. Il sent bon. Il sent la nuit, la pluie et la sueur. Tout ça à la fois. Le tank est assez étroit, très lourd et très solide. Des vieux tanks de l'ancienne époque, des trucs russes, ils se sont amusés à imaginer ce que toutes ces inscriptions pouvaient vouloir dire, bien sûr, elle le sait, son père le lui a appris quand elle était plus jeune, mais c'est plus drôle d'occulter tout ce que son père lui a transmis, de recommencer à zéro, d'être une autre personne.

- Au moins, ici, on est au chaud… murmure Absoul. Il fait moins humide que dans ma case.
- Tu n'as pas peur ?
- Peur de quoi ? rétorque-t-il. Pourquoi j'aurais peur ?
- Moi, j'ai pas peur en tout cas. Tu me rassures.
- C'est moi qui te rassures, ou ça ?

Il sort l'arme de son fourreau, un vieux flingue de l'ancienne époque. TEC-9, calibre neuf millimètres, une arme bon marché, utilisé dans les années 2000, d'après le vieux Phil, du quartier souterrain. Le début des années 2000. Ça fait loin, ça, plus d'une quarantaine d'années. Quelques années avant la guerre, les massacres à grande échelle, les épidémies. Une relique. Le témoignage anachronique d'une civilisation perdue qui, au sommet de son art, à l'apogée de sa maîtrise technologique, a jugé caduque le chemin parcouru jusqu'alors, décidant qu'il valait mieux tout raser. Pour en finir, parce que ça allait trop loin ? Ou parce qu'il fallait tout recommencer ? Absoul se pose cette question tout en exhibant l'arme, en la tenant, en prenant des poses de combats. Malgré son air juvénile et sa dégaine de dégénéré, Absoul est un jeune homme talentueux. Limité par le contexte qui l'a vu naître, mais plein de ressources, plein d'imagination. Il s'imagine à cette époque où il y avait des pays, de grands pays, avec plusieurs millions de personnes, et des toits et des chauffages centralisés et de la bonne nourriture à volonté pour tout le monde.

Et bizarrement, presque malgré lui, ça ne le tente pas plus que ça. C'est la dimension masochiste de sa personnalité. Il apprécie son malheur. Il trouve ça, comment ils disent déjà, romantique ? Ce truc qu'il lisait à la grande bibliothèque du camp Lumière, avec le mec qui venait de rompre avec sa femme, à une époque où les gens riches ne faisaient rien, Confession d'un enfant du siècle. Il se rappelle avec ferveur de cette histoire durant laquelle Octave, le héros, ne fait que deux choses : se morfondre et errer. Il se rappelle aussi de l'amour, de ce sentiment qu'il n'a jamais connu, qui pousse un homme à ne plus bouger, à ne plus rien faire. Est-ce qu'il aime réellement Lélie ? Pas au point de se laisser mourir. Ce qu'il veut, surtout, c'est ne pas être seul. Surtout pour un tel périple. Lélie, elle est trop jeune, et un peu trop naïve aussi, mais ça comporte certains avantages. Elle ne pose pas trop de questions et elle y croit, c'est bon pour le moral. Pour l'instant, lovée contre lui sous une grosse couverture en laine, elle rit tandis qu'il manie le pistolet et imite le bruit des détonations en faisant vibrer ses lèvres. Hilare, elle se moque :

- Ce vieux truc, tu crois que ça me fait quelque chose ? Mon père fabrique des armes beaucoup plus puissantes en secret, tu sais.
- Oh, bah, t'aurais pu lui en demander quelques-unes, en supplément du tank, comme un forfait spécial survie, tu sais ?

Elle éclate de rire. Ce garçon, malgré ses aspects parfois antipathiques, sait la faire se plier en quatre comme personne d'autre. Ça change des blagues vulgaires de son père ! Et dire qu'il dirige une Cité entière, celui-là ! Elle déteste son père. À ses yeux, il n'a que des défauts et ils sont trop nombreux pour en citer ne serait-ce que quelques-uns. Mais là tout de suite, au milieu de nulle part, avec le vide et le noir tout autour d'eux, alors que ses paupières ankylosées s'obstinent à tomber, elle reste éveillée, elle pense : c'est peut-être ça, la peur.

- Tu crois qu'il a trouvé ma lettre ?

Absoul range le pistolet et s'allonge sur le matelas gonflable, mains derrière le crâne, en repoussant doucement sa belle, un peu agacé. Son père par-ci, son père par-là... Il est un peu fatigué, ils ont roulé toute la journée.

- Bah, si tu l'avais mise sous son traversin, oui, c'est possible... marquant une pause, il reprend. Il doit être couché, à cette heure-là.
- Ohlala ! fait-elle en se mordant les lèvres comme la petite cachottière qu'elle est. La tête qu'il doit faire ! Il doit être furieux !

Excitée comme une puce, elle se colle contre lui, sa tête sur son épaule osseuse, son genou gauche contre son sexe. Usé, il ne se défend pas. Il n'a aucune envie d'imaginer Gaenar hors de lui, jurant qu'il va le retrouver et l'étriper. J'ai vraiment mal choisi, songe-t-il, avalant difficilement sa salive. Mais elle était la seule volontaire. La seule qui soit assez inconsciente pour le suivre dans un tel projet. Et puis, il y a le bébé.

Il ne se voit pas père. Il n'aime pas spécialement les bébés, il les trouve moches, ennuyeux, dépourvus de charisme. Lui aussi, il y a longtemps, il a été bébé. Un bébé orphelin, un rebus. Ne pas savoir d'où l'on vient, c'est facile quand on ne sait pas où on veut aller. C'est pourquoi il peine à saisir la haine que cultive Lélie envers sa famille et ce qui la pousse à laisser ses attaches derrière elle pour le suivre lui, avec sa touffe multicolore, ses yeux bridés et son nez cassé plein de piercings. En un sens, c'est plutôt flatteur ; cette idée le soulage.

Un calme violent apaise son esprit. Il ne s’est jamais senti aussi serein qu'ici, au milieu du néant, avec un sac de provisions, quelques pièces d'argent. Pour s'endormir, il invente ses parents. Son père un sportif professionnel, un footballeur célèbre, un grand champion et sa mère, une chanteuse à la voix douce et langoureuse. Il invente aussi les berceuses de ses premiers jours, avant qu'on ne l'abandonne. Et puis, il a lu quelque part que même lorsqu'on est tout petit et que l'on reçoit des informations, on les enregistre dans notre inconscient. Alors, c'est peut-être vrai. Quoique, non, ce n'est pas possible, si ses parents étaient ces gens, ils ne l'auraient jamais laissé seul...Ils ont dû être tués. Des malfrats qui l'ont épargné parce qu'il était tout bébé, ou parce que ses parents ont pris soin de le cacher au bon moment.

- Tu dors ?
- Non... chuchote-t-il sans laisser poindre sa lassitude. Et toi ?
- Ben non, puisque je te parle !
- Haha. Très drôle.

Dehors la pluie se fait moins virulente et peu à peu, le souffle narquois du vent se substitue au cliquetis énervant des rafales de gouttes sur la carcasse du tank.

- Tu crois qu'on y sera bientôt ?

Absoul se tourne et se couche sur le flanc, jugeant que sa précédente position ne lui permettrait pas de s'endormir. Il soupire avant de répondre ;

- D'ici deux jours, on devrait y être, d'après le GPS.
- Deux jours, seulement ? dit-elle d'un air triste. J'aime bien moi, ce voyage, j'ai l'impression d'être une aventurière.
- On est à l'abri de rien, répond-t-il pour la rassurer, tout en maudissant ce caractère qu'il juge illogique, sinon clairement stupide.
- Cool ! s'extasie-t-elle en remuant ses jambes sous la couette. C'est la première fois que je sors de la Cité, tu sais.
- C'est pareil pour tout le monde...affirme-t-il d'un ton professoral. Si personne ne sort de son camp, c'est qu'il y a des raisons !
- Arrête ! dit-elle en gigotant de tout son long. Tu m'excites !

Comme il ne répond pas à ses avances, elle se ravise et se blottit contre lui. Elle s'agrippe à son dos en passant ses bras sous ses aisselles, elle est en position sac-à-dos, comme elle aime le dire, sauf que cette fois, elle ne dit rien. « Il a besoin de sommeil, pense-t-elle, je dois le ménager. »

Mais c'est plus fort qu'elle. Elle brûle de questions et d'envie. Le bébé, sans doute. Au stade où il en est, il n'a pas encore de tête ni de pieds ni de mains, mais sa création au jour le jour implique des réactions chimiques qui peuvent l'empêcher de dormir. Son corps est chaud, comme en fusion. Absoul transpire du dos, étouffe sous la couette.

- Tu dors toujours pas ?
- Non...
- Pourquoi c'est mieux là-bas ?

Il s'apprête à répondre mais retient sa langue comme un maître retiendrait son chien enragé en tirant sur sa laisse. Pourquoi ? Tout a commencé avec ce type qui est arrivé au quartier souterrain quelques semaines auparavant. Un pauvre type pas très futé, un ouvrier, comme la plupart des habitants du quartier souterrain. Un dénommé Léo. Un petit mec assez trapu avec un bonnet, d'origine italienne. Absoul le sait parce qu'il n'arrêtait pas de le répéter, d'y faire référence et d'employer des expressions italiennes alors qu'il n'avait vraisemblablement jamais connu son pays. Mais ses parents, si. C'est vrai. Tous les parents du monde n'abandonnent pas leurs enfants. Il peste intérieurement, se renfrognant dans le bouclier mou du coton qui les enveloppe tous les deux.

- C'est mieux parce que là-bas, il n'y a pas de distinction...

Il n'a pas la force d'aller plus loin et pourtant il sait très bien que ça ne suffira pas.

- C'est – à – dire ?
- C'est – à – dire que les pauvres et les orphelins ne sont pas parqués dans des blocs souterrains, tout le monde est logé à la même enseigne, peu importe ce qu'il gagne. Pas de privilège, pas de culte de la concurrence. C'est pour ça qu'on appelle cette cité la Farandole, tu comprends ?
- Ouais, fait-elle un brin rêveuse, un brin perplexe. Tous main dans la main. On a vu ça, en cours, tu te rappelles, l'Utopie ?
- Pff, connerie, rétorque Absoul. Tu vois, ça, c'est ce qu'on appelle de la propagande. Comme on veut garder l'ordre dans le camp, on convainc le peuple dès la naissance que le système dans lequel il vit est le meilleur, que c'est impossible autrement... Mais au bout d'un moment, il faut arrêter d'être naïf. Ce n'est pas une utopie que de penser qu'étant égaux face à la mort, on devrait l'être aussi face à la vie, tu ne crois pas ?
- Les gens sont égaux, au camp Lumière, c'est une démocratie, je le sais, c'est mon père qui la dirige.
- Une démocratie, ce n'est pas forcément plus juste. Il ne faut pas avoir une vision manichéenne du monde. Et puis, si tu m'as suivi, c'est parce que t'es d'accord avec moi, non ?
- Moi je m'en fiche, je veux juste être avec toi, je t'aime. Et je veux qu'on élève nos enfants dans le meilleur des mondes.

Absoul hausse les sourcils. Elle ne peut pas le voir. Le dos tourné, dans la pénombre, il confine ses expressions à une intimité de rigueur. Il a été touché par cette fille, s'il la détestait, il ne lui aurait pas proposé de venir avec lui, il aurait attendu, trouvé quelqu'un d'autre. Il s'est dit que ça pouvait le faire. Mais après cette première journée sur la route, il s'interroge. Il a vingt-trois ans, et elle, dix-neuf. La différence d'âge, ce n'est pas toujours important, c'est vrai que des jeunes gens peuvent faire preuve d'une grande maturité, mais loin de leurs repères, les individus se révèlent, les fragilités s'exposent et s'exhibent.

En ce qui le concerne, et il en est parfaitement conscient, c'est pareil. Son comportement a évolué depuis qu'ils se sont enfuis à l'aube, à bord de cette grosse machine, comme deux voleurs. Ce sentiment de liberté s'est mué en une drôle d'amertume tranquille, comme un désespoir modéré. Non, il ne reviendrait sur ses pas pour rien au monde ! Mais cette décision d'embrigader la fille du chef et de tailler la route avec un flingue préhistorique, un tank russe et un sac de vivres, ne l'a – t – il pas prise un peu précipitamment ? Son impulsivité a pris le pas sur sa raison, il sait l'admettre, mais parfois, comme disait le vieux Phil du quartier souterrain, il faut savoir se sortir les doigts du cul. Nombreux sont les gens qui rêvent sans agir, qui se contentent de créer sans pour autant fabriquer. « Moi, je ne suis pas de ceux-là, pense-t-il très fort tout en sombrant peu à peu dans les méandres de son subconscient torturé. Moi, je fais les choses pour de vrai, je ne me laisse pas faire par le destin. »

Absoul est fier. Toutes les autres données de cette équation compliquée se voient annulées par le bonheur qu'il éprouve de tenir son existence au creux ses mains. Faire des choix, ce n'est pas donné à tout le monde. Certains n'en sont pas capables. Certains n'en ont tout simplement pas l'envie ou la force. Par exemple, ce Léo, avec sa voix de souris, l'exemple typique du fragile qui renonce. Il a quitté la Farandole par égoïsme, par égocentrisme. Le problème de l'homme, et cela Absoul l'a trop souvent observé pour ne pas s'y opposer, c'est sa capacité à se croire unique et différent. Non. En dépit des distinctions qu'il peut s'offrir pour se différencier d'une masse, l'homme n'est qu'un grain de sable bien négligeable, terriblement identique aux autres.

Absoul se sait victime d'un système pervers, basé sur l'apparence et l'individualité comme absolu. Durant toutes ces années, l'état démocratique de Gaenar n'a cessé de lui délivrer des messages d'espoir tout en l'assignant à sa place de futur ouvrier esclave. Un système basé sur l'envie, le désir et la frustration, qui conduit aux pires déviances, aux désirs les plus inavouables. Longtemps il a songé à se distinguer par la haine, par la violence, par un acte tellement choquant qu'il en deviendrait excitant. Mais trop démuni et trop peu conditionné à l'action pure dans son corps, comme dans sa tête, il a opté, comme on le lui a enseigné, pour une émancipation superficielle et bien vaine ; les anneaux sur son visage, les couleurs vives sur ses longs cheveux et les encoches dans ses sourcils en sont la preuve formelle. C'est de cette manière qu'il a tenté de montrer sa différence profonde, sa perception alternative. Aujourd'hui, il n'ignore ni sa bêtise, ni sa vulnérabilité. Le responsable ? Ce cadre insensé dans lequel on l'a fait évoluer. Mais aujourd'hui, la page est tournée. Il n'est plus cet Absoul misérable, fébrile et honteux. Il est fort et courageux.

Mais certaines traces sont indélébiles.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
03 octobre 2015 à 18:48:47

Et bien moi, contrairement à Choco, j’ai trouvé que le premier chapitre est une bonne introduction, mais cela est uniquement dû au fait que la suite de l’intrigue va essentiellement suivre les deux ados, et pas les protagonistes qui apparaissent ici. Je vois ça un peu comme un prologue en fait, détaché du reste du récit (si le reste s’attache bien aux deux ados…)
C’est fluide à lire, riche en vocabulaire, l’ambiance est parfaitement installée, entre l’ouragan au dehors et la tension à l’intérieur, on reste en suspens, attendant que ce charismatique chef explose. Niveau plantage de décor, c’est bien fait, on a quelques éléments, qui sont les plus importants pour nous situer dès le début, mais tu n’en donne pas trop d’un seul coup, juste ce qui est suffisant. Le background a l’air intéressant, à voir ce que donne l’épopée de deux illettrés là-dedans ! :-p

Le premier paragraphe donne direct le ton de la personnalité de la gamine.
Le passage sur les années 2000 n’a pas sa place là. Là tout de suite, c’est l’histoire des deux gamins qui m’intéresse, pas le background que tu nous balance tout d’un coup :hap: à voir si tu peux foutre ça ailleurs, ou bien le diluer. La suite colle beaucoup mieux, avec la personnalité du gosse.
La fracture entre les deux personnalités m’a l’air excessivement exagérée. Entre le gars de 23 ans qui pense utopies et propagande du régime et la débile qui pense qu’à baiser, la marge est hyper grande. Ça me semble beaucoup trop cliché :hap:
Les deux derniers paragraphes apportent une réflexion sur le genre humain, c’est intéressant, mais encore une fois, ça m’a l’air un peu trop gros pour sortir de la tête d’un gamin qui a toute sa vie été conditionné dans un système cadré.

Intéressant tout de même ce deuxième chapitre. J’aurais bien aimé un poil plus de descriptions physiques afin de commencer à me dessiner les traits des protagonistes, ainsi que de « paysage », pour jouer sur l’ambiance oppressante et le sentiment d’inconnu ressenti à l’intérieur de ce tank.

Je continuerai à lire si tu postes à un rythme plus ou moins régulier. (ou sinon j’achèterai le livre ! :noel: )

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
03 octobre 2015 à 19:08:56

Du coup je passe vite fait :

Je n'ai lu que le début (vraiment le début), parce que de 1, j'ai la flemme de lire en ce moment (merci la rentrée de lettres qui me fait bouffer des bouquins à longueur de journée), et de 2 parce que les 1ères lignes ne m'emportent pas.

"Un vacarme d'acier secoue les structures brinquebalantes."

Pourquoi pas, cela ne me choque pas, même si en y réfléchissant, j'ai du mal à imaginer qu'un bruit puisse secouer une structure massive d'acier.

"La tour penche vers la gauche, poussée par les bourrasques qui s'amplifient de minute en minute."

  • Je mettrai "à gauche", et je pense même que ce détail est inutile (une importance qu'elle penche à gauche ?). On a pas de situation géographique encore, donc droite ou gauche pour nous, c'est du pareil au même.
  • Le mot "qui" comme le mot "que" est à bannir au maximum :

:d) "poussée par les bourrasques de plus en plus fortes" ?

  • Le "de minute en minute" m'a gêné aussi, c'est pas joli je trouve, ça coule pas.

"Dans les bureaux du grand chef, tous craignent une nouvelle tornade, plus puissante encore que celle qui a ravagé une bonne partie de l'aile sud, deux jours plus tôt. "

"que celle qui a"
Ché pas beau :hap: .
:d) "plus puissante encore que celle ayant ravagé l'aile sud, deux jours plus tôt" ?
Le "que" est toujours dur à l'oreille.

"Cependant, quelque chose les effraie plus encore."

Tu mets déjà des "que"//"qui" auparavant, évite nous le "quelque" : "une chose les effraie plus encore" ?

"La colère du chef, Gaenar. Hazel a été convoqué et il n'est pas le seul. Il y a le juge Klimpt avec sa grande moustache, Loaf, la femme du roi et les trois autres membres de la garde rapprochée, dont Hazel fait partie."

C'est pas forcément compliqué à comprendre, mais faire la liste des persos dans le 1er paragraphe, c'est pas forcément ce qu'il y a de mieux pour encourager la lecture.

"Il s’assoit, l'air grave, plus grave que d'habitude. En fait ce n'est pas l'air grave"

Trois fois "grave" en deux phrases. Tu viens de perdre un lecteur :hap:.

Bon, plus franchement, j'ai une belle flemme donc je suis pas allé plus loin. Mais il y a quand même des erreurs qui n'aident pas.

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
03 octobre 2015 à 20:05:05

Voila c'est lu.

J'suis partagé. D'un coté, comme toujours, c'est fluide et facile à lire. Du coup même si on n'accroche pas trop, c'est facile d'aller jusqu'au bout. Parce que oui, j'ai pas vraiment accroché. C'est pas mauvais, mais il manque trop de chose en fait (je trouve). Déja comme l'a dit Mandoudou, ya aucune description au dela du psychologique (excepté le look un peu wtf d'Absoul) Du coup c'est assez difficille d'imagé tout ca, et si y'a bien un truc dont j'ai besoin quant je lis une histoire, c'est que les images se forment dans ma tête. La ca marche pas terrible en fait^^ La faute surtout a la fille qui est tout à fait superficiel. Et absolument n décrite physiquement. Du coup lorsque j'imagine les deux dans le tank, sous la couverture, j'ai comme un écran noir a la place d'un des deux perso, j'sais pas stu vois ce que je veux dire :)

Bref, ca peut-être interessant mais faudra que les personnages prennent un peu de dimension, parce que pour le moment c'est ca qui me bloque. La fille est tout simplement transparente. A la limite, rend la énervante, j'sais pas :p) La elle est même pas énervante, elle est... Invisible^^ Et J'accroche pas non plus a Absoul.

Du coup c'est paradoxal parce que j'aime bien l'idée et le concept des deux jeunes adultes qui fuit un cocon protecteur pour découvrir un monde ravagé mais plus "vivant"^^

Psyclo Psyclo
MP
Niveau 10
04 octobre 2015 à 12:10:04

Le 03 octobre 2015 à 18:48:47 Mandoulis a écrit :
Et bien moi, contrairement à Choco, j’ai trouvé que le premier chapitre est une bonne introduction, mais cela est uniquement dû au fait que la suite de l’intrigue va essentiellement suivre les deux ados, et pas les protagonistes qui apparaissent ici. Je vois ça un peu comme un prologue en fait, détaché du reste du récit (si le reste s’attache bien aux deux ados…)

Oui le reste s'attachera surtout aux deux ados.

C’est fluide à lire, riche en vocabulaire, l’ambiance est parfaitement installée, entre l’ouragan au dehors et la tension à l’intérieur, on reste en suspens, attendant que ce charismatique chef explose. Niveau plantage de décor, c’est bien fait, on a quelques éléments, qui sont les plus importants pour nous situer dès le début, mais tu n’en donne pas trop d’un seul coup, juste ce qui est suffisant. Le background a l’air intéressant, à voir ce que donne l’épopée de deux illettrés là-dedans ! :-p

Thanks :)

Le premier paragraphe donne direct le ton de la personnalité de la gamine.
Le passage sur les années 2000 n’a pas sa place là. Là tout de suite, c’est l’histoire des deux gamins qui m’intéresse, pas le background que tu nous balance tout d’un coup :hap: à voir si tu peux foutre ça ailleurs, ou bien le diluer. La suite colle beaucoup mieux, avec la personnalité du gosse.

Mh, d'accord. Une question de mesure, alors, peut-être. ça me semblait quand même important de parler de ce qu'il y avait avant, après oui, question d'articulation aussi, je suppose que ça manque un peu de fluidité.

La fracture entre les deux personnalités m’a l’air excessivement exagérée. Entre le gars de 23 ans qui pense utopies et propagande du régime et la débile qui pense qu’à baiser, la marge est hyper grande. Ça me semble beaucoup trop cliché :hap:

Là je vais être très clair, en général mes personnages sont des trous du cul et il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Et je ne trouve pas ça vraiment cliché puisque tous les êtres humains sont des trous du cul :hap: Plus sérieusement, leur personnalité seront développées et affinées au fil du roman, ne t'inquiète pas. C'est aussi un roman sur la naiveté de la jeunesse.

Les deux derniers paragraphes apportent une réflexion sur le genre humain, c’est intéressant, mais encore une fois, ça m’a l’air un peu trop gros pour sortir de la tête d’un gamin qui a toute sa vie été conditionné dans un système cadré.

ça ne sort pas vraiment de la tête du gosse. Si j'ai choisi la 3ème personne c'est aussi pour utiliser une technique de narration dîte "intrusive" et donner une dimension clairement pamphlétaire au roman. Alors certes, il se dit ça, mais sans doute pas d'une manière aussi organisée que la narration le laisse penser. J'aurai pu utiliser la pensée à la première personne, comme je le fais par fois dans cette histoire d'ailleurs, mais c'est aussi une question de dosage, ils sont déjà pas fut-fut, alors si en plus je les accable de pensées bancales... :hap:

Intéressant tout de même ce deuxième chapitre. J’aurais bien aimé un poil plus de descriptions physiques afin de commencer à me dessiner les traits des protagonistes, ainsi que de « paysage », pour jouer sur l’ambiance oppressante et le sentiment d’inconnu ressenti à l’intérieur de ce tank.

Les paysages et les descriptions physiques arrivent très vite, promis ! :fier:

Je continuerai à lire si tu postes à un rythme plus ou moins régulier. (ou sinon j’achèterai le livre ! :noel: )

un chapitre/semaine grand max, en gros j'attends un ou deux commentaires et je poste la suite. Le but est aussi de ne pas accabler le lecteur potentiel. Passé la seconde page, ça devient compliqué, d'autant plus que mes chapitres sont assez longs.

Merci beaucoup mandou !

Psyclo Psyclo
MP
Niveau 10
04 octobre 2015 à 12:21:23

Le 03 octobre 2015 à 19:08:56 ggiot a écrit :
Du coup je passe vite fait :

Je n'ai lu que le début (vraiment le début), parce que de 1, j'ai la flemme de lire en ce moment (merci la rentrée de lettres qui me fait bouffer des bouquins à longueur de journée), et de 2 parce que les 1ères lignes ne m'emportent pas.

"Un vacarme d'acier secoue les structures brinquebalantes."

Pourquoi pas, cela ne me choque pas, même si en y réfléchissant, j'ai du mal à imaginer qu'un bruit puisse secouer une structure massive d'acier.

Pas faux. Phrase d'accroche que j'ai voulu légérement poétique mais qui, effectivement, ne veut pas dire grand chose au premier degrès.

"La tour penche vers la gauche, poussée par les bourrasques qui s'amplifient de minute en minute."

  • Je mettrai "à gauche", et je pense même que ce détail est inutile (une importance qu'elle penche à gauche ?). On a pas de situation géographique encore, donc droite ou gauche pour nous, c'est du pareil au même.

Ouais, clairement. En plus d'être inutile ça alourdit la phrase.

  • Le mot "qui" comme le mot "que" est à bannir au maximum :

Je privilégie un style naturel, proche de l'oralité, je préfère ecrire comme les gens parlent, je ne me mets pas de limite de formulation. Mais oui tu as raison, il faut varier un minimum.

"La colère du chef, Gaenar. Hazel a été convoqué et il n'est pas le seul. Il y a le juge Klimpt avec sa grande moustache, Loaf, la femme du roi et les trois autres membres de la garde rapprochée, dont Hazel fait partie."

"Il s’assoit, l'air grave, plus grave que d'habitude. En fait ce n'est pas l'air grave"

Trois fois "grave" en deux phrases. Tu viens de perdre un lecteur :hap:.

Là, tu exagères, ne pas adhérer à un style c'est une chose, mais le renier complètement, c'est un peu abusé. Tu as bien compris que la répetition n'est pas une erreur d'inattention, mais bien un effet de style. Tu as le droit de ne pas aimer, mais tâches au moins de te montrer, sinon respectueux, lucide.

Bon, plus franchement, j'ai une belle flemme donc je suis pas allé plus loin. Mais il y a quand même des erreurs qui n'aident pas.

merci d'être passé. Tu as mis en lumière quelques points intéréssants mais je sens aussi pas mal de frustration en toi, ici comme sur le blabla :hap: tu ferais mieux de rager un peu moins et d'écrire un peu plus. Bisouille :coeur:

Psyclo Psyclo
MP
Niveau 10
04 octobre 2015 à 12:30:41

Le 03 octobre 2015 à 20:05:05 Chocobo_3 a écrit :
Voila c'est lu.

J'suis partagé. D'un coté, comme toujours, c'est fluide et facile à lire. Du coup même si on n'accroche pas trop, c'est facile d'aller jusqu'au bout. Parce que oui, j'ai pas vraiment accroché. C'est pas mauvais, mais il manque trop de chose en fait (je trouve). Déja comme l'a dit Mandoudou, ya aucune description au dela du psychologique (excepté le look un peu wtf d'Absoul) Du coup c'est assez difficille d'imagé tout ca, et si y'a bien un truc dont j'ai besoin quant je lis une histoire, c'est que les images se forment dans ma tête. La ca marche pas terrible en fait^^ La faute surtout a la fille qui est tout à fait superficiel. Et absolument n décrite physiquement. Du coup lorsque j'imagine les deux dans le tank, sous la couverture, j'ai comme un écran noir a la place d'un des deux perso, j'sais pas stu vois ce que je veux dire :)

oui c'est vrai et j'ai toujours du mal avec les personnages féminins, que je préfère tourner en dérision à chaque fois... c'est mon problème. L'un de mes lecteurs les plus assidus, féministe convaincu, m'a déjà fait maintes fois ce reproche... pour quelle raison, c'est certainement pas de la mysoginie, mais je sais pas, je ne suis pas femme alors j'ai du mal à me projeter. Après j'aime aussi laisser au lecteur une marge de manoeuvre imaginaire assez conséquente, ça c'est plutôt un truc du roman français contemporain, mais moi j'aime avoir le champ libre pour imaginer mes héros. Bien entendu, au fil du temps je distillerai quand même quelques éléments physiques mais pour moi la magie du livre, c'est justement de ne rien figer dans l'espace et le temps, de tout laisser en suspension.. dans l'imaginaire

Bref, ca peut-être interessant mais faudra que les personnages prennent un peu de dimension, parce que pour le moment c'est ca qui me bloque. La fille est tout simplement transparente. A la limite, rend la énervante, j'sais pas :p) La elle est même pas énervante, elle est... Invisible^^ Et J'accroche pas non plus a Absoul.

ça me frustre de te décevoir parce qu'en plus je sais que je vais finir par répondre à tes attentes... Elle va devenir très énervante :hap:
Et je suis pratiquement sûr que tu vas aimer Absoul aussi, il va bien te faire marrer, un bel enfoiré.

Du coup c'est paradoxal parce que j'aime bien l'idée et le concept des deux jeunes adultes qui fuit un cocon protecteur pour découvrir un monde ravagé mais plus "vivant"^^
Voilà, et comme je le disais à Mandou, c'est un roman sur la naiveté et la perte d'illusion, alors nos deux aventuriers vont vite être surpris par ce qui les attends :cool:

petites précisions sinon pour tous les lecteurs : Ce roman, je l'ai écris en 7 jours, pour un exercice de speed writing de la maison d'édition Lune Ecarlate. Certainement pas pour me dédouaner de quoique ce soit, hein, si je le poste ici c'est parce que j'ai besoin de l'améliorer et de prendre du recul sur ce que j'écris, mais bon, disons que ça peut expliquer bon nombre de carence, puisque je ne l'ai pratiquement pas retouché. Mais ça peut être intéréssant pour vous de voir ce que peut donner un cerveau humain qui fonctionne à toute blinde, aspergé de café :noel:

Message édité le 04 octobre 2015 à 12:34:52 par Psyclo
Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
04 octobre 2015 à 15:44:24

Je suis pas vraiment décu, c'est juste que j'ai plus de mal a accroché a l'écriture ce coup ci. Parce que l'idée et le concept, j'aime bien. Sinon j'me doute que la fille va devenir énervante et conne a crever. Sa lettre dans le premier chapitre (un rien exag quand même^^) donnait le ton :) Je suis peut-être trop pressé :-)

RoulureDu15-18 RoulureDu15-18
MP
Niveau 10
05 octobre 2015 à 00:26:13

J aime bien. Par contre, je déteste déjà Gaenar, c est la représentation de tout ce que je déteste, j espère que tu vas faire un peu souffrir, genre le foutre à la rue ou le foutre en taule :hap:

Chocobo_3 Chocobo_3
MP
Niveau 15
05 octobre 2015 à 01:48:39

?

Ah ouais spécial comme vision :p)
C'est intéressant au moins. Moi j'suis pour que tu développe cette haine assez inattendue envers Gaenar :-)

RoulureDu15-18 RoulureDu15-18
MP
Niveau 10
05 octobre 2015 à 06:07:20

Eh bien Geanar, malgré ces aires de petit roi égalitaire, qui se soucis du bien être de son peuple et du maintiens de la justice, ne vaut finalement pas mieux que n importe quel politicien corrompu qui fait des trucs pas normal pour servir ses intérêts personnels. De plus, j aime bat comme il se prend de haut par rapport à son équipe et à Absoul :(

[B]etween [B]etween
MP
Niveau 10
07 octobre 2015 à 15:42:19

Lu ! Je rejoins le commentaire de Mandou :oui:
Sweet :noel:

ggiot ggiot
MP
Niveau 10
08 octobre 2015 à 22:24:27

Psyclo :d) Désolé, je n'étais pas revenu depuis :rouge: !

"Là, tu exagères, ne pas adhérer à un style c'est une chose, mais le renier complètement, c'est un peu abusé."

Mon :hap: induisait un vrai humour hein, je me fichais pas de ton travail :peur: .

"Tu as mis en lumière quelques points intéréssants mais je sens aussi pas mal de frustration en toi, ici comme sur le blabla :hap: tu ferais mieux de rager un peu moins et d'écrire un peu plus."

Le jeune padawan, maitriser la force, il doit. J'irais pas jusqu'à la frustration, mais on m'a déjà fait remarquer que j'étais sec voire chatouillant parfois, ce qui n'est absolument pas mon objectif (c'est ça qui m'énerve). Par contre sur le blabla, ça me surprent, je vois pas trop en quoi.

Mais par contre pour l'écriture, ouai, je suis pas bloqué, mais je stagne en ce moment c'est très pénible. Je corrige énormément mes textes, les modifie, et je veux pas les mettre ici sans les avoir peaufiné à 90%.

Psyclo Psyclo
MP
Niveau 10
09 octobre 2015 à 13:18:59

Salut à tous et bienvenue pour ce troisième chapitre ! Au programme, dans ce chapitre ; on en apprend un peu plus sur la probable destination de nos deux chenapans et surtout, on découvre que la garde rapprochée du Chef Gaenar est une belle bande bras cassés...

CHAPITRE 3

Sur la route, Hazel tombe sur le juge le Juge Klimpt. Ce dernier, encore en robe de chambre, déambule mollement dans ce grand couloir dont les murs, construits à partir de différents matériaux de récupération, sont ornés de draps rouges brodés d'or, conférant un air royal à cette bâtisse qui, malgré sa vétusté apparente, demeure la construction la plus prestigieuse du clan Lumière.

- Monsieur le juge ! crie-t-il en courant pour arriver à sa hauteur.
- Ah, Hazel, tu es en retard aussi ! dit le juge, les yeux bouffis de sommeil. On va se faire incendier !
- On a passé la nuit au souterrain... explique le garde en esquivant un bâillement intempestif. On a bu comme des trous, j'ai oublié la moitié de la soirée.
- Vous n'étiez pas censés récupérer des indices ?
- Si, bien sûr, mais on a tiré à la courte-paille et c'est moi qui ait été choisi pour faire diversion dans leur saloon. C'était une idée stupide parce qu'ils étaient tous pleins comme des barils, franchement, on aurait tout aussi bien pu s'infiltrer dans la case du freluquet et tout retourner en chantant sans que personne ne se rende compte de rien.
- Et finalement, poursuit Klimpt, légèrement exaspéré, vous avez trouvé quelque chose ?
- J'en sais rien ! admet Hazel. Je n'ai pas revu les autres, je ne sais même pas comment je suis rentré chez moi. Quelqu'un m'a déposé, m'a déshabillé et a programmé mon réveil matin.
- Quelqu'un de fort bienveillant, en somme.

Un vague sourire flotte sur le visage du vieillard, relevant ses moustaches jusqu'à la pointe de son nez musqué. Ils grimpent l'escalier menant au dernier étage de la tour. Tous deux prennent appuient sur la rampe ; il n'est pas aisé de grimper autant de marches dès potron-minet. Ce sont pourtant les ordres qui leur ont été donnés. « À la première heure dans mon bureau, a dit le chef avant de lever la séance. Et vous avez intérêt à ne pas revenir bredouille ! »

Songeant à ces consignes strictes, Klimpt craint que le jeune Hazel, un brave homme, certes, mais trop peu rigoureux, ne fasse l'objet d'une révocation. Soit, se dit-il, qu'il en soit ainsi. La porte est ouverte. Les trois autres sont assis, tous ont repris leur place de la veille au soir. Tous ont le visage écrabouillé par la fatigue mais aucun n'affiche la sordide incompréhension du pauvre Hazel. Et à peine celui-ci a – t – il franchi le seuil du bureau que Jean-Yves, le bon vivant du groupe, l'alpague avec une bonne humeur toutefois un peu flasque ;

- Hé ! Mais c'est ce bon vieux Hazel ! Viens te poser, mon gros.

Hazel s'exécute et s'installe auprès de son collègue à l'embonpoint bien développé. Derrière lui, Hiro et Silvah pouffent de rire assez discrètement, tout en gardant un œil sur la porte d'entrée, de peur d'être surpris en plein fou rire par leur chef à bout de nerfs. Ce n'est pas très respectueux mais ils ne peuvent pas s'en empêcher ; hier soir, Hazel les a beaucoup divertis.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Tu as été génial, mon gros, mais peut-être un peu trop voyant.
- Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Bon, tu te souviens qu'on t'a laissé au saloon pour occuper un peu les piliers pendant qu'on visitait tranquillement la case du freluquet.
- Jusque-là, ça va...
- Bon, ben, quand on est revenus te chercher tu tenais déjà plus debout. Alors on s'est assis, on a pris un verre, ils sont sympas les gars là-bas !
- Mais qu'est-ce qu'ils picolent, ajoute Silvah d'un air taquin.
- Ouais ! Et puis ensuite on s'est bien amusés avec toi, tu es un peu devenu la caution humoristique de la soirée.
Le clown, en quelques sorte, précise Hiro, un sourire cruel aux lèvres.

Assis au premier rang, le juge Klimpt assiste au récit de cette beuverie en soupirant plusieurs fois, pour que tout le monde l'entende, tant il est consterné. L'immaturité et le manque de professionnalisme de la garde rapprochée le sidèrent. Étant d'un tempérament plutôt cynique à la base, il en vient à fantasmer un conflit interne ou une espèce d' attaque surprise perpétrée par un quelconque groupe de putschistes, pour les voir pâlir à vue d'œil et ainsi regretter toutes ces années d'oisiveté rémunérée. Son faciès de vautour, animé par une drôle de haine, prend alors toute son ampleur. Il se retourne brusquement, bien décidé à les recadrer une bonne fois pour toute.

- Et vos recherches, elles ont été fructueuses ?
- Hum... hésite Jean-Yves, cessant ses cabrioles. Pas trop, à vrai dire, on a essayé de discuter avec les tauliers du saloon, il y avait ce type là, avec ses grands gestes, comment il s'appelait déjà ?

Il appelle ses deux collègues en renfort. Face au juge, les gardes arborent l'expression morne et inexpressive du fonctionnaire appliqué et consciencieux. « Cela ne leur sied pas du tout », pense le juge en sirotant bruyamment son café amer.

- L'italien, là, dit Silvah en fouillant dans sa mémoire toute embuée. Hum...
- Léo !
- Ouais, voilà, c'est ça ! Léo ! s'exclame Jean-Yves. Il nous a parlé d'une discussion qu'il aurait eue avec...

Des pas lourds font trembler le sol. Jean-Yves s'interrompt. Les dos et les nuques se dressent, les mains enfoncées dans les poches se posent à plat sur les cuisses de façon neutre et les visages se durcissent comme des machines. Gaenar apparaît en pleine forme, se dirige vers son siège d'un pas énergique et infaillible. Épargnant à ses vis-à-vis les politesses d'usage, il rentre directement dans le vif du sujet.

- Alors, vous avez ce que je vous ai demandé ?
- Oui, mon chef, affirme Jean-Yves en raclant subtilement le chat lové dans sa gorge. Hier soir, nous avons pu nous entretenir avec un dénommé Léo Magnotta, un ouvrier de classe basse récemment immigré. Comme on l'a bien travaillé, il nous a avoué s'être entretenu avec le jeune Absoul Toven.
- Intéressant... siffle Gaenar, détaillant le garde comme un carnivore affamé face à une proie facile, les articulations endormies de ses doigts craquant contre ses paumes glaciales. Poursuivez.
- Donc, d'après lui, le jeune Absoul était vraiment antipathique, voire pathétique, il n'avait aucun sujet de conversation, il ne buvait pas et ne faisait que l'écouter parler en hochant la tête comme un robot, sans expression particulière et en plus, il avait un look ridicule. Sauf qu'une fois, lorsqu'il s'est mis à parler de la communauté qu'il avait quittée pour rejoindre les Lumières, son visage s'est illuminé.
- D'où venait ce Léo Magnotta ?

Jean-Yves, implore ses compères de prendre la relève ; il est à bout de souffle. Hiro bombe le torse d'un air martial et se lance.

- Il venait de la communauté de la Farandole, vous savez, au nord.
- La Farandole ? répète Gaenar, yeux exorbités, tête penchée vers l'avant. N'est-ce pas cette communauté poubelle qui accueille tous les bannis, Juge ?
- Il me semble que c'est exact.
- Mmh... grogne le chef, sceptique. Et alors qu'est-ce que vous en déduisez ?

Levant les sourcils et croisant les mains sur son ventre, enfoncé dans son siège, il stagne, dans l'attente d'une réponse qui ne vient pas. Les gardes, bras le long du corps, se concertent silencieusement et bêtement. Gaenar s'empourpre. Hazel, qui dispose de bonnes capacités d'improvisation, ainsi qu'il l'a démontré au saloon, saisit la parole au vol avant qu'elle ne retombe dans la gorge furibonde du grand chef.

- Il est possible qu’Absoul ait pris la fuite en direction du Nord avec votre fille, chef Gaenar.
- Vous allez vite en besogne ! s'écrie le chef, presque amusé. Il suffit donc d'une « illumination » dans le regard de ce petit freluquet pour que l'on émette ce genre d'hypothèse fumeuse ?
- Nous n'avons rien d'autre, mon chef... déplore Hiro.
- La fouille n'a rien donné ?
- Non, il n'y avait plus rien dans sa case, il a même emporté son matelas.

Gaenar pivote sur son siège et se met à toucher le bout de son nez avec sa langue... c'est une drôle de manie qu'il a lorsqu'il réfléchit. Il a l'air parfaitement stupide mais dans cette pièce, personne n'osera le relever ; pas à voix haute, en tout cas. Dehors, le ciel est gris-bleu. C'est rare de voir du bleu aujourd'hui et Hazel, plein d'alcool, s'en émerveille. « Un peu de poésie dans ce monde radioactif, se dit-il, parfois, ça ne fait pas de mal. » Gaenar revient vers ses hommes. Son siège grince derrière lui, il s'est levé un peu trop vite.

Comme je m'y attendais, ce n'est pas très concluant, déclare-t-il froidement. D'autant plus que c'est totalement ubuesque que de supputer qu'ils aient délibérement quitté notre idéal démocratique pour cette espèce de dictature déshumanisante. Enfin, soit, j'imagine que vous avez fait votre possible.

Klimpt émet un imperceptible râle de protestation qui passe inaperçu... encore heureux.

- Quoiqu'il en soit, continue Gaenar, il convient d'agir, et la minceur des éléments que vous avez collectés ne doit pas nous contraindre à l'inaction. Juge, je crois qu'il est temps de tester l'efficacité de nos androïdes sur le terrain.
- Mon chef, sauf votre respect, ces robots ne sont pas fiables, nous ne sommes pas à l'abri d'une panne ou d'un quelconque dysfonctionnement, c'est dangereux et puis on est sûr de rien, vos gardes sont des incapables. Le type a pu les mener en bateau et raconter des inepties !
- Fermez-la, Juge, c'est moi qui décide.
- Mais, mon chef, vous me demandez mon avis !
- J'ai dit : FERMEZ-LA !

Klimpt se recroqueville comme un mollusque dans sa coquille, fustigeant l'incapacité de son chef à faire preuve de retenue et de discernement en cas d'imprévu. Bien qu'il s'agisse de sa fille, c'est un manquement aux principes fondamentaux de la démocratie qu'ils ont érigée ensemble. En un sens, il se sent bafoué. Pour l’intérêt de tout un chacun. C'est la devise du camp des Lumières et elle se trouve salie par celui-là même qui l'a inventée.

- Et puisque vous semblez émettre quelques réserves, cher Juge, persiste Gaenar, j'irai moi-même rendre visite au docteur Stein.
- Si elle a un minimum d'éthique, elle refusera.
- L'éthique, vous pouvez vous la carrer où je pense.
- Vous ne pouvez pas décider seul de la mise en fonctionnement de ces... machines ! insiste le juge, perdant ses mots. Cette décision doit faire l'objet d'une discussion formelle, nous devons réunir les ministres et voter pour ou contre la mise en circulation légale de…
- Je connais la loi, Klimpt. D'ailleurs, vous pouvez disposer. Vous ne m'êtes d'aucune utilité.

Le juge prend la consigne à la lettre. Mâchoires crispées, poings serrés, la rage frétillant sous son épaisse moustache rousse, il se lève. Hazel frémit. La tension qui règne dans ce bureau l'oppresse et il aimerait bien partir et finir tranquillement sa nuit.

- Puisque c'est comme ça, je présente ma démission, annonce-t-il en jetant sur le bureau du chef sa plaque de Premier Juge. Vous parlez de dictature, mais vous agissez en tant que tel, alors, à quoi bon ?
- Venant de la part d'un homme qui assiste à une réunion officielle en robe de chambre, cela ne me touche pas.

Vexé, le juge resserre la ceinture de son peignoir en opinant du chef. Gaenar sort machinalement sa bouteille de whisky avant de se raviser et de la ranger sous le bureau. « Mon dieu, qu'est-ce que je suis en train de faire ? Il est à peine six heures du matin ! » Sa négligence peut lui porter préjudice. Le Juge, libéré de ses fonctions, pourrait révéler au camp cette sombre histoire d’enlèvement, le décrédibiliser, attiser la colère du bas peuple et ainsi renforcer le poids ses opposants dans la balance politique. Les élections doivent avoir lieu dans deux ans. En vingt-quatre années, il n'a jamais perdu une seule élection. Sa domination est nette et il ne voit pas comment cela pourrait être autrement. Il interpelle Klimpt qui se rapproche de la porte d'un pas lent et las, comme s'il s'attendait à être retenu.

- Où allez-vous ? lui demande-t-il d'un ton sévère masquant fébrilement l'anxiété qui le ronge.
- Je vais sûrement marcher dehors, dit-il tirant sur la ficelle en caoutchouc de son masque à gaz. Et réfléchir à cette sombre histoire.

Le défi, bien qu'implicite, a été lancé et Gaenar, perspicace, le relève les doigts dans le nez. Il ouvre l'un des tiroirs de son bureau, en sort un attaché-case en vieux cuir, l'ouvre par sa braguette et en extrait trois sacs en toile de jute, plein de pièces. Il les jette aux bottes boueuses du juge comme on jette des portions de viandes dans une fosse aux fauves.

- Voilà pour vous, dit-il. Si ça peut vous aider à réfléchir...

Klimpt hésite un instant, pesant le pour et le contre, comme il sait si bien le faire, puis se penche pour ramasser le pécule, n'ayant que faire des regards inquisiteurs lancés par les gardes. Après tout, il peut comprendre son chef. N'ayant pas d'enfants, il peine à appréhender une telle perte, mais au moins, il peut l'imaginer et être impartial dans son jugement ; c'est son métier, celui qu'il a étudié pendant plusieurs années à la faculté, avant les premiers bombardements. Il a connu le monde tel qu'il était avant l'explosion des institutions et il sait très bien qu'on a trop souvent galvaudé le terme de « corruption. »

- Je vous emmerde.

Il adresse un sourire connivent à Gaenar et se retire. Une fois sorti, le chef invite sa garde rapprochée à débarrasser le plancher. Quand le champ est libre, il balaye du regard l'étendue du camp derrière sa fenêtre en plexiglas. La tour ne mesure pas plus de huit mètres de hauteur mais elle surplombe la cité. Toute cette taule, ces bidons et ces morceaux de ferrailles à ras du sol lui évoquent ces bidonvilles de l'ancien temps, en périphérie des grandes villes riches, la salubrité en plus. Il a accompli beaucoup, mais pas assez. Dans sa quête de justice et de progrès, il a hissé sa société miniature au rang de modèle du genre et pour s'en apercevoir, il suffit d'observer tous ces gens qui se bousculent pour émigrer dans son monde à lui, monde construit à la sueur de son front et à la force de sa détermination. Plus rien ne sera jamais comme avant. Les arbres ne repousseront plus. L'eau ne pourra plus jamais être bue à sa source ni l'air respiré sans masque protecteur. « Au fond, pense-t-il, tout cela est un peu vain. Beaucoup d'effort pour rien. Ma destinée, sans doute. Impossible d'y couper. » Il aurait peut-être mieux valut succomber aux radiations pour ne pas avoir à subir les heures les plus sombres de l'histoire de l'humanité. Parfois, la bravoure ne suffit pas. Quand tout s'effondrera pour de bon, il pourra partir l'esprit libre.

Et il jure que sa fille sera là pour le border sur son lit de mort.

Juglans Juglans
MP
Niveau 7
18 octobre 2015 à 14:29:26

J'aime beaucoup ton style, j'ai pas grand chose à dire mais mention spéciale au message de la fille au début. J'ai bien ri. :noel:
Si je mentionne ce point, c'est parce que créer un message comme ça, réaliste, un peu futuriste et "bien" mal écrit c'est pas si facile finalement. T'as bien géré le coup. J'aime bien l'humour.

Message édité le 18 octobre 2015 à 14:29:45 par Juglans
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