CONNEXION
  • RetourJeux
    • Tests
    • Soluces
    • Previews
    • Sorties
    • Hit Parade
    • Les + attendus
    • Tous les Jeux
  • RetourActu
    • Culture Geek
    • Astuces
    • Réalité Virtuelle
    • Rétrogaming
    • Toutes les actus
  • RetourHigh-Tech
    • Actus JVTECH
    • Bons plans
    • Tutoriels
    • Tests produits High-Tech
    • Guides d'achat High-Tech
    • JVTECH
  • RetourVidéos
    • A la une
    • Gaming Live
    • Vidéos Tests
    • Vidéos Previews
    • Gameplay
    • Trailers
    • Chroniques
    • Replay Web TV
    • Toutes les vidéos
  • RetourForums
    • Hardware PC
    • PS5
    • Switch
    • Xbox Series
    • Overwatch 2
    • FUT 23
    • League of Legends
    • Genshin Impact
    • Tous les Forums
  • PC
  • PS5
  • Xbox Series
  • PS4
  • One
  • Switch
  • Wii U
  • iOS
  • Android
  • MMO
  • RPG
  • FPS
En ce moment Genshin Impact Valhalla Breath of the wild Animal Crossing GTA 5 Red dead 2
Etoile Abonnement RSS

Sujet : [Thriller] Raison d'Etat

DébutPage précedente
1
Page suivantePage suivante
Welda_v2 Welda_v2
MP
Niveau 5
18 mars 2015 à 16:25:44

Le Sofitel de Strasbourg Grande-Île se trouvait à 10 minutes en voiture du parlement européen. Malgré le classement 5 étoiles du prestigieux établissement, sa façade était assez lugubre, et ressemblait plus à une sorte de gros bâtiment administratif qu'un lieu où de prestigieux diplomates et patrons d'entreprises créchaient temporairement. La rue Thomann avait été fermée, les voitures qui l'occupaient déplacées, et en pleine nuit, sous les lumières jaunâtres des lampadaires, on distinguait les figures de quelques hommes en treillis verdâtres. C'étaient des militaires du 54e régiment de transmissions, qui avaient été dépêchés en vertu du plan Vigipirate pour garder l'endroit. En réalité, le plan Vigipirate avait été activé au niveau « Alerte Attentat » dans toute la France depuis 2027, et n'avait depuis jamais été rabaissé. Les militaires se tenaient derrière de grosses barrières en fer grises, et tremblaient dans leurs gros manteaux chauds, leurs fusils FAMAL solidement accrochés bien en évidence sur leurs poitrines. Normalement, c'étaient les gendarmes qui étaient déployés pour ce type de missions, mais ces derniers temps, l'armée marchait dans les rues. Non pas que c'était exceptionnel... Les habitants de Strasbourg, comme ceux de Paris ou de Toulouse d'ailleurs, étaient habitués à voir passer des militaires en équipement. Parfois, ils venaient même avec leurs systèmes Félins et roulaient dans leurs véhicules blindés flambants neufs...

Juste devant le Sofitel se tenaient 3 voitures noires. De gros SUV de la marque BMW, noirs aux vitres teintées, avec également des portes blindées pour résister aux balles de fusil. Il y avait également des hommes qui attendaient devant ces voitures. Pas des militaires. Ils avaient l'apparence de militaires, c'est vrai, avec leurs larges épaules et leur stature au garde-à-vous... Mais ils avaient tous un âge avancé et portaient des costumes tirés à 4 épingles. On voyait sous leurs chemises la trace d'épais gilets pare-balles malgré tout, et la plupart avaient également les holsters de leurs pistolets bien en visuel. La sécurité privée était déjà moins habituelle pour les habitants des villes, et dans un immeuble en face, le siège d'une entreprise de démarchage où certains employés continuaient de travailler, on voyait les salariés prendre des photos avec leurs portables. Pour autant personne n'osait s'approcher. Même la sécurité privée avait le droit de donner des coups de matraques aux fauteurs de troubles.

La nuit était calme. Il n'y avait pas un bruit, excepté l'éternuement répété d'un des soldats qui montait la garde. Dans le hall de l'hôtel, il n'y avait pas plus d'ambiance : Les gens dormaient. Un homme était arrivé, il n'y a pas longtemps, avec un important détachement de sécurité, et une très jeune femme aux cheveux voilés. L'homme, sa femme, et deux de ses gardes du corps venaient d'entrer dans un ascenseur qui montait vers un étage qui avait été entièrement réservé pour lui, comme l'étage en dessous d'ailleurs. Il ne s'était pas déplacé seul. Cet homme était un homme occupé, et avec des problèmes. Il avait trois avocats avec lui, qui avaient chacun droit à leurs jolies chambres et à un garde qui tiendrait position devant.

L'ascenseur arrivait jusqu'à une grande suite richement décorée, peut-être même trop pour le bon goût. Des hommes en noir avaient déjà fouillé le moindre recoin de toutes les pièces, à la recherche de bombes, de micros, de caméras ou de poison. Ils laissaient maintenant place à l'homme et à sa femme, même s'ils continueraient de surveiller sa porte, ainsi que la terrasse de l'hôtel, et les escaliers, et tous les endroits où on pourrait circuler.

L'homme soupira quand on ferma la lourde porte en bois derrière lui. Il alla vers un canapé en soie pourpre où il s’affalait lourdement. Il était en face d'une large fenêtre aux rideaux beiges tirés, mais ses yeux étaient attirés vers une large télévision plate, encastrée dans un mur. Sa femme décida de l'allumer, et alors, son bon mari pu poser ses pieds endoloris et fatigués sur une jolie table basse en face de lui. Sa femme voilée alla vers une console, ses talons claquant sur le sol. L'homme était excité par les talons, c'était un de ses nombreux goûts sexuels. Il aimait que ses femmes portent de beaux talons très chers pour lesquels il dépensait sans compter.
On dit « ses femmes », car l'homme qui regardait la télévision était un polygame. La polygamie, sous la pression des musulmans, avait été autorisée en Allemagne. C'était une polygamie très encadrée et limitée, comme au Maroc, mais ça n'avait pas empêché Tarik Hoffman d'épouser 3 femmes. Contrairement à certains hommes d'affaire qui aimaient épouser une femme pour la cuisine et les tâches ménagères, et d'autres pour... D'autres choses... Hoffman n'avait accepté d'épouser que des jeunes dont les pratiques sexuelles étaient communes aux siennes. Elles aimaient le cuir et les menottes, tout comme lui, et au final, c'était des mariages plutôt heureux qu'il vivait.

Tarik Hoffman n'était pas venu en France par plaisir. En ce mois de décembre 2029, il était l'un des hommes les plus importants d'Europe. Il était PDG de la gigantesque entreprise allemande Gehärt&Sohn. Cette minuscule firme d'armes légères avait, en 15 ans, été transformée en véritable poids lourd de l'armement international. Ils produisaient maintenant des pièces d'artillerie, des explosifs, des véhicules blindés, et même des drones, un secteur très porteur. Ils avaient des contrats avec quasiment toutes les armées ou groupes paramilitaires du globe. Seule la nouvelle manufacture d'armes de Lille était capable de rivaliser avec eux. Mais c'était une autre histoire, peu intéressante. Non, l'histoire intéressante, c'était que Tarik Hoffman allait comparaître devant la commission européenne. Il était accusé d'un crime extrêmement grave : Il était accusé d'avoir fourni des armes à des groupes djihadistes dans le monde entier. Il voulait limiter les dégâts médiatiques à sa compagnie et avait déjà préparé sa défense. Les accusations, colportées par quelques journalistes, tenaient sur très peu de preuves matérielles, il n'avait aucune chance d'aller en prison. Mais la justice pouvait parfois venir d'une autre façon... Et monsieur Hoffman craignait pour sa vie.

La télévision montrait TF1, la première chaîne d'Europe. C'était déjà l'heure du journal télévisé du 20 heures. Le générique extrêmement technologique montrait la belle planète bleue et des flashs un peu bizarres. Pendant ce temps, la femme de Hoffman ramenait deux verres en cristal remplis de whiskey. Elle s'assit gracieusement aux côtés de l'homme et lui remit un verre en main. Elle passa une main dans ses cheveux, Tarik était encore assez jeune pour avoir d'élégants cheveux noirs, et déposa ses lèvres contre sa joue.

À l'écran, Enora Malagré présentait son journal, toujours fidèle au poste depuis 4 ans à présent. La bretonne commençait à avoir quelques légères rides, et parlait avec un calme et un tact impressionnant, bien loin de son ancienne attitude belliqueuse lorsqu'elle était plus jeune. Journaliste reconnue, l'élégante blonde était remarquable dans son élégant tailleur grisâtre.

- Madame, monsieur, bonsoir. Les titres de ce lundi 3 décembre 2029...

L'image changeait pour montrer un court film : Un homme au visage racé et aux cheveux gris traversait une rue devant un grand bâtiment. Il portait un uniforme et un képi de général de l'armée française, et était accompagné de plusieurs militaires.

- Le général Pierre Delachaux, héros de la bataille de Marseille, va être élevé à la dignité de Maréchal de France. C'est une décision unique du gouvernement, annoncée ce matin par le premier ministre. Le général, actuellement chef d'état-major des armées, deviendra ainsi le premier officier élevé à cet honneur depuis Marie-Pierre Koenig.

Tarik leva un sourcil à cette annonce. Bien qu'il était peu intéressé par les affaires des Français, et bien qu'il venait d’entamer son alcool fort, et bien qu'à présent sa femme déboutonnait son col de chemise et commencer à appliquer ses lèvres le long de son cou, il était intéressé par l'histoire de Pierre Delachaux. Ce jeune général de 52 ans était un véritable héros national. Lors de la bataille de Marseille, il avait désobéi aux ordres pour libérer la ville et sauver les Marseillais piégés. Il était devenu, involontairement, une icône international. Le hashtag #LégionDelachaux était devenu le premier de tout twitter. Il avait été ainsi fait grand-croix de la Légion d'Honneur, ainsi que de l'ordre national du mérite. Delachaux n'était pas seulement extrêmement populaire, c'était aussi un stratège et un tacticien hors-pair, aussi, il avait été tout naturel de le mettre au commandement de l'armée française, poste qu'il convoitait bien avant Marseille. Ce qui était moins naturel, c'était de le nommer Maréchal... Enfin, sûrement un coup de pub.

- Également dans l'actualité, un affrontement entre les auto-proclamés « Nouveaux Francs-Tireurs et Partisans » et la police a dégénéré à Nice. Les communistes, qui réclament la dissolution de l'assemblée nationale pour vice de procédure dans l'élection législative se sont attaqués à la préfecture qu'ils accusent d'avoir bourré les urnes pour l'Union Républicaine... 2 policiers ont été grièvement blessés et 5 manifestants interpellés.

Malagré reprit son souffle alors que les images défilaient. Des ambulances qui fonçaient à toute allure dans les rues, on voyait à présent des hommes travailler au bureau.

- Le chômage, maintenant. Il a baissé de 10% cette année, notamment grâce à un assouplissement du code du travail et des charges sociales... Mais si cette baisse est qualifiée de « très encourageante » par le gouvernement, les syndicats accusent la montée du sous-emploi et du travail précaire. Enquête sur ces gens qui ne peuvent pas vivre décemment alors qu'ils sont salariés.
Enfin, la Bretagne, toujours. Les bonnets rouges ont à nouveau manifesté leur colère face aux nouvelles mesures de suppression d'aides aux agriculteurs. Aujourd'hui encore, nombre d'entre eux peinent à vivre décemment de leur production. Cette année a été unique puisqu'elle a été la première où le salon de l'agriculture n'a pas eu lieu.

Tarik semblait ennuyé par le JT. C'était un peu toujours la même chose. On parlait toujours des affrontements, des conflits quasi-quotidiens, des bagarres dans la rue... Tarik n'en avait que faire. Il vivait bien, confortablement, loin des problèmes de la masse. Lui, ce qui l'intéressait, c'était les revues économiques, les nouvelles scientifiques et technologiques. Les progrès de la médecine étaient incroyables. Dommage que la crise et les mouvements « puritains » gênaient ça. Tarik était musulman, oui. Mais c'était un musulman modéré. Il ne faisait pas partie de ces mouvances salafistes qui refusaient fermement le progrès. Oh non. Le progrès il l'attendait de pied ferme.

Sa femme était collée à lui et lui caressait son torse velu. Le vieux turc-allemand tournait ses doux yeux verts pour observer son visage fin.

- Je vais fumer.
- Tu veux que je m'habille plus confortablement ? Demanda-t-elle d'un ton qui montrait clairement sa soumission, ce ton de jeune enfant qui cherchait à faire plaisir.
- Oui.

Il posa ses gros doigts sur son genou, et pressa légèrement avant de se lever sur ses deux jambes. Il se dirigea calmement vers la longue baie vitrée de la chambre, tandis que sa gamine se dirigeait vers la chambre.
Il ouvrit lentement la fenêtre, la fit coulisser, et posa un pied sur le balcon en pierre. Il sortit un paquet de malboro de sa poche intérieure. C'était un paquet français : Il n'y avait pas la marque, mais de grosses images immondes de poumons encrassés avec écrit « Fumer tue ». Mais bon, ces derniers temps, les gangs étaient bien plus dangereuses que le cancer, et aussi, personne ne semblait écouter les recommandations du ministère de la santé, qui d'ailleurs avait subi un attentat il y a quelques mois.

Tarik posa une cigarette sur sa bouche, et alluma son briquet. Dehors, au loin, les lumières de la vieille ville de Strasbourg contrastaient avec l'obscurité ambiante. Il y avait quelques tirs, dans les quartiers sensibles. Des détonations très courtes, qui s'arrêtèrent aussi vite qu'elles avaient commencé. Cela pouvait être des feux d'artifices ou des pistolets, ce n'était pas important. Les endroits à protéger, le bâtiment de l'ENA, le parlement européen... Ces endroits essentiels étaient de toute façon remplis de gendarmes et de militaires, aussi il n'y en avait pas à s'en faire. La République était défendue. Quant aux autres, ils étaient laissés à l'abandon dans les cités, dans des bidonvilles qui s'installaient à l'entrée des villes...
Tarik tirait sur sa cigarette. Il laissait le tabac entrer au fond de ses poumons, avant de laisser s'échapper un souffle blanchâtre de ses lèvres, soufflant légèrement. Il contrôlait tout. Sa femme, ses finances, son entreprise... Demain serait une longue journée. Demain, il continuerait sa domination.
Il tremblait néanmoins. De froid, sans doute. Il se décida à rentrer à l'intérieur.

Un détail l'alerta immédiatement. La télévision était éteinte. Un léger détail sans importance, mais qui l'alerta. Il alla dans le hall d'entrée, et aperçut que la porte était grande ouverte. Il fonça, un peu énervé. Il alla dans le couloir où se trouvait l'ascenseur.

Ses chaussures firent un peu de bruit. Il leva son pied gauche et y découvrit un peu de liquide rougeâtre. Il pencha son corps pour voir dehors. Il voyait ses deux gardes du corps criblés de balles, allongés par terre.

Tarik leva grand les sourcils et avait le visage livide. Il respira difficilement, comme s'il faisait une crise d'asthme. Il claqua la porte et fonça à nouveau vers le salon, laissant de grosses traces de sang sur le tapis. Il alla vers la chambre, d'un pas rapide. Mais alors même qu'il allait poser sa main sur la poignée de la porte, il entendit un hurlement, qui le fit reculer. Il continuait de fixer la porte jaune-crème, quand elle s'ouvrit devant lui. Sa femme était retenue par un homme plus grand que lui, cagoulé, portant une veste en cuir et gardant une main recouverte de gants noirs sur la bouche de sa conjointe. Il avait dans l'autre main un couteau, qu'il plaça sous la gorge de l'une de celles avec qui il partageait sa vie.

Tarik parti en courant, apeuré. Il fonça à nouveau dans le hall, quand la porte de la salle de bain s'ouvrit. Un autre homme, dans un accoutrement similaire, en sortit. Il visa le riche patron et tira trois balles de pistolet silencieux derrière son crâne. Tarik s'écrasa à terre, sa cervelle coulant le long des trous de son crâne.
L'homme au pistolet se retournait vers son camarade, qui se débattait pour tenir la jeune fille. Ils échangèrent juste un regard. L'assassin de Tarik fit un signe de tête, sec, et immédiatement, l'assaillant au couteau trancha la gorge de la femme. Du sang était projeté au loin, comme un geyser, volant un peu partout. Puis, la lâchant, le cadavre s'écrasait comme un pantin désarticulait, faisant des bruits atroces, comme si elle se noyait dans son propre sang.

Les deux hommes partirent aussitôt, d'un pas décidé, laissant sur le sol Tarik Hoffman, et ouvrant la voie vers une nouvelle crise que la France devrait relever.

Welda_v2 Welda_v2
MP
Niveau 5
18 mars 2015 à 18:02:41

Introduction :

"Raison d'Etat" est un écrit d'anticipation un peu idiot, basé sur l'actualité.
Le texte cherche à montrer ce que pourrais être la France dans 15 ans, minée par une crise économique, des radicalisations extrémistes, une montée de l'insécurité et d'une nouvelle génération en manque de repères.

"Raison d'Etat" suivra l'histoire d'agents de la DGSI, qui agissent dans l'ombre pour tenter de garder un semblant de paix dans notre pays. Ce n'est pas un texte intelligent, ou bien écrit, ou qui cherche à donner des leçons. C'est plus un petit truc comme ça, sans aucune prétention.

Le "roman" utilisera des noms de personnalités, et aura des passages parfois crus, parfois qui peuvent être considérés choquants. Mais ce n'est rien de plus que ce que c'est : Un texte sorti de l'imagination un peu fertile d'un mec comme un autre :noel:

J'espère juste que ça vous plaira, et je recueille tous les avis, quels qu'ils soient.

Message édité le 18 mars 2015 à 18:04:12 par Welda_v2
nico2251 nico2251
MP
Niveau 10
21 mars 2015 à 17:56:43

Pour une fois qu'y a un texte d'une telle longueur pas philosophique qui est ce qu'il prétend :noel:.
C'est très bien écrit à mes yeux, rien à redire en attendant la suite avec impatience :hap:.

Welda_v2 Welda_v2
MP
Niveau 5
21 mars 2015 à 18:19:10

Le siège de la direction général de la sécurité intérieure se trouvait au 84 rue de Villiers, dans la commune de Levallois-Perret. Au nord de Paris, entre Clichy et Neuilly-sur-Seine, ce gros bâtiment avait un aspect lugubre et malsain. L'entrée était gardée par des hommes en noir, cagoulés, et la route menait vers un parking souterrain. Le sous-sol était également composé de stands de tir et de parcours d'entraînement, pour mettre en forme les agents. Le bâtiment en lui-même était composé d'une barre de 8 étages, rattachée à une tour qui en faisait 10. Sur les toits, il y avait un héliport et quelques tireurs d'élite postés aux angles. Depuis l'attentat qui avait tué 3 policiers, toutes les routes alentour étaient gardées, et il fallait présenter patte blanche pour pouvoir pénétrer dans l'antre de la DGSI. Il faut dire que le bâtiment était devenu la base du renseignement intérieur. Les services de renseignement de la préfecture ou de la gendarmerie dépendaient de la direction.

Le meurtre de Tarik Hoffman venait d'arriver il y a moins de deux heures, et pour l'instant, le monde ignorait l'événement. Mais au petit matin, il faudrait justifier de son absence, et ça, c'était moins cool... La police de Strasbourg avait bloqué l'accès au Sofitel. Il n'y avait pas de police scientifique à Strasbourg, aussi, la DRPJ de Paris avait déjà envoyé un fourgon avec ses techniciens pour faire des relevés. Il leur faudrait bien 5 heures pour y arriver, et beaucoup plus de temps pour faire des relevés précis. Normalement, c'était une simple affaire de meurtre. Mais les affaires dans lesquelles Hoffman était impliqué rallongeait la liste de suspects à un nombre plus grand et plus diversifié que d'habitude.

Dans le grand bâtiment de Levallois-Perret, deux hommes étaient dans un beau bureau au dernier étage de la tour. L'un d'eux regardait dehors, et fumait, sa cigarette passant par la fenêtre ouverte pour évacuer la fumée qui dérangeait l'autre homme. Le fumeur était un très grand homme, en chemise aux manches relevées, le regard doux ; Il avait le crâne rasé mais son visage avait pas mal de poils noirs, certains commençant à tendre au gris. Il était très musclé, mais était tout de même ridé. L'autre homme, lui, était assis, de manière plutôt détendue, devant le bureau où étaient dressés plusieurs piles de dossiers. Lui, c'était un petit, aux cheveux courts et remplis de gels, rasé court, et très ridé. Il avait l'air vieux, oui, mais gardait un air teigneux, qui allait bien avec son vocabulaire direct et froid. D'ailleurs, il parla, après avoir fait un étrange tic d'épaule.

- Bon, Thierry... On vas pas passer par quatre chemins, non ? Tu penses que c'est qui, qui a fait ça ?

Thierry tira sur sa cigarette, et mit quelques secondes à répondre, le temps de vider ses poumons de la crasse qu'il respirait.

- Monsieur le ministre... Le sofitel était gardé par des militaires et son propre staff de sécurité. Les terroristes qui ont commis le crime étaient cachés. Ils ont réussi à s'enfuir en se déguisant en maîtres d'hôtel. Ils étaient professionnels, faisant preuve d'un sang froide à toute épreuve.
- Ben, écoute, tu m'apprends rien...
- Strasbourg est au carrefour de l'Europe. Et Hoffman était détesté par énormément de personnes. Les tueurs savaient où et quand Hoffmann serait dans sa chambre, ils savaient où et quand le staff de sécurité serait placé. Pour moi, ils ont reçu de l'aide.
- « Ils » ?
- Le problème, c'est que n'importe qui pouvait avoir tué Hoffman, continua Thierry en se retournant. Ça pourrait être des membres du bloc identitaire, des extrémistes du FN, un service de renseignement étranger comme le Mossad ou les allemands... Cela pourrait même être des djihadistes qui voulaient se débarrasser de quelqu'un d'encombrant, qui pouvait faire des révélations sur eux.

Le ministre se gratta le menton.

- C'est con, parce qu'on prévoyait de le kidnapper demain matin...
- Nos agents sont encore en place, ils n'ont pas été prévenus de la mort de Hoffman.
- Oh ?
- Je voulais vous prévenir d'abord, pour avoir votre avis sur cette affaire, monsieur Sarkozy.

Le vieux ministre de l'intérieur était Nicolas Sarkozy. À 74 ans, bientôt 75, ce vieux monsieur était une légende de la politique. Depuis la mort d'Alain Juppé, il était à lui seul le représentant de la droite au sein de l'Union Républicaine. Bien que le président et le premier ministre soient plus centristes, Sarkozy se positionnait en numéro 2 du gouvernement, et avait sous son contrôle la police nationale, en partie de la gendarmerie, et surtout, sa DGSI. Même si les circonstances avaient fait que le pouvoir de l'Intérieur avaient baissé, au profit de la Défense, Sarkozy avait tout de même sous son contrôle pas mal de fonctionnaires, qui avaient une importance gigantesque dans les villes et territoires sécurisés. Dans les banlieues surtout, où les policiers se retrouvaient à faire de véritables batailles urbaines face aux bandes et aux différents gangs.

- Je te suis reconnaissant, Thierry. Avec Hoffman dans nos entrailles on aurait pu obtenir des informations. Je veux que vous retrouviez les coupables, qu'on les fasse payer... Et surtout, qu'on trouve comment ils ont obtenus de telles informations sur le trajet de Hoffman.
- Ce sera fait, monsieur Sarkozy. Mais je serai plus inquiet des retombées diplomatiques...
- Ma voiture va à l’Élysée, avec le rapport préliminaire que tu m'as remis. Le président ira à la commission européenne demain. Je pense qu'on risque d'avoir pas mal de problèmes...

Nicolas Sarkozy serra la main froide de Thierry, avant d'attraper ses dossiers et ses chemises cartonnées et de partir. Thierry écrasa sa cigarette dans un cendrier posté sur le bout du bureau, avant d'attraper un téléphone fixe et d'appuyer sur un bouton.

- Centrale ? Appelez nos agents. J'ai besoin de leur parler.

Thierry Rocamb s'installa dans son gros fauteuil en cuir et bougea ses yeux bleus vers le ciel noir. Il était 22 heures passées, et il n'était pas prêt de rentrer chez lui. Il détestait cette époque, tous ces crimes, tous ces terroristes, tous ces mecs dangereux qui vivaient dans cette France atroce où le gouvernement avait dû abandonner certain de ses territoires. Oui, la France était en guerre civile. Elle n'était pas officielle, elle n'était pas déclarée, mais c'était vrai. Il y avait des tas de factions qui se battaient pour le pouvoir, des gangs psychopathes qui attaquaient des gens, des bandes qui terrorisaient les villages...
La DGSI devait renseigner Sarkozy sur tous ces groupes. Parmi eux, il y avait des bandits de grand chemin, des hommes tarés qui voyageaient sur les routes nationales, qui arrêtaient les voitures pour violer les femmes et prendre leurs possessions. Il y avait aussi des « bandes » qui se battaient avec des couteaux à cran d'arrêts pour protéger leurs quartiers, leurs rues, et leurs trafics. Il y avait des blocs identitaires ultra-racistes, des communautés déclarant faire sécession, et même des djihadistes et des terroristes qui vivaient tranquillement dans le sud de la France. Tarik Hoffman était une cible depuis longtemps, et Rocamb avait préparé une opération pour l'enlever. Normalement, la police strasbourgeoise devait faire un barrage, obligeant son convoi à prendre une déviation qui l'amènerait dans un endroit exposé. Des herses au sol, un camion-poubelle, des grenades fumigènes, et le GAO foncerait en habits noirs pour les arrêter et prendre le PDG. C'était extrême, certes, mais c'était réalisable. Mais maintenant, ils avaient le bec dans l'eau, si on pouvait dire...
Mais les hommes du GAO étaient encore déployés dans Strasbourg. Ils allaient se rendre utile, même s'ils allaient l'être d'une autre façon.

DébutPage précedente
1
Page suivantePage suivante
Répondre
Prévisu
?
Victime de harcèlement en ligne : comment réagir ?
La vidéo du moment